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DIAGNOSTIC DU SECTEUR :
Il s’agit, principalement, des difficultés liées à nos systèmes et structures de planification urbaine et à la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre de notre politique en matière d’habitat.
Plusieurs éléments inhérents à notre système de planification urbaine, ainsi qu’à notre législation domaniale, se sont révélés, après plus de vingt ans de pratique, facteurs limitant à la politique de production de parcelles et de logements sociaux.
Ces problèmes sont entre autre liés à :
la non maîtrise foncière et aux occupations irrégulières
l’insuffisance de planification urbaine, de viabilisation et d’équipement des terrains urbains
aux difficultés de coordination dans le secteur urbain
aux lourdeurs des procédures de mise en œuvre des programmes immobiliers
l’inexistence d’une politique incitative de drainage de l’épargne et d’accroissement de l’épargne pour le logement
la fiscalité en vigueur dans le secteur.
Le contexte de crise économique avec les politiques d’ajustement structurel ont drastiquement réduit les capacités financières du Sénégal pour lui permettre de continuer ces mêmes politiques urbaines. A partir des années 1990, devant les difficultés auxquelles le pouvoir était confronté, sont engagées des réflexions sur les politiques urbaines au Sénégal. En 1996, la réforme sur la décentralisation marque le transfert par l’administration central de neuf domaines de compétences aux collectivités locales. Celles-ci ont acquis une autonomie de gestion et les membres qui les composent sont élus au suffrage universel. Les domaines transférés se répartissent en trois catégories :
Les domaines d’actions de développement économique : planification, aménagement du territoire, gestion des ressources naturelles, urbanisme et habitat.
Les domaines d’actions de développement culturel : éducation, jeunesse et culture.
Les domaines d’actions de développement social et sanitaire : santé publique et action sociale.
Dans ce contexte de décentralisation les élus locaux sont au cœur du dispositif d’aménagement et de gestion urbaine de leurs collectivités locales.
Ce glissement des politiques publiques n’est pas sans conséquences. Tombées dans l’escarcelle des collectivités, la politique de gestion montre beaucoup d’insuffisances. Dans beaucoup de villes du Sénégal, l’habitat spontané s’est très accru.
Cette situation dans presque toutes les villes doit son ampleur au rôle actif joué par les mouvements migratoires et le dynamisme interne de la population urbaine.
La mise en œuvre de politiques locales dans ces domaines de compétences de première importance pour la vie quotidienne des citoyens et le degré d’autonomie consacré par les dispositions légales sont entravés par la faiblesse des ressources humaines et financières des collectivités locales. Ce manque de moyens humains et financiers va entrainer plusieurs conséquences dans les collectivités sénégalaises, surtout dans les domaines d’actions de développement économique que sont la planification et l’aménagement du territoire, la gestion des ressources naturelles, l’urbanisme et l’habitat.
La commune de Ziguinchor ne fait pas exception à la règle avec la prolifération de ses quartiers spontanés. La ville s’étend sur la rive sud du fleuve Casamance, à quelque soixante kilomètres de son embouchure.
« La répartition spatiale de la population dans cette ville laisse entrevoir trois zones de peuplement aux caractéristiques démographiques et socio-économiques différentes » (JC Bruneau)9 : le centre-ville est le cœur historique regroupant l’essentiel des activités administratives et commerciales, ensuite la zone intermédiaire du centre et des commerces et enfin le secteur périphérique constitué de quartiers abritant chacun une communauté ethnique et organisés socialement comme dans les villages.
La première zone d’habitation correspond au quartier de l’Escale. Selon les enquêtes socio-économiques de 2004, sur une population urbaine de 168 593 habitants, cette partie de la ville en concentre 6 %. C’est le secteur des habitats à loyers modérés habités par des fonctionnaires, cadres de l’administration et agents commerciaux dont les revenus permettent de faire face aux charges locatives et à d’autres dépenses comme la scolarité des enfants. La taille des ménages est comprise entre 5 et 6 habitants10. C’est le quartier de la modernité avec un accès effectif à l’eau et à l’électricité. L’Escale est aussi le poumon économique de la ville. On y trouve l’essentiel des services administratifs, des infrastructures économiques et culturelles. Ce quartier draine quotidiennement des milliers d’individus aux origines sociales et aux activités différentes.
La deuxième zone qu’on peut qualifier d’intermédiaire concentre plus de 75 % de la population urbaine. Ces quartiers populaires regroupent les divers groupes humains de la Casamance et constituent avec les quartiers périphériques le réservoir de main-d’œuvre de la ville. Les seuls équipements collectifs apparents sont le lycée, l’hôpital régional et surtout le marché. C’est le secteur du commerce de détail et des métiers de l’artisanat (menuisier, maçon, peintre, cordonnier, tisserand…).
Enfin la dernière zone qui correspond à la périphérie de la ville avec des formes diversifiées. La particularité démographique de ces quartiers est la forte prédominance féminine (57 % en 2004) et celle importante des enfants de moins de 4 ans qui constituent près de 18 % de la population. Un autre aspect des quartiers périphériques se trouve dans l’importance des populations rurales fuyant l’insécurité dans les campagnes : 30 à 40 % de la population sont des ruraux d’installation récente. La faiblesse des biens de confort et la prédominance des formes d’habitats précaires (souvent en banco et sans électricité) rendent compte des faibles revenus des populations. Moins de 5 % ont accès à l’électricité et l’eau potable, les populations s’alimentent avec l’eau du puits. Dans ce secteur beaucoup de familles s’éclairent à la bougie ou à des lampes à pétrole et pour longtemps encore car le processus d’électrification laisse des poches non encore équipées. La précarité de l’habitat, la pratique des cultures dans l’arrière-cour de la maison ou des proches rizières et la faiblesse des équipements (surtout les infrastructures routières) montrent que fonctionnellement, ces quartiers sont défavorisés et enclavés par rapport au centre-ville.
Le quartier de Néma 2 fait partie de cette troisième zone car c’est l’un des quartiers périphériques et spontanés de la ville de Ziguinchor. Créé depuis 1957 par ses quatre premiers habitants ce quartier est une zone désertique sur le plan infrastructures avec une population très importante (environ 1000 habitants) et une densité très forte. Cette augmentation massive de la population s’explique par l’accroissement naturel de la population et aux mouvements migratoires des populations des villages environnants (Kandjialan, Oumpake…) déplacées le plus souvent à cause de la crise casamançaise (mines, braquages…). Cependant cette augmentation de la population ne s’est pas accompagnée d’infrastructures sociales de base qui peuvent assurer un meilleur cadre de vie aux habitants de ce quartier. Cette zone rencontre plusieurs difficultés sur le plan économique, environnemental et social. Cela s’explique par plusieurs raisons comme le manque d’infrastructures et d’équipements de base mais aussi de services qualifiés qui pourront employer la main d’œuvre des populations surtout les jeunes de ladite localité. Néma 2 est à cheval entre Kandjalang-ouest, Biadji et se trouve aussi non loin de l’université de Ziguinchor cette position lui attribue plusieurs avantages qui peuvent participer à l’épanouissement de la population.
Mais plusieurs obstacles freinent la réalisation de certains projets. Nous pouvons citer entre autre le manque de personnel dans les domaines de l’aménagement, de l’urbanisme, de la décentralisation de la gestion urbaine et de l’habitat, mais aussi de la situation juridique irrégulière du quartier. Car Néma 2 est constitué de deux parties, la première est une zone non aedificandi qui appartient au domaine de l’ASECNA. L’autre partie était un titre foncier de la commune qui l’a finalement léguée aux populations qui l’occupaient après l’avoir loti et distribué en 2011.
En plus de cela s’ajoute aussi les manques de moyens financiers, de volonté politique et d’organisation des différents acteurs qui se sont succédé à la tête de l’exécution municipale. Sans aussi oublié la persistance d’un conflit armée qui se vit depuis trois décennies dans la région. Cette crise a entrainé plusieurs conséquences dans le développement économique, environnemental, social…. de la Casamance naturelle et plus encore dans les quartiers périphériques de la ville Ziguinchor. D’ailleurs le programme de relance des activités économiques en Casamance (2002) concluait son rapport sur les conséquences sociales de trois décennies de conflit dans la région de Ziguinchor en ces termes : « cette partie sud du Sénégal, a vu la quasi-totalité de ses activités ralenties, voire arrêtées, son avenir hypothéqué (….) plusieurs années d’efforts soutenus, d’investissements importants ont été brutalement réduit au néant (….). Au plan économique, la situation d’insécurité, l’apparition du phénomène des mines ont été le prétexte pour la réduction de l’assistance technique par l’Etat ou par les organisations non gouvernementales, de l’arrêt de certains investissements, de la délocalisation de certains programmes de développement vers des cieux prétendument plus sécurisants. »
Pour reprendre Jean Claude Marut (2002), le conflit a asphyxié socialement et économiquement les populations même si l’objectif séparatiste était d’asphyxier financièrement le régime sénégalais. Bien souvent en Afrique, les dissidences territoriales se justifient par un ensemble de spécificités, voire singularités historiques, culturelles, économiques et sociales plus ou moins anciennes. La commune de Ziguinchor rencontre de nombreuses difficultés en matière de gestion urbaine. Ces difficultés sont souvent liées à la croissance incontrôlée et aux migrations des populations vers cette capitale régionale sud. Il se pose alors des besoins en équipement et services essentiels, d’assainissement, d’habitat, de lotissement ou de restructuration et d’emploi, en général d’amélioration des conditions de vie de ses habitants qui pour la plupart vivent dans la précarité. Cependant, les efforts de développement au niveau de la zone d’extension qui devait constituer un pôle d’équilibre administratif et économique du centre-ville tarde à se réaliser à cause de l’insécurité et aussi d’un véritable retard d’aménagement. Dans plusieurs quartiers de la commune particulièrement ceux spontanés et périphériques des aménagements pour un développement durables doivent être effectués par les différents acteurs du secteur pour essayer de rééquilibrer les différents quartiers de la ville. L’exemple dans cette étude est celui du quartier de Néma 2 qui est une zone désertique sur le plan infrastructures et équipements avec une croissance démographique accélérée (1000 habitants environ). Ce quartier rencontre plusieurs difficultés entre autre un dispensaire, une école élémentaire, des voies de communication, l’électrification de celles-ci et des habitations, des moyens de transport public pour desservir la localité et facilité la communication avec les autres quartiers de la ville…
Ces moyens de transport public existent pourtant dans certaines parties de la ville. Par exemple à Lyndiane où les cars urbains assurent le trafic avec l’Escale, à Tiléne aussi avec les taxis calendo qui rallient la zone au marché Saint-Maur. Il y a aussi les motos djakarta qui assurent le transport dans toute la ville surtout dans les zones périphériques car étant les seules à pouvoir y accédé à cause de l’état de certaines routes. Il faut aussi signaler que l’habitat spontané et anarchique enregistrés à Néma 2 a fait que certaines maisons sont mêmes inaccessibles car il n’y a pas d’issu pour les voitures. Toutes ces situations doivent être des raisons suffisantes pour lotir et urbaniser ce quartier.
DISCUSSION CONCEPTUELLE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE :
Il regroupe l’ensemble des actions et activités menées sur un espace géographique pour une meilleure utilisation de celui-ci par les populations qui y vivent. Ce phénomène est devenu depuis plusieurs décennies une préoccupation des différents Etats en particulier ceux de l’Afrique de l’Ouest. Mais le danger en est que ces derniers n’ont pas pris le temps d’étudier les réalités de leurs territoires pour ensuite adopter des politiques d’aménagement propre à ces derniers. D’ailleurs Christel Alvergne le confirme : « les politiques d’aménagement adoptées en Afrique sont originaires de l’extérieur alors que les réalités ne sont pas les mêmes ce qui s’explique par plusieurs facteurs géographiques et sociaux »11.
Alors, l’Afrique doit prendre son destin en main en menant des actions concrètes et non théoriques sur ses territoires pour un développement durable. Luc Gnacadja (2008) y abonde dans ses écrits en ces propos : « Ne plus seulement se poser en victime mais prendre pleinement et assumer sa place et donc ses responsabilités pour aboutir à la refondation de l’Etat par les territoires »12. Ainsi le Sénégal ne fait pas exception à la règle. Comme les autres pays ouest africain, il est lui aussi confronté aux problèmes d’aménagement de son territoire même s’il est le deuxième pays le plus urbain de l’Afrique de l’Ouest derrière le Niger. Mais des avancées remarquables sont notées depuis quelques années. Par exemple, la mise en place effective de la régionalisation en 1996. Ainsi la région est devenue une entité autonome au Sénégal, un champ d’expérimentation de la nouvelle politique de mise en valeur du territoire avec la ville comme moyen de promotion de celle-ci. La ville communément appelée commune urbaine est chargée de la gestion urbaine et de l’aménagement du territoire communal avec comme organes de délibération le conseil municipal et le comité du conseil municipal. Ainsi la ville de Ziguinchor capitale de la Casamance naturelle constitue le pôle régional le plus important du sud du Sénégal. Cependant l’insuffisance des infrastructures dans la commune en général et surtout dans les quartiers périphériques et spontanés comme celui de Néma2 est un problème d’aménagement du territoire à résoudre. Car le niveau d’évolution des équipements est en parfaite déséquilibre avec la croissance démographique et spatiale extrêmement rapide.
LA GESTION URBAINE :
La gestion urbaine est d’une manière générale complexe car touchant les questions affectant directement au jour le jour la qualité de la vie des citadins. L’ampleur du mouvement d’urbanisation s’est manifestée dans l’ensemble des centres urbains et dans leurs périphéries qui s’étendent à un rythme effréné (Rahim, 2009). A titre d’exemple, en 1800, à peine 3 % de la population mondiale vivait en ville, contre 15 % en 1900 et 50 % en 2000 (Chavagneux, 2001). A ce rythme, les estimations prévoient que 65 % de la population mondiale sera urbaine en 2025 d’après UNFPA, 2007.Cependant l’ampleur du phénomène urbain est inégale selon les régions du monde. Pour Diagabate en 2009, l’urbanisation de nos jours progresse beaucoup plus rapidement dans les pays du Sud.
En effet, dans les métropoles des pays du Sud, nous assistons à une urbanisation informelle des périphéries comme pratique populaire qui entraine la prolifération des bidonvilles accompagnée de plusieurs inconvénients (exemple : occupations illégales de terrains, habitats précaires difficiles à équipés voir même non équipés). C’est le cas des quartiers spontanés de la ville de Ziguinchor au sud-ouest du Sénégal. La plupart de ses zones périphériques sont occupées d’une façon anarchique et illégale et rencontrent des problèmes comme l’adduction en eau, l’électrification, l’assainissement, les voies de communication, le manque d’espace vert pour un meilleur cadre de vie des habitants.
D’ici 2030, les urbains devraient être majoritaires en Afrique et en Asie à cause du développement de l’urbanisation dans ces continents, les plus peuplés et qui pourraient ainsi abriter la majorité des grandes cités.
L’explosion urbaine dans les pays du Sud pose de nombreux problèmes sociaux et environnementaux. Ainsi, on a un accès difficile au sol et au logement, à l’inaccessibilité des services de base, à la pauvreté, au transport aux conditions de travail précaires dans une économie informelle sans sécurité de l’emploi. Face à ce sombre tableau de « ville impossible», les autorités municipales du Sud ont reconnu leurs incapacités face aux risques qui assaillent les villes (Rochefort, 2000). La résolution de ces problèmes urbains fait ainsi appel à la gestion urbaine (Bouvier, 2007).
L’usage du concept de la gestion urbaine dans les villes du Sud s’est officialisé en 1985 par le Programme de gestion urbaine, dont l’objectif était de « travailler avec les pays en développement au renforcement de la contribution que les villes peuvent faire à la croissance économique, au développement social et à l’atténuation de la pauvreté » (Jaglin S, 1995). La gestion urbaine est donc présentée comme un élément majeur de la régulation sociale de l’espace public, et donc du fonctionnement de la société. A ce titre, elle est un élément clé d’une conception sociétale du développement durable. Aussi face aux problèmes urbains qui sont d’actualité et qui se posent différemment selon les pays, la gestion urbaine se présente comme un moyen de résolution de ces crises urbaines en intégrant tous les acteurs urbains : Etat, élus locaux, population et partenaires au développement, (Bouvier, 2007). C’est dans cette perspective que les autorités municipales de Ziguinchor avec la collaboration de l’Etat du Sénégal et tous les autres acteurs se sont lancées dans la gestion urbaine de la commune en restructurant d’abord les quartiers spontanés comme celui de Néma2 et l’application du plan directeur d’urbanisme de la ville depuis 2009.
Depuis la conférence de Rio en 1992 et avec la mise en place des agendas 21 locaux, les projets, aménagements et gestions urbaines ont de plus en plus recours aux nouvelles idées issues de la réflexion sur le développement durable notamment les nouveaux modèles environnementaux (amélioration de la qualité de vie urbaine, économie d’énergie, réduction des pollutions) mais aussi de nouveaux modes de gouvernance (participation du local, rôle des associations et des ONG, place aux initiatives individuelles et privée), Renata, (2010). Tout ceci vise à résoudre les problèmes complexes rencontrés par les municipalités. Selon Allen, (2004) il s’agit en effet de gérer des problèmes complexes rencontrés dans les villes. Ainsi la gestion urbaine recouvre l’ensemble des activités qui concourent à l’entretien de l’habitat, des espaces, des équipements urbains et qui plus largement assurent le fonctionnement social urbain. Aussi nous pouvons rappeler que la gestion urbaine est un secteur transversal qui compte sur la gestion foncière, la gestion des infrastructures, la gestion de l’habitat, la gestion des services sociaux, la gestion du développement économique, etc.
Des lors, il s’agit d’abord de faire en sorte que les habitants disposent de services urbains de la même qualité que dans les autres quartiers du centre-ville et voient en pratique leurs conditions de vie améliorées. Cependant il faut aussi tenir compte des spécificités sociales, économiques et spatiales du territoire et de ses habitants afin d’apporter au territoire considéré des services adaptés. Enfin, il faut prendre en compte le fait que l’organisation de la gestion urbaine participe à l’organisation de la vie sociale toute entière et contribue à forger une image identitaire d’un quartier et de ses habitants.
LA METHODOLOGIE :
LA REVUE DOCUMENTAIRE
La problématique de la gestion urbaine et des politiques de restructuration des quartiers urbains ne souffre pas d’écrits. La littérature est plus qu’abondante qu’il est difficile de tout lire. Dans son article, « Les politiques urbaines : gestion et aménagement » (1992) Lat Soucabé MBOW, montre que l’urbanisation est un processus engagé au Sénégal depuis son accession à l’indépendance. Cependant, au lieu de corriger les déséquilibres nés de la gestion coloniale des villes, ce processus s’est intensifié en laissant sur l’organisation de l’espace les mêmes traces que pendant l’époque coloniale.
Cette politique interventionniste de l’Etat n’a malheureusement pu empêcher le développement de quartiers spontanés dans les grandes villes à la suite de l’exode rural massif avec la dégradation des conditions de vie dans le monde rural. Il s’en est suivi le désengagement de l’Etat qui a transféré les compétences liées à la gestion urbaine aux collectivités locales. Dans l’ouvrage collectif « L’aménagement au défi de la décentralisation en Afrique de l’ouest », Coll (J.L) et Guibbert (J.J), (2005) exposent les défis à relever pour un ’aménagement territorial abouti en Afrique de l’Ouest des différents territoires. Selon ces auteurs, il faut une vision territoriale des défis et une bonne coordination entre les différents acteurs qui agissent sur le territoire. Dans la mesure où tout processus de développement doit s’ancrer dans celui-ci. A ce titre, l’aménagement d’un territoire ne renvoie plus à l’expression de sa simple gestion administrative mais plutôt une action publique concrète sur les territoires concernés. Trois notions méritent à ce titre d’être présentées et précisées : celle de recompositions territoriales, de partenariat, et enfin de cohésion.
Ces trois notions trouvent leur sens dans les politiques publiques actuelles initiées par l’Etat sénégalais notamment avec la décentralisation politique qui consiste à transférer certaines compétences de l’Etat aux collectivités locales notamment la gestion urbaine et l’assainissement. La seule contrainte est que ce transfert est celui des pouvoirs sans les moyens financiers qui permettent aux élus locaux, aux partenaires au développement et aux populations elles-mêmes de pouvoir aménager convenablement leurs territoires. Par conséquent, c’est ce que semble confirmer Baguenard (J) dans La Décentralisation Territoriale (1983). L’auteur soutient que la décentralisation du pouvoir suppose l’existence d’une pluralité de centre autonome de décision. Elle exige que des organes locaux aient la maitrise juridique de leurs activités, c’est-à-dire qu’ils soient libres de prendre dans le respect des lois et règlements, les meilleures décisions pour leurs collectivités : telle est la véritable décentralisation. Mais pour cela il faut des autorités locales indépendantes du pouvoir central, qui puissent exercer leurs responsabilités sans craindre à tout moment que leurs fonctions soient mises fin. Une collectivité territoriale est plus précisément une personne morale de droit public, ce qui l’autorise à user des prérogatives de puissance publique résultant de ce statut. En plus, il lui faut une autonomie financière reconnue et assumée par des responsables disponibles et compétents.
Pascal Baud, Serge Bourgeat et Catherine Bras, l’aménagement suppose une volonté commune, un consensus de tous ses acteurs à moins que l’un d’eux n’impose sa volonté aux autres14. COLL(J.L) signale que l’aménagement est une jeune discipline et n’est pas très bien montrant à tous l’intérêt de cette discipline.
Pour Jean Yves Gouttebel (2003) dans son ouvrage: « Stratégies de développement territorial » 2e édition ECONOMICA «La politique d’aménagement du territoire est une stratégies de maintien de l’ordre». Ce qui induit la notion de maitrise de l’espace par son aménagement qui exige des élus leur autonomie afin de fonctionner avec leurs propres moyens d’action et de gestion de l’espace qui leur est confié. C’est à cet effet qu’il est aisé de comprendre les efforts fournis par la France afin de conduire une maitrise aisée de son espace. Ce qui s’est traduit par la mise en place d’outils spécifiques d’accompagnement des collectivités locales notamment avec la création du Comité Interministériel pour l’Aménagement du Territoire (CIAT) et de la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (DATAR) en 1963. Ces organisations ont permis de corriger certaines erreurs d’aménagement des années précédentes et ont amené l’aménagement à un niveau plus élevé en cette période.
Pour Wackerman (G) 2000, l’aménagement du territoire s’inscrit dans une grande échelle le plus souvent nationale mais aussi doit partir de la base. Il le confirme en ces termes : « Mais, à vrai dire, tout aménagement national, un tant soit peu efficace, repose sur un substrat régional »15. L’aménagement concerne directement le territoire. C’est-à-dire l’espace géographique habité et approprié par une société et fait partie de sa vie quotidienne. En plus cette société entretient plusieurs types de relations (économiques, culturelles…) avec son environnement. Pour lui l’aménagement a toujours existé même si le concept n’était pas encore d’actualité.
Abordant la décentralisation au Sénégal, et ceci par une approche comparative avec certains pays de l’Afrique de l’Ouest, Sanka (J.L) soutient que le Sénégal a une longueur d’avance sur l’ensemble des pays de l’UEMOA sur le plan de l’aménagement du territoire qui a évolué depuis 1996 par la mise en place effective de la régionalisation. La région est ainsi devenue une entité autonome au Sénégal et un champ d’expérimentation de la nouvelle politique de mise en valeur du territoire avec la ville comme moyen de promotion de celle-ci. Communément appelée commune urbaine la ville est chargée de la gestion urbaine et de l’aménagement du territoire communal avec comme organe de délibération le conseil municipal.
Dans «Contribution pour une politique d’aménagement et de développement des territoires du Sénégal » DIOP (A), affirme qu’il y a des inégalités spatiales à corriger due aux mauvaises politiques publiques d’aménagement ou héritées de l’époque coloniale. Il montre les disparités architecturales de l’espace en comparant les régions de l’intérieur à celles du littorale. Les premières sont marquées par une pauvreté accrue, des problèmes de politiques urbaines peu compétitives… Contrairement aux régions littorales qui sont nettement en avance sur le plan économique, social et sanitaire. Cette remarque laisse supposer que la ville de Ziguinchor, située à l’estuaire du fleuve Casamance sur le littoral sud du Sénégal, présente des acquis de taille en matière d’infrastructures de base.
Pour Dollfus (O) 1980, les paysages aménagés sont le reflet d’une action réfléchie, concertée et continue sur le milieu naturel. Donc l’aménagement n’est pas le résultat d’un individu agissant seul sur un espace mais d’une société visant à atteindre certains objectifs16. Les aménagements qui transforment le milieu naturel en milieu géographique dépendent de la nature comme du degré d’évolution économique et sociale de la collectivité. Ils sont la résultante de la rencontre d’un milieu et de technique d’organisation de l’espace. Plus loin Dollfus évoque les différents types d’aménagement d’un milieu naturel. Tout projet conscient d’aménagement du territoire doit tenir compte de ces trois aspects : morphologique, stratégique et dynamique17.
L’aménagement du territoire est l’impression dans l’espace géographique d’une politique économique avec ses conséquences sociales, mais c’est autant une prise de conscience de la part de ses occupants du fait qu’ils sont les dépositaires et les garants d’un patrimoine qu’il convient d’utiliser au mieux les nécessités du moment tout en le ménageant et en le préparant pour les besoins du futur. Enfin, l’aménagement c’est pour l’auteur la connaissance tournée vers l’action de l’espace géographique qui constitue le support de notre cadre de vie.
En ce qui concerne la ville de Ziguinchor, dans son ouvrage, « la croissance urbaine dans les pays tropicaux, Ziguinchor en Casamance » 1979, Jean Claude Bruneau, dresse la morphologie urbaine de la ville en spécifiant des zones d’habitants imbriquées aux terroirs de culture. L’expansion urbaine est abordée sous l’angle de l’absence de politiques publiques adéquates en matière d’infrastructures de base. Suivant une vision futuriste l’auteur aborde des problèmes que cette expansion posera aux autorités si des mesures correctives ne sont pas appliquées.
Dans un article sur la répartition spatiale des points d’accès à Internet, Mbaye Dieng (2008) fait une corrélation entre les équipements sociaux de base et l’offre d’accès à Internet. L’article a fait une division spatiale de la ville en trois parties en s’appuyant sur les infrastructures. Selon les zones les plus équipées aux zones défavorisées et dépourvues d’équipement, il identifie le quartier moderne de l’Escale et ses environs, la zone intermédiaire, ancienne banlieue du temps de l’époque coloniale et les quartiers périphériques qui ont essaimé à la faveur de la crise politique et du dynamisme urbain.
Le problème foncier est abordé par Gerti (H) en 1985 dans son article le droit foncier dans une situation semi urbaine le cas de Ziguinchor. En analysant la situation de l’accès au foncier, dans la zone péri-urbaine de Ziguinchor, il évoque les difficultés d’accès à la propriété privée surtout pour les nouveaux arrivants. L’auteur observe que l’habitat moyen d’une telle ville ne distingue pas clairement les conceptions autochtones et les conceptions bureaucratiques du foncier et qu’il emprunte inconsciemment autant à l’un qu’à l’autre système. L’exposé est illustré par quatre cas concrets qui démontrent une multiplicité de pratiques foncières locales : harmonie apparente, harmonie rompue, affrontement et alliance.
GOUDIABY (A) 2009-2010 Mémoire de maitrise : Les enjeux de l’implantation d’infrastructures dans un territoire en conflit : le cas de la commune de Ziguinchor. Goudiaby montre l’importance économique, sociale et culturelle de la ville de Ziguinchor dans la partie sud du pays. « La ville de Ziguinchor constitue le pôle régional le plus important au sud du Sénégal ». Ziguinchor dispose d’infrastructures à dimension sous régionales qui polarisent beaucoup de pays de la sous-région. Ces dernières favorisent l’intégration sous régionale conformément aux normes de la CDEAO et de l’UEMOA. Mais l’insuffisance des infrastructures dans la commune en générale et surtout dans les quartiers périphériques et spontanés et le niveau d’évolution des équipements est en parfaite déséquilibre avec la croissance démographique extrêmement rapidement. La population urbaine de la commune de Ziguinchor à doubler à l’intervalle de dix ans (2000-2010)18.
Au regard de la littérature, les problèmes de la ville de Ziguinchor sont indexés mais peu d’écrits traitent de la question de la restructuration urbaine. La littérature est restée presque muette sur cette question bien que des initiatives soient en cours. Ce mémoire se veut une contribution à une meilleure compréhension des dynamiques de restructuration de quartiers spontanés au Sénégal. Le choix de Ziguinchor se justifie par tous les facteurs évoqués supra (isolement, traumatisme dû au conflit armé, croissance démographique) et surtout par le fait que cette ville semble laissée face à son destin.
LES ENQUETES
La méthodologie de recherche combine plusieurs outils des sciences sociales. Des enquêtes quantitatives sont conduites sur la base d’un questionnaire. Elles sont complétées par des données qualitatives obtenues grâce au guide d’entretien. Des focus group ont enrichi les observations faites sur le terrain. Les priorités exprimées par les populations sont confrontées à celles des autorités locales.
Concrètement, les enquêtes ont ciblé les élus locaux de la ville de Ziguinchor ainsi les services techniques compétents qui les assistent dans cette tâche, les populations locales du quartier de Néma 2, des experts. Les ONG locales qui apportent beaucoup de soutien aux populations démunies ont été rencontrées
Les outils de collecte sont en annexe à ce document.
Ces questionnaires comprendront entre autre plusieurs points qui nous permettront de mieux comprendre le sujet traité.
LE TRAITEMENT DES DONNEES
Le traitement des données fait appel aux outils Windows (Word et Excel). Les informations obtenues des enquêtes sont présentées sous forme de tableaux et de graphiques qui ont facilité leur commentaire. La cartographie quant à elle est réalisée à l’aide du Logiciel QGIS.
PRESENTATION DU CADRE D’ETUDE GLOBAL
LES ASPECTS PHYSIQUES
LE CADRE PHYSIQUE
La ville Ziguinchor capitale régionale de la Casamance naturelle est située au sud-ouest du territoire sénégalais entre 16°16’ de longitude ouest et 12°36’ de latitude nord. Sa particularité réside dans plusieurs aspects. D’abord son isolement par rapport au reste du territoire national car détaché du reste du pays par la République de Gambie qui forme un long cordon sur la partie septentrionale et limité au sud par la Guinée Bissau. Pour rallier par voie terrestre cette partie aux autres régions du Sénégal il faut passer par la Gambie petit pays anglophone ou faire le tour en passant par la région de Tambacounda. Par sa position géographique, la commune de Ziguinchor se situe dans la zone la plus pluvieuse du Sénégal. Par la latitude elle est située dans la zone sub-guinéenne très tôt atteinte par le front intertropical. La région se situe entre les isohyètes 1600 et 1440 mm du sud au nord. Cette importance pluviométrique fait de la zone un terroir agricole avec la diversité des cultures mais aussi un important réservoir de la faune et de la flore du pays. L’autre aspect est la situation de conflit armé avec le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance19 (MFDC) qui se vit dans la région depuis plus de trois décennies avec toutes les conséquences qu’il engendre. Il est difficile de faire fi de la richesse culturelle de cette verte Casamance grâce à sa diversité ethnique et linguistique mais aussi de son enracinement dans certaines pratiques traditionnelles qui se vivent comme toujours.
LE DECOUPAGE DE LA VILLE ET SON EXPANSION
Les actuelles limites de la commune ont été fixées par le décret 72.459 du 21 avril 1972. L’organisation spatiale de cette commune fait apparaitre un découpage de la zone en trois secteurs très différents et inégaux. Dans son ouvrage La croissance urbaine dans les pays tropicaux, Ziguinchor en Casamance, Jean Claude Bruneau, 1979 affirme que : « la forme de l’organisme urbain de Ziguinchor rappelle curieusement une abeille aux ailes à demi repliés, qui serait posée sur le bord du fleuve » :
la tête serait constituée par le damier de l’Escale avec ses annexes, ville coloniale épousant la direction du fleuve au seul point où celui-ci jouxte la terre fermée ;
le corps, quelque peu déjeté vers l’ouest par la cuvette centrale, assemble les « quartiers africains » successivement lotis. C’est d’abord Santhiaba, quadrillage disposé obliquement par rapport à l’Escale sur les mêmes basses terres sablonneuses. C’est ensuite Boucotte sur son plateau, damier aux axes principaux rigoureusement méridiens, fort mal raccordé au quartier précédent dont le sépare d’ailleurs la large gouttière du canal.
les ailes enfin, que limite vers le nord l’obstacle naturel des rizières inondables plus ou moins fidèlement souligné par les deux routes nationales ( route d’Oussouye et route sud), correspondant à la croissance urbaine spontanée dans les deux directions du sud-ouest et du sud-est. Serré ici, très lâche ailleurs, le maillage de l’habitat a envahi les plateaux jusqu’à la frange de palmeraie jardinée qui limite les zones humides, butant seulement au sud les servitudes de l’aéroport et l’emprise du camp militaire.
Ces différentes parties de la ville sont représentée par cette pyramide qui va nous permettre d’avoir une meilleure visibilité des différentes zones d’habitation et de leur inégalité.
La pyramide montre les différences spatiales qui existent entre les quartiers de la commune regroupés en trois zones.
Boudody-Escale plus petit de par sa taille est le quartier du centre-ville. Il regroupe toutes les affaires de l’administration et de l’économie. C’est le quartier historique vu sa structure et son rôle. La quasi-totalité des bâtiments coloniaux s’y trouvent. Ils servent aujourd’hui souvent de bâtiments officiels comme la gouvernance, la prison, la préfecture, le siège de la SENELEC et la Cathédrale Saint Antoine de Padoue. On y retrouve aussi de nouveaux bâtiments comme la mairie de la commune qui est un joyau pour la commune, les banques, les restaurants, les boites de nuit, les hôtels, les boutiques et cantines qui jouent un rôle fondamentale dans l’économie de la ville. La plupart des services par exemple la police, la gendarmerie, la chambre de commerce, le siège de la SONATEL, le port et d’autres encore y sont contrés. Il est constaté dès lors que les équipements techniques, toute l’infrastructure administrative héritage de la colonisation ou créée après l’indépendance sont concentrés dans ce quartier de l’Escale. Pour bénéficier de tous ces services il faut se rendre en ville comme le disent les Ziguinchorois. L’habitat de ce quartier le différencie aussi des autres quartiers car les bâtiments sont en majorité de type colonial avec en dur qui accusent un vieillissement remarquable même si on enregistre quelques rares nouvelles constructions.
Après le centre-ville viennent les zones anciennement lotis (Santhiaba et Boucotte) entre 1901 et 1907, année ou un arrêté a été pris faisant de Ziguinchor la capitale de la Casamance. Ces quartiers étaient en quelques sortes les réservoirs de mains d’œuvre car c’est là où résidaient les migrants de l’époque coloniale. C’est en 1907 que date les débuts de l’urbanisation de Santhiaba et un peu plus tard celui de Boucotte. Cette planification urbaine s’inscrivait dans la logique coloniale en rapport avec la situation économique mais aussi idéologique. Même si ces quartiers ont connu une subdivision en plusieurs sous quartiers, ils restent encore le domaine des anciens migrants de la ville. La différence du niveau d’équipement commence à se constater dans ces quartiers voisins de l’escale qui monopolise l’essentiel des investissements urbains. Néanmoins on y trouve quelques équipements comme le nouveau HOPITAL DE LA PAIX, la POSTE, l’ALLIANCE FRANCO-SENEGALAISE, le marché SAINT- MAUR appelé communément marché Boucotte, quelques AUBERGES et BANQUES de la place. Dans ces quartiers anciennement lotis on note un type d’habitat de plus en plus moderne avec la réduction progressive des maisons en banco et le développement de la construction en dur et voir même en étage. Contrairement aux années 70/80 ou les habitants étaient en majorité les employés du petit commerce, les ouvriers et les artisans. Le troisième groupe correspond aux zones loties en 1972. Il s’agit des quartiers de Niéfouléne, Grand-Dakar et Lyndiane rattachés à Boucotte-Sud, Peyrissac et Soucoupapaye rattachés à Boucotte-Ouest et Tiléne-Kadior rattaché à Santhiaba. L’augmentation démographique des années d’indépendance pousse à une nouvelle tentative d’urbanisation avec la création des Habitations à Loyer Modéré (HLM) Néma à l’ouest de l’aéroport avec 243 logements en 1965 et Boudody à l’ouest du port avec 111 logements en 1970 destinés à la petite bourgeoisie locale de cette période20. On y trouve la plupart du temps de petits fonctionnaires de l’Etat ou des commerçants ou encore des nouveaux migrants à revenus moyens. Ces quartiers se caractérisent par un manque remarquable d’infrastructures de base et d’équipements modernes pour les populations. Les quelques rares équipements disponibles sont le Lycée DJIGNABO BASSENE, l’HOPITAL REGIONAL, et le marché « NGUELEW ». Malgré la présence du marché ils ont une fonction exclusivement résidentielle comme celle des banlieues spontanées qui sont loin d’avoir le même standing. Ce fut des quartiers avec le plus souvent des regroupements ethniques (diolas, mandings, balantes, peuls, mancagnes) et un habitat très particulier (maison en banco ou tout simplement de type traditionnel). Cependant il faut signaler l’émergence de nouvelles constructions modernes comme les maisons à étage, les terrasses. Ils abritent aussi les locaux de certains services régionaux par exemple le siège de HANDICAP INTERNATIONAL, le bureau de l’URBANISME et le siège de l’ONG FUTUR ET PRESENT etc.
Puis viennent les périphéries de ces derniers types de quartiers caractérisées par un habitat spontané très précaire car situer dans des zones non loties, ou dernièrement loties ou encore sur un titre foncier privé. Il s’agit de Colobane, Kandjalang, Kenya, Kansaoudy, Djiabir, Kandé, Djibock et Néma 2 qui est notre zone d’étude situé dans les servitudes de l’aéroport et dans le titre foncier de la municipalité. Sur les deux tiers environ de l’espace urbanisé, les banlieues spontanées représentent plus de la moitié de la population de Ziguinchor. Fonctionnellement, elles apparaissent beaucoup moins différenciées que les quartiers lotis du fait de l’absence presque totale de pôles d’activité et d’équipement publics.
L’originalité de ces quartiers réside dans leur caractère semi-rural. Ici, la vie urbaine est relativement proche de la vie villageoise. Ce sont des quartiers ou sont installés la plupart des migrants venants de la Guinée Bissau : mancagnes, manjacks et peuls et de migrants diolas venus des campagnes à la recherche d’un emploi mais de ruraux fuyant les exactions rebelles. Ces quartiers seraient la « ceinture sécuritaire » de la ville, d’ailleurs ils abritent la plupart des check points de l’armée sénégalaise21. Cependant Djiabir n’est pas encore loti mais il abrite l’UNIVERSITE ASSANE SECK et sera aussi le futur pôle urbain de la région sud du pays avec tous les projets structurants pour rééquilibrer l’influence de l’escale. Donc ce projet du ministère de l’urbanisme va résorber le projet de restructuration qui a été initié par la municipalité22.
La simple présentation d’ensemble de l’agglomération aboutit ainsi à définir une sorte de hiérarchisation des espaces, qui vont du centre fonctionnel et directeur aux franges extérieures d’habitats encore pratiquement rural. En dehors des quartiers comme l’Escale, les HLM Néma, la Cité Biagui de Goumel complétement aménagés ou encore Santhiaba presque aménagé, Ziguinchor est la ville ou on trouve des bâtiments traditionnels à coté de bâtiments très modernes, des toits en tôle ondulé, en ardoise ou encore en terrasse, des routes goudronnées et bien éclairées comme des pistes latéritiques mal éclairées ou encore des caniveaux non aménagés dont la plupart impraticable à cause de la forte pluviométrie mais aussi du non entretien de ces routes.
La commune de Ziguinchor est dessinée en damiers et loties avec des rues à angle droit, les unes parallèles au fleuve, les autres perpendiculaires. Et comme dans la plupart des milieux urbains, il existe à Ziguinchor une certaine corrélation entre les classes sociales et les quartiers de la ville même si on assiste dernièrement à un petit changement de situation qui fait que certains construisent de belles et grandes maisons dans les quartiers déjà lotis dans l’espoir d’un vite et définitif retour de la PAIX dans cette verte Casamance.
DONNEES DEMOGRAPHIQUES ET DEVELOPPEMENT URBAIN DE LA VILLE DE ZIGUINCHOR
LA CROISSANCE URBAINE
Lors du recensement de 1951, la population était de16148 habitants dont 342 « comptés à part » (gardes, prisonniers, hospitalisés, scolaires…) et 530 non autochtones. Quant à l’enquête démographique de 1960 elle dénombre 31 600 habitants en ce moment Ziguinchor est devenu la sixième ville de la Sénégambie devant Diourbel (BRUNEAU 1979). Depuis l’accroissement de la population ne s’est jamais arrêté. Car aux recensements de 1988 et 2002, la population comptait respectivement 123804 et 153269 habitants. Selon les estimations, en 2007 la ville était à 155575 personnes soit 80% de la population urbaine de la région (MANGA, 2007/2008). Ces mêmes estimations soutiennent qu’en 2010 Ziguinchor regroupait une population de 276354 habitants Agence National de la Statistique de la Démographie(ANSD) alors qu’elle est de 523 844 habitants au niveau régional. La répartition de la population selon la zone de résidence donne un taux d’urbanisation régional de 47,15 % en 2010 (ANSD). Ce taux relativement constant depuis 2002 reste au-dessus de la moyenne nationale qui tourne autour de 42%. C’est une population qui progresse relativement vite à l’image du pays.
Cette évolution de la population s’explique par deux principaux facteurs : l’accroissement naturel et l’exode rural.
L’ACCROISSEMENT NATUREL
L’accroissement naturel est très important dans cette commune car le taux de natalité est supérieur au taux de mortalité. L’importance du taux de natalité s’explique par la jeunesse de la population plus de la moitié de la population est âgée de moins de 20 ans. En plus de cela la qualité et l’évolution de la médecine sont aussi capitales. Cette médecine qui lutte contre la mortalité maternelle et infantile est assurée par les différentes maternités et pédiatries qu’on retrouve dans les hôpitaux, les cliniques, les dispensaires et postes de santé qui desservent la population communale.
L’EXODE RURAL
L’immigration est le deuxième facteur de la croissance urbaine qu’elle soit volontaire ou involontaire.
Les populations rallient la ville pour plusieurs raisons : éducatives grâce à la présence de l’université Assane Seck, des universités privés et d’autres écoles de formation ou professionnelle car certaines populations sont attirées par les possibilités d’emploi (présence de services publics et privés) mais aussi la vie plus facile qu’elles croient discerner dans le mirage urbain.
La situation d’insécurité liée au conflit casamançais, crée aussi des déplacements de personnes vers cette ville et explique en partie cette forte urbanisation qui ne cesse d’accroître. Ce dernier qui frappe de plein fouet la région a entrainé un abandon des villages frontaliers qui se vident au profit de la ville de Ziguinchor devenue une zone de refuge de la population régionale en quête de stabilité financière et sécuritaire. Ils viennent y cherchaient un meilleur cadre de vie fuyant les braquages et les mines dans leurs villages origines. Et laissant derrière eux leurs richesses matérielles (maisons) et naturelles (vergers, rizières…). Ces biens leur assuraient de meilleures conditions de vie dans un cadre plus attrayant. Ces déplacés représentent une bonne partie de la population surtout dans les zones périphériques où les conditions d’habitat ou d’épanouissement en général restent à désirées.
Ce tableau ci-dessous illustre encore cette croissance urbaine dans la commune. Nous signalons cependant que les données du recensement national de 2013 ne sont pas encore disponibles au bureau régional de l’ANSD.
L’allure de la courbe montre que la population de la commune de Ziguinchor a connu une évolution progressive depuis 1976 jusqu’en 2010. Ce gain de population a fait que la demande est quasiment supérieure à l’offre et cela dans presque tous les secteurs (habitat, équipement, emploi…).
LA SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE DE LA POPULATION
Alors pour satisfaire leurs besoins, les populations s’activent souvent sur l’agriculture et le petit commerce comme activités génératrices de revenus. Cependant d’autres secteurs rémunératrices existent encore ce sont : la pêche, l’élevage, l’artisanat, le tourisme et l’exploitation forestière… Certaines de ces activités sont difficiles à mener ou non existantes dans certaines parties de la région vu la situation de crise qui traumatise encore la région tout en entière.
L’agriculture
Elle est diversifiée et encore rudimentaire car exercée avec le matériel traditionnel comme le « kadjandou » pour les diolas ou la « daba » pour balantes et mandingues. L’agriculture occupe une bonne partie de la population car elle regroupe le maraichage, l’arboriculture et la riziculture. Mais quelques limites freinent le développement de cette activité ce sont entre autre l’avancée de la langue salée et la crise socioéconomique de la région. Celle-ci empêche l’accès à certaines zones à cause de leur insécurité.
Le maraichage
Il est pratiqué en saison sèche dans les rizières comme en période hivernale dans les jardins. Les femmes en ont fait leur première activité génératrice de revenus surtout dans les quartiers spontanés. Elles produisent plusieurs produits (patate, salade, tomate, gombo, aubergine amère « jaxoto », piment…). Cependant ces productrices rencontrent des difficultés pour écouler leurs produits dans le marché local vu l’importance des récoltes mais aussi dans le marché national à cause de l’enclavement de la région et de sa situation de crise.
L’arboriculture
Aujourd’hui plusieurs vergers individuels ou collectifs sont enregistrés à Ziguinchor. Les espèces plantées dans ces vergers sont souvent le manguier, le citronnier, le bananier, le papayer, l’oranger et l’anacardier etc. Ce dernier est convoité depuis quelques années par les arboriculteurs car produisant de la boisson traditionnelle et aussi de la noix d’acajou commercialisé avec des prix qui varient d’une année à l’autre ou encore d’une période à l’autre. Cette culture souffre de plusieurs maux que sont un manque d’organisation dans la (production, conservation, transformation et commercialisation).
La riziculture
Elle a longtemps été la principale activité agricole de la Casamance naturelle et dans la commune de Ziguinchor surtout dans les quartiers de Santhiaba, Belfort, Goumel, Colobane et Lyndiane où les bas-fonds sont des zones inondables favorable à la riziculture. Mais l’urbanisation galopante a entrainé une régression de la riziculture surtout à Ziguinchor ville. En effet beaucoup de casiers rizicoles ont été aménagés en zone d’habitat (Santhiaba, Goumel, Lyndiane…). Sans aussi oublié la présence des mines ou tout simplement la peur qu’ont les populations d’accéder à certaines rizières. Le riz produit dans la commune est destiné à la consommation seulement car étant d’une faible quantité.
L’artisanat
Plusieurs activités se regroupent dans ce secteur : la menuiserie bois ou métallique, la teinture, la sculpture, la couture, le tissage et les forgerons …dominent les autres formes d’artisanat. Malgré cette diversité elle reste une activité informelle avec des problèmes d’écoulement de financement et d’organisation. Avant le conflit l’importance des touristes permettait une bonne commercialisation des produits artisanaux. Mais aujourd’hui la réduction du nombre de touristes entrainée par la crise affecte ce secteur.
La pêche
Le réseau hydrographique confère à Ziguinchor des potentialités halieutiques très importantes. Elles se composent de plusieurs espèces poissons, crevettes, huitres … qui sont très mal exploitées. Quant à la transformation elle est encore traditionnelle car l’industrie absorbe une faible partie des produits de la pêche. Par contre certaines régions du pays ou limitrophes sont ravitaillées en produits frais depuis Ziguinchor.
Le tourisme
Ziguinchor comme le reste de la région, grâce à ses différentes potentialités naturelles, humaines et socioculturelles est une grande ville touristique. Son beau paysage pousse à la découverte de ses profondeurs. Mais aussi le fleuve Casamance et ses nombreux bolongs permettent des voyages en pirogue tout un arrière -pays d’une beauté captivante. Pour toutes ces raisons, le tourisme devait être un secteur très développé dans la zone. Mais depuis les années 80 la rébellion a complétement handicapé ce secteur qui jouait un rôle important dans l’économie de la ville.
Le petit commerce
Il est surtout informel et se développe dans tous les quartiers de la ville particulièrement ceux périphériques. Il concerne en général les produits locaux (mangue, citron, arachide, patate, salade, « madd »). Cette activité permet à plusieurs ménages à faibles revenus d’assurer la dépense quotidienne et même d’autres besoins de la famille. Les principales actrices dans ce domaine sont les femmes.
L’activité industrielle
Faiblement représentée, cette activité est au ralentie dans la commune. Cette situation est la conséquence du déficit de boites et services qui évoluent dans ce secteur de l’industrie ou encore le manque d’équipement dans celles présentes dans la ville.
Au regard de ces différents éléments l’économie de la ville peut être caractérisée comme étant en majorité artisanale. En même temps, l’analyse de ces données, affirme aussi que la ville de Ziguinchor est marquée sur le plan économique par la ruralité des activités prédominées par le secteur agricole. Le secteur informel avec un petit commerce qui permet de faire face au sous-emploi urbain et aux charges familiales occupe une importante partie de la population qui a d’ailleurs un niveau économique faible.
LE NIVEAU DE L’URBANISATION ET DE LA RESTRUCTURATION DES QUARTIERS SPONTANES DE LA COMMUNE
L’urbanisation et la restructuration sont deux termes d’actualité dans la commune de Ziguinchor. Ainsi ils interpellent plusieurs acteurs (mairie, urbanisme, cadastre, domaine, population…) chacun dans son domaine jouant un rôle de complémentarité bien défini.
L’URBANISATION DE ZINGUINCHOR COMMUNE
LES DIFFERENTS ACTEURS DE L’URBANISATION ET LEURS ROLES
Plusieurs acteurs interviennent dans l’urbanisation de la commune.
LA MUNICIPALITE
La gestion urbaine de la commune de Ziguinchor est une priorité pour les élus locaux. Depuis son arrivée à la tête de la commune le maire ABDOULAYE BALDE et son équipe se sont attelés à urbaniser Ziguinchor commune. Pour cela un Plan Directeur d’Urbanisme (PDU) avec un budget de 50 milliards de franc CFA a été mis en place depuis 2009. Ce projet en cours d’exécution a pour objectifs d’aménager et d’assainir tout l’espace communal. Des réalisations sont déjà effectives avec la construction des voies de communication comme celle allant du pont de Lyndiane à Colobane et celle de Tiléne. Ces routes sont accompagnées de canalisations qui évacuent les eaux usées et les eaux de ruissellement qui sont très importantes pendant la période hivernale car Ziguinchor est une zone pluvieuse.
Quant aux quartiers lotis tout dernièrement comme celui de Coboda, l’électrification et l’adduction d’eau sont en cours. Puisqu’une ville ne se construit pas en un jour, au-delà de ces exemples de réalisations citées d’autres projets sont aussi prévus. Il s’agit entre autre de l’électrification et de l’adduction d’eau dans tous les quartiers de la commune. De la création de trois stations de pompage à Santhiaba, Dièfaye et Bodody pour drainer les eaux usées et de pluies. Pour ce projet, le financement est disponible et la phase de construction est en cours. Donc d’ici deux ans (2016), Ziguinchor ne connaitra plus de problèmes d’inondations. Et pour les autres quartiers comme celui de Néma2, des canalisations reliées à ces stations sont prévues. La mairie est la maitresse d’œuvre de toutes ces réalisations puisque l’urbanisation de l’espace communal est sous sa responsabilité (c’est une compétence transférée). Cependant elle travaille en parfaite collaboration avec les services régionaux, les partenaires de la commune et les populations.
LES SERVICES REGIONAUX SPECIALISTES DU DOMAINE
Ces derniers sont les bras techniques. Il s’agit spécialement de l’URBANISME, de l’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE, du CADASTRE et du DOMAINE
L’aménagement du territoire : les locaux de ce service se trouve à Boucotte-Est dans un immeuble conventionné avec comme chef de service régional M.DEMBO BODIAN. Ce service a pour rôle d’apporter son appui conseil à la municipalité dans les programmes d’aménagement de la ville pour éviter les risques dans le cours ou long terme. Cependant le chef de service de l’aménagement soutien n’avoir pas été impliqué dans le programme de restructuration de la commune. Mais toutefois il propose aux autorités d’aménager les dernières zones libres de la commune avant l’occupation par les populations. Cela permettra d’avoir des espaces viabilisés et d’éviter la restructuration continue qui est très couteuse pour la collectivité et présente beaucoup d’inconvénients pour les populations.
Le cadastre : il est situé au cœur de la ville dans le quartier de l’escale. Le cadastre quant à lui joue un rôle fondamental dans le lotissement des zones non lotis et la distribution des parcelles aux différents propriétaires. Ce travail se réalise avec l’aide des services de l’urbanisme et du domaine. D’après l’état des lieux déjà effectué, le lotissement ne sera pas facile à Néma 2 car la densité est très forte dans ce quartier. Plusieurs concessions se retrouvent dans une même parcelle.
Le domaine : il s’occupe des domaines financier et juridique du lotissement. Après l’attribution de la parcelle par le cadastre le domaine se charge des documents faisant du propriétaire un propriétaire légale du titre foncier. Donc le domaine s’occupe du volet administratif du lotissement.
L’urbanisme : situé à la rue Insa Ndiaye le service de l’urbanisme est au cœur de l’urbanisation. Avec comme chef de service M. Jonas Biagui, il est en collaboration directe avec la collectivité locale pour les programmes d’urbanisation de la ville. Il est souvent sur le terrain pour l’étude des lieux et propose une disposition des équipements et infrastructures selon la disponibilité des espaces dans la zone.
Donc on peut dire que la ville dispose des compétences techniques pour gérer convenablement son espace même s’il faut les renforcer car il se pose des fois un problème de personnel dans certains services.
LES PARTENAIRES AU DEVELOPPEMENT : UNE PRESENCE CONSECUTIVE AU CONFLIT
Les partenaires s’activent souvent dans les domaines économique, social, éducatif et environnemental.
Ainsi en partenariat avec la mairie de la commune des organisations non gouvernementales (ONG) sont en convention avec celle-ci. C’est le cas d’ENDA TIERS MONDE dans le cadre du programme d’économie environnementale et populaire (PRECEUP) avec le projet PACTE (programme d’action concertée pour la transformation de l’environnement) qui est en convention à 95% avec la mairie. Ce projet concernait quatre quartiers périphériques de la commune de Ziguinchor : Alwar, Lyndiane, Kandé et Peyrissac. Il visait à développer les capacités d’auto-prise en charge des populations par une implication et une responsabilisation progressive dans la résolution de leurs différents besoins, mais aussi dans la gestion et la maitrise de leur environnement. Cela c’était concrètement traduit par la mise en place et l’accompagnement dans chaque quartier, composé du chef de quartier, de notables, de leaders associatifs et de personnes ressources.
Le comité est porteur du projet au niveau de son quartier, il est chargé de définir les priorités du quartier, de participer à la planification et à la mise en œuvre des actions. Le comité assure la communication entre le projet et les populations et impulse une large dynamique participative. Il s’engage dans l’aménagement urbain par la construction de maisons de quartiers, d’un bloc sanitaire et aussi l’aménagement d’une salle de jeux, des salles de classe et d’un marché mais il est aussi actif dans l’assainissement avec l’extension du réseau d’adduction d’eau et les branchements au niveau des ménages et dans l’école Mamadou Bayo de Peyrissac. La réalisation de ce projet dans les 26 quartiers de Ziguinchor ne pourrait être que bénéfique pour tous ses habitants, et dans le cas contraire c’est encourager les disparités économiques et sociales.
Toujours dans le volet environnemental, la municipalité est partenaire avec le Fond de l’Environnement Mondial dans le programme de l’amélioration du cadre de vie social et environnemental. Ce projet de trois milliards s’active sur le ramassage des ordures ménagères et est à la phase test. L’autre volet du même projet est la bauge de vidage pour minimiser les dégâts des déchets domestiques sur la nappe phréatique. L’usine d’épuration d’une valeur de 11milliards sera implantée au niveau de Boudody. Comme mesure d’accompagnement 300 à 500 latrines seront implantées dans les foyers à faible revenu qui n’ont pas de toilettes modernes. Les extractions tirées de ces latrines seront transformées en composte utilisé pour le maraichage.
Il existe aussi d’autres ONG qui ont des actions dans la commune même si elles ne sont pas en convention avec la mairie. Nous pouvons citer comme exemple le catholique relief service (CRS) qui avec les CAURIE/micro finance dans les quartiers accompagne les femmes dans leur groupement d’intérêt économique (GIE) ou à titre individuelle par des financements sous forme de prêts. On peut citer aussi le crédit mutuel du Sénégal (CMS) qui participe à la réduction de la pauvreté dans la commune par des financements. Nous avons HANDICAP INTERNATIONAL qui s’investit dans la sensibilisation sur les mines, le déminage de certaines zones. HANDICAP participe à la prise en charge des handicaps en général et surtout ceux qui sont victimes de mines. L’harmonisation de toutes ces actions avec celles de la collectivité, des bailleurs et partenaires peut transformer la morphologie de la ville et participer au retour définitif de la paix dans cette partie sud du Sénégal. Sans oublier les richesses naturelles de cette verte région qui bénéficie d’un certain avantage. Comme la présence de rizières, flore, faune et une diversité importante de fruits une bonne exploitation de cette nature ne peut qu’être rentable pour la population locale et même nationale.
LA DISPONIBILITE DES EQUIPEMENTS
La commune de Ziguinchor dispose de plusieurs équipements même si ces derniers sont répartis de manière inégale dans l’espace communal.
LES INFRASTRUCTURES DE BASE
Toutes les infrastructures de bases sont présentes dans la commune particulièrement dans les quartiers du centre-ville. Les infrastructures sanitaires nous pouvons noter la présence d’un hôpital régional mais aussi d’un autre en construction l’hôpital de la paix. Il s’y trouve aussi quelques cliniques, plusieurs dispensaires et postes de santé. Ces infrastructures desservent toutes les localités de la commune même si elles sont des fois trop éloignées pour certains quartiers.
Dans le domaine éducatif Ziguinchor possède tous les niveaux de l’éducation nationale de la case des tout-petits aux universités (publiques et privées) en passant par les écoles élémentaires, les collèges d’enseignement moyen (CEM), les lycées (DJIGNABO BASSENE, PEYRISSAC et le LYCEE DE DJIBOK) et les écoles de formation professionnelle.
L’électrification et l’adduction d’eau ne sont pas encore effectives dans tous les quartiers, mais elles sont en cours dans toutes les zones déjà loties comme Coboda et l’autre partie de Néma 2 lotie depuis 2011.
L’ASSAINISSEMENT ET LA VOIRIE
Ces deux éléments connaissent une grande évolution dans le cadre de la gestion urbaine et de la restructuration des quartiers de la commune. Plusieurs travaux sont réalisés comme la réfection et l’amélioration de l’éclairage public, le désensablement des canaux, le curage des caniveaux dans tous les quartiers de la ville.
La voirie a permis la création de plusieurs infrastructures routières surtout dans les quartiers aux rues jadis impraticables. Les quartiers Kandé, Tiléne, Santhiaba, Kajor, Banéto, Alwar et Djirinko en sont les principaux bénéficiaires. Ces routes sont entre autre celle qui va de la place Aline Sitoé Diatta située à l’entrée de Ziguinchor en venant de Dakar jusqu’à l’Eglise de Tiléne et même le quartier de Alwar en passant par le quartier de Banéto. Une autre quitte le Boulevard 54 et longe le marché Tiléne avant de croiser la première de Banéto. Elle est en 2X2 voies avec des trottoirs. Certaines voies sont très longues telle celle qui quitte le château d’eau dans le grand quartier de Néma en passant par Néma 2 notre zone d’étude au marché central Saint-Maur-des Fossés situé à Boucotte-Est (quartier anciennement loti) et traversant aussi tout le quartier de Kajor. D’autres voies de communication sont aussi en cours d’exécution.
Le dallage est également accompagné de l’assainissement et de la canalisation. Au total pour ce programme 13 km de rues seront faites en pavé. Le choix du pavé se justifie par le fait que Ziguinchor est une marre. Mais à terme de ces travaux la ville bénéficiera d’une vingtaine de km de route. Ces dernières participeront au désenclavement de toutes ces zones en facilitant leur accès.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
1. CONTEXTE
2. JUSTIFICATION
II. PROBLEMATIQUE
1. HISTORIQUE DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
2. DIAGNOSTIC DU SECTEUR
3. «ZIGUINCHOR, UNE VILLE ENTRE CRISE ET MODERNITE »
4. DISCUSSION CONCEPTUELLE
5. OBJECTIFS DE RECHERCHE
6. HYPOTHESES DE RECHERCHE
III. LA METHODOLOGIE
1. LA REVUE DOCUMENTAIRE
2. LES ENQUETES
3. LE TRAITEMENT DES DONNEES
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE D’ETUDE GLOBAL
CHAPITRE 1 : LES ASPECTS PHYSIQUES
I. LE CADRE PHYSIQUE
II. LE DECOUPAGE DE LA VILLE ET SON EXPANSION
CHAPITRE 2 : DONNEES DEMOGRAPHIQUES ET DEVELOPPEMENT URBAIN DE LA VILLE DE ZIGUINCHOR
I. LA CROISSANCE URBAINE
1. L’ACCROISSEMENT NATUREL
2. L’EXODE RURAL
II. LA SITUATION SOCIO-ECONOMIQUE DE LA POPULATION
1. L’agriculture
2. Le maraichage
3. L’arboriculture
4. La riziculture
5. L’artisanat
6. La pêche
7. Le tourisme
8. Le petit commerce
9. L’activité industrielle
DEUXIEME PARTIE : LE NIVEAU DE L’URBANISATION ET DE LA RESTRUCTURATION DES QUARTIERS SPONTANES DE LA COMMUNE
CHAPITRE 1 : L’URBANISATION DE ZINGUINCHOR COMMUNE
I. LES DIFFERENTS ACTEURS DE L’URBANISATION ET LEURS ROLES
1. LA MUNICIPALITE
2. LES SERVICES REGIONAUX SPECIALISTES DU DOMAINE
3. LES PARTENAIRES AU DEVELOPPEMENT : UNE PRESENCE CONSECUTIVE AU CONFLIT
II. LA DISPONIBILITE DES EQUIPEMENTS
1. LES INFRASTRUCTURES DE BASE
2. L’ASSAINISSEMENT ET LA VOIRIE
III. LES DIFFICULTES POUR UNE BONNE GESTION URBAINE
2. LE MANQUE DE MOYENS FINANCIERS, MATERIELS ET HUMAINS
CHAPITRE 2 : LA RESTRUCTURATION DES QUARTIERS SPONTANES DE LA COMMUNE
I. LES POLITIQUES D’HABITAT ET D’AMENAGEMENT URBAIN
II. RENFORCEMENT OU CREATION D’EQUIPEMENTS DANS LES QUARTIERS
III. LA RESTRUCTURATION DES QUARTIERS SPONTANES : EXEMPLE DU
QUARTIER DE NEMA 2
TROISIEME PARTIE : LES IMPACTS DES EFFORTS DE RESTRUCTURATION ET DES POLITIQUES D’HABITAT DANS LA COMMUNE
Chapitre 1 : LES EFFETS DE LA RESTRUCTURATION ET DES POLITIQUES D’HABITAT
I. A L’ECHELLE DE LA COMMUNE DE ZIGUINCHOR
II. A L’ECHELLE DU QUARTIER DE NEMA 2
III. DANS LES SECTEURS ECONOMIQUE ET SOCIAL
1. DANS LE DOMAINE SOCIAL
2. DANS LE DOMAINE ECONOMIQUE
CHAPITRE 2 : LES LIMITES DE LA RESTRUCTURATION
I. LA NON-IMPLICATION DE TOUS LES ACTEURS
II. OBSTACLES ET LENTEUR DU PROCESSUS
III. LE DEFICIT D’ESPACE DE RECASEMENT ET D’IMPLANTATION DES EQUIPEMENTS
CONCLUSION GENERALE
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