Structure sociale et vie de la population
Une observation sur le terrain ainsi que le débat ouvert avec les autorités locales et les notables montre que la répartition spatiale de la population d’Ilakaka se fait généralement selon leur région d’origine ou bien en rapport avec les activités professionnelles de chaque individu. Tous ceux qui sont de même origine ou qui sont de même activité sont souvent regroupés dans un même quartier.
a) Sur la structure générale du village : Les Antandroy occupent l’extrême Sud Ouest. A côté, à l’Ouest, se trouvent les originaires du Nord : Diégo-Suarez, Tamatave, Majunga, …… Ce quartier s’appelle Mangatokana. Les Tuléariens occupent l’extrême Nord Est. Les Betsileo se trouvent à l’Ouest. Les Africains occupent la partie Nord de « Mangatokana », car ils entretiennent une bonne relation avec les originaires du Nord. Ils sont presque tous de sexe masculin et ils se marient et vivent avec les femmes du Nord. Au centre du village d’Ilakaka se trouvent des constructions en dur et en planche de belle couleur. Les étrangers, acheteurs de saphir, s’y installent. Les grands hôtels restaurants et les grossistes se trouvent en intercalant avec ces dépôts d’achat du saphir, c’est-à-dire au centre du village. Les étrangers comme les Sri-Lankais et les Thaïlandais louent de belles maisons situées le long de la RN7.
C’est un endroit favorable pour leurs activités, car ils peuvent héler, de la véranda, les vendeurs de pierre qui passent sur la route. Selon le P.C.L.S. d’Ilakaka « 500 Sri – Lankais, 200 Africains et 132 Thaïlandais sont inscrits officiellement dans le registre du Fokontany l’année 2001 ». Des épi-bars, épiceries, gargotes sont installés autour du stationnement de taxi-brousse, formée depuis le début de l’année 1999. La population d’Ilakaka est cosmopolite, mais les Betsileo sont les plus nombreux. Dans le stationnement d’Ilakaka, des commerçants betsileo, merina, et tolearois sont installés et pratiquent la commerce de charbon, de manioc, de maïs et d’autres activités commerciales. On remarque que l’insécurité est l’un des facteurs qui pousse les gens de même origine à se regrouper, car les conflits inter-ethniques sont très fréquents dans ce village.
b) Sur la vie de la population : Ilakaka est devenu le grand centre commercial de la région. Voici un tableau qui présente les activités de la population Ce tableau montre que les Betsileo tiennent une place importante dans les activités commerciales. Au marché, les femmes betsileo sont les plus dynamiques pour la vente de légumes et de fruits. D’après ce tableau, les autochtones bara se trouvent en dehors du circuit de commerce. Ils sont versés dans l’élevage bovin, qui constitue leur activité principale.
En effet, L. ELLI 1993 : pp.31-32 affirme que « le bœuf soit une richesse est vrais que cela a marque aussi le vocabulaire « Richesse » se dit en Bara HAREA, ce terme vient de la racine HARY, qui en malgache officiel signifie « acquisition, fruit du travail de l’industrie de commerce, gain, et en Bara « élevage des animaux, surtout des bœufs ». Le verbe transitif MIHARY signifie en malgache officiel « amasser des biens, gagner, thésauriser, acquérir, en Bara MIHARY c’est » élever des animaux, surtout les bœufs » Ainsi la fortune du bara ne se mesure pas en monnaies mais uniquement en nombre de zébus.
Ces derniers représentent pour eux la beauté, la force, l’orgueil, la renommée, le prestige, la santé, le bonheur, et l’assurance. LE Bara vivent de l’élevage de bovin ; les bœufs sont pour eux signe de richesse, de vie. Mais le Bara en tant que «tompontany » (autochtone) a un grand rôle dans l’exploitation du saphir. Il porte la parole pour demander la bénédiction. Selon leur croyance, ce sont les ancêtres ou les esprits habitant la terre de l’ethnie bara qui leur donnent l’autorisation et la chance pour trouver de la pierre précieuse. Par exemple, selon Monsieur Voriandro âgé de 75 ans : « Angatahy amy zagnahary namboan- taňana, namboatongotsy, angatahy amy anga . Da kehy aby heniky raza tamy tany toy : indreto ňy vazimba tamy tany toy, Andrahamba, Zafimaňely. Mba tahionareo ahay raha mila vato eto. Tsy hivariňa antany fa mba ho salama. Hahazo safira vatomanga, hahazo safira felapeso. Misondrota ňy big big ary aboahy ňy fahasoava. Mba hahazo arivo tapitrisa“ (On demande à Dieu qui a fait les mains et les pieds.
On demande aux esprits sur la terre. On invoque tous les ancêtres dans cette zone tels que vazimba, Andrahamba, Zafimaňehy. Aidez- -nous à trouver des pierres précieuses ici. Que nous ne soyons pas victime d’un éboulement de terre mais que soyons en bonne santé que nous gagnions un milliard de francs malgaches). Pour le Bara, la force naturelle a fondé la moralité sur la vie. SEGALENE Martine (1968, P.13) affirme que « Le sentiment d’appartenance collective et de dépendance à un ordre moral supérieur sauvent les individus » , lorsqu’elle parle de l’exploitation du saphir, on a le sentiment aux esprits sur la terre et les ancêtres dans cette région. La structure et la vie de la population d’Ilakaka créent la stabilité de la société. On y trouve des maisons fabriquées en sac de riz et des maisons en dur.
Alors la structure du village d’Ilakaka, telle qu‘elle était avant la découverte du saphir, s’est considérablement développée aujourd’hui. On se trouve devant de nouvelles maisons en bonne qualité. Généralement, sur le plan social, l’exploitation du saphir à Ilakaka a formé les migrations, la structure et la vie de la population. Ce n’est pas seulement l’exploitation du saphir qui attire les gens à Ilakaka mais aussi les activités commerciales : dépôts des médicaments, dépôts des carburants, grossistes, confections,…… C’est pour cette raison qu’on peut affirmer que la population de cette région a beaucoup des avantages. Dans les activités commerciales, les bara sont en faible effectif que les autres ethnies (voir tableau I). Maintenant, nous allons voir l’impact de l’exploitation du saphir sur le plan économique.
La prosodie
Dans la prosodie, on étudie, en général, l’accent, l’intonation et le ton. Mais, ce qui nous intéresse ici, c’est l’accent. Cette dernière joue un grand rôle, car l’omission ou le changement de l’accent change le sens des mots. Exemples :
tàna (main) # tanà (village)
ràra (doute) # rarà (interdit)
làla (chemin) # lalà (loi)
Les mots se répartissent en différents types selon la place de l’accent. Ce sont les oxytons, les proparoxytons et les proparoxytons.
a./ Les oxytons : Les monosyllabes sont accentués sur la syllabe elle- même. Exemples :
lo
la
fy
Mais l’accentuation n’est pas liée au nombre des syllabes. Il y a des radicaux ou mots à deux syllabes ou trois mais ils sont accentués sur l’ultième.
Exemple :
mitretrè (triste)
fifingà (jeu)
mangў (silencieuse)
On les appelle des radicaux oxytoniques.
b./ Les paroxytons : Les paroxytoniques sont des radicaux accentués sur l’avant-dernière syllabe.
Exemples :
mišary ( visiter sa famille)
šakery (puissance)
šakay (pument)
c./ Les proparaxytons : Les proparoxytoniques sont des radicaux accentués sur l’antépenultième. La plupart de ces radicaux se terminent par : – ka, -tra, -na / -ña sont les variantes suit : -ky, -tsy, -o en bara. Exemples :
-ky : mangàlaky (prendre)
làtsaky (tomber)
valaky (faible)
-tsy : vokatsy (productif)
lavitsy (éloigné)
tapitsy ( termine)
o : tàna o (main)
màna o (riche)
làla o (chemin)
En conclusion, dans ce premier paragraphe a été abordé en premier lieu la phonématique, qui traite, pour une langue donnée, de la segmentation de la chaîne parlée en phonèmes comme les voyelles et les consonnes. En second lieu, a été traitée la variation syllabique, qui présente la variation de phonèmes ou de groupes de phonèmes par rapport aux autres parlers. Ce paragraphe s’est achevé par une explication de la prosodie, qui étudie les oxytons, les paroxytons et les proparoxytons. Ainsi, sur la base de l’analyse phonologique qu’on vient d’entamer, le parler bara se classe dans le groupe occidental des parlers tel que l’ont établi les dialectologues.
Le préfixe f
Le préfixe f- commute avec l’élément m- des dérivés formés à l’aide des préfixe m-, ma-, mi-, mana-, man-,
maka- et exprime l’habituel. Exemples :
m- : m-ila (chercher) → f-ila (qui a l’habitude de chercher)
ma- : ma-vandy (mentir) →fa-vandy (qui a l’habitude de mentir)
mi- : mi-vola (parler) →fi-vola (qui a l’habitude de parler)
maňa- : maňa-fay (punir) →faňa-fay (qui a l’habitude de punir)
maň- : maň-eto (fumer) →faň-eto (qui a l’habitude de fumer)
maha- : maha-soa (qui rend bon) →faha-soavana (qui a l’habitude de rendre bon)
maka- : maka-teo (qui peut aimer) →faka-teo (qui a l’habitude de pouvoir aimer)
La préfixation
Dans l’étude de la préfixation telle qu’elle apparaît dans le bara depuis la découverte du saphir, nous nous intéressons aux deux types de préfixation :
– mx/ x = : i-, a-, an-, aha-
– tsi-, a-, voa-, faha-, i-, ha-,
a- La préfixation de m x/x: -a, -i, -an, -aha : Cette préfixation s’applique aux radicaux aussi bien malgaches qu’étrangers. Exemples :
m – i – lay = milay (courir)
m – a – heno = maheno (écouter)
m – an – lenta = mandeta (décapiter)
– Le radical appartient à une langue étrangère, on a :
m – i – gô = migô (aller)
m – i – bè = mibè (acheter)
m – aha – defy = mahadefy (defer)
m – an – revy = mandrevy (rêver)
L’élément m- qui marque le temps présent, commute avec n- au passé et h- au futur, comme dans :
maheno / naheno / haheno
mandeta / nandeta / handeta
migô / nigô / higô
Lorsque le radical est à initiale consonantique l ou r et que la préfixe est man-, l prend la forme d et r la forme dr, comme dans :
man – lenta > mandeta
man – revy > mandrevy
man – rara > mandrara
Le morphème f peut commuter avec l’élément m- du préfixe d’actif pour exprimer l’habituel, comme dans :
milay (beau) / filay (avoir de la beauté)
migô (marcher) / figô (marcher habituellement)
mandrevy (se divertir) / fandrevy (se divertir habituellement
La préfixation de f- a lieu, que le radical soit d’origine malgache ou d’origine étrangère, comme dans filay, figô, fandrevy. Le morphème mp- peut commuter avec l’élément m- du préfixe de l’actif pour exprimer aussi l’habituel, comme dans :
mivola (parler) / mpivola (celui qui parle habituellement)
misorira (sourire) / mpisorira (celui qui sourit habituellement)
mibè (acheter) / mpibè (celui qui achète habituellement)
La préfixation de mp- s’appliquent quels que soient les radicaux, d’origine malgache ou d’origine étrangère, comme dans mpivola, mpisorira, mpibè
b- La préfixation de tsi-, a-, voa-, faha-, i-, ha-, Si cette préfixation s’applique aux termes à initiales consonantiques, la combinaison ne pose pas de problème d’ordre phonique et les éléments gardent leur forme propre ou leur structure. Exemples :
Tsi – zarazara = tsizarazara (partage)
Voa – paié = voapaié (avoir été payé)
Ha – tsarana = hatsarana (bonté, beauté)
Si cette préfixation s’applique à des termes à initiale vocalique, la combinaison n’implique pas non plus de problème d’ordre phonique par rapport à ce qu’il y a eu lieu dans le parler bara d’avant la découverte du saphir. Exemples :
tsi – eninenina = tsieninenina (six par six)
tafi – arina = tafiarina (qui s’est relevé)
maha – olona = mahaolona (ce qui fait qu’on est homme)
On ne dit pas : tsinieny, tafarina, maholona. On l’a toujours fait en parler bara. On voit, par les exemples cités plus haut, que les voyelles terminales des préfixes (-i- dans tsi-, -i- dans i taf et –a- dans maha-) ne tombent pas dans le bara actuel d’Ilakaka. Il y a apparition de deux voyelles, d’où les diphtongues comme ie comme dans tsieninenina, ia dans tafiarina et ao dans mahaolona. Ces diphtongues se prononcent comme deux voyelles successives. Par contre, avant la découverte du saphir, ces voyelles terminales des préfixes sont omises dans la combinaison avec des radicaux à initiale vocalique.
En résumé, en référence à ce que nous avons vu ci-dessus dans la deuxième partie, le fonctionnement de la préfixation n’a pas beaucoup varié si l’on compare le bara parlé d’aujourd’hui à Ilakaka au bara tel que nous nous l’avons décrit dans la deuxième partie. Or, malgré l’introduction d’un grand nombre de mots étrangers dans le bara d’Ilakaka, la préfixation de mx / x = : i-, a-, an-, aha-, … ne pose pas de problèmes d’ordre phonique et fonctionne de la même façon, qu’il s’agisse de radicaux malgaches ou étrangers. Il en est de même de la commutation des morphèmes d’habituel f- et mp- avec l’élément préfixal de l’affixe actif mx-. La préfixation de tsi-, a-, voa-, faha-, i-, ha-, à des radicaux (malgache ou étrangers) à initiale vocalique ne pose non plus de problèmes d’ordre phonique dans le bara parlé actuellement à Ilakaka, puisqu’il y a diphtongaison, contrairement au parler bara en général, ou la diphtongaison n’a pas lieu à cause de la chute de la voyelle du préfixe. Nous en avons terminé ainsi avec la préfixation nous abordons maintenant la suffixation pour voir en quoi la bara d’Ilakaka actuel se différencie peu ou prou du bar en général.
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Table des matières
INTRODUCTION
LA METHODOLOGIE
1 – RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE
1 – 1 Les ouvrages généraux basés sur l’étude linguistique et la sociolinguistique
1 – 2 Les documents spécialisés basés sur l’étude de l’exploitation du saphir et sur le Bara
2 – METHODE D’INVESTIGATION
CARTE DE LA REGION BARA
I – L’EXPLOITATION DU SAPHIR A ILAKAKA
1. 1 SUR LE PLAN SOCIAL
1. 1. 1 Forme de la migration
a ) Migration temporaire
b ) Migration définitive
1. 1. 2 Structure et vie de la population
a ) Sur la structure générale du village
CARTE D’ILAKAKA
b )Sur la vie de la population
1-2 SUR LE PLAN ECONOMIQUE
1. 2. 1 Forme de l’exploitation du saphir
a)Le sivandrano
b) Le sesiboka
c) Le fatana/vovo
1. 2. 2 La valeur du saphir
a) Qu’est ce que le saphir ?
b) Les différents types de saphirs à Ilakaka
c ) Vente et achat du saphir
CONLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
II – ETUDE GENERAL DU PARLER BARA
2.1 – DU POINT DE VUE PHONOLOGIQUE
2.1.1. La phonématique
a ) Les phonèmes vocaliques
a.1 Les phonèmes vocaliques de base
a.2 Les phonèmes vocaliques diphtongues
b- Les phonèmes consonantiques
2.1.2. La variation syllabiques
2.1.3. La prosodie
a./ Les oxytons
b./ Les paroxytons
c./ Les proparaxytons
2.2 DU POINT DE VUE MORPHOLOGIQUE
2.2.1. La préfixation
2.2.1.1. Les terminaisons de préfixation
a)Les préfixes à terminale vocalique
b- Les préfixes à terminales consonantiques
2.2.1. 2 Les combinaisons de préfixation
a/ La combinaison du préfixe mañ-avec les termes à initiale vocalique
b/ la combinaison du préfixe mañ-avec les termes à initiale consonantique
2.2.2 La suffixation
2.2.2.1. La suffixation des oxytones
2.2.2.2. La suffixation des paroxytons
2.2.2.3 La suffixation des proparoxytons
2.2.3 L’infixation
2.3. DU POINT DE VUE SYNTAXIQUE
2.3.1. L’ordre normal des phrases
a- La phrase construite selon l’ordre P-S
b- La phrase construit selon l’ordre S-P
2. 3. 2 L’article
a- L’article ñy
b- L’article ñ’
2 . 3 . 3 Les auxiliaires bara
a- Les auxiliaires de prédicat
b -Les auxiliaires de non prédicat
2. 3. 4 Les Pronoms
2. 3. 4. 1 Les pronoms personnels
2. 3. 4. 2 Les pronoms démonstratifs
a- Les éléments visibles
b- Les éléments non visibles
2. 3. 4. 3- Les pronoms locatifs
2. 3. 4. 4 Les pronoms temporels
a- Le présent
b- Passé
c- Futur
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
III – LES IMPACTS DE L’EXPLOITATION DU SAPHIR SUR LE PARLER BARA
3. 1. AU NIVEAU PHONOLOGIQUE
3. 1. 1 Les voyelles
3. 1. 1. 1 Les voyelles de bases
3. 1. 1. 2 Les diphtongues
3. 1. 2 Les consonnes
3. 1. 3 La variation syllabique
3.2. AU NIVEAU MORPHOLOGIE
3. 2. 1 La préfixation
3. 2. 2 La suffixation
a- La suffixation des oxytons
b- La suffixation des paroxytons
3. 2. 3 L’infixation
Remarques sur les unités lexicales
3. 3 AU NIVEAU DU SYNTAXIQUE
3. 3. 1 Les éléments d’une phrase
3. 3. 1. 1 Le prédicat
a- Les segments prédicats
b- Le syntagme prédicatif
3. 1. 1. 2 Le sujet
a- Le segment sujet
b- Le syntagme sujet
3. 3. 2 La constitution d’une phrase
3. 3. 2. 1 La phrase construite selon l’ordre prédicat-sujet
3. 3. 2. 2 La phrase construit selon l’ordre sujet-prédicat
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
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