Définition des concepts
– L’Impact : Le mot « impact »vient du latin « impactus », du participe passé de « impigue », signifiant collision, heurte. Du point de vue strictement écologique, les impacts sont décrits comme des déviations de dynamiques naturelles d’évolution aboutissant à des modifications de l’état théorique d’écosystème (Ndiaye.M.D, 2009). Un impact sur l’environnement peut se définir comme l’effet, pendant un temps donné et sur un espace défini, d’une activité humaine sur une composante de l’environnement. Cet activité étant considérée comme responsable de la modification c’est-à-dire une perturbation du système par rapport à l’état initial. Pour le cas de notre étude nous essayons de mettre en exergue le phénomène d’ensablement comme facteur de modification de notre environnement.
– L’ensablement : On parle d’ensablement lorsque les vents ou les eaux transportent les grains de sable qui vont s’accumuler quelque part au bord d’un cours d’eau, sur les terres cultivables ou incultes, sur un bas-fond etc. (FAO, 1980). Sous l’action du vent, les accumulations sableuses s’amoncèlent et forment des dunes. Ces dunes sableuses occasionnent, en se déplaçant, l’ensablement des terres de cultures, des points d’eau et infrastructures, la réduction des surfaces cultivées, et déplacement des villages sous la pression des dunes mouvantes. Dans notre étude, nous parlons de l’ensablement d’une cuvette maraîchère.
– Le maraîchage : Le maraîchage ou horticulture maraîchère est la culture de légumes et de certains fruits, de manière intensive et professionnelle. C’est un type d’agriculture intensive qui vise à maximiser l’utilisation du sol et à produire dans des cycles de temps très courts. Vu l’importance des terrains aménagés, les récoltes peuvent servir à la consommation pour un grand nombre de personnes. En contrepartie, il nécessite des moyens parfois importants (réseau d’irrigation, forage, mécanisation…) et une main d’œuvre abondante. Dans notre site d’étude, le manque de moyen et l’insuffisance des terres au niveau des points d’eau, combiné à la dégradation des ressources, font qu’il est moins intensif. Mais il reste l’activité dominante.
Héritage morpho-climatique du lac et de son bassin
L’actuel lac Mbaouane correspond à une lagune fermée et transformée en bassin évaporatoire dont les conditions de mise en place de ces formations affleurantes relèvent de la sédimentation quaternaire à Actuel (Ndoye.E.M, 2008). A l’origine il y avait sur la côte Nord Sénégalaise une côte festonnée, avec des dunes et des couloirs inter-dunaires. Selon les enseignements de M. Guilgane Faye, durant la phase de la transgression nouakchottienne entre 5500 à 4000 BP, la mer pénètre dans le continent et envahit les couloirs inter-dunaires. Ainsi il s’est constitué de golfes sous-marins. Au moment du retraite, la mer par la dérive du littorale a déposé des sédiments qui ont colmaté les dépressions. Les eaux qui se trouvaient au niveau des couloirs inter-dunaires vont transformer les golfes en lagunes qui se communiquaient avec la mer par un exutoire. Le lac Mbaouane connaît une période estuarienne qui témoigne la mise en place de dépôts coquilliers (Arca senilis, Dosinia isocardia, Tympanotonus, Semifusus) et de sables marins (Sall.M.M, 1969). Les séries post-nouakchottiennes président à l’accumulation de cordons littoraux sableux (dunes jaunes partiellement fixées) qui barrent l’exutoire du lac Mbaouane au niveau du village de Kayar. La fermeture de la lagune et sa transformation en lac change les conditions de vie, appauvrissant du coup la faune nouakchottienne (Ndoye.E.M, 2008). On assiste à la prédominance d’espèces plus adaptées comme Arca senelis et Gryphea gasar (huîtres) qui sont caractéristiques d’un milieu dessalé avec des fonds vaseux plus calmes. Enfin, les dunes blanches mises en place au Subactuel, continuent de s’engraisser par apport sableux provenant de la haute plage et comblent certaines dépressions. Aujourd’hui, isolé de la mer, le lac Mbaouane fonctionne désormais en lac qui dépend des pluies de l’hivernage, alimenté en grande partie par le marigot de la Sanégobidène. Inondé en saison des pluies, le lac s’assèche immédiatement après trois ou quatre mois. En saison sèche, il reçoit à travers le cordon littoral un apport d’eau salée en provenance de la mer (Dramé.O, 1999). Soumise à une intense évaporation en saison sèche, la dépression voit ses terres poudreuses emportées par le vent, ce qui contribue à l’ensablement et à la salinisation des bordures du lac. La carte suivante présente la situation du lac Mbaouane dans la communauté rurale de Diender Guedj.
Les Niayes
Michel. P (1955), définit les Niayes comme étant des dépressions inter-dunaires plus ou moins inondées qui s’étendent derrière le cordon de dunes littorales depuis Dakar jusqu’à l’embouchure du fleuve Sénégal. Selon Sall.M.M, (1969), les Niayes sont considérés comme un phénomène « hydrographique et topographique et constituent à ce titre une unité géomorphologique ». Le modelé des Niayes est solidaire du massif dunaire intérieur et orientées NE-SW. Mais au cours du Quaternaire, cette orientation a pu être modifiée du fait des ravivements locaux. Aujourd’hui, certaines Niayes ne sont pas parallèle aux alignements dunaires, mais les recoupent. (Sall.M.M, 1969). C’est le cas de l’axe alluvial du Sanégobidène qui recoupe perpendiculairement les dunes de l’erg intérieur pour déboucher au sud du lac Mbaouane. (Michel.P, 1955). La topographique et l’hydrographie introduisent dans le cadre des Niayes une certaine hiérarchisation : le Sanégobidène présente, sur certaines parties de son cours, des dénivelés de plus de 10 mètres avec les dunes qui le bordent. Celles-ci descendent souvent vers les Niayes pour des pentes raides (250 au Nord de Berre Thialane). (Sall.M.M, 1969). D’autre Niayes au contraire ne présentent que de faibles dénivellations avec des dunes qui les bordent. Ce sont des Niayes qui sont été soumises à un ensablement très poussé. Durant la saison humide, les eaux des Niayes peuvent s’étendre sur d’assez grandes surfaces. La figure suivent présente les différents cordons ainsi leur date de mise en place.
Le choix du filao
En 1848, beaucoup d’essais de plantation, par bouturage et par semis ont été réalisés pour trouver des espèces capables de se développer sur les dunes littorales et les fixer. Des expériences multiples ont été tentées avec Euphorbia balsamifera et des graminées spontanées telles que Sporobolus spicatus, Schizachyrium pulchellum afin d’assurer une protection contre l’ensablement. L’essence retenue devrait être capable de se développer à proximité de la mer sur un sol sablonneux très pauvre et sans cohésion, de supporter les effets de vents violents chargés d’embruns et de résister à un ensablement partiel. Ainsi les résultats ont démontré que le filao était la seule espèce qui répondait à ces conditions (Sow.M, 2008). En effet, c’est elle qui regroupe les conditions minimales : croissance rapide (3,5 à 4m en moyenne par ans), bonne couverture du sol et résistance aux embruns maritimes, aux vents desséchants et à l’ensablement (à partir du 4éme mois, la protection n’est plus nécessaire, car atteignant 1 à 2,5 m). Pour la plantation la hauteur et l’écartement des fascines sont 1 m de hauteur sur 3 m, ce qui permet d’obtenir les 40% de perméabilité exigée (Ndaw.B, 1987). Il faut ajouter à cela sa capacité de fixer l’azote atmosphérique par l’entremise d’une symbiose racinaire avec un actino mycète filamenteux du genre Frankia (National research council 1984 in Tangara, 1997). Le filao possède également la capacité d’établir des symbioses racinaires avec des champignons endo et ecto mycorhizateurs,qui lui permettent de coloniser des sols très pauvres et dans des conditions défavorables (Maggia, 1991, In Tangara, 1997). De plus, son système racinaire est parfois caractérisé par la présence de racines groupées ou de racines dites « protéoïde » (Diem et al 1981 In Tangara, 1997). Ces dernières, stimulées par des déficiences en certains oligo-éléments forment alors un réseau dense de radicelles à la surface du sol qui favorise l’absorption des éléments nutritifs en particulier dans les sols en faible teneur en phosphore (National Research Council 1894 ; Racette et Al 1990 in Tangara, 1997). Convenablement inoculé avec Frankia, le filao à un pouvoir de fixation d’azote très élevé : de 40 à 100 kg ha-1/an-1 ), d’où son intérêt en agroforesterie et dans la restauration des milieux dégradés (Dommergues 1990 ; Maggia 1991 In Tangara, 1997).
Les difficultés de régénération
Les plantations de filao se caractérisent par l’absence de jeunes plantes de filao issus d’une régénération naturelle. Beaucoup d’études ont été menées dans ce domaine mais avec des résultats qui ne permettent pas encore de comprendre parfaitement des difficultés de régénération naturelle. L’épaisseur de la litière de filaos semble être l’obstacle principal de cette régénération selon une étude de Tamba et al menée en 2004 (ISRA-CDH). L’influence de l’enfouissement des graines a été testée en évaluant le taux d’émergence (le critère de germination est difficile à évaluer) et la croissance des plantules de filaos avec des enfouissements de 0,2 ; 4,6 et 12 cm. Les résultats du taux d’émergence montrent que quel que soit le type de litière considéré (litière décomposée, litière récente, litière ‘‘naturelle’’), l’enfouissement constitue un facteur limitant. Par rapport au témoin (graines semées sur sable sans litière), le taux d’émergence diminue progressivement avec l’enfouissement. Au-delà de 4 cm d’enfouissement, on note un quasi absence d’émergence en surfaces des plantules. Cependant, des agents des eaux des Eaux et Forêts ont fait une observation qui pourrait renforcer la thèse selon laquelle les épaisses couches de litière sont à l’origine des difficultés de régénération des filaos. En effet, ils ont constaté la poussée des jeunes filaos après le passage d’un feu de brousse dans la bande. Selon eux, la destruction de l’épaisse couche de litière a facilité la germination des graines et le développement des jeunes filaos. Néanmoins, cette observation des forestiers pourrait se justifier, au-delà de l’épaisseur de la couche de litière, par une levée de dormance par la température. Toutefois les études de Tamba et al (2004) montrent que les meilleures conditions thermiques de germination des graines de filao se situent entre 20 et 38°C avec un optimum de 30°C. La capacité du filao à se régénérer à partir de graines a fait l’objet d’une expérimentation en plantation à l’aide d’un dispositif qui correspond à 8 traitements dont le passage de feu. Les résultats obtenus n’ont pas été concluants. Ces poussées de jeunes filaos pourraient aussi être liées par le dégagement du couvert végétal avec le feu qui a créé des éclaircies facilitant ainsi l’effet de la lumière. Cependant, cette hypothèse est peu probable car la bande a beaucoup d’éclaircies du fait des coupes d’arbres sans que des poussées soient notées auparavant. Les études de Tamba et al (2004), sur cette question n’établissent pas une relation entre la poussée de jeunes filaos et l’existence d’éclaircies mais plutôt une relation entre la croissance des diamètres des arbres et la présence d’éclaircies.
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Table des matières
Introduction
Synthèse bibliographique
Problématique
Méthodologie
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU MILIEU
Chapitre 1 : le cadre physique
I- Présentation du lac de Mbaouane
1- Situation géographique
2- Les rives du lac et le modelé dunaire
3- Héritage morpho-climatique du lac et de son bassin
II- La géologie
III- Les unités géomorphologiques
1- Les dunes blanches ou dunes littorales
2- Les dunes jaunes ou dunes semi-fixées
3- Les dunes rouges ogoliennes
4- Les Niayes
5- Plateau de Thiès
IV- Le massif de Ndiass
V- Analyse des paramètres climatiques
1- Les facteurs généraux
a- L’alizé maritime
b- L’harmattan
c- La mousson
2- Les éléments du climat
2-1 Le vent
2-1-1 Vitesse des vents
2-3 Les précipitations
2-4 L’humidité relative Evaporation
VI- Etude pédologique
VII- Les formations végétales
Chapitre II : Le cadre humaine
I- Historique
II- Données de la population
Chapitre III : Cadre socio-économique
1- L’agriculture sous pluie :
2- Le maraîchage
2-1 Typologie des exploitations
2-2-1 Les petites exploitations de types familiales et traditionnels
2-1-2 Les exploitations moyennes
2-1-3 Les exploitations modernes
2-2 La main d’œuvre
2-2-1 la catégorisation de la main d’œuvre
a- La main d’œuvre locale
b- La main d’œuvre étrangère
2-2-2 Classification de la main d’œuvre
a- La classification par sexe
b- Répartition par âge
2-3 La production
2-3-1 Les étapes de la production
a- La pépinière
b- Le repiquage
c- Le semis direct
d- Les travaux d’entretien
e- La récolte
2-4 L’autoconsommation
2-5 La commercialisation des produits
a- La vente sur place
b- La vente au marché
3- L’arboriculture
4- L’élevage
5- Le transport
6- Le commerce
7- Les équipements et les contraintes
DEUXIEME PARTIE : DYNAMIQUE DE L’ENSABLEMENT DU LAC
Chapitre I- Les causes et manifestations de l’ensablement
I- Les causes naturelles
1- Baisse de la pluviométrique
2- Le vent
II- Les causes anthropiques
1- Activité agricole
2- Déboisement
3- Surpâturage
III- Les manifestations de l’ensablement
Chapitre II- le reboisement et ses limites
I- Le reboisement
1- Le choix du filao
2- Caractéristiques botanique du filao
3- Les techniques de reboisement du PL 480
4- Les projets de dernière génération
II- Les limites du reboisement
1- Les difficultés de régénération
2- Le déficit hydrique
3- La salinisation
4- La topographie
5- Manque de surveillance
TROISIEME PARTIE : LES IMPACTS DE L’ENSABLEMENT
Chapitre I- la dégradation des sols
I- Les Impacts directs
II- Les Impacts indirects
1- Les fertilisations chimiques
2- La salinisation
Chapitre II- Les stratégies de conservation
1- Les méthodes traditionnelles
2- Les méthodes modernes
2-1 Les acteurs
2-1-1 Les populations locales
2-1-2 Les ONG et les partenaires au développement
2-1-3 L’Etat
Conclusion générale
Références
bibliographique
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