L‟Afrique de l‟Ouest, une des Régions les plus vulnérables du monde, est aussi l‟une des plus exposées aux aléas climatiques. Les études sur l‟évolution du climat montrent que le changement climatique que nous connaissons aujourd‟hui va s‟intensifier au fur et à mesure que le temps passe. En Afrique soudano-sahélienne, la question de la dégradation de l‟environnement et particulièrement celle des sols est observée dans un passé ressent. Le phénomène a été longtemps signalé au Sénégal. Vers l‟année 1906, le secrétaire du bureau de l‟AOF, Gaudy M (cité par Fournier, 1958) affirmait que « le Sénégal pousse des cris d‟alarme, des régions entières sont épuisées… ». Aujourd‟hui, les effets néfastes de la dégradation de l‟environnement dépassent totalement le monde rural et touchent l‟économie nationale. La question de la variabilité pluviométrique est au cœur de nombreuses préoccupations régionales et nationales.
Au Sénégal, le développement socio-économique se base essentiellement sur l‟agriculture. Avant les années 1970, l‟économie locale était marquée par l‟abondance et la sécurité alimentaire. Cette période était caractérisée par une économie fortement basée sur l‟agriculture pluviale avec des rendements très élevés (mil (Pennisetum glaucum,) arachide (Arachis hypogaea) niébé (Vigna unguiculata). La pluviométrie était abondante et régulière. Aujourd‟hui l‟économie est marquée par une diversification des activités économiques notamment l‟introduction du maraichage. C‟est la période où l‟économie a montré toutes ses limites. La problématique de la variabilité pluviométrique sur l‟agriculture dans la Commune de Fass Ngom s‟opère sur la transformation des ressources naturelles en général et sur les sols en particulier. Notre sujet de recherche porte sur une meilleure connaissance des problèmes de variabilité pluviométrique dans le contexte actuel du Sénégal. Ce présent mémoire se propose de montrer les impacts de la variabilité pluviométrique dans la commune.
Synthèses bibliographies
Les phénomènes climatiques ont été sentis depuis l‟ancienneté de l‟occupation humaine du Sénégal septentrional. L‟histoire du Sénégal montre que cette zone avait de très faible densité de « l‟ordre de 1 à 5 habitants au kilomètre carrée ». Cela était dû à des « contraintes naturelles liées au domaine sahélien et induire les effets de l‟aridité et de l‟insécurité pluviométrique » Au point de vue géologique et morphologique, le Sénégal occupe la partie méridionale du bassin sédimentaire Sénégalo-mauritanien régulièrement incliné vers l‟Ouest en direction de l‟Océan Atlantique. Michel (1973), Sall et al (1982) et MMDI (1991) explique que les formations géologiques du Sénégal appartiennent à trois ensembles : les socles birrimien (Antécambrien moyen) et sa couverture paléozoïque, le bassin sédimentaire du secondairetertiaire, les formations et les volcanismes quaternaires. Ils disent encore que le quaternaire est composé de quaternaire marin et de quaternaire continental. Ce dernier largement représenté sur plusieurs ensembles explique la nature des dunes de l‟Ogolien qui s‟étirent de la région du fleuve Sénégal.
Au point de vue climatique, le climat de l‟Afrique de l‟Ouest a été étudié plusieurs fois par plusieurs chercheurs (Dresck, 1977, Leroux, 1983 et 1988,). Pour Leroux, le climat de l‟Afrique de l‟Ouest est de type variable. Il est animé par deux saisons : la saison pluvieuse avec des précipitations très variables et une saison non pluvieuse et très longue. Pour lui, les changements climatiques datent depuis très longtemps et modifient les cycles saisonniers. En 1988, Sagna. P en actualisant les études de Leroux montre que les types de précipitations sont marqués par un important changement dans le temps et dans l‟espace. L‟altération des saisons est liée à la présence de différentes masses d‟air, elles même liées à la migration des centres d‟action. En 1995, dans son étude sur « l‟évolution de la pluviométrie récente », Sagna P avait montré que les précipitations qui arrosent le Sénégal sont en provenance soit aux lignes de grains, soit à la Zone Convergence Intertropicale (ZIC). Ndour Th (2001) dans sa thèse de doctorat, en expliquant l‟évolution du climat du Sénégal, montre que quatre centres d‟action sont à l‟origine du climat du Sénégal. Il s‟agit : de l‟anticyclone des Açores, les hautes pressions temporaires du Sahara, l‟anticyclone Sainte Hélène et la zone de basse pression appelé Front Intertropical (FIT) ou Zone de Convergence Intertropicale (ZIC). Il dit encore que l‟évolution et la distribution des températures obéissent à trois facteurs : le mouvement zénithal du soleil, les facteurs géographiques et les facteurs météorologiques. Ce qui explique la présente d‟une chaleur importante. Cette hausse de températures sur le milieu rural a des conséquences néfastes sur l‟environnement et surtout sur la durée de la saison agricole.
NDong B J (1995) a étudié « l‟évolution de la pluviométrie au Sénégal et les incidences de la sécheresse récente sur l‟environnement ». Il dit qu‟au Sénégal, l‟année pluviométrique est divisée en deux saisons principales par le critère pluviométrique : la saison sèche qui s‟étale de Novembre à Avril sur les 2/3 du territoire et la saison des pluies qui s‟installe de Mai à Décembre. Selon la CADL/SL, la région de Saint Louis a enregistré un faible cumul annuel pluviométrie en 2002 et en 2004 soit respectivement 184,8mm sur 21 jours de pluies et 145,5mm sur 18 jours de pluies. Alors qu‟en 2010 cette même région a reçu un cumul annuel de 569mm de pluies sur 29 jours. Ceci favorise l‟irrégularité de la saison pluvieuse dans la région du fleuve Sénégal. Ces pluies ont un effet considérable sur la production agricole. En 2007, dans l‟étude sur les caractéristiques du climat, Sagna évoque que l‟essentiel des précipitations qui arrosent le Sénégal est influencé par les lignes de grains. Il revient en Mars 2012 dans l‟étude « des pluies hors saison » pour dire que la question des changements climatiques est aujourd‟hui une préoccupation majeure pour l‟humanité. Cependant, nous devons être prudents dans l‟attribution systématique des manifestations météorologiques à ce problème.
Au point de vue pédologique, plusieurs facteurs participent à la modification de l‟occupation des sols. Sall M (J.A., 2000) a actualisé les études de Pierre Michell sur les reliefs et les sols au Sénégal. Pour Sall M, le Sénégal dispose deux groupes de sols quant à la fertilité et la mise en culture : Les sols bruns et bruns-rouges, les sols ferrugineux et sols ferralitiques d‟une part et les sols hydromorphes et les verts sols d‟autre part. CSE et al (1996) montre que les ressources pédologiques du Sénégal sont de faible aptitude culturale : 47% du territoire sont classés médiocres ou inaptes à l‟agriculture, 36% des sols sont pauvres en moyenne et connaissent des facteurs limitant n‟autorisant que des rendements faibles. A l‟instar des autres localités du Sénégal, la commune de Fass Ngom présente différentes ressources pédologiques. Le Plan Local de Développement (2011) explique que la typologie des sols de la commune de Fass Ngom laisse entrevoir : des sols Dior ou sols ferrugineux tropicaux lessivés qui représentent environ 80%, les sols Deck ou sols ferrugineux tropicaux non lessivés 5% et les sols Deck-Dior 15%.
Problématique
Contexte
Le groupe intergouvernemental de l‟évolution de climat (GIEC) de l‟ONU, dans son quatrième rapport d‟évaluation, a fait remarquer que l‟Afrique est l‟un des continents les plus vulnérables face aux problèmes climatiques (futur régime climatique) et à la variabilité climatique (la mesure dans laquelle on peut prévoir ces régimes). « Cette vulnérabilité est à la fois fonction du système climatique complexe du continent et de l‟interaction de ce système avec les défis environnementaux et socio-économiques telles que la pauvreté endémique, la mauvaise gouvernance, l‟accès limité aux marchés des capitaux et mondiaux, la dégradation de l‟écosystème, les catastrophes et conflits complexes ainsi que l‟urbanisation, qui pourraient miner la capacité des communautés à s‟adapter aux changements climatiques » Boko et Al(2007). De ce fait, les habitants du continent ressentent d‟ores et déjà ses effets ; ils sont pourtant trop souvent absents des débats internationaux sur le climat, alors que le postulat de base est que les personnes les plus touchées doivent être mieux informées afin de comprendre le phénomène de la variabilité pluviométrique auquel elles sont confrontées et d‟y répondre demanière efficace .Cette vulnérabilité a été lancée en prévision du sommet de l‟ONU sur le changement climatique qui s‟est tenu en Décembre 2009 à Copenhague et dont l‟objectif était de négocier un nouveau traité sur le climat. La variabilité climatique, très connue, a des conséquences sur le continent africain, notamment dans les pays sahéliens où elle se manifeste souvent par l‟apparition de phénomènes extrêmes tels que la sécheresse, désertification, manque d‟approvisionnement en eau, mauvaise gestion des ressources naturelles, la faible maitrise des eaux de pluies.
Cadre physique de la Commune de Fass Ngom
La Commune de Fass Ngom est située au Sud-ouest du Département de Saint-Louis entre les coordonnées 15°50‟ ; 16°00‟ Nord et 16°22‟ ; 16°4‟ Ouest. Elle est à cheval entre la Commune de Mpal et l‟Arrondissement de Rao. Elle compte 55 villages et est limitée :
– à l‟Ouest et au Sud par la Commune de Gandon,
– à l‟Est par les Communes de Keur Momar Sarr et Sakal
– et au Nord par la Commune de Mpal.
Elle fait partie d‟un climat de type sahélien et est dotée d‟une diversité pédologique. L‟agriculture occupe une place prépondérante dans l‟économie. C‟est une activité qui touche plus de 80% de la population et elle est pratiquée sous deux formes : les cultures pluviales et les cultures irriguées. L‟élevage constitue la deuxième activité économique. Elle est dominée par l‟élevage de type extensif ou traditionnel pratiqué dans la partie Thiagnaldé et Diéri.
La géologie
Située au Nord-ouest du Sénégal, la commune appartient au Bassin Sénégalo-mauritanien, dans la frange maritime avec un chapelet de dunes vives. « Elle se place sur les formations sédimentaires du Continental Terminal mis en place à la fin du Tertiaire, soit dans les sables sur la frange du Diéri avec une largeur variable dont la profondeur moyenne est de 25 m environ soit dans les calcaires, marnes et grès de l‟Eocène dont la profondeur varie de 25 à 45 m environ » (Plan d‟action forestier régional du conseil régional de Saint Louis en 2003).
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Table des matières
Introduction
I- Synthèses bibliographies
II- Problématique
D. Méthodologie de recherche
PREMIERE PARTIE : PRESNTATION DU MILIEU
Chapitre I : Cadre physique de la Commune de Fass Ngom
I-1- La géologie
I-2- Le relief
I-3- Le climat
I-3-1- Les facteurs du climat
I-3-2- Les éléments du climat
I-3-2-1 Les vents
I-3-2-2- L‟insolation
I-3-2-3 Les températures
I-3-2-4- L‟évaporation
I-3-2-5- L‟humidité relative
I-3-2-6 La pluviométrie
I-3-2-6-1-La variabilité pluviométrique de 1984 à 2013 dans la région de Saint Louis
I-3-2-6-2- Evolution interannuelle de la pluviométrie à l‟écart de la moyenne de la série de 1984 à 2014
I-3-2-6-3- Les fluctuations pluviométriques de 1984 à 2013
I-3-2-6-4- Evolution interannuelle de la pluviométrie par rapport à l‟écart à la normale 1961 à 1990
I-4- Les sources hydriques
I-4-1-Les eaux souterraines
I-4-2-les eaux de surface
I-5- Les sols
I-5- Les formations végétales
Chapitre II : Cadre humain de la commune de Fass Ngom
II- Historique du peuplement de Fass Ngom
III- Evolution et structure de la population
IV- La répartition spatiale et ethnique de la population de la population de Fass Ngom
V-Les activités socio-économiques
V-1- L‟agriculture
V-2- L‟élevage
V-3- L‟exploitation Forestière
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DE L’EVOLUTION DE LA PLUVIOMETRIE ET DE SES IMPACTS
Chapitre III : L‟analyse de l‟évolution de la pluviométrie
I- Evolution des caractéristiques des saisons pluvieuses de 1984 à 2013
I-2-1- Détermination des dates de début et fin de l‟hivernage
I-2-2- Début et fin de l‟hivernage dans le Département de Saint Louis
Chapitre IV : Les impacts de la variabilité pluviométrique
I- Les impacts environnementaux
I-2- Les impacts sur l‟eau
I-1- Les impacts sur les sols
I-3- Les impacts sur la végétation
II- Les impacts socio-économiques
II-1- Les impacts sur les productions agricoles
II-1-1 Analyse de l‟évolution de la production agricole de la Région de Saint Louis
II-1-2- Evolution de la production du Béref
II-1-3-Evolution des productions du mil
II-1-4- Evolution de la production du niébé
II-1-5- Evolution des productions arachidières
II-2- Les impacts sur l‟élevage
II-3. La pression démographique
II-4-la pauvreté
TROISIEME PARTIE : LES STRATEGIES DE LUTTE
Chapitre V : Les stratégies d‟adaptation dans la commune de Fass Ngom
I- Les stratégies traditionnelles ou paysannes
I-1- La fertilisation organique
I-2-L‟assolement
I-3-La conservation des résidus de culture
I-4- L‟implantation des haies vives de Salane (Euphorbia balsamifera)
I-5- La transhumance
I-6- Conflit entre éleveurs et agriculteurs
II- Les stratégies modernes
II-1- Le rôle des acteurs au développement
II-1-1- Le rôle des acteurs de développement local
II-1-1-1- Le reboisement
II-1-1-2- La régénération naturelle assistée (RNA)
II-1-1-3- La mise en défens
II-1-1-4- La fertilisation minérale
II-1-1-5-La culture de plantes fruitières
II-1-1-6- La lutte contre les feux de brousse
II-1-1-7- La sensibilisation
II-1-2- Le rôle de l‟Etat
II-1-3- Le rôle des ONG
III- Les techniques d‟adaptation
IV- les perspectives pour la lutte contre la baisse de la production agricole et pour la promotion d‟un développement durable
Conclusion générale
Bibliographie