L’hydrocรฉphalie est la distension d’une partie ou de la totalitรฉ des structures anatomiques intracrรขniennes contenant le liquide cรฉrรฉbro-spinal (LCS), le plus souvent par obstruction des voies de circulation et rarement par hypersรฉcrรฉtion de celui-ci. Cette distension liquidienne va dรฉtruire progressivement ou rapidement le parenchyme cรฉrรฉbral en fonction de l’importance de l’obstruction et aussi de la cause de l’hydrocรฉphalie. Elle nรฉcessite ainsi une prise en charge diagnostique et thรฉrapeutique rapide.
DEFINITION
Lโhydrocรฉphalie se dรฉfinit comme un trouble de lโhรฉmodynamique du liquide cรฉrรฉbro-spinal. Cโest un processus actif responsable de la distension dโune ou de la totalitรฉ des structures anatomiques intracrรขniennes contenant le liquide cรฉrรฉbro- spinal .
HISTORIQUE
La premiรจre description scientifique de l’hydrocรฉphalie a รฉtรฉ faite par HIPPOCRATE (466-377 avant Jรฉsus Christ ), il a expliquรฉ que l’hydrocรฉphalie est une liquรฉfaction du cerveau causรฉe par la crise รฉpileptique (2). Claudius GALIEN de Pergaron (130-200 avant Jรฉsus Christ ) a dรฉcrit l’origine et la nature du liquide cรฉrรฉbro- spinal (3). Ce n’est qu’au dรฉbut du 12รจme siรจcle, que des รฉcoles et universitรฉs de recherches mรฉdicales ont travaillรฉ sur l’hydrocรฉphalie (4). En 1744, LE CAT a publiรฉ pour la premiรจre fois la ponction ventriculaire (4). En 1875, KEY et RETZIUS ont dรฉmontrรฉ publiquement la circulation du LCS et ont essayรฉ de drainer celui-ci (5). Walter DANDY et Kenneth BLACKFAN de l’hรดpital Johns HOPKINS ร Baltimore en 1913 ont crรฉรฉ l’animal modรจle hydrocรฉphale et ont pu classer l’hydrocรฉphalie en hydrocรฉphalie communicante d’une part et hydrocรฉphalie non communicante d’autre part (6, 7). Quant ร STOOKEY et SCARFF, ils ont essayรฉ de sauter un colmatage dans les voies de circulation du liquide cรฉrรฉbro-spinal jusqu’ร ce que les shunts extracrรขniens soient praticables (8, 9). De nombreux essais ont รฉtรฉ faits concernant les shunts et les sites de placement distal comme lโurรจtre, le pรฉritoine, la plรจvre, la trompe utรฉrine (10). La mรฉthode moderne a commencรฉ par NULSEN, HOLTER et SPITZ, qui ont travaillรฉ au dรฉveloppement de la valve de shunt et ont crรฉรฉ la pression ร sens unique en rรฉglant la valve quโils ont placรฉ dans lโoreillette par lโintermรฉdiaire de la veine jugulaire.
Ils ont utilisรฉ le matรฉriel biologique amรฉliorรฉ telle que le silicone et ont menรฉ la voie vers les shunts ventriculo- pรฉritonรฉaux qui sont encore utilisรฉs jusquโร nos jours (11). Plus rรฉcemment, HOFFMAN et dโautres chercheurs ont prรฉconisรฉ la ventriculocisternostomie du 3รฉme ventricule comme le traitement de lโhydrocรฉphalie car lโespace sous- arachnoรฏdien est un site convenablement dรฉveloppรฉ ( 12, 13 ). Aprรจs ce bref rappel historique, il sโavรจre important de comprendre et de retenir quelques notions anatomiques, physiologiques et clinique de lโhydrocรฉphalie.
RAPPEL ANATOMIQUE
Embryologiquement, le centre de lโaxe cรฉrรฉbro-spinal est occupรฉ par un petit canal: le canal รฉpendymaire primitif. Au cours du dรฉveloppement du cerveau, certaines portions de ce canal se sont dรฉveloppรฉes pour former les ventricules.
Ventriculesย
Les ventricules comprennent :
– Deux ventricules latรฉraux, pairs, symรฉtriques constituรฉs par un corps ventriculaire, un carrefour et trois cornes : la corne frontale, la corne occipitale et la corne temporale. Ils sont sรฉparรฉs entre eux par le septum lucidum et communiquent sรฉparรฉment avec le 3รจme ventricule par le trou de MONRO, un fin canal de 3 mm de diamรจtre.
– Le 3รจme ventricule est mรฉdian et impair, limitรฉ latรฉralement par les thalamus. Sa limite est le trigone et le bourrelet du corps calleux. Il plonge en avant vers le chiasma et la tige pituitaire en mettant deux prolongements : le recessus supraoptique et infundibulaire.
La paroi antรฉrieure du 3รจme ventricule est formรฉe par la lame sus-optique. Ensuite, il y a lโAqueduc de SYLVIUS qui poursuit en arriรจre du 3รจme ventricule. Cโest un canal รฉtroit dont lโorigine est surplombรฉe par lโรฉpiphyse et la citerne ambiante contenant lโampoule de GALIEN.
– Enfin, le 4รจme ventricule fait suite ร lโAqueduc de SYLVIUS, cโest le ventricule le plus petit. Son plancher correspond ร la protubรฉrance annulaire et au bulbe. Il est limitรฉ en arriรจre par le cervelet, de forme losangique, ses angles externes correspondent aux recessus de LUSCHKA. Lโangle supรฉrieur est le dรฉbouchรฉ de lโAqueduc de SYLVIUS. Lโangle infรฉrieur, le trou de MAGENDIE met en communication les cavitรฉs ventriculaires avec les espaces sous- arachnoรฏdiens de la grande citerne.
Plexus choroรฏdesย
Les cavitรฉs ventriculaires contiennent des formations appelรฉes plexus choroรฏdes qui sont responsables de la sรฉcrรฉtion du liquide cรฉrรฉbro-spinal. Ces formations conjonctivo- vasculaires sont revรชtues dโun รฉpithรฉlium de type sรฉcrรฉtoire .
Espaces sous-arachnoรฏdiens
Entre la pie-mรจre et lโarachnoรฏde se trouve un espace aux contours trรจs sinueux qui est limitรฉ dโun cรดtรฉ par la surface lisse de la pachymรฉninge recouverte dโarachnoรฏde et de lโautre par la surface tourmentรฉe de lโencรฉphale recouverte de piemรจre. Cette cavitรฉ est remplie de liquide cรฉrรฉbro-spinal qui y circule, empruntant comme voie de passage les sillons et les espaces qui deviendront des rivi, des flumens, des lacs, des citernes suivant leur importance. Sur la face externe, les rivi aboutissant aux flumens Rolandiens et Sylviens se jettent dans le lac Sylvien. Sur la face interne, les rivi antรฉrieurs aboutissant au lac calleux, les postรฉrieurs au lac cรฉrรฉbelleux supรฉrieur autour du cervelet : oรน il y a deux lacs (lac cรฉrรฉbelleux supรฉrieur et infรฉrieur). Ces lacs aboutissent aux citernes :
โข la citerne basale sous le diencรฉphale,
โข la grande citerne autour de la rรฉgion bulbo- protubรฉrantielle.
RAPPEL PHYSIOLOGIQUE
Physiologie du liquide cรฉrรฉbro-spinal
Il existe deux sortes de flux de liquide cรฉrรฉbral-spinal qui agissent simultanรฉment et en permanence :
โข le flux pulsatile qui rรฉsulte des pulsations artรฉrielles cรฉrรฉbrales cโest ร dire des modifications systolo- diastoliques du volume du lit vasculaire,
โข le flux net global de la sรฉcrรฉtion du liquide cรฉrรฉbro-spinal qui est le produit de la sรฉcrรฉtion du liquide cรฉrรฉbro-spinal, (en situation dโรฉquilibre) รฉgal au volume du liquide cรฉrรฉbro-spinal rรฉsorbรฉ.
– Sรฉcrรฉtion du liquide cรฉrรฉbro-spinal
Plus de 60% du liquide cรฉrรฉbro-spinal sont secrรฉtรฉs dans les cavitรฉs ventriculaires au niveau des plexus choroรฏdes. La source principale est les ventricules latรฉraux.
Les 40% restant sont produits sur lโensemble de la surface cรฉrรฉbrale, ร partir de lโespace liquidien interstitiel.
– Circulation du liquide cรฉrรฉbro-spinal
Le liquide cรฉrรฉbro-spinal sโรฉcoule en direction de ses sites de rรฉsorption. A partir des ventricules vers les espaces sous arachnoรฏdiens et par les citernes de la base vers la convexitรฉ. Il sโagit dโun flux pulsรฉ, sous la dรฉpendance du pouls vasculaire, prรฉsentant un mouvement antรฉrograde et un mouvement rรฉtrograde. Les troubles de la circulation du liquide cรฉrรฉbro-spinal conduisent ร la formation dโune hydrocรฉphalie.
– Rรฉsorption du liquide cรฉrรฉbro-spinal
Cโest au niveau des villositรฉs รฉmanรฉes de lโarachnoรฏde ( granulations de PACCHIONI ) saillant dans la lumiรจre du sinus veineux que le liquide cรฉrรฉbrospinal passe de lโespace sous arachnoรฏdien vers le sinus veineux longitudinal supรฉrieur. Cette rรฉsorption est un phรฉnomรจne passif qui obรฉit aux gradients de pression entre lโespace sous-arachnoรฏdien et le sinus.
Pour les 50 ร 60% du LCS, ils sont rรฉsorbรฉs au niveau des granulations arachnoรฏdiennes de PACCHIONI, dans le systรจme des sinus veineux dure mรฉriens, ainsi quโau niveau des manchons mรฉningรฉs des nerfs rachidiens. Les 40 ร 50% restants sont rรฉsorbรฉs au niveau du parenchyme cรฉrรฉbral.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I- DEFINITION
II- HISTORIQUE
III- RAPPEL ANATOMIQUE
III. 1. Ventricules
III. 2. Plexus choroรฏdes
III. 3. Mรฉninges
III. 4. Espaces sous-arachnoรฏdiens
III. 5. Granulations de PACCHIONI
IV. RAPPEL PHYSIOLOGIQUE
IV. 1. Physiologie du liquide cรฉrรฉbro-spinal
IV. 2. Rรดle du liquide cรฉrรฉbro-spinal
IV. 3. Composition du liquide cรฉrรฉbro-spinal
IV. 4. Pression hydrostatique du liquide cรฉrรฉbro-spinal
V. PHYSIOPATHOLOGIE DE LโHYDROCEPHALIE
VI. ANATOMOPATHOLOGIE
VII. ETIOLOGIES
VII. 1. Les tumeurs
VII. 2. Les blocages malformatifs et inflammatoires
VII.2.1. Blocage des voies ventriculaires
VII.2.2.Blocages extra ventriculaires
VIII. ETUDE CLINIQUE
VIII.1. Hydrocรฉphalie du nourrisson
VIII.1.1. Circonstances de dรฉcouverte
VIII.1.2. Signes cliniques
VIII.1.3. Signes neurologiques
VIII.2. Hydrocรฉphalie de lโenfant
VIII.3. Hydrocรฉphalie de lโadulte
VIII.3.1. Syndrome dโhypertension intracrรขnienne
VIII.3.2 Syndrome dโhydrocรฉphalie chronique
IX. EXAMENS COMPLEMENTAIRES
IX.1. Echographie transfontanellaire
IX.2. Radiographie du crรขne
IX.3. Tomodensitomรฉtrie crรขnienne ou scanner
IX.4. Imagerie par rรฉsonance magnรฉtique (IRM)
X. TRAITEMENT
X.1. Les hydrocรฉphalies antรฉnatales
X.2. Traitement รฉtiologique
X.3. Traitement symptomatique
X.3.1. Traitement mรฉdical
X 3.2. Traitement chirurgical
X.3.2.1. Techniques
X.3.2.2. Indications
X.4. Traitement prรฉventif
XI. EVOLUTIONS ET COMPLICATIONS
XI.1 Evolutions
XI.1.1. Evolutions spontanรฉes
XI.1.2. Evolution sous traitement
XI.2. Complications
XI.2.1. Les infections
XI.2.2. Les obstructions des cathรฉters
XI.2.3. Lโinsuffisance de drainage
XI.2.4. Lโinsuffisance de longueur du drain
XI.2.5. Le syndrome de la ventricule fente
XI.2.6. Lโhรฉmatome sous- dural par hyperdrainage
XI.2.7. Les complications abdominales
DEUXIEME PARTIE
I. METHODES
I.1. Matรฉriels dโรฉtude
I.2. Modalitรฉs de recrutement
I.3. Sรฉlection des patients
I.4. Classification des dossiers
I.5. Les paramรจtres ร รฉtudier
I.6. Traitement
II. OBSERVATIONS
III. RESULTATS
III.1. Rรฉpartition selon lโรขge
III.2. Rรฉpartition selon les rรฉgions dโorigine
III.3. Rรฉpartition selon le sexe
III.3.1. Tout รขge compris
III.3.2. Le sexe selon lโรขge
III.4. Hydrocรฉphalies selon les causes
III.5. Les hydrocรฉphalies post-mรฉningitiques
III.6. Hรฉmorragie mรฉningรฉe compliquรฉe dโhydrocรฉphalie
III.7. Rรฉpartition selon le type de lโhydrocรฉphalie
III.8. Rรฉpartition selon les examens complรฉmentaires
III.9. Rรฉpartition selon les traitements
TROISIEME PARTIE COMMENTAIRES โ DISCUSSIONS
I. EPIDEMIOLOGIE
I.1. Frรฉquence
I.2. Age
I.3. Sexe
I.4. Rรฉgions dโorigine
I.5. Facteurs familiaux
I.5.1. Consanguinitรฉ
I.5.2. Hรฉrรฉditรฉ
II. ETIOPATHOGENIE
II.1. Hydrocรฉphalies tumorales
II.2. Hydrocรฉphalies malformatives
II.3. Hรฉmorragies mรฉningรฉes
II.4. Mรฉningites
II.5. Hydrocรฉphalie et craniostรฉnose
II.6. Hydrocรฉphalie de l’adulte
III. DIAGNOSTIC
III.1. Clinique
III.2. Investigations paracliniques
IV. TRAITEMENT
IV.1. Traitement mรฉdical
IV.2. Traitement chirurgical
IV.2.1 Plexectomie
IV.2.2 Dรฉrivation intracrรขnienne du LCS
IV.2.3 Les dรฉrivations extracrรขniennes du LCS
V. EVOLUTION
VI. PRONOSTIC
SUGGESTIONS
I. SUR LA PREVENTION DE L’HYDROCEPHALIE
I.1 L’application de soins de santรฉ primaire
I.1.1. Les soins de santรฉ en pรฉriode prรฉnuptiale
I.1.2. Les soins de santรฉ pendant l’accouchement รฉvitant toute souffrance nรฉonatale et tout traumatisme obstรฉtrical
I.1.3. Les soins de santรฉ en pรฉriode postnatale
I.2. L’รฉducation sanitaire des parents
II. SUR LA PRISE EN CHARGE DU MALADE
III. SUGGESTIONS SUR LE TRAITEMENT
IV. SUR LES COMPLICATIONS POST-OPERATOIRES DES VALVES
V. POUR AMELIORER LES RECHERCHES EN MATIERE DE SANTE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE