Portrait d’habitudes de vie des adolescents
Les habitudes de vie telles que l’activité physique et l’alimentation font partie des facteurs pouvant influencer le développement des maladies chroniques (Organisation Mondiale de la Santé [OMS], 2004). À travers le monde, moins de 50% des adolescents pratiquent suffisamment d’ activités physiques pour obtenir des bénéfices sur la santé. Il est aussi important de noter que la participation à des activités physiques diminue avec l’âge, surtout à l’adolescence (WHO, 2004). Selon les nouvelles recommandations de Santé Canada (2011), la fréquence d’ activités physiques serait un facteur de pratique primordial, comparativement au temps total consacré à la pratique, c’ est pourquoi les recommandations visent une pratique quotidienne d’ activités physiques d’environ 60 minutes. Selon Santé Canada (2011), les adolescents canadiens ont tendance à aller dans le sens contraire de cette recommandation, c’ est-à-dire qu’ ils pratiquent des activités physiques d’une durée suffisante, sans toutefois répondre aux recommandations en matière de fréquence hebdomadaire. De plus, on estime que 35,3% des adolescents canadiens sont inactifs (Caron, Sauvageau & Paquette, 2006). On observe des constats similaires en ce qui a trait aux comportements alimentaires des adolescents. En effet, malgré que les légumes et fruits offrent des avantages marqués pour la santé et aident à prévenir certaines maladies (Shepherd et al., 2005 ; Penny, 2009), 68% des filles entre neuf et 13 ans et 62% des garçons du même groupe d’âge n’atteignent pas la recommandation de cinq légumes et fruits par jour (Garriguet, 2006). Au Québec, 47,8% des adolescents ne consomment pas les cinq portions de légumes et fruits recommandées par jour.
Quelles sont les conditions qui font que les adolescents soient plus enclins visà- vis l’adoption et le maintien des saines habitudes de vie? L’environnement (école, pairs, famille) dans lequel évoluent les adolescents peut certes influencer l’adoption de comportements de santé, adéquats ou non. Par exemple, il est plausible de croire qu’un adolescent qui participe à des sports organisés soit exposé ou influencé de façon positive à adopter des comportements favorables en regard à la santé. Il semble que la littérature à ce sujet suggère des résultats plutôt contradictoires en ce qui a trait aux avantages à être impliqué dans un sport organisé. Aux États-Unis, plusieurs études ont étudié le développement des habitudes de vie chez les adolescents pratiquant des sports organisés et ceux n’en pratiquant pas (Garry & Morrissey, 2000; Hildebrand, Johnson & BogIe, 2001 ; Yusko, Buckman, White & Pandina, 2008). Selon certaines d’entre-elles, le fait de participer à des sports organisés serait associé à des comportements nuisibles pour la santé tels que la consommation d’alcool, de tabac et de drogues, ainsi que les incidents violents comme les bagarres et l’intimidation.
Cependant, d’autres études ont comparé ces deux mêmes groupes de jeunes et indiquent que le fait d’être actif physiquement a une influence positive sur la grande majorité des autres habitudes de vie des adolescents, comme une plus grande consommation de légumes et fruits, un plus grand désir de maintenir un poids santé et de moins grandes chances de consommer des produits du tabac ou des drogues (Winnail, Valois, Dowda, McKeown, Saunders & Pate, 1997 ; Pate, Trost, Levin & Dowda, 2000 ; Delisle, Werch, Wong, Bian & Weiler, 2010). Cette influence pourrait s’expliquer via le concept de socialisation institutionnelle, selon lequel les adolescents qui intègrent urie structure sportive seraient influencés par plusieurs intervenants (entraîneurs, parents, éducateurs) ayant des valeurs favorisant le développement de saines habitudes de vie. En plus d’ être influencés, les adolescents s’engagent dans la vie de leur milieu sportif, ce qui contribue au développement des valeurs et habitudes adoptées par leur environnement (Machard, 2003). Ainsi, les adolescents qui participent à des sports organisés seraient plus enclins à adopter des habitudes de vie qui sont favorables pour la santé et, par conséquent, deviennent moins disposés à adopter de mauvaises habitudes de vie (Delisle et al., 2010). À notre connaissance, au Québec, aucune étude n’a comparé les habitudes de vie des adolescents à celles des adolescents «sportifs» de calibre provincial.
Habitudes d’activités physiques des adolescents
Selon Janssen et Leblanc (2010), il existe un effet «dose-réponse» qui suggère une relation directe entre la quantité d’activités physiques pratiquées et les bénéfices sur la santé. Ainsi, la plupart des organismes nationaux qui font la promotion de la santé ont leurs propres lignes directrices quant au nombre d’heures d’activités physiques nécessaires pour maintenir et améliorer la santé. Pour sa part, Santé Canada (2011) se base sur les recommandations issues des données probantes les plus actuelles en matière de dosage optimal pour en retirer des bénéfices santé, c’està- dire, celles du Physical Activity Guidelines for Americans (2008) qui recommande de s’adonner à 60 minutes d’activités physiques par jour d’une intensité moyenne à élevée pour un adolescent (12-17 ans). Cette recommandation inclut des activités à intensités variables allant de la marche jusqu’à la pratique d’un sport intense comme le soccer ou le basket-baIl. À l’ instar de ces recommandations, des études montrent que seulement 7% des jeunes Canadiens font au moins 60 minutes d’activités physiques par jour et qu’un enfant sur deux ne fait même pas cinq minutes d’activités physiques intenses par semaine (Active Healthy Kids Canada, 2011). Les chiffres sont encore plus inquiétants chez les filles, alors que seulement 4% d’ entre-elles atteignent ces recommandations (Colley, Garriguet, Janssen, Craig, Clarke & Tremblay, 2011). Au niveau de l’intensité, 97% de l’ activité physique des adolescents canadiens se fait à une intensité moindre (Santé Canada, 20 Il). La sédentarité est un autre problème majeur associé aux loisirs passifs très présents chez les adolescents canadiens. En effet, ces derniers passent, en moyenne, près de neuf heures par jour devant leur télévision, ordinateur ou console de jeux vidéo, ce qui représente 62% de leurs heures d’éveil (Santé Canada, 2011). Au Québec les chiffres sont tout aussi inquiétants puisque 29,9% des adolescents entre 12 et 17 ans affirment participer à des loisirs passifs de 20 et 29 heures par semaine (Santé Canada, 2004).
Bienfaits de l’activité physique sur la santé Bon nombre de travaux ont démontré que l’activité physique procure plusieurs effets bénéfiques sur la santé physique chez les enfants et les adolescents. Selon une revue de la littérature de Dietz (1998), l’activité physique permet, entre autres, de diminuer la pression artérielle, d’offrir un niveau de lipoprotéine favorable et d’abaisser le taux d’adiposité chez les jeunes. De plus, un mode de vie actif permet d’avoir des os plus solides, des articulations saines, un coeur plus fort et aide à prévenir un des problèmes majeurs en santé de nos jours, l’obésité (Van der Horst, 2009). Selon Strohle (2009), l’activité physique peut aussi être utilisée dans le traitement de la dépression et des troubles d’anxiété. Mis à part les effets positifs de l’activité physique sur les diverses composantes de la santé physique, il semble que s’adonner à des activités physiques engendre d’autres effets positifs qui rayonnent dans la vie quotidienne des adolescents. Par exemple à l’école, la concentration, l’assiduité en classe, la motivation aux tâches scolaires et les résultats académiques sont tous des éléments qui peuvent être influencés positivement par la pratique d’activités physiques.
En effet, une étude américaine effectuée à partir d’un groupe d’élèves du secondaire a démontré que ceux qui pratiquent des sports ou des exercices à intensité élevée, et ce, pendant un nombre d’heures plus élevé que la moyenne, affichent une moyenne académique générale significativement plus élevée que les adolescents sédentaires ou peu actifs (Field, Diego, Sanders & 2001). Une seconde étude américaine révèle que les adolescents qui pratiquent un sport sur une base régulière, en plus de s’adonner à des activités physiques dans un cadre parascolaire, ont davantage de chances de réaliser plus de trois heures de devoirs par semaine et ont une plus grande motivation face à leur engagement à l’ école (Harrison & Gopalakrishnan, 2003). De même, selon une étude menée par Trudeau & Shephard (2008), il y aurait une association doseréponse entre la pratique de l’ activité physique et les résultats scolaires.
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Table des matières
AVANT-PROPOS
RÉSUMÉ
REMERCIEMENTS
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ABRÉVIATIONS
MISE EN CONTEXTE
1. INTRODUCTION
Portrait santé
Portrait d’ habitudes de vie des adolescents
II. PROBLÉMATIQUE
La santé associée à des habitudes de vie
Habitudes d’ activités physiques des adolescents
Bienfaits de l’activité physique sur la santé
Habitudes alimentaires des adolescents
Bienfaits de l’alimentation sur la santé
Habitudes de vie des adolescents et des adolescents sportifs
Environnements d’influence des habitudes de vie des adolescents sportifs et non-sportifs
L’influence de l’école
L’influence des pairs
L’influence de la famille
La socialisation institutionnelle
III. CADRE THÉORIQUE
Modèle écologique du développement humain
Systèmes du modèle écologique
Modèle écologique de l’activité physique
Environnements d’influence versus les habitudes de vie
IV. OBJECTIFS
Objectifs de l’étude
V. INSERTION DE L’ARTICLE: SPORTS ORGANISÉS: ENVIRONNEMENTS D’INFLUENCE ET HABITUDES DE VIE DES ADOLESCENTS
Résumé
Abstract
Introduction
Matériels et méthodes
Contexte et description des participants
Instrument pour la mesure des variables
La pratique d’activités physiques
Les comportements alimentaires
Les environnements d’influence
Collecte des données
Analyses des données et considérations éthiques
Résultats
Profil des habitudes de vie des adolescents
Relation entre les habitudes de vie et les environnements
d’ influence
Influences de l’environnement
Différences des comportements des participants se disant
fortement influencés
Discussion
Habitudes de vie
Relation entre les habitudes de vie et les environnements d’influence
Pistes d’actions
Limites et perspectives futures de recherche
Déclaration d’intérêts
Références
VI. DISCUSSION GÉNÉRALE
Activités physiques et alimentation: «sportifs» vs «élèves»
Relation entre les habitudes de vie des adolescents et leurs environnements
Influence de l’école
Influence des pairs
Influence de la famille
Adolescents se disant fortement influencés par les environnements
Actions favorisant le développement des saines habitudes de vie
Limites de l’étude
VII. CONCLUSION ET IMPLICATIONS
Implications pour le milieu
Transfert des connaissances
Implications pour la recherche future
RÉFÉRENCES
ANNEXES
A. Acceptation de l’ article
B. Questionnaire
C. Bulletin des habitudes de vie
D. Affiche scientifique
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