Les indicateurs macro-économiques
Depuis son indépendance en 1960, la croissance économique de Madagascar n’a jamais été notable ni stable.
a. Le PIB par habitant: Dans l’ensemble entre 1960 et 1995, le PIB par habitant a observé une baisse tendancielle de -1,5% par an en moyenne10 .Au cours des années 1996-2003, le PIB par tête est fortement instable. Par la suite, il a affiché une variation moyenne de 19 US $ environ par an jusqu’en 2006.
b. L’inflation : Malgré les différents chocs exogènes qui ont bouleversé l’économie du pays, l’inflation a véritablement baissé passant de 20% en 1996 à 6,9% en 2001. En 2004, l’inflation a atteint son niveau maximal avec les cyclones, la hausse du prix du riz et du pétrole au niveau international.
c. Le taux d’investissement : Le taux d’investissement a doublé entre 1996 et 2004 en passant de 12,2% à 24,3% .Cette augmentation est attribuée à la promotion des investissements privés durant cette période.
d. Le taux de croissance économique : La reprise de croissance économique est nette à partir de 1996 avec le retour de la confiance de fonds traditionnels et la stabilité du taux de change. Le taux de croissance économique est passé de 2,2%en 1996 à 6,0% en 2001. Mais cette relance est remise en cause par la crise post-électorale de 2002. Par cette crise, l’économie malgache a connu une forte perturbation dans la plupart des secteurs d’activité, en particulier ceux orientés vers l’exportation .En effet le taux de croissance économique a été de -12,7% au cours de cette année. Après la crise post-électorale, les efforts entrepris tels que la relance de la production et la promotion de l’investissement portent leurs fruits malgré la venue des facteurs exogènes (dépréciation de la monnaie malgache, cataclysmes naturels,…). Entre 1996 et 2006, Madagascar a connu un taux de croissance moyen de l’ordre de 4%. La gestion macroéconomique s’est améliorée. Cependant, à l’exception du redressement d’après crise 2002, le taux de croissance n’a jamais dépassé les 6%. En 2005, le taux de croissance n’est que de 4.6%. Pour cause, les délestages fréquents dans les industries, la hausse continue du prix du carburant et les démantèlements des accords multifibres ont conduit aux ralentissements des activités des secteurs secondaire et tertiaire. L’année 2006 est caractérisée par une résistance de l’activité économique malgré la hausse du prix du pétrole. Pour cette année, le PIB de Madagascar est de 5.7 milliards US $, et le revenu par habitant de 308US $. En bref, le revenu par habitant est particulièrement faible et le solde budgétaire est toujours déficitaire. Pour avoir une vision globale de la situation à Madagascar, nous allons aborder quelques repères économiques et politiques de notre cadre d’étude dans le chapitre qui suit.
Le régime socialiste
Les stratégies économiques mises en place sous la II eme République malgache (1975- 1990) ont provoqué le départ de nombreux investisseurs étrangers. Elles permettaient la marginalisation des opérateurs nationaux privés malgaches. Plusieurs investissements nationaux ont vu le jour mais ils s’avèrent peu productifs largement financés par l’endettement extérieur. L’agriculture qui devrait assurer l’autosuffisance alimentaire –base de la révolution socialiste – conduit plutôt à l’importation de plusieurs produits de base comme le riz. La dégradation des infrastructures routières empêche l’approvisionnement des villes asphyxiées par le manque de dynamisme généralisé de la production agricole. Le capitalisme d’exportation a permis de multiplier par quatre les prêts octroyés au gouvernement malgache par le groupe Banque Mondiale entre la décennie 1970 et la décennie 1990. En effet, le montant des prêts est passé de 50 millions USD par année pendant la période 1979-1982 pour atteindre 150 millions USD en 1990.
Théorie de Marcel Rudolff
Selon l’auteur, il existe deux catégories d’investissement. La première vise à maintenir le capital actuel à son niveau actuel. La deuxième catégorie vise à augmenter le capital technique existant c’est-à-dire l’investissement net. Seul l’investissement net augmente le potentiel productif d’un pays, lui seul participe au processus cumulatif de développement. C’est là que commencent les difficultés pour les pays du Tiers Monde. En effet, « investir » implique pour un pays la formation d’une épargne, c’est-à-dire la « non consommation » d’une fraction de son revenu et l’affectation de celle-ci à l’acquisition de biens publics. Un pays dont le revenu national sert exclusivement au financement des dépenses de consommation ne dispose pas de ressources nécessaires pour mener une politique efficace d’investissement. Pour y remédier, le pays fait appel au bailleur de fonds, c’est-à-dire au financement externe.
Gain d’efficacité et effet d’entraînement de l’IDE
Les éléments indispensables au développement économique se trouvent à la portée du pays d’accueil par le biais de l’IDE. Ce dernier apporte à la fois le capital intellectuel, les technologies modernes, les compétences et expériences aussi bien techniques qu’administratives. Ces éléments, incorporés dans le processus de production, rendent plus efficace la productivité et changent le système de production en général. L’IDE favorise la concurrence dans l’économie locale. L’efficacité de la production des entreprises étrangères contraint les opérateurs locaux du même secteur à moderniser leur système de production, à normaliser leurs produits et à améliorer leur service. Sinon, à long terme, ils encourent une perte effective, voire la fermeture de leur porte. Par ailleurs, la concurrence et la normalisation du système de production développent la compétitivité des produits en matière de prix et de la qualité sur le marché international. D’une manière indirecte, l’IDE joue un rôle non négligeable dans l’amélioration des techniques de production et l’accroissement de la productivité de chaque entreprise. L’effet des IDE ne se limite pas sur la promulgation des techniques nouvelles ou la normalisation commerciale. En effet, les technologies modernes exigent un certain niveau de qualification du capital humain. Il donne, donc, lieu à une amélioration des connaissances des travailleurs par des programmes de formation, de stages, de séminaires des travailleurs locaux et des échanges de connaissances entre les expatriés et les employés locaux. Encore une fois, les IDE participent indirectement à la croissance économique par la diffusion des connaissances dans les différents secteurs de l’économie après la migration des travailleurs vers les firmes nationales. Finalement, il existe un lien étroit entre l’investissement et la croissance. Etant le constituant principal de l’investissement dans les PED, l’IDE joue un rôle important dans la relance de la croissance de ces pays. Pour le cas de Madagascar, ces dernières décennies, les activités extractives prennent une proportion de plus en plus importante dans l’IDE de sorte que son évolution équivaut à celle des investissements miniers. La section suivante essaiera de déterminer les facteurs explicatifs des investissements miniers à Madagascar en se basant sur ceux des IDE.
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Table des matières
PARTIE 1 : CONTEXTE POLITIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE DE MADAGASCAR
CHAPITRE 1 : LES INDICATEURS ET LEUR EVOLUTION
SECTION 1 : LES INDICATEURS SOCIO-DEMOGRAPHIQUES
1. Indicateurs démographiques
a. Taux de chômage
b. Le sous-emploi
c. Structure des emplois
a. Profil spatial de la pauvreté
SECTION 2 : INDICATEURS ECONOMIQUES
1. Revenus salariaux
2. Les indicateurs macro-économiques
a. Le PIB par habitant
b. L’inflation
c. Le taux d’investissement
d. Le taux de croissance économique
CHAPITRE 2 : QUELQUES REPERES ECONOMIQUES ET POLITIQUES
SECTION 1 : ECONOMIE
1. Description
2. Dynamique de l’économie
SECTION 2 : REPERES POLITIQUES
1. Les politiques économiques adoptées à chaque régime
a. Le régime socialiste
b. Les régimes entre 1996 et 2010
1. Les retombées des politiques économiques
a. Le régime socialiste
b. Les régimes entre 1996 et 2010
PARTIE 2 : ANALYSE DES INVESTISSEMENTS MINIERS A MADAGASCAR
CHAPITRE 1 : LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS A MADAGASCAR
SECTION 1 : QUELQUES THEORIES SUR LES IDE
1. Nécessité des IDE
a. La théorie de la croissance de Roy Forbes Harrod
b. Théorie de Marcel Rudolff
2. L’investissement direct : source de croissance
a. Approche post-keynesienne : accélération certaine de la croissance par l’importation des capitaux étrangers de R.J. Ball (1962)
b. Investissement et croissance selon les libéraux
3. Fondement théorique des IDE
4. Impact des IDE sur la croissance
a. Effet multiplicateur sur la croissance
b. BRENSTEIN, GREGORIO et LEE
c. Blomstrom et Kokko (1997)
5. Les théories sur les avantages des IDE
a. L’IDE en tant que fonds privé
b. Le droit de contrôle sur les apports des investisseurs étrangers
c. Gain d’efficacité et effet d’entraînement de l’IDE
SECTION 2 : LES FACTEURS EXPLICATIFS DES INVESTISSEMENTS MINIERS AU CAS DE MADAGASCAR
1. Revue de la littérature
a. Quelques théories sur les déterminants des IDE
b. Littérature empirique
2. Estimation d’une fonction des investissements miniers : cas de Madagascar
a. Les facteurs déterminants des investissements miniers a priori
b. Méthodologie économétrique
c. Spécification de la relation entre l’investissement minier et ses déterminants
d. Estimation
3. Retombées socio-économiques des investissements miniers étrangers
a. Retombées sociales
b. Retombées économiques
CHAPITRE 2 : LE SECTEUR MINIER MALGACHE
SECTION 1 : LE CADRE LEGAL DU SECTEUR MINIER
1. Le cadre juridique
a. Le code minier
b. La Loi sur les Grands Investissements miniers (LGIM)
2. Le cadre institutionnel
a. Le Cadastre Minier
b. Le Guichet Unique
SECTION 2 : ANALYSE FFOM DU SECTEUR MINIER MALGACHE
1. Etat des lieux du secteur
a. Artisanat minier dominant
b. Intégration de la production industrielle dans le secteur
c. Le fléau de la corruption
2. Analyse FFOM du secteur
b. Faiblesses : défaillance d’infrastructures, coûts de prospection élevés, faille dans le cadre légal et institutionnel, dualisme dans le secteur
• Des failles dans le cadre légal et institutionnel
c. Opportunités : Partenariat Public-privé (PPP), importantes redevances minières
d. Menaces : risque de la « malédiction des ressources », inflation, menace sur l’environnement
• Le risque de la « malédiction des ressources »
PARTIE 3 : ETUDE DE CAS
RIO TINTO QMM S.A
CHAPITRE 1 : APPROCHE DESCRIPTIVE DU PROJET QMM
SECTION 1 : DESCRIPTION DU PROJET DE QMM
1. Description de la société QMM
a. La société QIT-FER et Titane
b. L’OMNIS
2. Description du projet
1. Acheminement du projet
2. Estimations du projet
SECTION 2 : EXPLOITATION MINIERE DE QMM
1. Mode d’exploitation
a. De la préparation de la zone d’extraction à la première séparation
b. Du traitement des minéraux lourds à leur embarcation
3. Les produits extraits
a. L’Ilménite
b. Le Zircon
CHAPITRE 2 : APPROCHE ANALYTIQUE
SECTION1 : VALORISATION ECONOMIQUE DU PROJET
1. Les nouvelles sources de revenus
a. Création d’emplois
b. Amélioration des recettes fiscales
2. Les nouvelles infrastructures
a. La route et le port
b. Les écoles et les centres hospitaliers
c. Le centre électrique
3. Mobilisation des Petites et Moyennes Entreprises ou PME
a. Appui aux PME
b. Maximisation des achats de biens et services locaux
c. Appui à l’accès au crédit
SECTION 2 : IMPACTS DU PROJET
1. Sur la population
a. Des externalités négatives inévitables
b. Mais une amélioration de la qualité et du niveau de vie
2. Impacts environnementaux
a. Déforestation massive
b. Fuite de la population animale
c. Risque de radioactivité
3. Mesures d’atténuation des impacts du projet
a. Relocalisation et compensation des PAP
b. Mesures d’accompagnement
c. Sur le plan environnemental
SECTION 3 : LES PROBLEMES MAJEURS DU PROJET
1. Au niveau de la population
Les principaux problèmes sont d’ordre culturel et économique
a. Problèmes culturels
b. Problèmes de nature économique
c. Risque d’inflation
2. Faible intégration du projet dans l’économie
a. Au niveau de l’emploi
b. Au niveau des revenus perçus par l’Etat
CHAPITRE 3 : SOLUTIONS ET RECOMMANDATIONS
SECTION 1 : L’ETAT
1. Améliorer davantage le climat des affaires
a. Régime fiscal équitable et stable
b. Cadre réglementaire et institutionnel
2. Tirer le maximum de profit des contrats conclus
a. Négocier des contrats équitables
b. Réviser les contrats
3. Mobilisation des ressources humaines, allocation optimale des revenus perçus
a. Mobilisation des ressources humaines
b. Allocation optimale des revenus
c. De la précision dans la redistribution des redevances minières
SECTION 2 : LE SECTEUR PRIVE ET LA SOCIETE CIVILE
1. La société privée
a. Les opérateurs locaux
b. Les investisseurs étrangers
2. La société civile
1. Soutien de la société civile
2. Exiger plus de transparence
SECTION 3 : LES PARTENAIRES FINANCIERS ET TECHNIQUES
1. Appui à un environnement d’affaire opportun
a. Régime de change
b. Rapatriement des bénéfices
2. Aides au renforcement des capacités et des institutions dans le secteur
a. Renforcer et mieux évaluer les assistances techniques
b. Réviser les conditions de financement
CONCLUSION
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