Les grands discours complotistes à l’heure d’Internet

Les grands discours complotistes à l’heure d’Internet

La « réalité historique » a donc ouvert une brèche aux croyances en tout genre, et le média (dans le sens de média support) Internet a permis de les véhiculer à l’échelle planétaire. En effet, Internet offre une vitesse imbattable pour la circulation des informations, et cela dans un espace géographique mondial sans cesse croissant : 3,4 milliards d’internautes dans le monde en 2016, soit environ 46% de la population mondiale, contre 2,3 milliards en 2012. De plus, le Web 2.0 a facilité l’expression des complotistes puisqu’il offre la possibilité à chaque citoyen de s’exprimer, de publier, de partager ses idées publiquement, et cela avec la terre entière. Et selon François Géré, la « démassification et égoïsation de l’information sont autant d’opportunités pour la désinformation » . Pour définir cette action de s’autopublier, Evelyne Broudoux, chercheuse en Sciences de l’information et de la communication, parle d’autoritativité. La définition qu’elle donne est la suivante : «une attitude consistant à produire et à rendre publics des textes, à s’auto-éditer ou à publier sur le WWW, sans passer par l’assentiment d’institutions de référence référées à l’ordre imprimé» . Les conspirationnistes, qui publient sur le web, échappent donc à tout système de validation de la part des institutions (reste néanmoins la validation entre pairs) et ils parviennent à contaminer le web en s’échangeant des vidéos sur You Tube, en se citant les uns et les autres (jouant ainsi avec algorithme de Google), et surtout en dépensant plus d’énergie que les non-croyants à argumenter et défendre leurs propos . Il y a donc une viralité de l’information rendue possible grâce aux commentaires, aux partages, reconfigurant les formes du débat public, et « la désinformation, les rumeurs et les théories du complot acquièrent une audience sans précédent », phénomène qui en fait un véritable problème politique . Le succès du complotisme contemporain repose aussi sur le fait qu’une grande partie de la société refuse aujourd’hui de « croire les élites, politiques, médiatiques, intellectuelles. » et que les citoyens cherchent d’autres sources d’informations que les sources traditionnelles et officielles. Face à la prolifération des théories ducomplot, Michaël Foessel soumet « de « banaliser » le complot, de lui retirer sa force symbolique en le ramenant à l’échelle des multiples « conjurations ordinaires ».

Pointé du doigt, Internet n’est pas le seul média responsable de la propagation des théories du complot. Les médias traditionnels y contribuent en leur accordant un traitant de plus en plus important et parallèlement des maisons d’édition comme les éditions Broché, offrent elles aussi un espace à ces théories complotistes. L’ouvrage de Thierry Meyssan « L’effroyable imposture » publié chez Broché et qui a rencontré un large succès (100 000 exemplaires vendus en une semaine ), remet en question la version officielle des attentats du 11 septembre 2001, une des théories du complot actuelles les plus relayées à l’échelle internationale.

Théorie du complot sur les attentats du 11 septembre 2001 

• Le gouvernement de Bush, les services secrets états-uniens ou encore l’Etat d’Israël auraient organisés les attentats des World Trade Center, en vue de justifier les guerres engagées contre l’Afghanistan et l’Irak.
• Selon les théoriciens du complot, les tours auraient été démolies de manière contrôlée, il n’y aurait pas eu d’avion qui se serait écrasé sur le Pentagone, des transactions boursières suspectes auraient été observées et les services secrets israéliens auraient été au courant de l’attaque.

Parmi le Top 5 des théories du complot les plus répandues , citons aussi :

•Les Chemtrails des avions : Les traînées blanches laissées par les avions seraient le résultat d’épandage de produits chimiques qui permettraient de réguler la population, ou de modifier le temps, ou de causer des maladies, ou encore de réaliser des recherches militaires sur la guerre chimique. Les gouvernements opéreraient délibérément mais secrètement ces épandages .

•L’assassinat de JF Kennedy : Les arguments pour défendre cette théorie sont les suivants : la sécurité était très réduite ce jour-là, l’assassin aurait été assassiné pour l’empêcher de parler, beaucoup d’éléments de l’enquête ont disparu . D’après une enquête de l’IFOP de 2018, 54% des Français interrogés pensent que la CIA était impliquée dans l’assassinat de JFK.

Que ce soit les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, l’assassinat de JFK, la tuerie de Charlie Hebdo, les chemtrails, ou tout autre catastrophe frappant la population mondiale, tous ces évènements seraient pour un grand nombre d’adeptes aux théories du complot, le fait des Illuminati . Comme le rappelle le philosophe Philippe Huneman dans son article Illuminati un complot mondial à l’état pur, Illuminati est une société secrète fondée en Bavière en 1776 par un professeur en théologie dans le but de promouvoir les Lumières en Allemagne. L’histoire de cette société s’acheva brièvement, puisqu’en 1784, le prince-électeur de Bavière donna l’ordre de dissoudre l’organisation . Malgré cela, la légende des Illuminati, d’une société puissante qui régirait le monde, perdure encore au XXIe siècle. Cette théorie aurait été relayée en partie par les écrits de l’Abbé Barruel qui ne trouva comme seule explication de la Révolution française, un vaste complot de la part des Illuminati . Nous retrouvons cette idée de « méga-complot » ou de « complot des élites » à l’échelle planétaire, sous diverses appellations.

Les Illuminati 

• société secrète qui a pour but de diriger le monde
• Société à l’origine de la révolution française, des attentats du 11 septembre, des inondations de Nouvelle Orléans…
• Les membres de la confrérie : treize familles dont celle des Bush et celle des Kennedy.
• Théorie relancée en 1990 par le discours de George Bush père qui évoque la formation d’un « nouvel ordre mondial ».

La dénomination de Nouvel ordre mondial est aussi très présent dans les théories du complot, il réunirait les élites. Certains complotistes évoquent aussi le complot judéo-maçonnique. La diffusion de cette thèse, présentant les juifs comme les maîtres des Francs-maçons, remonte en France aux années 1860  . Une théorie qui rejoint celle du complot sioniste. « Le complot sioniste relayé par ses lobbies et la ploutocratie juive investirait le monde entier conformément au Protocole de Sion. ».

Dans cette même veine d’une prétendue existence d’une société dominatrice, il est aussi possible de rencontrer dans les écrits conspirationnistes, la théorie des reptiliens.

Le complot des reptiliens 

• complot mondial d’origine extraterrestre.
• Depuis des milliers d’années, une espèce d’humanoïdes reptiles issue d’interventions extraterrestres gouvernerait le monde dans le plus grand secret (parmi eux : Barack Obama,Katy Perry ou Madonna). Leurs congénères vivraient sous terre et se nourriraient d’êtres humains.
• 12 millions d’Etats-Uniens adhéreraient à cette théorie.

Si la théorie de l’existence d’humains reptiliens n’est pas basée sur un fait avéré et médiatisé, il est important de rappeler que le complotisme puise la plupart du temps ces théories dans des faits réels, mais « il en grossit démesurément la portée » . En 1921, l’historien Marc Bloch déclarait déjà sur ce sujet « Une fausse nouvelle naît toujours de représentations collectives qui préexistent à sa naissance ».Le complot des élites puisent donc son inspiration dans l’existence des Illuminatis, de la franc-maçonnerie et plus récemment dans le groupe Bilderberg qui réunit chaque année les personnes les plus influentes des puissances occidentales et cela depuis 1954. Un argumentaire repris par les extrémistes de droite comme par les Djihadistes pour convaincre et promouvoir leurs idéologies.

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Table des matières

Introduction
PARTIE 1 Cadre théorique
1.1 Les théories du complot
1.1.1 Les origines et les définitions de la théorie du complot
1.1.2 Les grands discours complotistes à l’heure d’Internet
1.1.3 Les fondements des théories du complot
1.2 Les médias dans la société et dans l’univers des jeunes
1.2.1 Les médias traditionnels versus le média Internet
1.2.1.1 La défiance envers les médias traditionnels
1.2.1.2 Les promesses et les travers d’Internet
1.2.2 Les pratiques informationnelles des jeunes
1.2.3 Les médias et les théories du complot
1.3 L’enseignement de l’information-documentation à l’école
1.3.1 L’histoire de l’enseignement de l’information-documentation à l’école
1.3.2 Les enjeux de l’enseignement de l’information-documentation
1.3.3 L’enseignement de l’information-documentation actuel
1.3.4 L’information-documentation face aux discours complotistes
1.3.4.1 Les freins et la complexité de cet enseignement
1.3.4.2 Les atouts et les notions mobilisées par l’information-documentation pour faire face aux discours complotistes
1.3.5 Les notions de l’information-documentation face aux discours complotistes
1.3.5.1 Les notions définitionnelles
1.3.5.1.1 Notion générique : Info-pollution
1.3.5.1.2 Désinformation
1.3.5.1.3 Propagande ou propagande manipulatoire
1.3.5.1.4 Manipulation
1.3.5.1.5 Rumeur
1.3.5.1.6 Complotisme ou discours, pensée complotiste ou conspirationniste
1.3.5.2 Les notions à dimension opératoire
1.3.5.2.1 Source
1.3.5.2.2 Confrontation des sources
1.3.5.2.3 Discours
1.3.5.2.4 Controverse
1.3.5.2.5 Évaluation de l’information
1.3.5.2.6 Autorité
1.3.5.3 Les heuristiques associées aux notions à dimension opératoire
1.4 Le cadre théorique de la recherche
1.4.1 L’analyse conceptuelle
1.4.2 La problématique de recherche
1.4.3 Les hypothèses de la recherche
PARTIE 2 Cadre méthodologique
2.1 Les corpus
2.1. 1 Le corpus n°1 du questionnaire
2.1.2 Le corpus n° 2 de séquences
2.2 Les méthodes de recueil
2.2.1 Le questionnaire
2.2.1.1 Les conditions de diffusion
2.2.1.2 Les renseignements sur le profil des élèves
2.2.1.3 La présentation du questionnaire
2.2.1.3.1 La question 1
2.2.1.3.2 La question 2
2.2.1.3.3 La question 3
2.2.1.3.5 La question
2.2.1.4 Le traitement des données
2.2.1.4.1 Les données quantitatives
2.2.1.4.2 Les verbatim des élèves
2.2.1.4.2.1 Grille 1 pour le traitement des réponses à la question 2
2.2.1.4.2.2 Grille 2 pour le traitement des réponses à la question 4
2.2.1.4.2.3 Grille 3 pour le traitement des réponses à la question 5
2.2.1.5 Les biais de l’enquête
2.2.2 Le corpus de séquences
2.2.2.1 La recherche de séquences
2.2.2.2 Le traitement des données
2.2.2.3 Les biais de l’enquête
2.3 La présentation des résultats
2.3.1 Le questionnaire
2.3.1.1 Présentation des résultats de la question 1 : Pour t’informer sur l’actualité que consultes-tu ?
2.3.1.2 Présentation des résultats de la question 2 : Quel degré de confiance accordes-tu aux médias concernant les informations d’actualité ?
2.3.1.3 Présentation des résultats de la question 3 : Pourcentage des réponses à la question sur la formation à l’évaluation de l’information sur le web : As-tu déjà été formé à l’évaluation de l’information sur le web ?
2.3.1.4 Présentation des résultats de la question 4 : Traitement des réponses à la question : Peux-tu expliquer ce qu’il faut faire pour évaluer une information trouvée sur le web ?
2.3.1 .5 Présentation des résultats de la question 5 : Que penses-tu de ces quatre informations ?
2.3.2 L’analyse des séquences
2.3.2.1 Les cadres scolaires des séquences
2.3.2.2 Les enseignants impliqués dans les séquences
2.3.2.3 Les niveaux visés par les séquences sur le complotisme et/ou la désinformation
2.3.2.4 La durée accordée aux séquences sur le complotisme et/ou la désinformation
2.3.2.5 Les notions abordées dans les séquences
PARTIE 3 Analyse des résultats et réponses aux hypothèses
3. Analyse des résultats et réponses aux hypothèses de recherche
3.1 Réponse à l’hypothèse 1 : Les élèves s’informent principalement par le biais des réseaux sociaux
3.2 Réponse à l’hypothèse 2 : Les élèves ne font pas confiance en l’information trouvée sur Internet
3.3 Réponse à l’hypothèse 3 : Les élèves se méfient des médias traditionnels, voire ils pensent que les médias manipulent l’opinion publique
3.4 Réponse à l’hypothèse 4 : Les attitudes informationnelles de méfiance, voire de défiance vis-à-vis des médias et des autorités traditionnelles de la part des élèves, favorisent le succès des théories complotistes
3.5 Réponse à l’hypothèse 5 : Plus de 79% des élèves seraient complotistes
3.6 Réponse à l’hypothèse 6 : L’adhésion aux théories du complot touche tous les élèves et cela quelque soit leur classe sociale, et leur filière
3.7 Réponse à l’hypothèse 7 : Pour lutter contre les théories du complot, il faut mobiliser les notions de source et d’autorité
3.8 Réponse à l’hypothèse 8 : La déconstruction de la rhétorique complotiste est-elle enseignée pour lutter contre les théories du complot ?
3.9 Réponse à l’hypothèse 9 : Les professeurs documentalistes sont les principaux acteurs à l’école de la lutte contre la désinformation et les théories du complot, en dispensant une formation théorique et méthodologique sur le sujet et en mobilisant des notions à dimension opératoire comme l’évaluation de l’information
Conclusion

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