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Anatomie du col de lโutรฉrus
Le col est la portion fibromusculaire basse de lโutรฉrus. Il mesure 3 ร 4 cm de long sur 2,5 cm de diamรจtre. Sa forme et ses dimensions peuvent cependant varier en fonction de lโรขge, de la paritรฉ et du cycle menstruel de la femme. Il prรฉsente un orifice externe et un orifice interne. Il est habituellement de forme cylindrique ou conique. Le col de la femme multipare est plus volumineux et lโorifice cervical externe apparait sous la forme dโune large fente transversale bรฉante. Chez la femme nullipare, lโorifice cervical externe se prรฉsente sous lโaspect dโune petite ouverture circulaire au centre du col. Le col de lโutรฉrus est soutenu par les ligaments larges et utรฉro sacrรฉes qui sโรฉtirent entre les parties latรฉrales et postรฉrieures du col et les parois de lโos pelvien. La moitiรฉ infรฉrieure du col dรฉsignรฉe sous le nom de โportio vaginalisโ sโavance dans le vagin par sa partie antรฉrieure tandis que la moitiรฉ supรฉrieure reste au-dessus du vagin. La portion du col sโรฉtendant ร lโextรฉrieur de lโorifice externe est appelรฉe โexocolโ: cโest la portion aisรฉment visible du col lors dโun examen au spรฉculum.
La portion interne du col est appelรฉe โendocolโ: pour la visualiser, il est parfois nรฉcessaire dโรฉtirer ou de dilater lโorifice externe. Le canal endocervical met en relation la cavitรฉ utรฉrine et la cavitรฉ vaginale. Le stroma du col est constituรฉ dโun tissu fibromusculaire dense ร travers lequel circulent les rรฉseaux vasculaires, lymphatiques et les filets nerveux [5].
Origine embryologique
La diffรฉrenciation sexuelle dรฉbute ร la fin de la 4eme semaine ร partir des crรชtes gรฉnitales (รฉbauches gonadiques) et des cellules germinales primitives. Elle se fait en cascade et concerne successivement les gonades, les voies gรฉnitales et les OGE.
Chez le foetus de sexe fรฉminin en lโabsence de testostรฉrone et dโhormone anti-mullรฉrienne, les canaux de Muller se dรฉveloppent et les canaux de Wolff rรฉgressent. Les canaux de Muller se dรฉveloppent et donnent lโutรฉrus (dont le col de lโutรฉrus), les trompes et une partie du vagin. [6]
Histologie du col
Lโendocol est tapissรฉ dโun รฉpithรฉlium prismatique simple รฉgalement appelรฉ รฉpithรฉlium glandulaire comportant une seule assise de cellules hautes. Il projette de multiples crรชtes longitudinales faisant saillie dans la lumiรจre du canal et donnant ainsi naissance aux projections papillaires. Lโรฉpithรฉlium glandulaire sโinvagine rรฉguliรจrement dans le stroma formant des glandes (ou cryptes) endocervicales. Les glandes de lโendocol sรฉcrรจtent la glaire cervicale. [5]
Les grandes fonctions physiologiques du col
Le col de lโutรฉrus relie le corps de lโutรฉrus au vagin. Les glandes de lโendocol sรฉcrรจtent et libรจrent en permanence un mucus : la glaire cervicale. Ainsi, pendant presque toute la durรฉe de la deuxiรจme moitiรฉ du cycle menstruel de la femme, la glaire cervicale est รฉpaisse faisant obstacle ร lโentrรฉe des spermatozoรฏdes dans lโutรฉrus. Ce mucus aide aussi ร protรฉger lโutรฉrus et les organes reproducteurs supรฉrieurs de la femme des bactรฉries nocives. Au cours de la pรฉriode ovulatoire de la femme, la glaire devient plus fluide; ce qui facilite le passage des spermatozoรฏdes ร travers lโutรฉrus.
Lโendomรจtre est รฉliminรฉ chaque mois ร lโoccasion des menstruations (sauf pendant la grossesse et la mรฉnopause) via le col de lโutรฉrus et le vagin.
Lors de lโaccouchement, le col de lโutรฉrus se dilate et sโรฉlargit pour permettre le passage du nouveau-nรฉ au travers de la filiรจre pelvi-gรฉnitale.
LES PATHOLOGIES CERVICO-UTรRINES
De nombreux processus pathologiques peuvent affecter la rรฉgion cervico-utรฉrine. Ses pathologies peuvent รชtre fonctionnelles ou organiques. Elles peuvent รชtre localisรฉes dans lโรฉpithรฉlium cylindrique, malpighien ou le plus souvent ร la jonction cylindro-pavimenteuse.
Les pathologies inflammatoires
Les lรฉsions inflammatoires du col sโรฉtendant au vagin sont relativement frรฉquentes surtout dans les pays en dรฉveloppement [5].
Les lรฉsions non infectieuses sont dues ร la prรฉsence dโun corps รฉtranger (dispositif intra-utรฉrin, tampon oubliรฉ..), dโun traumatisme, de produits irritants chimiques (crรจme ou gel), ร des phรฉnomรจnes hormonaux.
La prรฉsence de lรฉsions inflammatoires se traduit par des pertes vaginales et dโautres symptรดmes tels que les douleurs abdominales, douleurs pelviennes, un prurit, des dรฉmangeaisons et une dyspareunie. On distingue classiquement les cervicites et les cervico-vaginites.
Les cervico-vaginites dรฉsignent lโinflammation de lโรฉpithรฉlium du col et du vagin. Elles se traduisent par une dรฉtรฉrioration (desquamation et ulcรฉration) de lโรฉpithรฉlium de surface avec dรฉbris cellulaires et sรฉcrรฉtions inflammatoires muco-purulentes. Les couches cellulaires profondes sont envahies par des polynuclรฉaires neutrophiles. Le tissu conjonctif sous-jacent est congestionnรฉ avec une dilatation des vaisseaux et un accroissement des papilles stromales.
Lโendocervicite est employรฉe pour dรฉsigner lโinflammation affectant de lโรฉpithรฉlium cylindrique du col. Elle entraine รฉgalement une desquamation et une ulcรฉration cellulaires qui sโaccompagnent de pertes muco-purulentes avec congestion du tissu conjonctif. Si lโinflammation persiste, les structures villositaires sโaplatissent et la muqueuse sรฉcrรจte parfois moins de mucus.
Les maladies infectieuses peuvent รชtre parasitaires, mycosiques, bactรฉriennes ou virales et leur traitement dรฉpendra du germe responsable.
Les infections bactรฉriennes
Elles sont causรฉes par des bactรฉries anaรฉrobiques du genre gardenerella vaginalis et dโautres comme chlamydiae trachomatis, mycoplasma hominis, neisseria gonorrhoea. Elles sโaccompagnent de sรฉcrรฉtions vaginales ou cervicales (pertes) sรฉro-purulentes qui peuvent รชtre nausรฉabondes.
Les infestations parasitaires
Trichomonas vaginalis est le parasite le plus souvent retrouvรฉ. La trichomoniase sโaccompagne de pertes jaune-verdรขtres mucopurulentes abondantes malodorantes et dโaspect mousseux.
Les infections mycosiques
Les candidoses (ou monolioses ou infections dues ร candida albicans) et autres infections dues aux levures entrainent des pertes vaginales รฉpaisses, blanchรขtres ayant un aspect de ยซ lait caillรฉ ยป. Ils sont associรฉs ร des rougeurs de la vulve avec dโintenses dรฉmangeaisons.
Les infections virales
Les infections herpรฉtiques se traduisent par la prรฉsence sur le col et le vagin dโulcรฉrations et petites vรฉsicules remplies dโun liquide sรฉreux.
Les lรฉsions malformatives
On distingue plusieurs types de malformations utรฉrines et cervico-utรฉrines. Ses malformations peuvent sโintรฉgrer dans des tableaux poly-malformatifs. Elles sont essentiellement dues ร :
๏ท Une aplasie des canaux de Muller : exemple : hypoplasie utรฉrine
๏ท Un trouble de la fusion des canaux de Muller : exemple : utรฉrus bicorne
๏ท Un trouble de la rรฉsorption des canaux de Muller : exemple : utรฉrus ร fond arquรฉ.
๏ท Lโendomรฉtriose est une pathologie caractรฉrisรฉe par la prรฉsence de tissu endomรฉtriale ectopique en dehors de la cavitรฉ utรฉrine. Elle est responsable de douleurs abdominales et/ou dโinfertilitรฉ. Son diagnostic formel est histologique.
๏ท Lโadรฉnomyose est dรฉfini par la prรฉsence de tissu endomรฉtrial ectopique dans le myomรจtre.
Les tumeurs
Les tumeurs bรฉnignes
Le polype cervical : Cโest une tumeur bรฉnigne trรจs frรฉquente de lโendocol. Il peut รชtre unique ou multiple, pรฉdiculรฉ (avec un pied dโinsertion) ou sessilรฉ (avec large base dโimplantation), fibreux ou muqueux. Il apparait comme une masse rougeรขtre et peut sโavancer dans le vagin. De quelques millimรจtres de diamรจtre, elle peut augmenter de volume avec quelquefois un risque de transformation maligne. Dans certains cas, un traitement hormonal ou chirurgical sโimpose.
Le kyste de Naboth : Ce sont des kystes de rรฉtention qui se dรฉveloppent suite ร lโocclusion dโune ouverture de crypte endocervicale par lโรฉpithรฉlium pavimenteux mรฉtaplasique. Lโรฉpithรฉlium cylindrique qui reste enfermรฉ continue quant ร lui ร sรฉcrรฉter du mucus qui remplit parfois les kystes et les distend leur donnant ainsi une teinte blanc-ivoire ou jaunรขtre. [5]
Les gros kystes peuvent nรฉcessiter parfois un drainage chirurgical.
Le cancer du col de lโutรฉrus
Epidรฉmiologie
๏ถ Dans le monde
Son incidence est de 528000 nouveaux cas chaque annรฉe [7]. Cโest un cancer frรฉquent causant un vรฉritable problรจme de santรฉ publique. Sa mortalitรฉ est forte : cโest la 4eme cause de mortalitรฉ par cancer chez la femme avec 266000 dรฉcรจs en 2012. Lโรขge moyen du diagnostic est de 51 ans [7].
๏ถ En Afrique
Il serait plus frรฉquent dans les pays en voie de dรฉveloppement mais lโabsence de programme de dรฉpistage ne permet que des estimations [3]. Seul 5% de la population ร risque serait diagnostiquรฉe. Selon certains auteurs, en 2020 plus de 90% des cancers du col utรฉrin seront diagnostiquรฉs en Afrique et dans les autres pays du Sud [3].
Au Bรฉnin, il serait le premier cancer de la femme en gรฉnรฉral [3] et le second chez celle รขgรฉe entre 15 et 44 ans.
Au Mali, avec une incidence de 37,7/100000 femmes, il est le premier cancer gynรฉcologique de la femme et la premiรจre cause de mortalitรฉ par cancer [8].
Au Maroc, le cancer du col est le second cancer de la femme aprรจs le cancer du poumon [9]. Chaque annรฉe, 2258 nouveaux cas y sont recensรฉs.
Au Ghana, plus de 3000 nouveaux cas chaque annรฉe, cโest le premier cancer de la femme. Il est responsable de plus de 2000 dรฉcรจs/an [10].
En Ethiopie, c’est le second cancer de la femme avec 7095 cas par an. En 2012, on a eu 4732 dรฉcรจs secondaires au cancer du col de lโutรฉrus. [11]
Au Sรฉnรฉgal, une analyse cytomorphologique des prรฉlรจvements obtenus par frottis cervico-vaginaux rรฉalisรฉs au CHU de Dantec entre 1980 et 1999 a retrouvรฉ 4,05% de carcinomes invasifs [4]. Un taux de dysplasie sรฉvรจre de 37,5% a รฉtรฉ retrouvรฉ au centre hospitalier rรฉgional de Thiรจs au Sรฉnรฉgal, chez des patientes sรฉropositives, infectรฉes par le VIH/Sida [12].
๏ถ En Europe
En France, c’est le onziรจme cancer de la femme .En 2012, 3028 nouveaux cas ont รฉtรฉ trouvรฉs avec 1102 cas de dรฉcรจs [13].
Au Nord-Est de lโEspagne, en Catalogne, une incidence annuelle de 7/100000 a รฉtรฉ notรฉe [2].
๏ถ En Asie
En Chine, lโincidence du cancer du col est estimรฉe ร 12,96/10 millions en 2009 [14].
Dans de nombreux pays en voie de dรฉveloppement de lโAsie, il est le premier ou le second cancer de la femme [15].
๏ถ En Amรฉrique
En Amรฉrique latine, il a รฉtรฉ dรฉtectรฉ 69000 nouveaux cas chaque annรฉe avec une mortalitรฉ de 29000 cas en 2012 [16].
Aux USA, le cancer du col est le 13e cancer le plus frรฉquent et le 4e cancer chez les jeunes femmes รขgรฉes entre 15 et 44 ans. Le nombre de cas annuel est de 12966 et le nombre de dรฉcรจs annuel est de 6605 [17].
๏ถ En Ocรฉanie
Dans les iles de Fidji, une incidence annuelle de 3,94/100000 cas a รฉtรฉ notรฉe entre 2003 et 2009 associรฉe ร une mortalitรฉ de 3,98/100000 femmes par an [18, 19].
Facteurs de risque et รฉtiologie
Lโinfection par le HPV (human papilloma virus) est le principal facteur de risque de survenue du cancer du col de lโutรฉrus. En effet, il est corrรฉlรฉ ร 93% des cas de cancer du col recensรฉs dans le monde. Ce risque est multipliรฉ chez les sujets ayant des cofacteurs associรฉs. Ses cofacteurs sont le jeune รขge, lโimmunodรฉpression, la pauvretรฉ, la multiplicitรฉ des partenaires sexuels (plus de 5), le comportement sexuel ร risque du conjoint ou partenaire, le nombre de paritรฉ รฉlevรฉe (supรฉrieure ร 6), lโexposition ร dโautres infections sexuellement transmissibles (herpรฉtique ou autre), la prise de pilules oestro-progestatives et le tabac [20].
Lโimmunodรฉpression et lโinfection ร VIH Sida sont fortement impliquรฉes dans la survenue du cancer du col de lโutรฉrus de la femme [20]. Ainsi en Afrique du Sud qui est lโun des pays les plus touchรฉs par lโinfection ร VIH, Mbulawa et son รฉquipe ont trouvรฉ un taux dโinfection ร HPV trรจs important chez des sujets porteurs du VIH Sida comparรฉs aux sujets non infectรฉs [21].
Le papillomavirus (HPV)
Cโest en 1972 que le professeur Zur Hausen a รฉtabli une relation directe entre le cancer du col de lโutรฉrus et lโinfection par les HPV.
Les papillomavirus humains sont un groupe de virus appartenant ร la famille des Papillomaviridae qui regroupe environ 200 gรฉnotypes diffรฉrents.
Ce sont des virus nus, non enveloppรฉs ร capside icosaรฉdrique mesurant entre 45 et 55 mm de diamรจtre.
Leur gรฉnome est fait dโun brin circulaire bi catรฉnaire dโADN comptant environ 8000 paires de bases dont un seul brin est codant.
Cโest un virus ubiquitaire ร tropisme รฉpithรฉlial (peau et muqueuse). Lโinfection sโattaque aux cellules basales.
La majoritรฉ des infections est transitoire car le virus est progressivement รฉliminรฉ par lโรฉpithรฉlium : cโest le phรฉnomรจne de clairance virale.
La clairance est fonction du terrain immunitaire et du gรฉnotype du virus : elle est plus rapide si le gรฉnotype viral est ร bas risque et si le sujet est immunocompรฉtent.
Histoire naturelle du cancer du col
Les cancers du col sont gรฉnรฉralement prรฉcรฉdรฉs dโune longue pรฉriode de maladie ร lโรฉtat prรฉ-cancรฉreux (10 ร 20 ans) qui se manifeste au plan microscopique par un large spectre dโรฉvรฉnements allant de lโatypie cellulaire aux diffรฉrents degrรฉs de dysplasie ou de nรฉoplasie cervicale intraรฉpithรฉliale (CIN) avant dโรฉvoluer finalement vers un cancer invasif. En effet, malgrรฉ une exposition frรฉquente aux HPV, les femmes dรฉveloppent de maniรจre relativement rare une nรฉoplasie cervicale. La plupart des anomalies cervicales provoquรฉes par lโinfection ร HPV nโรฉvoluent pas vers un cancer du col de lโutรฉrus en lโabsence de cofacteurs associรฉs [5].
En 1932, le terme carcinome in situ (CIS) fut inventรฉ. Il dรฉsigne les lรฉsions dans lesquelles des cellules cancรฉreuses indiffรฉrenciรฉes affectent toute lโรฉpaisseur de lโรฉpithรฉlium malpighien sans rupture de la lame basale [22].
Le terme dysplasie (1950) dรฉsigne lโatypie รฉpithรฉliale du col: stade intermรฉdiaire entre lโรฉpithรฉlium normal et le CIS [23].
En fonction de la proportion de lโรฉpaisseur de lโรฉpithรฉlium comportant des cellules atypiques, les dysplasies sont classรฉes en trois groupes : lรฉgรจre, moyenne et sรฉvรจre.
Dans certains cas, on note une rรฉgression de la dysplasie avant lโรฉvolution vers le stade de carcinome in situ (CIS). Cโest ainsi que le terme de nรฉoplasie cervicale intra รฉpithรฉliale (CIN) fut introduite en 1968 [24]. On distingue trois grades de CIN : CIN1 correspond ร une dysplasie lรฉgรจre, CIN2 ร une dysplasie modรฉrรฉe et CIN3 correspond ร une dysplasie sรฉvรจre et ร un CIS. Les CIN sont des lรฉsions de lโรฉpithรฉlium pavimenteux du col.
Les koilocytes sont des cellules atypiques prรฉsentant dans leur cytoplasme une cavitation pรฉrinuclรฉaire ou un halo liรฉ ร lโinfection par le HPV : cโest lโatypie koilocytique ou condylomateuse [5].
Les CIN de bas grade qui regroupent lโatypie koilocytique et le CIN1 tandis que les CIN de haut grade regroupent les CIN2 et CIN3.Les lรฉsions de haut grade รฉtaient considรฉrรฉes comme les vรฉritables prรฉcurseurs du cancer invasif [5, 25].
En 1988, lโinstitut amรฉricain du cancer [5, 26] proposa de classer les lรฉsions cytologiques du col selon le systรจme Bethesda (Bethesda system ou TBS). La particularitรฉ de ce systรจme Bethesda rรฉside dans la crรฉation de la terminologie ยซ lรฉsion intraรฉpithรฉliale รฉpidermoide ยป ou LIE avec deux niveaux de gravitรฉ : les lรฉsions intraรฉpithรฉliales de bas grade (LIEBG) et les lรฉsions intraรฉpithรฉliales de haut grade (LIEHG). Les CIN2 et les CIN3 appartiennent ร la catรฉgorie LIEHG. Les atypies de cellules glandulaires de signification indรฉterminรฉe sont classรฉes AGUS.
Les atypies de cellules malpighiennes de signification indรฉterminรฉe sont classรฉes ASCUS.
En outre, le systรจme Bethesda propose dโapprรฉcier lโabondance et la qualitรฉ du matรฉriel biologique rรฉcupรฉrรฉ par frottis.
Le systรจme Bethesda a รฉtรฉ rรฉvisรฉ en 2001.
Sur le plan clinique, il nโexiste pas de symptรดmes ou de signes cliniques spรฉcifiques ร un type de CIN.
Les รฉtudes cytologiques permettent le diagnostic de CIN en sโappuyant sur les modifications nuclรฉaires et cytoplasmiques. Ainsi, les cellules dysplasiques sont caractรฉrisรฉes par une augmentation variable de la taille du noyau dโune cellule ร lโautre. Lโhyperchromatisme (augmentation de lโaffinitรฉ tinctoriale de la chromatine nuclรฉaire) et la distribution irrรฉguliรจre de la chromatine en amas sont aussi des aspects marquants de la dysplasie.
Les anomalies nuclรฉaires qui affectent les cellules superficielles ou intermรฉdiaires sont le signe dโune CIN de haut grade tandis que celles qui touchent les cellules basales et parabasales traduisent la prรฉsence dโune CIN de bas grade.
La quantitรฉ de cytoplasme par rapport ร la taille du noyau (ou rapport nuclรฉo-cytoplasmique) et lโaugmentation de lโactivitรฉ mitotique sont des paramรจtres pris en compte dans les degrรฉs de CIN. En effet, plus le rapport nuclรฉo-cytoplasmique est รฉlevรฉe, plus le degrรฉ de gravitรฉ de la CIN est important.
Lโadรฉnocarcinome in situ (AIS) est une lรฉsion qui se dรฉveloppe ร partir de lโรฉpithรฉlium cylindrique. On y note les mรชmes anomalies cytologiques caractรฉristiques des CIN.
La majoritรฉ des AIS sont observรฉs dans la zone de remaniement. Dans un ou deux tiers des cas, lโAIS peut รชtre associรฉ ร un CIN.
Le cancer invasif infraclinique dรฉsigne un cancer du col dans sa phase prรฉcoce qui commence juste ร pรฉnรฉtrer le stroma cervical sous-jacent. Lorsque lโinvasion atteint le stroma, la maladie se manifeste cliniquement.
90 ร 95% des cancers du col sont des carcinomes รฉpidermoรฏdes alors que lโadรฉnocarcinome reprรฉsente moins de 5% des cancers du col dans la plupart des pays en dรฉveloppement [5].
Les cancers avancรฉs sont soit exophytiques, soit endophytiques soit une combinaison des deux.
Les tests de dรฉpistage
Le diagnostic des lรฉsions cervico-utรฉrines repose sur le trรฉpied cytologie-colposcopie-histologie. Lโexamen visuel combinรฉ ร certaines techniques dโimprรฉgnation du col est aussi dโun apport majeur au diagnostic.
Seule lโรฉtude de lโADN viral avec la biologie molรฉculaire permet dโรฉtudier le type HPV et dโinfirmer la prรฉsence dโ HPV dans le tractus gรฉnital [20].
Lโinspection du col ร lโoeil nu [27]
Il existe deux mรฉthodes visuelles :
๏ท lโinspection visuelle aprรจs badigeonnage du col utรฉrin avec lโacide acรฉtique (IVA) ;
๏ท lโinspection visuelle aprรจs badigeonnage du col utรฉrin avec le solutรฉ iodรฉ de Lugol (IVL).
L’inspection du col utรฉrin ร l’oeil nu ou avec une lampe, aprรจs application d’acide acรฉtique ร 5% (IVA) ou de Lugol (IVL), constitue un test simple de dรฉtection prรฉcoce des lรฉsions cervicales prรฉcancรฉreuses et du cancer.
L’IVL correspond au test de Schiller ร l’iode utilisรฉ dans les annรฉes 1930 et 1940 pour dรฉtecter les nรฉoplasies cervicales [28].
Ce sont des mรฉthodes cliniques qui ne nรฉcessitent aucun service de laboratoire.
La classification des rรฉsultats de l’IVA et de l’IVL repose sur les changements de couleur observรฉs au niveau du col. Le principe de ses techniques repose sur lโinteraction entre le glycogรจne produit par lโรฉpithรฉlium du col et les solutรฉs badigeonnรฉs (acide acรฉtique, lugol). Ainsi les cellules de lโรฉpithรฉlium mรฉtaplasique ne contiennent pas de glycogรจne et ne sont pas par consรฉquent colorรฉes en marron ou en noire lorsquโelles sont exposรฉes au solutรฉ de Lugol [5].
Une parfaite connaissance de l’anatomie, de la physiologie et des pathologies du col, sont essentielles ร la comprรฉhension des principes de l’IVA et de l’IVL, et ร l’interprรฉtation des rรฉsultats obtenus par ces tests de dรฉpistage. Les inconvรฉnients de ses tests sont:
๏ท une faible valeur prรฉdictive positive.
๏ท La fiabilitรฉ chez les femmes mรฉnopausรฉes, car la zone de remaniement est trรจs souvent enfermรฉe dans le canal endocervical.
๏ท La reproductibilitรฉ par dรฉfaut dโarchivage
La cytologie
๏ถ Le frottis cervical conventionnel
Le frottis cervical a รฉtรฉ dรฉcrit par Papanicolaou en 1943 [29]. Le prรฉlรจvement doit concerner toute la zone de remaniement, car cโest ร cet endroit que se dรฉveloppent presque toutes les lรฉsions de haut grade. Les cellules prรฉlevรฉes sont รฉtalรฉes sur une lame de verre, puis immรฉdiatement fixรฉes pour prรฉserver leur รฉtat morphologique. Les frottis doivent รชtre รฉtiquetรฉs de faรงon lisible et ensuite colorรฉs selon la technique de Papanicolaou avant dโรชtre examinรฉs au microscope photonique pour dรฉterminer si les cellules sont normales ou non et les classer de faรงon appropriรฉe.
En principe anodin, le frottis de dรฉpistage peut รชtre rรฉalisรฉ en ambulatoire dans nโimporte quelle salle dโexamen mรฉdical. Il est prรฉfรฉrable de le diffรฉrer, si la femme est dans sa pรฉriode menstruelle, si elle est en grossesse avancรฉe ou si elle prรฉsente une infection ร lโexamen clinique.
Pour quโun frottis soit considรฉrรฉ comme satisfaisant, il faut quโun nombre suffisant de cellules รฉpithรฉliales intactes ait รฉtรฉ prรฉlevรฉ y compris dans la zone de remaniement du col.
Ces cellules doivent รชtre รฉtalรฉes en une fine couche homogรจne et fixรฉes aussi rapidement que possible. Un frottis correct doit contenir ร la fois des cellules endocervicales et exo cervicales. La prรฉsence de nombreux globules rouges ou de cellules inflammatoires rรฉduit la qualitรฉ du frottis.
La prรฉcision de lโinterprรฉtation cytologique dรฉpend de la qualitรฉ du prรฉlรจvement, de la fixation appropriรฉe des cellules cervicales, de lโexรฉcution de la technique de coloration et de lโexpรฉrience de lโobservateur.
Lorsquโelle est rรฉalisรฉe dans dโexcellentes conditions, la cytologie conventionnelle permet de dรฉtecter au moins 84% des lรฉsions prรฉcancรฉreuses et cancรฉreuses
Le test de Papanicolaou est considรฉrรฉ comme รฉtant un test trรจs spรฉcifique pour les lรฉsions de haut grade ou le cancer. Sa spรฉcificitรฉ est gรฉnรฉralement supรฉrieure ร 90% [30].
Son caractรจre anodin est cependant limitรฉ par certains facteurs dont la toxicitรฉ des produits ou colorants utilisรฉs notamment par le manipulateur. Cโest ainsi quโen 2007, une รฉtude menรฉe au laboratoire de dโhistologie, dโembryologie et de cytodiagnostique de la facultรฉ de Mรฉdecine de lโuniversitรฉ Cheikh Anta Diop de Dakar a permis de rรฉduire lโexposition au toluรจne, le cout et la durรฉe du frottis conventionnel. Cette technique consiste ร colorer le prรฉlรจvement sans bain dโacide chlorhydrique et ร remplacer le toluรจne par de lโรฉthanol [31].
๏ถ La cytologie en milieu liquide
Contrairement ร la technique classique, les cellules recueillies sont plongรฉes dans un liquide de conservation contenu dans un flacon ร fermeture hermรฉtique. Ce prรฉlรจvement est par la suite envoyรฉ dans un laboratoire de cytologie pour y รชtre analysรฉ.
Les avantages annoncรฉs de la cytologie en milieu liquide sont de permettre une meilleure collecte des cellules, une prรฉparation plus uniforme des lames amรฉliorant leur qualitรฉ : ce qui facilite leur analyse.
Le dรฉsavantage majeur de cette technique est son coรปt รฉlevรฉ notamment pour les laboratoires de cytopathologie.
La colposcopie
Elle a pour but de repรฉrer des anomalies de la muqueuse du col utรฉrin et dโen prรฉciser la topographie souvent aprรจs une cytologie anormale. Peu performante comme outil diagnostique, elle est cependant indispensable pour guider la biopsie et permettre un diagnostic histologique.
Elle doit prรฉciser lโemplacement de la jonction pavimento-cylindrique. [32]
Les techniques de dรฉtection des HPV
Les HPV nโรฉtant pas cultivables, seules les techniques de biologie molรฉculaire peuvent les dรฉtecterย grรขce ร lโidentification de leur ADN. Six raisons majeures justifient la recherche de lโADN viral des HPV dans les tissus [33] :
๏ท La sรฉlection des femmes ayant des anomalies cytologiques de bas risque
๏ท Le suivi des patientes ayant des anomalies cytologiques du col
๏ท Le pronostic thรฉrapeutique des malades ayant un CIN
๏ท Le dรฉpistage de masse des lรฉsions du col seul ou associรฉ au frottis conventionnel
๏ท La recherche des sous types de HPV les plus virulents
๏ท Lโรฉtablissement dโune spรฉcificitรฉ rรฉgionale des HPV ; ce qui permettra dโamรฉliorer la qualitรฉ des vaccins.
Plusieurs techniques de dรฉtection de lโADN viral des HPV existent, cependant lโhybridation in situ et la PCR (amplification en chaine par la polymรฉrase) sont les plus utilisรฉes [32].
Traitement du cancer du col
Le traitement des lรฉsions prรฉcancรฉreuses et cancรฉreuses sont ร visรฉe curative avec diffรฉrentes mรฉthodes :
– La Chirurgie : elle procรจde ร lโablation de la lรฉsion. Lโintervention peut se limiter ร une zone restreinte, dans le cas des lรฉsions prรฉcancรฉreuses. Souvent, il sโagit dโune conisation
– La Radiothรฉrapie : La radiothรฉrapie consiste ร diriger de faรงon ciblรฉe des rayons ionisants contre la tumeur.
– La Chimiothรฉrapie : La chimiothรฉrapie repose sur lโadministration de drogues anticancรฉreuses. Elle est souvent associรฉe ร une radiothรฉrapie dans le cadre dโune radio-chimiothรฉrapie concomitante.
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Table des matiรจres
PREMIรRE PARTIE : RAPPELS
I. GรNรRALITรS SUR LE COL DE LโUTรRUS
I.1. Anatomie du col de lโutรฉrus
I.2. Origine embryologique
1.3. Histologie du col
I.4. Les grandes fonctions physiologiques du col
II. LES PATHOLOGIES CERVICO-UTรRINES
II.1. Les pathologies inflammatoires
II.1.1. Les infections bactรฉriennes
II.1.2. Les infections parasitaires
II.1.3. Les infections mycosiques
II.1.4. Les infections virales
II.2. Les lรฉsions malformatives
II.3. Les tumeurs
II.3.1. Les tumeurs bรฉnignes
II.3.2. Le cancer du col de lโutรฉrus
II.3.2.1. Epidรฉmiologie
II.3.2.2. Facteurs de risque et รฉtiologie
II.3.2.3. Le papillomavirus (HPV)
II.3.2.4. Histoire naturelle du cancer du col
II.3.2.5. Les tests de dรฉpistage
a. Lโinspection du col ร lโoeil nu
b. La cytologie
c. La colposcopie
d. Les techniques de dรฉtection des HPV
II.3.2.6. Traitement du cancer du col
II.3.2.7. Prรฉvention
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
METHODOLOGIE
I. CADRE DโรTUDE
II. PATIENTES ET MรTHODE
II.1. Patientes
II.2. Mรฉthode
II.2.1. Le prรฉlรจvement cervico-vaginal
II.2.2.1. Enregistrement de la patiente
II.2.2.2. Interrogatoire
II.2.2.3. Le prรฉlรจvement
II.2.2. Coloration de Papanicolaou
II.2.3. Lโinterprรฉtation
III. ANALYSE DES DONNรES
RESULTATS
DISCUSSION
1. Donnรฉes รฉpidรฉmiologiques
2. Les frottis normaux
3. Les frottis dystrophiques
4. Les frottis dysplasiques
CONCLUSION
RรFรRENCES
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