Les fractures de jambe sont des fractures extra-articulaires intéressant le tibia, la fibula (péroné) ou les deux à la fois. Ce sont, sur le plan nosologique, des fractures diaphysaires. Elles sont limitées en haut par une ligne passant à quatre centimètres au-dessous de l’articulation fémoro-tibiale et en bas à quatre centimètres au-dessus de l’articulation tibio-talienne. Elles sont fréquentes car représentant 15à 20% [43] de l’ensemble des fractures et sont retrouvées dans les deux sexes. L’étiologie dominante est représentée par les accidents de la circulation et les accidents de pratique sportive. Parfois, elles s’inscrivent dans le cadre d’un polytraumatisme, et alors, dans ce cas, plus souvent chez des hommes jeunes.
Les fractures de jambe sont parfois graves d’emblée car associées à des lésions vasculaires et/ou nerveuses. Leur principale complication est représentée par les lésions cutanées donnant des fractures ouvertes. Celles-ci représentent le 1/3 des fractures de jambe, et sont sources d’infection. Le traitement orthopédique garde toujours ses indications mais il laisse de plus en plus place à la chirurgie, avec ses multiples moyens et méthodes, dominés par l’enclouage centromédullaire. L’apport et les avancées constantes de la chirurgie réparatrice et plastique ainsi que de la microchirurgie dans la couverture des pertes de substance cutanée à beaucoup amélioré le pronostic immédiat, à moyen ou long terme des fractures ouvertes, et réduit significativement le risque infectieux.
ANATOMIE DE LA JAMBE
La jambe est la région du membre pelvien comprise entre le genou et la cheville. Son squelette osseux est fait de deux os :
– le tibia, en dedans ;
– la fibula (ou péroné) en dehors.
Les deux os sont reliés entre eux par deux articulations et une membrane :
– l’articulation tibio-fibulaire proximale sous le genou ;
– l’articulation tibio-fibulaire distale qui appartient à la cheville ;
– la membrane interosseuse.
Cette membrane et deux septa intermusculaires permettent de diviser la jambe en trois loges musculaires indépendantes à l’intérieur d’un fascia inextensible.
Les os de la jambe
Le tibia
Le tibia est en dedans. Il s’agit d’un os long comportant deux extrémités (épiphyses) et un corps (diaphyse). L’extrémité proximale, en forme de chapiteau (plateau tibial), appartient au genou. L’épiphyse distale participe à la constitution de la cheville. Le tibia est dirigé verticalement et forme avec le fémur un angle obtus ouvert en dehors. Le tibia n’est pas rigoureusement rectiligne, il est contourné en « S » italique très allongé et présente une légère concavité externe en haut, interne en bas. Le corps est plus large à ses deux extrémités que dans sa partie moyenne. La région la plus étroite répond à l’union du tiers distal avec les deux tiers proximal de l’os. Prismatique et triangulaire, il présente 3 faces et 3 bords :
➤ Les trois faces :
o La face médiale : elle est lisse, plane, en rapport avec les téguments sauf à sa partie proximale où s’attachent les muscles sartorius, gracile et semi-tendineux. Ces insertions se font sur une zone rugueuse voisine du bord antérieur de l’os. Une autre zone rugueuse placée à quelque distance en arrière de la précédente, le long du bord postérieur de l’os, répond à l’attache distale du ligament collatéral tibial.
o La face latérale : elle présente dans sa moitié proximale une dépression longitudinale sur laquelle s’insère le muscle tibial antérieur. La partie distale de cette face est convexe ; elle dévie en avant et devient antérieure.
o La face postérieure : elle est traversée à sa partie proximale par une crête rugueuse oblique en bas et en dedans; c’est la ligne oblique du tibia, sur laquelle s’insère le soléaire. La ligne oblique donne encore attache au muscle poplité le long de sa lèvre proximale, aux muscles tibial postérieur et fléchisseur commun des orteils le long de sa lèvre distale. Cette ligne partage la face postérieure du tibia en deux segments. Le segment proximal, triangulaire, donne attache au muscle poplité. Le segment distal est subdivisé par une crête verticale en deux surfaces allongées et lisses. Sur la surface médiale s’insère le fléchisseur commun des orteils ; sur la face latérale, le tibial postérieur. Le trou nourricier principal de l’os est généralement situé un peu audessous de la ligne oblique du tibia.
➤ Les trois bords : les trois faces sont séparées par trois bords :
o Le bord antérieur : contourné « en S italique », il est tranchant dans les trois quarts proximaux de l’os, ce qui lui a valu le nom de crête tibiale. Il se perd en haut sur la tubérosité tibiale antérieure. En bas, il devient mousse et dévie en dedans.
o Le bord latéral : il est une arête vive qui donne insertion à la membrane interosseuse. Il se bifurque près de l’extrémité distale de l’os.
o Le bord médial : il est mousse en haut et saillant en bas.
La fibula
La fibula est un os long, grêle, situé à la partie latérale de la jambe. Elle s’articule en haut avec le tibia et en bas avec le tibia et le talus. Elle présente à décrire un corps et deux extrémités, l’une proximale (la tête fibulaire) et l’autre distale (la malléole fibulaire ou latérale). Le corps de la fibula est prismatique et triangulaire à la coupe et présente 3 faces et 3 bords.
➤ Les trois faces :
o La face latérale : elle est convexe en haut, déprimée en gouttière longitudinale dans sa partie moyenne. Elle donne insertion aux muscles long et court fibulaires latéraux. Cette face est divisée, à son extrémité distale par une crête oblique en bas et en arrière, en deux segments :
✦l’un, antérieur, triangulaire et sous-cutané ;
✦l’autre, postérieur, qui dévie en arrière et sur lequel glissent les tendons fibulaires latéraux.
o La face médiale : elle est divisée en deux champs très allongés par une crête longitudinale, la crête interosseuse, à laquelle s’attache la membrane interosseuse.
✦En avant de la crête interosseuse, la face médiale donne insertion aux extenseurs des orteils et au troisième fibulaire ;
✦En arrière de cette crête, la face médiale est déprimée en gouttière dans ses deux tiers proximaux où s’attache le muscle tibial postérieur.
o La face postérieure :
✦En haut, cette face est étroite, convexe et rugueuse, et donne insertion au soléaire;
✦Dans le reste de son étendue, elle est plus large et recouverte par les attaches du long fléchisseur de l’hallux ;
✦Dans le quart distal de l’os, la face postérieure dévie en dedans et se met sur le même plan que la face médiale.
Le trou nourricier principal s’observe en général vers la partie moyenne de la face postérieure.
Les loges de la jambe
Identiquement à la cuisse, la jambe est recouverte par un fascia crural qui continu le fascia fémoral. Le fascia crural prend insertion sur le bord antérieur du tibia et reste ainsi adhérent au périoste de la face médiale du tibia qui, de ce fait, est sous cutané. La membrane interosseuse rejoint les deux os entre le bord latéral du tibia et la crête verticale descendant au milieu de la face médiale de la fibula. Deux septa intermusculaires partent de la fibula pour isoler trois loges dans la jambe :
– un septum intermusculaire antérieur tendu du bord antérieur de la fibula au fascia crural ;
– et un septum intermusculaire postérieur entre le bord latéral de la fibula et le fascia crural.
✦La loge postérieure de jambe est donc en arrière de la membrane interosseuse et du septum postérieur ; elle comprend les faces postérieures du tibia et de la fibula et le champ postérieur de la face médiale de la fibula.
✦La loge latérale est comprise entre les deux septa antérieur et postérieur et correspond à la face latérale de la fibula.
✦La loge antérieure est en avant de la membrane interosseuse et du septum antérieur et comprend la face latérale du tibia et le champ antérieur de la face médiale de la fibula.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
Rappel anatomique
1. Les os de la jambe
2. Les loges de la jambe
3. Les articulations sus et sous-jacentes
Notions de biomécanique
1. Les contraintes subies par la jambe
2. Les mécanismes d’absorption des contraintes
Fractures diaphysaires de jambe
1. Etiopathogénie
2. Tableau clinique
Traitement des fractures diaphysaires de jambe
1. But
2. Moyens et méthodes
3. Indications
DEUXIEME PARTIE
Matériel et méthodes
1. Cadre de l’étude
2. Population de l’étude
3. Méthodologie
Résultats
1. Données épidémiologiques
2. Formes anatomo-cliniques
3. Aspects thérapeutiques
Discussion
1. Données épidémiologiques
2. Formes anatomo-cliniques
3. Aspects thérapeutiques
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES