Les formes de valorisation des raies et requins

Dans les années 80 et au début des années 90, les demandes en chair salée-séchée d’abord (exportée dans la sous région), en ailerons (exportation vers l’Asie) et aussi l’exportation des filets de requins et de raies ont été à l’origine de l’augmentation de la pression de pêche sur les Requins. Mais l’explosion de l’effort a commencé suite à la dévaluation du franc CFA, en 1994, qui a eu pour conséquence le doublement de la valeur commerciale des produits exportés hors zone franc CFA. Et depuis 2001, les statistiques révèlent une progression régressive des captures, ce qui présage une situation de pleine exploitation des Requins. Pour ce qui concerne les quantités débarquées par la pêche industrielle, le volume total annuel mis à terre n’a jamais atteint 1000 tonnes (Fig. 2). Le tonnage montre aussi une tendance régulière à la baisse. Mais cette situation serait plutôt stratégique car la pêche industrielle étant très spécialisée, les pêcheurs tendent toujours à maximiser au mieux la rentabilité de leur marée du fait des lourdes charges d’exploitation de leurs navires. Ainsi, les prises accessoires en Requins ne sont conservées qu’en fin de marée, de façon à assurer un maximum d’espace dans les cales et tunnels de congélation pour les espèces cibles (crevettes, céphalopodes, poissons démersaux). Avant les rejets, les industriels japonais procèdent à une ablation des ailerons tandis que les espagnols récupèrent le foie. Donc les captures totales de la pêche industrielle sont largement sous estimées du fait de ces rejets.

Pour ce qui est de la pêche sportive, c’est vrai que la Fédération sénégalaise de Pêche Sportive a institué une réglementation qui consiste à relâcher en mer, dans la mesure du possible, les individus capturés, quelle que soit l’espèce, dans un souci de protection des ressources. Cependant, il n’en est pas souvent le cas pour certaines espèces y compris les Requins. Les individus ne sont pas relâchés en mer pour le simple fait que les pêcheurs sportifs sont accompagnés par des skippers qui sont pour la plupart, des artisans pêcheurs reconvertis. Ainsi, le plus souvent donc, ils gardent les espèces à bord pour les revendre aux mareyeurs une fois de retour au port. Tout de même les captures débarquées par cette activité sont marginales.

Les formes de valorisation des raies et requins

Plusieurs produits sont dérivés des raies et des requins. Ce sont principalement le salé-séché, le métorah, les ailerons et l’huile. Il faut souligner cependant qu’au début des années 80, seuls les ailerons faisaient l’objet de transactions commerciales après les débarquements. La chair de Requin coupée en morceaux était vendue aux pêcheurs de ligne ou de casier de seiches pour leurs appâts.

Le Salé-séché

La transformation en salé-séché utilise impérativement un poisson frais de grande taille. Les espèces à la chair blanche sont recherchées, principalement les raies et les requins. On distingue deux phases dans la technique de transformation du salé-séché : la phase de saumurage et celle du séchage. Le saumurage survient après le découpage, l’éviscération et le lavage. Les produits frais sont soumis à une salaison dans des cuves ou sur les claies de séchage à raison d’une couche de sel par rangée de pièce ou de morceaux (Fig. 3). Les cuves sont ensuite couvertes avec des sacs de jute pendant deux à trois jours. Après celà, les produits sont retirés puis lavés, salés à nouveau avant d’être exposées au soleil pour le séchage (3 à 5 jours) .

Le Métorah 

Le métorah est obtenu à partir d’un nombre très restreint d’espèces dont les raies et les requins font partis. Ces derniers le plus souvent de grandes tailles, sont éviscérés et découpés en morceaux de 10 à 15 cm. La matière est ensuite, maintenue à une distance d’environ d’un mètre d’un feu de bois et est fumée jusqu’à cuisson. Pour le métorah obtenu à partir du Requin, le fumage est assez long et peut durer jusqu’à 72 heures. Le séchage n’est pas pratiqué pour les raies et requins car le fumage rend la couche superficielle très dure.

Les ailerons 

Les ailerons sont coupés et mis à sécher au soleil sans traitement préalable (Fig. 5). Ils constituent les parties les plus précieuses de ces espèces en raison de leur haute valeur marchande. Ces produits motivent en premier lieu le développement soutenu de l’effort de pêche déployé sur ces espèces. Les ailerons de raies, particulièrement les Rhinobatidae, sont les plus recherchés sur le marché en raison de leur meilleure qualité et de leur consistance. Les ailerons sont forts appréciés par les Asiatiques pour leurs qualités supposées aphrodisiaques et de ralentissement de la vieillesse. Les fibres des ailerons seraient aussi utilisées en chirurgie.

L’Huile de requin 

Les Requins possèdent des foies très volumineux riches en huile, ce qui leur assure une certaine flottabilité dans l’eau. Cette huile fait l’objet d’une extraction artisanale, en chauffant les foies ou en les exposant au soleil. Préalablement, ces foies sont minutieusement lavés afin de débarrasser le sang et les autres éléments pouvant affecter la qualité de l’huile. L’huile de foie de Requin est utilisée dans l’industrie pharmaceutique humaine (coqueluche, dermatose, courbature, rhumatisme, rougeole..) et animale (plaies et déparasitage). L’huile est aussi utilisée comme élément de mastic. Elle est mélangée avec de la peinture pour donner une bonne étanchéité aux pirogues. L’enduction de cette huile sur certains fruits de mer transformés artisanalement ne possédant pas assez de graisse, tels que le Cymbium (yet) leur confère une qualité particulière et en modifie l’aspect. L’extraction de cette huile était très importante à Kayar et à Saint-Louis. La commercialisation de l’huile n’était pas cependant très développée. L’offre étant largement supérieure à la demande locale, le prix de vente du litre oscillait autour de 200 FCFA.

Autres usages

La chair du Requin est peu consommée au Sénégal. Les enquêtes de consommation effectuées dans les grands centres de pêche font cas du goût et de l’odeur désagréable (avariée) et piquante dégagée par la chair. Selon les chercheurs de l’Institut de Technologie Alimentaire (ITA), cette odeur serait due à l’accumulation d’urée et la formation d’ammoniac dans le corps des Requins. D’ailleurs, des filets de Requins ont été proposés par certains usiniers dans les années 90 sans grand succès en raison de problèmes de débouchés et de qualité des produits. D’autres usages des raies et requins sont largement documentés. Ces espèces constituent des matières premières pour la parfumerie (huile), la maroquinerie de luxe (peaux) et la joaillerie (dents).

Commercialisation 

Les produits de la transformation des Requins sont faiblement consommés au Sénégal. Ils sont essentiellement destinés à l’exportation. Le salé-séché et le métorah sont expédiés essentiellement au Ghana, au Burkina-Faso et en Guinée tandis que les ailerons de Requins sont destinés au marché asiatique (Fig. 6). Presque, toute la production de salé-séché collectée au Sénégal transite par la Gambie qui constitue un marché d’éclatement vers les autres pays africains .

Outre les pêcheurs, les principaux acteurs intervenant dans la commercialisation sont les collecteurs de produits et les importateurs – bailleurs de crédits. Les collecteurs de produits constituent une catégorie professionnelle aux fonctions diverses : financement de la pêche artisanale, collecte de produits frais destinés à la transformation et achat de produits finis pour le compte des importateurs-bailleurs de crédit. Par leur entremise, ces derniers financent aussi l’activité de transformation. Tous les collecteurs de nationalité sénégalaise sont en général d’anciens pêcheurs. Ils sont basés particulièrement à Joal, à Mbour, à Saint-Louis, à Elinkine et Kafountine. Quelques rares femmes sont impliquées dans la collecte de ces produits. Les collecteurs reçoivent en contrepartie de leurs activités une commission qui est fonction du tonnage collecté. Dans certains ports comme Mbour par exemple, les “ Keud Katt ” servent d’intermédiaires entre les collecteurs et les pêcheurs. Ces derniers, ciblant particulièrement les ailerons de Requins, opèrent souvent en groupe  et se partagent les gains en fin de journée. Les importateurs-bailleurs de crédits font appel à des collecteurs de produits et mettent à leur disposition des moyens financiers et des moyens de stockage pour collecter les produits transformés. Ces importateurs-bailleurs de crédit sont respectivement par ordre d’importance de nationalité ghanéenne, guinéennes, congolaise, nigériane et angolaise.

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Table des matières

INTRODUCTION
I- PROBLEMATIQUES ET OBJECTIF DE L’ETUDE
II- DESCRIPTION DE LA PECHERIE DE RAIES ET REQUINS AU SENEGAL
2.1. Historique de la pêcherie
2.2. Les pêcheurs
2.3. Moyens de production
2.4. Les Captures
2.5. Les formes de valorisation des raies et requins
2.6. Commercialisation
2.7. Cadre de gestion et règles d’accès
2.8. Les espèces exploitées
MATERIEL ET METHODES
I- MATERIEL
1. 1. Site d’étude
1.2. Les espèces étudiées
II- METHODES
2.1. Collecte des données
2.2. Traitement des données
RESULTATS ET DISCUSSIONS
I- RESULTATS
II- DISCUSSIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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