Les formes de schizophrénies
Début et évolution de la maladie Juignet
(2016, p.94) poursuit en affirmant que les premiers symptômes qui surviennent peuvent se manifester par des délires étranges ou morbides, un désintérêt pour toutes activités, le décrochage scolaire, le repli sur soi, un intérêt soudain pour l’ésotérisme, des réactions impulsives, des montées de colères dirigées envers des personnes ou encore d’autres symptômes de types obsessionnels. Selon l’auteur, à ce moment de la maladie, le sujet ne comprend pas ce qui lui arrive et ne peut distinguer si ces étrangetés proviennent de lui-même ou de l’environnement. Cette première phase de la maladie survient par poussées, jusqu’à l’âge de 30 ans environ. Toujours selon cet auteur (idem), la rémission de ces crises se fait de manière plus ou moins satisfaisante selon les cas. Pour que le diagnostic de schizophrénie soit posé, il faut au moins que les trois aspects principaux de cette maladie soient présents chez le sujet : dissociation, autisme et expériences paranoïdes. Juignet (2016,p.96) défend que la schizophrénie est définitive et chronique.
La façon dont évolue ce trouble dépend beaucoup du type de prises en charge thérapeutiques que le patient choisit (traitements médicamenteux, hospitalisations, foyer d’hébergement, suivi psychologique). Selon cet auteur, la maladie évolue également différemment selon le type de schizophrénie diagnostiquée. En effet, on constate que certaines formes de la maladie, comme la schizophrénie paranoïde sont propices à un meilleur rétablissement grâce à la prise en charge médicamenteuse. Cependant, une amélioration globale est constatée chez la plupart des patients à partir de la cinquantaine. C’est généralement à cet âge que les fortes poussées de symptômes diminuent.
Manifestations de la schizophrénie
Sont expliquées ici les différentes manifestations que peut prendre la maladie de la schizophrénie selon Juignet (2016, p.95-96). Syndrome dissociatif : Selon l’auteur (2016, p.95), la dissociation, également appelée « ambivalence schizophrénique », se traduit par des comportements ou discours de la personne qui entrent en opposition ou qui portent peu de sens. L’auteur décrit la personne schizophrène comme adoptant des attitudes qui semblent étranges, bizarres ou encore inadaptées au contexte. Le langage de la personne peut s’interrompre brutalement ou passer d’un sujet à l’autre à des moments inopportuns. Le sens des mots que le sujet utilise peut également ne pas être exact. Sur le plan physique, l’auteur décrit une maladresse inhabituelle qui peut être constatée. En résumé, la dissociation se révèle tant sur le plan physique, que social et intellectuel. Syndrome autistique : Selon l’auteur (2016, p.95), ce trait désigne la tendance des schizophrènes à se replier sur eux-mêmes et à se couper du monde qui les entoure. Percevant les autres comme une menace potentielle, la solitude et les idées négatives prennent le dessus sur les besoins de contacts sociaux. Le sujet ne ressent plus d’intérêt pour l’extérieur ou pour les autres personnes. L’auteur définit l’isolement comme la réponse la plus probable à cette crainte de l’environnement. Des comportements agressifs peuvent également survenir comme moyens de défense.
L’expérience paranoïde : Toujours selon l’auteur (idem), ce passage est présent chez la quasi totalité des patients schizophrènes. La personne se voit alors coupée du monde ou de la réalité. Des hallucinations auditives et/ou visuelles ou encore une impression de prise de possession de la pensée par autrui viennent parasiter les pensées de la personne. En réponse à ces agressions qui mettent en doute la réalité vécue jusqu’à présent, l’auteur explique que le schizophrène émet des délires plus ou moins francs qui permettent d’atténuer ces souffrances. Troubles cognitifs : Selon Juignet (2016, p.96), au niveau cognitif, l’auteur décrit cette maladie comme occasionnant une baisse des capacités d’attention, de mémoire et de raisonnement.
Ces capacités peuvent augmenter ou diminuer selon l’état de crise de la personne. De manière générale, les performances cognitives des patients sont diminuées. Toujours selon le même auteur, cette diminution peut être évolutive avec l’âge du sujet et se dégrader au fil du temps (démence précoce). L’inadaptation : Selon l’auteur (idem), du fait des manifestations étranges que peut prendre la schizophrénie, le rejet de la société des personnes atteintes de ce trouble est fréquent. Additionné aux nombreux symptômes qui entrainent le repli sur soi de la personne, l’isolement social est l’issue la plus répendue. Par ailleurs, l’auteur affirme que 50% des schizophrènes font une tentative de suicide au moins une fois dans leur vie ; une tentative sur cinq aboutit. De ce fait, une assistance est donc fortement recommandée afin d’aider la personne à pouvoir s’occuper correctement d’elle-même et de prendre soin d’elle.
Les formes de schizophrénies
Selon Juignet (2016, p.97), il existe plusieurs formes de schizophrénies qui peuvent se manifester différemment. Les outils de diagnostic, comme le DSMV permettent de poser un diagnostic précis sur le type de schizophrénie dont la personne est atteinte : La schizophrénie simple : Toujours selon le même auteur (2016, p.96), ce type de schizophrénie se caractérise principalement par le manque d’énergie du patient. Ce dernier erre et se sent dans l’incapacité de pratiquer une activité. L’isolement et le repli sur soi sont donc des conséquences fréquentes dans ces cas-là. La schizophrénie hébéphrénique ou désorganisée : Selon Juignet (2016, p.97), les syndromes autistiques et dissociatifs décrits précédemment sont très présents dans cette forme de la maladie. La catatonie qui se définie par un état psychique négatif et une motricité allant de la rigidité à l’excitation est également un symptôme typique de ce type de schizophrénie. Son évolution est inquiétante, car selon l’auteur, le patient perd peu à peu ses capacités intellectuelles et relationnelles.
La personne finit par se laisser aller (incurie) ou encore à ne plus se nourrir, ce qui peut la conduire à un décès précoce. La schizophrénie paranoïde : L’auteur (idem) décrit Ici le syndrome de dissociation et l’expérience paranoïde comme les deux critères principaux qui définissent cette forme de la maladie. La schizophrénie de type paranoïde est la forme qui répond le mieux aux traitements proposés actuellement. La schizophrénie dysthymique : Selon l’auteur (idem), la schizophrénie dysthymique, les troubles maniaco-dépressifs atypiques ou encore les troubles schizo-affectifs constituent différentes appellations de cette forme de schizophrénie. Celle-ci allie schizophrénie et troubles de l’humeur. Cependant, ce type-ci est encore peu connu et expliqué par la psychologie. Selon Juignet (2016, p.98), le point commun qui rattache ces différentes formes de schizophrénie est l’explication de la part des personnes qui en sont atteintes d’avoir vécu un moment de rupture. En effet, l’apparition de cette maladie se déroule comme un processus qui définit un avant et un après. L’auteur poursuit en affirmant que les symptômes importants de cette maladie invalident la personne, la conduisant au retrait social et à la désinsertion.
Causes de la maladie Plusieurs auteurs ont tenté d’expliquer le phénomène de la schizophrénie. Juignet (2016, p.98-99) a regroupé ces idées et les a résumées : L’approche de la psychologie systémique : Selon Juignet (2016, p.98), cette théorie vise à expliquer que le développement de ce trouble proviendrait des injonctions paradoxales transmises des parents vers leur enfant. Les propositions contradictoires auxquels l’enfant en question devrait s’adapter conduiraient alors la personne à désorganiser ses pensées et à développer un trouble psychique. Cette théorie n’est cependant pas prouvée. Les hypothèses issues de la psychanalyse : Toujours selon cet auteur (idem), en psychanalyse, la schizophrénie est définie par un conflit entre le « moi » et le monde qui entoure la personne. Cette dernière aurait alors une fragilité biologique qui l’empêcherait de supporter les premières angoisses et frustrations de la vie. Le lien avec un rapport distant entre mère et enfant est également avancé dans cette théorie. L’enfant se détournerait de son environnement et s’enfermerait dans son propre égo. Les pulsions agressives ressenties par la personne ne peuvent être contenues et sont alors dirigées vers l’extérieur.
La neurobiologie : Juignet (2016, p.98) affirme que la science démontre, quant à elle, qu’il y a bien une modification neurologique chez les personnes souffrant de schizophrénie. Plusieurs déséquilibres ont été étudiés, comme le dysfonctionnement sérotoninergique, l’hypoactivité frontale, l’augmentation de certains récepteurs du cerveau, le déséquilibre dopaminergique des systèmes corticaux et limbiques. De plus, l’efficacité des neuroleptiques démontrent bien que l’action qu’ils produisent sur le cerveau entraine une amélioration des symptômes, ce qui n’est pas le cas chez les personnes « saines » qui en prendraient. Le facteur de l’hérédité joue également un rôle, sans que l’on puisse réellement le décrire. Les statistiques démontrent, en effet, qu’un enfant issu de parents schizophrènes a 15% de risque de développer la maladie à son tour. Selon Juignet (idem), il n’existerait à priori pas de gène de la schizophrénie. Les neurobiologistes s’accordent à expliquer l’apparition de cette maladie par un ensemble de gènes portant des facteurs déclenchants. La théorie de la vulnérabilité : Juignet (2016, p.98) résume cette théorie en illustrant le développement de pathologies par un modèle appelé « modèle de stress-vulnérabilité ».
Ce dernier explique que l’individu est en relation avec son environnement et en perçoit des évènements stressants. La personne comportant elle-même certaines vulnérabilités génétiques, psychiques, familiales ou autres, doit trouver le moyen de répondre à ces stimuli agressifs. Le développement de psychopathologies, tel la schizophrénie serait, selon cet auteur, une des réponses possibles pour l’individu vulnérable. Le tableau ci-dessous résume cette théorie et illustre avec des exemples le type de facteurs influençant la vulnérabilité des individus et le types de réponses possibles : Constat actuel de ces différentes théories : Juignet (2016, p.99) constate qu’actuellement, les théories neurobiologiques et de la vulnérabilité sont considérées comme les plus plausibles lorsque l’on tente d’expliquer la schizophrénie. En effet, l’influence familiale n’est pas suffisante pour expliquer le développement de cette maladie et de nombreux cas présentent un environnement familial stable malgré l’apparition de la maladie.
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Table des matières
1. INTODUCTION
1.1. Choix du thème en lien avec le travail social
1.2. Problématique et question de recherche
1.3. Objectifs de la recherche
2. CADRE THEORIQUE
2.1. Concept : Les personnes souffrant de schizophrénie
2.1.1. Introduction
2.1.2. Début et évolution de la maladie
2.1.3. Manifestations de la schizophrénie
2.1.4. Les formes de schizophrénies
2.1.5. Causes de la maladie
2.1.6. Retrait et isolement social des personnes schizophrènes
2.1.7. Liens entre schizophrénie et densité urbaine :
2.1.8. Conclusion
2.2. Concept : Participation sociale
2.2.1. Introduction – participation citoyenne
2.2.2. Définitions des différentes participations
2.2.3. Processus en trois étapes
2.2.4. Adaptation pour la recherche présentée
2.2.5. Participation sociale – introduction
2.2.6. Constat actuel
2.2.7. Définition
2.2.8. Participation sociale et santé mentale
2.2.9. Mesure de la participation sociale
2.2.10. Conclusion
2.3. Concept : Espace public ou espace social
2.3.1. Introduction – définition
2.3.2. L’espace public ou espace de socialisation
2.3.3. Loi fédérale sur l’égalité pour les handicapés (LHand)
2.3.4. Handicap et citoyenneté
2.3.5. Citoyenneté du handicap
2.3.6. Liens avec la psychiatrie : raison et folie
2.3.7. Liens entre Espace social et Participation sociale
2.4. Conclusion du cadre théorique
2.5. Hypothèses
3. METHODOLOGIE
3.1. Terrain d’enquête
3.1.1. Contexte
3.1.2. Echantillon
3.2. Méthodologie et technique de récolte de données
3.3. Enjeux éthiques et risques
3.4. Limites de la recherche
4. ANALYSE
4.1. Les personnes souffrant de schizophrénie
4.1.1. Qui sont-elles ?
4.1.2. Début de la maladie
4.1.3. Eléments déclencheurs
4.1.4. Parler de schizophrénie
4.1.5. Manifestations concrètes de la maladie
4.1.6. Traitement
4.2. La participation sociale des personnes souffrant de schizophrénie
4.2.1. L’intégration par l’emploi
4.2.2. Actions de participation sociale : ateliers protégés
4.2.3. Participation sociale : liens et contacts avec autrui
4.2.4. Lieux favorables à la participation sociale
4.3. Urbain ou rural ?
4.4. Propositions d’amélioration
4.5. Synthèse de l’analyse
4.5.1. La schizophrénie
4.5.2. La participation sociale
4.5.3. Lieux favorables au développement de la participation sociale
4.6. Vérification des hypothèses
5. Conclusion
5.1. Bilan de la recherche
5.1.1. Réponse à la question de départ
5.2. Pistes d’action et nouveaux questionnements
5.2.1. Piste d’action 1 : Le parrainage
5.2.2. Piste d’action 2 : Encouragement de la réinsertion adaptée
5.2.3. Piste d’action 3 : La mise en service de ses propres compétences
6. REFERENCEMENT
6.1. Bibliographie
6.2. Lois
6.3. Sites internet
6.4. Figures
7. ANNEXES
7.1. Annexe 1 : Grille d’entretien
7.2. Annexe 2 : Grille d’analyse de l’entretien
7.3. Annexe 2 : Lettre de consentement
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