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Emergence du concept de développement local
« Le développement local ou communautaire n’est pas un concept nouveau »2 .Vers la fin des années 50, la théorie du développement endogène est exposée par John Friedmann et Walter Stöhr. C’est une approche volontariste, axée sur un territoire restreint, qui conçoit le développement comme une démarche partant du bas. Mais, le développement local possède une référence politique et économique qui prend son essor avec les politiques de décentralisation des années 1980. En effet, les réformes liées à la décentralisation vont donner de nouvelles responsabilités aux collectivités territoriales pour mener des projets locaux et une politique d’aménagement adaptée à chaque territoire.
Des nouvelles dynamiques territoriales apparaissent dans la mise en place des projets, la gestion de proximité et la prise en compte des territoires vécus par les habitants.
Le concept du développement local est apparu dans un contexte où la vision centralisée de l’Etat était critiquée par certains acteurs locaux. Ces derniers considéraient que le développement d’un territoire devait prendre en compte les besoins et les aspirations des habitants. Une logique d’autonomie est alors revendiquée vis-à-vis des centres décisionnels, politiques ou économiques. Le développement local se rapporte ainsi à des actions partenariales entre des acteurs, intéressés à l’amélioration des conditions de vie dans leur environnement immédiat.
Définition du développement local
Depuis l’apparition du Concept, plusieurs personnes telles que spécialistes, experts et universitaires ont tenté de définir la notion de Développement Local, mais jusqu’à présent, aucune définition n’a été tenue et prise officiellement. Ceci tient surtout du fait que le Développement Local n’est pas une science exacte mais plutôt une démarche ou une pratique socio-économique considéré comme étant très efficace, constatée au niveau de certains territoires, que l’on essaie de formaliser pour faire développer les autres territoires. Mais cela ne nous empêche pas de citer quelques types de définitions.
Selon J. MERCOIRET3, le développement local est : » un processus dynamique de mobilisation des ressources et énergies locales visant une amélioration des conditions de vie, des ressources et des potentialités par création, accumulation et distribution des richesses sur un territoire progressivement contrôlé par l’ensemble de ses habitants « . D’autres auteurs ont élargi le champ du développement local.
« Le développement local est une démarche volontaire d’acteurs se réunissant pour envisager l’avenir de leur territoire. C’est une vision du local dans le global, qui voit le territoire comme un système, en relation avec d’autres systèmes et d’autres acteurs. Les acteurs œuvrent à l’amélioration des conditions de vie de leur territoire, ce qui passe, notamment, par le développement et l’emploi. »4 J. Elong MBASSI (1998) ajoute que « c’est la mobilisation des acteurs locaux pour la mise en valeur des potentialités d’un territoire, en même temps que les résultats de cette activité. Ce qui le caractérise, est qu’il intéresse un espace moins grand que le territoire national. Cet espace peut englober plusieurs localités ou agglomérations. Leur intérêts ne sont pas toujours convergents, mais trouvent des avantages à la réalisation du potentiel du territoire auquel ils s’identifient, y résident, ou y développent leurs activités ».
Pamphile S. (2000), la définition « un processus consistant à mobiliser les énergies de tous les acteurs
Autrement dit, c’est un processus qui vise la participation des acteurs avec pour finalité, l’amélioration des conditions de vie des habitants d’une zone déterminée ». Ces définitions nous à permis de conclure que :
Le Développement Local n’est pas simplement une transposition de la politique économique nationale à une échelle plus inférieure, plus à proximité des localités visées.
Il s’agit d’uniformiser le développement dans l’espace à travers l’ajustement des politiques de l’Etat aux besoins des populations locales tout en respectant les équilibres macro-économiques (budget de l’Etat et des collectivités territoriales, fiscalité,…etc.)
Le Développement Local englobe l’encouragement des investissements au niveau des communautés locales et intègre toutes les activités qui visent à améliorer le bien-être de la population au niveau des localités;
Ce concept est plus large : Il comprend le développement économique et social des localités et d’autres types d’initiatives et que les synergies entre ces initiatives peuvent être très nombreuses.
Le développement local est un processus qui vise la création de progrès social et
économique pour la communauté entière en assurant sa participation active et d’aider les gens à s’organiser et à obtenir plus de pouvoir.
La distinction entre le Développement local et le développement régional
Le « Développement régional » qui se distingue du « Développement local » par les points suivants :
En général, le développement économique local concerne les villes et les municipalités alors que le développement économique régional englobe un ensemble des villes, soit l’équivalent d’une Région ou une province. Le terme » local » s’applique souvent à un ensemble géographique plus petit que le terme régional. Nous pouvons définir une « collectivité locale »
comme étant « une entité de villages et de villes de petite et moyenne dimension dont la population participe à des institutions et des activités économiques, sociales et politiques interdépendantes et partage un éventail de services publics et privés »5.
La référence à une ère géographique composée d’un certains nombre d’administrations locales qui bénéficient d’une base économique commune, permet de comprendre que les
termes « régional » et « local » puissent s’utiliser indifféremment par certains auteurs. Toutefois, les acteurs, les instruments et le mode de partage des pouvoirs ne sont pas les mêmes pour les deux.
De plus le DL a pour objet dans l’amélioration des conditions de vie des populations des zones jusque-là moins considérées ou marginalisées par les politiques nationales surtout à travers la création d’emplois au niveau des localités , via:
la création d‘un environnement socio-économique favorable et promouvoir la compétitivité des entreprises locales ;
l‘élaboration de perspectives permettant de créer de nouvelles entreprises à l’aide des entrepreneurs locaux et/ou avec le soutien des investisseurs extérieurs voire étrangers.
l’utilisation du potentiel de leur localité et de créer des liens appropriés entre la population et les entreprises, les institutions/organisations et les ressources propres du territoire et enfin de relancer ainsi leur économie.
la stimulation d’initiative des producteurs locaux, qui tire avantage des politiques gouvernementales et qui est par conséquent appuyée par de nombreux bailleurs de fonds.
Le politique de développement local
Nous convenons souvent d’employer le terme développement local (qui est la finalité) pour parler d’une politique de développement local ou politique locale de développement (qui est en fait le moyen) et à ne pas confondre.
Définition et objectif
B. Vachon et F. Coallier avance que «Une politique de développement local est une stratégie visant à créer un environnement propice aux initiatives locales afin d’augmenter la capacité de la collectivité à s’adapter aux nouvelles règles de la croissance macro-économique. Cette stratégie vise aussi à trouver d’autres formes de développement qui, par des modes d’organisation et de production inédits, intégreront des préoccupations d’ordre social, culturel et environnemental dans des considérations économiques.»6
Elle repose premièrement sur La pleine responsabilisation des populations au niveau local dans la prise de décision. Les micro-initiatives locales participent au développement global et sur La mise en place de structures d’appui-conseil technique et un système (de partenariat) financier de proximité pour régler le système social, économique, environnemental et technologique afin de trouver des solutions à long terme aux problèmes de déséquilibre des collectivités territoriales.
Le politique du développement local a pour but de dépasser les impératifs de la croissance économique et à en corriger les effets non souhaitables en mettant en œuvre un processus, de production, d’appropriation, et de redistribution des richesses sur un territoire donné d’une manière équitable.
La politique de développement locale se subdivise en trois grandes phases comme suit :
Prise de conscience locale (sensibilisation)
Diagnostic et vision stratégique (information)
Et actions cohérentes aux objectifs dans un temps précis (mobilisation, formation et action).
Pour ce faire, nous allons prendre un à un ces trois phase.
Prise de conscience locale
De façon générale l’origine de toute initiative locale de développement est une insatisfaction face à une situation qui ne répond plus aux besoins et aux aspirations des individus ou des groupes d’individus au sein d’une collectivité. Cette phase permet aux différentes parties prenantes de prendre conscience de l’utilité de sa participation au développement de leur localité. La mise en œuvre d’une politique de développement local fait appel à une volonté de concertation des acteurs concernés, et à la mise en place de réseaux et de mécanismes de partenariat.
Par conséquent, il ne peut y avoir de développement local sans prise de conscience des élus locaux, volonté commune d’intervenir, capacité collective de lancer et de soutenir le processus de développement, valorisation des ressources, reconnaissance et appui des initiatives locales par les représentants locaux. C’est-à-dire sensibiliser, animer et conscientiser la population concernée pour stimuler les initiatives locales et provoquer une auto-analyse de la situation par les populations en vue de réactiver une dynamique interne de discussion et de changement.
De ce faite, l’événement déclencheur de la prise de conscience est d’origines interne ou externe de la collectivité.
Dans un premier cas, la collectivité n’est pas l’initiatrice de la prise de conscience collective : l’évènement déclencheur est provoqué par un intervenant externe. Les personnes initiatrices expriment alors leurs opinions et tentent de regrouper autour d’elles une partie de la population afin de renforcer leur prise de position. C’est une réponse à une situation dont la solution relève d’une autorité extérieure au groupe intéressé. Dans ce cas, lorsque la collectivité est en position de réaction, elle adopte un mode d’action passif.
Dans le second cas, la communauté ou un petit groupe au sein de la collectivité a pris conscience de certains problèmes qui minent la population ou de certains signes annonciateurs de crises. Dans ce deuxième scénario, l’événement déclencheur se déroulera selon un mode actif. La collectivité pourra être maîtresse du choix et de la conduite des interventions appropriées à la situation. Les deux principaux mécanismes de ce mode sont : la participation, c’est-à-dire l’accès des individus aux sphères de décisions et la planification, c’est-à-dire la définition des objectifs précis et des moyens pour les atteindre.
La perspective qui s’ouvre dans ce deuxième cas ne peut être que celle de l’action coordonnée, exécutée par des personnes qui se sentent concernées, des personnes motivées, capables de lancer et de soutenir un projet de développement. C’est la voie idéale d’accès au développement local.
Diagnostique et vision stratégique
Cette phase consiste à évaluer le niveau de vulnérabilité et détermine les possibilités de la commune. » Le diagnostic n’est pas une monographie ou une simple description soi disant objective d’un territoire, il est le référentiel qui prépare le débat concernant un espace habité et doué d’une identité, aménagé et supportant des logiques de développement. » 7
Il s’agit d’une analyse MOFF (Menace Opportunité Force et Faiblesse) de la localité, c’est-à-dire une auto-critique qui répond habituellement, à un questionnement qui repose sur une grille d’analyse des différents thématique (commerce, tourisme, transport, habitat…), ainsi que le recueil et l’interprétation des données sectorielles correspondantes. Il permet de mettre en avant les problématiques et les spécificités sociales et économiques du territoire.
Il requiert un regard critique sur l’existant, et la mise en avant de ses dysfonctionnements, de ses faiblesses et de ses contradictions.
Le diagnostic doit être effectué en concertation avec les acteurs locaux : citoyens, entreprises, associations, élus, administrations… A cet effet, la réflexion commune, l’échange et le débat permettent d’accroître la connaissance du territoire et de ses problématiques, afin de faire émerger les priorités et les enjeux de développement local pour définir par la suite un projet commun ou un plan local de développement calqué sur les priorités locales, mis en avant par les acteurs locaux. Nous parlons d’une planification locale comme étant la construction d’une vision commune et concertée entre les acteurs en vue de la définition et de la réalisation, dans le temps et dans une espace donnée, d’objectifs communs et négociés. Cela consiste à impulser et à organiser le développement à l’échelle d’une localité bien définie.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LE CADRE GLOBAL DE LA RECHERCHE ET LA METHODOLOGIE ADOPTEE
I – GENERALITE SUR LE DEVELOPPEMENT LOCAL
1.1 Le concept du développement local
1.1.1 Ce que signifie par les mots « développement » et « local »
1.1.2 Emergence du concept de développement local
1.1.3 Définition du développement local
1.1.4 La distinction entre le Développement local et le développement régional
1.2 Le politique de développement local
1.2.1 Définition et objectif
1.2.2 Prise de conscience locale
1.2.3 Diagnostique et vision stratégique
1.2.4 Planification des priorités et Action cohérant aux objectifs
1.3 Les conditions de réussite d’une PDL
1.3.1 L’existence des services publics locaux
1.3.2 La dynamisation des Systèmes productif Locaux
1.3.3 La démocratie locale et partenariat
1.3.4 La concertation et participation inclusif
1.4 Autres concepts lié au développement local
1.4.1 Le développement à la base
1.4.2 Le développement communautaire
1.4.3 Le développement au ras-du-sol
1.4.4 Le développement durable
II – L’APPROCHE PARTICIPATIVE
2.1 Le concept de l’approche participative
2.1.1 Les formes de participation selon Silvain FORTIN et Albert MEISTER
2.1.2 Le cadre coutumier de la participation
2.1.3 Définition et objectif
2.1.4 Principe de l’approche participative
2.2 Processus de l’approche participative dans le développement local
2.2.1 L’analyse diagnostic du territoire
2.2.2 La programmation des actions à entreprendre
2.2.3 La réalisation et la gestion du programme
2.2.4 Le suivi-évaluation de l’ensemble du programme.
2.3 les conditions de réussite de l’approche participative dans le DL
2.3.1 Prise en compte de la réalité local
2.3.2 L’implication effective de la population
2.3.3 La communication
2.3.4 L’auto promotion du développement local
2.4 Autres approches lié au développement local
2.4.1 L’approche genre
2.4.2 L’approche coopérative
2.4.3 L’approche en réseau
III – DEMARCHE ET DEMONSTRATION DES HYPOTHESES
3.1 Démarche de recherche
3.1.1 Définitions
3.1.2 Choix du thème et Démarche suivie
3.1.3 Méthodologie
3.2 Démonstration des hypothèses
3.2.1 Cohérence entre les cadres de participation avec les cadres coutumiers
3.2.2 Coordination des approches participatives appliquées en milieu rural
3.2.3 Les déterminants de la participation locale
3.3 Limites méthodologiques
DEUXIEME PARTIE : L’ANALYSE SUR LA DYNAMIQUE LOCAL DE DEVELOPPEMEN
I – L’ANALYSE SUR LA SYNERGIE DE LA PARTICIPATION LOCAL
1.1 Présentation de la zone d’étude :
1.1.1 Situation géographique
1.1.2 Situation économique
1.1.3 Situation social
1.2 Les acteurs locaux et ses participations au développement
1.2.1 Rôles des citoyens au développement
1.2.2 Rôles des leaders locaux
1.2.3 Rôles des élus locaux
1.3 La participation des démembrements de l’Etat
1.3.1 Rôles de la Région
1.3.2 Rôles de la commune
1.3.1 Rôles du Fokontany
II – L’ANALYSE SUR L’ORGANISATION LOCAL
2.1 L’organisation et démarche pérenne pour le développement
2.1.1 La démarche d’élaboration du plan de développement communal (PCD)
2.1.2 La participation de la population à l’élaboration du PCD
2.1.3 Le financement des actions prévues dans le PCD
2.2 Les organisations communautaires
2.2.1 Les groupements locaux
2.2.2 Place des femmes au développement
2.2.3 L’apport bénéficiaire
2.3 L’interventions des acteurs extérieurs de la commune
2.3.1 Le rôle des ONG au développement de la commune
2.3.2 La participation de l’Etat au développement de la commune
2.3.3 La contribution des entreprises au développement de la commune
III – QUELQUES FREINS A LA DYNAMIQUE DES ACTEURS
3.1 Au niveau de la population locale
3.1.1 La résistance au changement
3.1.2 Manque de collaboration entre les leaders locaux
3.1.3 La faible instruction et l’analphabétisme
3.2 Au niveau de l’administration territorial
3.2.1 Faiblesse des ressources humaines
3.2.2 Sur l’exécution des programmes prévus par le PCD
3.2.3 Collaboration avec les échelons supérieurs
3.3 Au niveau de la coordination interne et externe
3.3.1 Le cumul de plusieurs domaines opportunistes
3.3.2 Manque de coordination interne et externe
3.3.3 Absence de documents de stratégie
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
QUELQUES CRITIQUES ET RECOMMANDATIONS
3.1 Les conditions pour une meilleure participation des acteurs
3.1.1 L’amélioration des revenus des populations
3.1.2 Le renforcement des capacités des acteurs
3.1.3 Le renforcement des capacités des institutions locales
3.1.4 La création d’espaces d’échanges et de mise en cohérence des actions
3.2 Proposition de solution sur le développement local
3.2.1 Pour le Conseil communal
3.2.2 Pour les acteurs locaux
3.2.3 Pour les ONG et les partenaires techniques et financiers
3.2.4 Pour l’Etat
CONCLUSION GENERALE
LES ANNEXES
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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