Les formes cliniques symptomatiques de l’histoplasmose

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L’HISTOPLASMOSE PULMONAIRE AIGUร‹ ET SUBAIGUร‹

Sa forme habituelle est celle d’une maladie localisรฉe apparaissant chez les personnes exposรฉes ร  Histoplasma capsulatum pour la premiรจre fois (75).
La population atteinte par la maladie reprรฉsente quatre hommes pour une femme, mais il n’y aucune prรฉdominance ethnique (71).
Les signes cliniques comportent : fiรจvre, malaise gรฉnรฉral, cรฉphalรฉes et fatigue. Une gรชne douloureuse thoracique et une toux sรจche peuvent faire penser ร  une pneumopathie, mais il est rare d’entendre des rรขles ร  l’auscultation thoracique (42).
La radiographie pulmonaire montre des images de pneumopathie hรฉtรฉrogรจne intรฉressant un ou plusieurs lobes.
Des adรฉnopathies hilaires et mรฉdiastinales sont frรฉquemment observรฉes.
L’amรฉlioration est rapide dans la plupart des cas.
La persistance de signes au-delร  de un mois, avec notamment persistance des signes radiologiques d’infiltration pulmonaire et d’adรฉnopathies hilaires ou mรฉdiastinales, font parler de forme subaiguรซ (50)
Il arrive que la radiographie pulmonaire ne soit rรฉalisรฉe qu’aprรจs la disparition de l’infiltrat pulmonaire, et dans ce cas, les adรฉnopathies hilaires peuvent apparaรฎtre comme la premiรจre constatation radiologique.
Dans 5 % des cas, l’histoplasmose pulmonaire aiguรซ ou subaiguรซ peut s’accompagner de manifestations dermatologiques qui prennent l’aspect d’un รฉrythรจme noueux ou d’un รฉrythรจme multiforme (87, 93, 105). Myalgies et arthralgies sont frรฉquentes au cours de l’infection aiguรซ. Les signes articulaires s’effacent en quelques semaines et rรฉpondent aux anti-inflammatoires non stรฉroรฏdiens.
Chez les patients qui ont des adรฉnopathies hilaires, des arthralgies et un รฉrythรจme noueux, on comprend que le diagnostic peut s’รฉgarer vers celui d’une sarcoรฏdose (109, 128).
Le diagnostic diffรฉrentiel de l’histoplasmose pulmonaire aiguรซ concerne aussi la blastomycose et les pneumopathies atypiques (mycoplasme, chlamydiae, legionella) (Tableau 2 โ€“ page 8).
La reconstitution anamnestique d’une exposition possible ร  Histoplasma capsulatum, au cours d’une activitรฉ quotidienne ou d’un voyage, est dรฉcisive pour parvenir au diagnostic. La dรฉcouverte d’autres personnes, de l’entourage professionnel ou touristique du patient, prรฉsentant des symptรดmes identiques est un รฉlรฉment trรจs utile ร  l’รฉtablissement du diagnostic.
La guรฉrion est habituellement spontanรฉe en trois ร  quatre semaines (14).
En dehors d’un contexte d’immunodรฉpression sur lequel nous reviendrons, une atteinte respiratoire aiguรซ trรจs sรฉvรจre peut s’observer en cas d’inhalation d’un inoculum important (40, 130). Le dรฉbut de la maladie est alors brutal : le patient prรฉsente fiรจvre, frissons, malaise, dyspnรฉe, toux et douleurs thoraciques. Des rรขles peuvent รชtre prรฉsents ร  l’auscultation. La radiographie thoracique montre des infiltrats pulmonaires, habituellement dรฉcrits comme rรฉticulo-nodulaires, avec des zones possibles de coalescence nodulaire. Un syndrome de dรฉtresse respiratoire aigu de l’adulte peut s’installer en quelques jours (61, 139).
La participation pleurale est rare. Une pรฉricardite est possible. L’atteinte ganglionnaire mรฉdiastinale et hilaire est inconstante. De nombreux patients guรฉrissent sans traitement mais certaines formes sรฉvรจres peuvent justifier un traitement pour รฉviter l’aggravation de l’atteinte respiratoire et permettre une guรฉrison sans sรฉquelle. Quand les signes de pneumopathie disparaissent, il est frรฉquent de voir des nodules persister avant de se calcifier รฉventuellement.

L’HISTOPLASMOSE PULMONAIRE CAVITAIRE CHRONIQUE

Elle s’observe avec prรฉdilection chez les sujets plus รขgรฉs. C’est sans doute parce que l’emphysรจme est intimement associรฉ ร  cette forme d’histoplasmose.
Il est inhabituel de voir se dรฉvelopper cette forme d’histoplasmose sans qu’il n’y aรฎt une maladie pulmonaire sous-jacente.
Dans leur รฉtude, Goodwin et collaborateurs (44) ont notรฉ que l’inflammation interstitielle liรฉe ร  l’infection fongique se dรฉveloppait au contact des bulles d’emphysรจme et intรฉressait prรฉfรฉrentiellement les sommets et les segments apicaux des lobes infรฉrieurs.
L’รฉpaississement de la paroi des bulles, les images de nรฉcrose, l’aspect de fibrose sont habituels et aboutissent ร  la formation de larges cavitรฉs persistantes. La progression de la nรฉcrose peut aboutir ร  la disparition complรจte d’un lobe.
Un รฉpaississement pleural au contact des lรฉsions cavitaires apicales est frรฉquent mais l’รฉpanchement pleural est exceptionnel. Il est rare que dans cette forme d’histoplasmose, on observe des adรฉnopathies hilaires ou mรฉdiastinales. Quant ร  la dissรฉmination ร  d’autres organes, elle n’a รฉtรฉ signalรฉe chez aucun des 228 patients de la sรฉrie de Goodwin.
Les manifestations gรฉnรฉrales de l’histoplasmose pulmonaire cavitaire chronique, incluent fatigue, fiรจvre, sueurs nocturnes, anorexie et perte de poids. Les signes pulmonaires comportent toux, expectoration et hรฉmoptysie. Les hรฉmoptysies sont rarement importantes. Quand elles le sont, il faut plutรดt rechercher une greffe aspergillaire intracavitaire (44, 59). Le principal diagnostic diffรฉrentiel est reprรฉsentรฉ par la tuberculose pulmonaire. Les infections ร  mycobactรฉries atypiques (avium, Kansasii) peuvent รชtre discutรฉes au mรชme titre que d’autres infections fongiques incluant : blastomycose, sporotrichose, coccidioรฏdomycose. La sarcoรฏdose est un autre diagnostic diffรฉrentiel possible.

L’HISTOPLASMOSE DISSEMINEE PROGRESSIVE

La plupart des patients infectรฉs par l’histoplasme prรฉsentent une dissรฉmination hรฉmatogรจne asymptomatique qui, par le biais des macrophages parasitรฉs, diffuse dans l’ensemble du systรจme rรฉticulo-endothรฉlial. Lorsque les lymphocytes T dรฉveloppent une immunitรฉ contre les antigรจnes de Histoplasma capsulatum et que les macrophages activรฉs tuent les micro-organismes, l’hรดte est en mesure de contrรดler l’infection (25, 91, 138).
Mรชme quand se dรฉveloppe une immunitรฉ cellulaire, les patients peuvent conserver des foyers oรน l’histoplasme se trouve sous une forme viable, et ce, dans divers organes, comme cela se produit dans la tuberculose. Les organismes fongiques sont rรฉduits au silence par la rรฉponse immune mais ils ne sont pas toujours inactivรฉs. Une rรฉactivation de l’infection est possible des annรฉes plus tard. Cela a รฉtรฉ documentรฉ chez des patients qui ne sont pas retournรฉs en zone d’endรฉmie depuis de nombreuses annรฉes (23, 64, 74, 103).
En cas de rรฉcidive chez un patient rรฉsidant dans une zone d’endรฉmie, il est impossible de dire si la maladie est due ร  une nouvelle infection ou ร  la rรฉactivation d’une infection ancienne et latente.

Les signes cliniques et para-cliniques (63)

Les symptรดmes de l’histoplasmose dissรฉminรฉe progressive sont la fiรจvre, le malaise gรฉnรฉral, l’anorexie et la perte de poids. L’examen physique montre une hรฉpato-splรฉnomรฉgalie, des adรฉnopathies, une pรขleur et des pรฉtรฉchies lorsqu’il y a une pancytopรฉnie. Chez certains patients, on observe des ulcรฉrations membraneuses des muqueuses, des ulcรจres ou des nodules cutanรฉs. Biologiquement, on observe un chiffre รฉlevรฉ de phosphatases alcalines, une pancytopรฉnie, une accรฉlรฉration de la VS, une CRP รฉlevรฉe, des taux รฉlevรฉs de LDH et de ferritine, qui peuvent รชtre des รฉlรฉments d’orientation. L’hypercalcรฉmie s’observe rarement, elle est semblable ร  celle qui est dรฉcrite dans d’autres maladies granulomateuses.
La radiographie pulmonaire peut รชtre normale ou montrer un infiltrat rรฉticulo-nodulaire diffus. Beaucoup de manifestations sont semblables ร  celles de la sarcoรฏdose : dans les pays d’endรฉmie, ce dernier diagnostic ne saurait รชtre รฉtabli que si celui d’histoplasmose a รฉtรฉ dรฉfinitivement exclu. Lorsque la maladie est sรฉvรจre, elle peut prรฉsenter un syndrome septique, avec hypotension, coagulation intra-vasculaire dissรฉminรฉe, insuffisance rรฉnale et dรฉtresse respiratoire aiguรซ. Ce tableau a รฉtรฉ dรฉcrit surtout chez les patients atteints de SIDA et chez les enfants.

La maladie dissรฉminรฉe au tube digestifย 

L’atteinte gastro-intestinale est habituelle au cours de l’infection dissรฉminรฉe comme cela a รฉtรฉ montrรฉ dans les รฉtudes autopsiques. Cette atteinte reste asymptomatique ou se traduit par des signes abdominaux vagues chez beaucoup de patients. L’infection est plus rรฉguliรจrement symptomatique chez les patients atteints de SIDA, et peut alors faire discuter d’autres infections opportunistes responsables de diarrhรฉe. Les douleurs abdominales intermittentes sont frรฉquentes et une diarrhรฉe sรฉvรจre peut conduire ร  une malabsorption. Le diagnostic d’histoplasmose est souvent non รฉtabli jusqu’ร  la biopsie tissulaire, obtenue par laparotomie ou coloscopie. Le colon est plus habituellement atteint que l’intestin grรชle. On observe des ulcรฉrations, des lรฉsions polypoรฏdes et des stรฉnoses.

La dissรฉmination ร  lโ€™endocarde

L’endocardite ร  Histoplasma capsulatum est une manifestation possible de l’histoplasmose dissรฉminรฉe progressive. L’infection peut atteindre des valves natives ou des valves prothรฉtiques. Le patient a des symptรดmes typiques d’histoplasmose dissรฉminรฉe, associรฉs ร  des signes cardiaques et des phรฉnomรจnes emboliques. Le diagnostic est bien souvent retardรฉ et le patient considรฉrรฉ comme atteint d’une endocardite ร  culture nรฉgative.

La dissรฉmination au systรจme nerveux central

L’infection du systรจme nerveux central peut apparaรฎtre au cours d’une infection dissรฉminรฉe ou comme une infection focale isolรฉe. Elle rรฉsulte d’une dissรฉmination hรฉmatogรจne aux mรฉninges et au cerveau. La mรฉningite chronique est la manifestation la plus frรฉquente : elle est caractรฉrisรฉe par l’envahissement mรฉningรฉ basilaire qui peut conduire ร  une hydrocรฉphalie. La pratique plus rรฉguliรจre de l’IRM a montrรฉ la frรฉquence des petites lรฉsions intรฉressant le cerveau et la moelle รฉpiniรจre. Les symptรดmes de mรฉningite comportent : cรฉphalรฉes, troubles du comportement, paralysie des nerfs crรขniens, ataxie. Le liquide cรฉphalo-rachidien montre la mรชme modification que celle observรฉe dans d’autres mรฉningites mycosiques, ou dans la mรฉningite tuberculeuse : le taux de protรฉines est รฉlevรฉ, le taux de glucose est modรฉrรฉment abaissรฉ, avec un chiffre des globules blancs habituellement entre 50 et 500 cellules par microlitre, de type mononuclรฉรฉ principalement.

Autres tableaux de dissรฉminationย 

Au cours de sa dissรฉmination, l’histoplasmose peut envahir tous les organes. Tantรดt les patients ont des signes objectifs de dissรฉmination diffuse, tantรดt la maladie semble se localiser ร  un seul organe.
L’atteinte des voies gรฉnito-urinaires, frรฉquemment documentรฉe ร  l’autopsie des malades avec infection dissรฉminรฉe, est rarement symptomatique.
L’infection ostรฉo-articulaire par lโ€™histoplasme est une autre manifestation rare de l’histoplasmose dissรฉminรฉe. Elle peut atteindre les tendons, simuler un syndrome du canal carpien, simuler une arthrite septique. Souvent le diagnostic n’est fait qu’ร  la culture du tissu synovial.

MANIFESTATIONS CHRONIQUES DE L’HISTOPLASMOSE THORACIQUE

Les nodules pulmonaires

Un ou plusieurs nodules pulmonaires peuvent apparaรฎtre au cours d’une histoplasmose rรฉcente ou d’une rechute. Ils peuvent se prรฉsenter isolรฉment et simuler une pathologie tumorale. Ils donnent donc trรจs frรฉquemment lieu ร  une biopsie ou une biopsie-exรฉrรจse chirurgicale, qui permet de corriger le diagnostic de tumeur pulmonaire, et parfois de visualiser l’histoplasme aprรจs coloration. L’รฉvolution vers la calcification est trop inconstante pour รชtre utilisรฉe comme un argument diagnostique. Beaucoup de nodules histoplasmiques ne se calcifient jamais. La tomographie par รฉmission de positons (PET scan), qui mesure l’activitรฉ mรฉtabolique par mรฉthode scintigraphique, peut montrer une hyperactivitรฉ de ces lรฉsions (18). Mais elle ne constitue pas un examen discriminant.
En zone endรฉmique, on peut tenir compte de la chronicitรฉ de la lรฉsion et de sa taille, du tabagisme et des souhaits du patient, pour prรฉfรฉrer ร  l’abord chirurgical, une surveillance trimestrielle ou semestrielle du scanner thoracique permettant de s’assurer de la stabilitรฉ de la lรฉsion. Cette attitude peut รชtre justifiรฉe par l’absence de nรฉcessitรฉ de traiter cette forme clinique d’histoplasmose par antifongique.

La broncholithiaseย 

Elle est la consรฉquence d’une รฉrosion bronchique par une calcification ganglionnaire mรฉdiastinale qui, en migrant dans les voies aรฉriennes, peut entraรฎner une dyspnรฉe, un wheezing ou une hรฉmoptysie. Il est frรฉquent que cette broncholithiase soit spontanรฉment รฉliminรฉe ร  la faveur d’une toux, mais il arrive qu’une endoscopie interventionnelle soit nรฉcessaire.

Le granulome mรฉdiastinalย 

Le granulome mรฉdiastinal peut รชtre observรฉ aprรจs la rรฉsolution de l’histoplasmose pulmonaire. Il se prรฉsente comme une structure mรฉdiastinale faite de ganglions coalescents.
Il se traduit par un รฉlargissement massif du mรฉdiastin. Le centre des adรฉnopathies peut contenir du matรฉriel nรฉcrotique hรฉtรฉrogรจne ou liquide. Dans le produit d’aspiration ganglionnaire ou ร  l’examen histologique d’une biopsie ganglionnaire, on peut retrouver les corps encapsulรฉs, typiques de Histoplasma capsulatum.
Beaucoup de patients restent asymptomatiques et les adรฉnopathies sont souvent une dรฉcouverte radiologique. Cependant certains patients peuvent prรฉsenter des signes en rapport avec la compression des structures mรฉdiastinales par les masses ganglionnaires : veine cave supรฉrieure, bronches ou ล“sophage.
Les adรฉnopathies peuvent aussi se drainer spontanรฉment dans les tissus mous adjacents du cou, dans les voies respiratoires ou mรชme dans le pรฉricarde.
La radiographie thoracique montre des images d’adรฉnopathies hilaires, sous-carรฉnaires et para-trachรฉales. Le scanner prรฉcise l’importance de l’extension ganglionnaire, la prรฉsence รฉventuelle de nรฉcrose et la possible compression des structures adjacentes. La bronchoscopie et la gastroscopie peuvent montrer les consรฉquences des compressions extrinsรจques, la prรฉsence de diverticule de traction et de fistule qui restent des complications rares.
La rรฉsolution des lรฉsions avec une calcification des adรฉnopathies concernรฉes est habituelle.

La fibrose mรฉdiastinale

Elle est heureusement rare car frรฉquemment lรฉtale. Elle a une รฉvolution lente et progressive, qui aboutit ร  un syndrome de compression mรฉdiastinale. Il est frรฉquent que le diagnostic soit fait avec retard. Du point de vue physiopathologique, une fibrose excessive envahit progressivement les structures mรฉdiastinales (24, 43).
La fibrose mรฉdiastinale atteint le plus souvent des adultes jeunes, entre vingt et quarante ans, avec une lรฉgรจre prรฉdominance fรฉminine. Aucune donnรฉe ne permet de considรฉrer qu’elle soit la consรฉquence d’un granulome mรฉdiastinal (72). La fibrose mรฉdiastinale est faite d’un collagรจne mature sans trace de granulome ร  la biopsie ou ร  l’autopsie. Il pourrait s’agir d’une manifestation se dรฉveloppant chez une catรฉgorie de patients, qui rรฉpondent (pour des raisons inconnues) ร  l’infection par Histoplasma capsulatum en produisant un tissu fibreux ยซย inappropriรฉย ยป.
La maladie progresse lentement sur des annรฉes avec distorsion et compression graduelle de la veine cave supรฉrieure, de l’ล“sophage, des artรจres et des veines pulmonaires ou des bronches proximales. Le canal thoracique, le nerf rรฉcurrent et l’oreillette droite sont moins souvent concernรฉs. Les symptรดmes comportent : dyspnรฉe croissante, toux, hรฉmoptysie, douleur thoracique ; mais beaucoup de patients n’ont pas d’anomalie ร  l’examen physique. Les signes gรฉnรฉraux sont absents. Le scanner thoracique prรฉcise le degrรฉ d’atteinte des structures mรฉdiastinales.

La pรฉricardite

Au cours de la grande รฉpidรฉmie d’Indianapolis, une pรฉricardite รฉtait observรฉe dans 6 % des cas. Cette complication s’observe chez les patients les plus jeunes. L’รฉvolution de la maladie est en rรจgle favorable, mais elle peut se prolonger et les rรฉcidives sont courantes.
Il s’agit d’un tableau de pรฉricardite typique avec douleur et dyspnรฉe. S’y associent souvent une atteinte pleurale, des adรฉnopathies mรฉdiastinales et une pneumopathie (98, 134). Le liquide pรฉricardique est un exsudat souvent hรฉmorragique, mais la tamponade cardiaque est rare. L’agent fongique est rarement identifiรฉ ร  l’analyse du liquide (141).
Il s’agit en effet d’une manifestation liรฉe ร  la rรฉponse immunitaire de l’hรดte vis-ร -vis de l’infection fongique. Le traitement anti-inflammatoire non stรฉroรฏdien diminue les symptรดmes. Chez quelques patients, les corticoรฏdes peuvent รชtre nรฉcessaires. Des calcifications pรฉricardiques sรฉquellaires sont possibles mais la pรฉricardite constrictive est rarement observรฉe.

L’HISTOPLASMOSE CHEZ LES IMMUNODEPRIMES

Les patients qui sont immunodรฉprimรฉs et qui ne peuvent pas dรฉvelopper une immunitรฉ cellulaire efficace contre l’organisme fongique, sont amenรฉs ร  avoir une maladie symptomatique durant la pรฉriode de dissรฉmination aiguรซ. Ce risque concerne le patient atteint de SIDA, le greffรฉ, le transplantรฉ, celui avec hรฉmopathie maligne ou qui est sous corticothรฉrapie prolongรฉe (36, 56, 64, 122, 133).
Les enfants sont aussi menacรฉs du fait de l’immaturitรฉ de leur systรจme immunitaire (35, 45, 92). Une personne qui dรฉveloppe une condition d’immunodรฉpression, des annรฉes aprรจs avoir quittรฉ une zone d’endรฉmie, peut rรฉactiver un foyer d’infection latente et dรฉvelopper ainsi une histoplasmose sรฉvรจre dissรฉminรฉe.
Chez les patients VIH+, ceux dont le taux de CD4 est infรฉrieur ร  150 par microlitre sont ร  plus haut risque. Dans les annรฉes qui ont prรฉcรฉdรฉ la mise ร  disposition d’une thรฉrapie antirรฉtrovirale efficace, une histoplasmose infraclinique ou symptomatique s’observait, chaque annรฉe, chez douze patients sur cent dans une cohorte de sujets VIH+ vivant dans une zone d’endรฉmie, et chez un patient sur cent patients VIH+ vivant dans une autre rรฉgion.
L’histoplasmose tend ร  รชtre d’autant plus sรฉvรจre que l’immunosuppression est importante, et sa survenue fait parler de SIDA maladie (46, 84). Avec l’avรจnement du traitement antirรฉtroviral efficace, l’histoplasmose dissรฉminรฉe est observรฉe beaucoup plus rarement dans la population VIH+ des Etats-Unis, mais en Amรฉrique Centrale, elle reste une infection opportuniste significative.
Ces derniรจres annรฉes, d’autres conditions d’immuno-suppression ont รฉtรฉ identifiรฉes : les cas les plus dramatiques d’histoplasmose sรฉvรจre ont รฉtรฉ observรฉs chez les patients recevant des anti – TNF-alpha, comme l’รฉtanercept et l’infliximab (19, 137, 140). Une dรฉficience en rรฉcepteur de gamma-interfรฉron a รฉtรฉ dรฉcrite comme un facteur de risque important (54).
Chez l’immunodรฉprimรฉ, l’infection pulmonaire prend un caractรจre sรฉvรจre. Elle s’รฉtend frรฉquemment ร  plusieurs lobes. Le patient prรฉsente une maladie aiguรซ avec fiรจvre, frissons, toux et dyspnรฉe importante. Des rรขles peuvent รชtre prรฉsents ร  l’auscultation thoracique. La radiographie pulmonaire montre des infiltrats bilatรฉraux diffus rรฉticulo-nodulaires et la situation peut รฉvoluer vers un syndrome de dรฉtresse respiratoire aigu de l’adulte, ร  l’origine d’une insuffisance respiratoire nรฉcessitant une ventilation assistรฉe (139).

En cas d’infection par le VIH

Alors que, dans la population gรฉnรฉrale, l’infection primaire par Histoplasma capsulatum est asymptomatique dans 99 % des cas, elle entraรฎne une maladie symptomatique chez 55 % des patients VIH+ sans traitement antirรฉtroviral (84). Chez les sujets VIH+, l’histoplasmose dissรฉminรฉe est rapportรฉe dans 97 ร  100 % des patients avec une histoplasmose symptomatique (84, 122). Des infiltrats pulmonaires bilatรฉraux sont alors observรฉs dans plus de la moitiรฉ des cas (15, 85). Cโ€™est pourquoi, tout patient prรฉsentant une histoplasmose avec un infiltrat pulmonaire diffus doit faire lโ€™objet dโ€™une recherche dโ€™infection ร  VIH.
Heureusement, l’incidence de l’histoplasmose chez les patients VIH+ a diminuรฉ de faรงon importante (58, 79). Des cas continuent d’รชtre observรฉs chez les patients dont l’infection VIH a รฉtรฉ mรฉconnue, et chez ceux qui ne poursuivent pas de traitement antirรฉtroviral (3).

Dans la transplantation d’organe

Dans une รฉtude rรฉtrospective transplantation situรฉ en zone transplantations. rรฉcente, portant sur dix annรฉes d’endรฉmie, Cuellar Rodriguez (20) et effectuรฉe dans un grand centre de observe seulement un cas pour mille.
Dans l’รฉtude de Vail portant sur 449 transplantations d’organe dans une zone d’endรฉmie, on n’observe aucun cas d’histoplasmose sur une pรฉriode de trois ans. Dans cette sรฉrie, les sรฉrologies positives prรฉ-transplantation et les donnรฉes radiologiques, suggรฉrant un antรฉcรฉdent d’infection ne sont pas liรฉes ร  une histoplasmose post-transplantation (111).
La plupart des cas d’histoplasmose chez les transplantรฉs est plus liรฉe ร  une infection primaire qu’ร  la rรฉactivation d’une maladie latente (20).

Dans le traitement par antagoniste du TNF-alpha

Lors des dix derniรจres annรฉes, les traitements par anti – TNF-alpha ont รฉtรฉ de plus en plus utilisรฉs notamment dans la polyarthrite rhumatoรฏde et la maladie de Crohn. De nombreuses infections opportunistes ont รฉtรฉ rapportรฉes chez des patients recevant ce traitement. L’histoplasmose est l’infection fongique invasive qui complique le plus souvent le traitement par antagoniste du TNF-alpha aux Etats-Unis (112).
Quatre traitements antagonistes du TNF-alpha ont รฉtรฉ validรฉs pour le traitement de l’inflammation chronique aux Etats-Unis : รฉtanercep, infliximab et plus rรฉcemment, adalimumab et certolizumab. Une incidence plus รฉlevรฉe d’histoplasmose a รฉtรฉ rapportรฉe chez les patients recevant l’infliximab et l’adalimumab, anticorps monoclonaux contre le TNF-alpha. Quant ร  l’รฉtanercep, un rรฉcepteur soluble du TNF-alpha, il est ร  l’origine de moins de cas. Les raisons de cette disparitรฉ pour le risque d’histoplasmose ne sont pas connues (48).
Les manifestations cliniques de l’histoplasmose dans une sรฉrie de dix patients (68) recevant un anti – TNF-alpha comportent : fiรจvre, malaise, toux, dyspnรฉe, pneumopathie interstitielle. Neuf des dix patients ont dรป รชtre traitรฉs dans un service de soins intensifs. Un patient est dรฉcรฉdรฉ.
Il n’est pas encore รฉtabli s’il faut arrรชter ou continuer le traitement par anti – TNF-alpha, chez les patients pour lesquels on vient de faire un diagnostic d’histoplasmose (110).

LA FREQUENCE RELATIVE DES DIFFERENTES FORMES D’HISTOPLASMOSEย 

Dans une รฉtude faite par David et Joel McKinsey, la majoritรฉ des patients hospitalisรฉs hors รฉpidรฉmie avec une histoplasmose symptomatique sont atteints d’histoplasmose dissรฉminรฉe progressive.
Entre 2000 et 2010, ร  l’hรดpital universitaire de Kansas City dans le Missouri, on a observรฉ trente cas confirmรฉs d’histoplasmose. Dix-sept cas (57 %) avaient une histoplasmose dissรฉminรฉe, six cas (20 %) avaient une histoplasmose pulmonaire subaiguรซ, quatre cas (14 %) avaient une histoplasmose pulmonaire cavitaire chronique, deux cas (7 %) avaient une histoplasmose pulmonaire aiguรซ, et un cas (3 %) avait une histoplasmose pleurale. Dans cette รฉtude, les facteurs de risque pour l’histoplasmose dissรฉminรฉe progressive รฉtaient le SIDA (41 %), la transplantation d’organe solide (29 %), un traitement par anti – TNF-alpha (12 %), un รขge avancรฉ (12 %) et des traitements par dโ€™autres immunosuppresseurs (6 %).
Par ailleurs, dans un groupe de deux cent dix-huit patients avec histoplasmose confirmรฉe par un dosage sanguin d’antigรจne entre 2004 et 2007, Hage et collaborateurs (50) ont observรฉ que 72 % des malades avaient une histoplasmose dissรฉminรฉe progressive, et 28 % une histoplasmose pulmonaire (3 % histoplasmose pulmonaire aiguรซ, 21 % histoplasmose pulmonaire subaiguรซ et 4 % histoplasmose pulmonaire chronique).
Ainsi, au cours des situations non รฉpidรฉmiques, les cliniciens qui รฉvaluent les patients hospitalisรฉs pour histoplasmose avec anomalies radiologiques, devront suspecter prioritairement une histoplasmose dissรฉminรฉe. Cette distinction entre la maladie pulmonaire isolรฉe et l’infection dissรฉminรฉe est importante, aussi bien en terme de pronostic que de traitement (63, 70).

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Table des matiรจres

LISTE DES PROFESSEURS DE LA FACULTE
LISTE DES RESPONSABLES DE DISCIPLINE
DEDICACES
INTRODUCTION
RAPPEL DES CONNAISSANCES SUR L’HISTOPLASMOSE PULMONAIRE ยซย AMERICAINEย ยป
I. Historique
II. Epidรฉmiologie
III. La physiopathologie
IV. Les formes cliniques symptomatiques de l’histoplasmose
A. L’histoplasmose pulmonaire aiguรซ et subaiguรซ
B. L’histoplasmose pulmonaire cavitaire chronique
C. L’histoplasmose dissรฉminรฉe progressive
D. Manifestations chroniques de l’histoplasmose thoracique
E. L’histoplasmose chez les immunodรฉprimรฉs
F. La frรฉquence relative des diffรฉrentes formes d’histoplasmose
V. Le diagnostic
A. La culture et l’histopathologie
B. La dรฉtection d’antigรจne
C. La technique PCR
D. La sรฉrologie
E. Les tests cutanรฉs
F. Intรฉrรชt diagnostique des diffรฉrents examens
VI. Le traitement
A. Les recommandations thรฉrapeutiques
B. Histoplasmose pulmonaire aiguรซ
C. Histoplasmose pulmonaire cavitaire chronique
D. Histoplasmose dissรฉminรฉe progressive
E. Les nouveaux traitements azolรฉs
VII. La prรฉvention
A. Chez le sujet VIH+
B. En cas de traitement immunosuppresseur
LES QUATRE CAS CLINIQUES
I. Observation 1 : Madame C.
A. Anamnรจse
B. Examens initiaux
C. Evolution
II. Observation 2 : Madame S
A. Anamnรจse
B. Examens initiaux
C. Evolution
III. Observation 3 : Monsieur M.
A. Anamnรจse
B. Examens initiaux
C. Evolution
IV. Observation 4 : Madame P.
A. Anamnรจse
B. Examens initiaux
C. Evolution
DISCUSSION
I. Les donnรฉes รฉpidรฉmiologiques
II. Les signes rรฉvรฉlateurs initiaux
III. Les donnรฉes radiologiques
IV. Diagnostic, รฉvolution et traitement
A. Diagnostic
B. Evolution
C. Traitement
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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