Les fondements théoriques de la politique monétaire
FONDEMENTS THEORIQUES DE LA POLITIQUE MONETAIRE
La politique monétaire est l’un des instruments les plus importants de la politique économique, mise en oeuvre afin de faire face aux différentes conjonctures économiques. Les autorités monétaires doivent veiller à la sécurité des opérations bancaires et à la stabilité de la monnaie nationale pour avoir la confiance du public dans celle-ci. La disposition de moyens de paiement dans une économie est un facteur essentiel pour la poursuite de la croissance économique. Mais le volume de ces moyens doit être adapté aux besoins de l’économie ; d’un côté, un excès de monnaie dans l’économie conduit à la hausse des prix qui engendrent des déséquilibres de la balance des paiements et d’un autre coté, l’insuffisance de liquidités constitue un obstacle qui freine l’activité économique. A travers cette politique, les autorités monétaires souhaitent atteindre des objectifs biens précis dans le futur ; comme il est difficile de les atteindre directement, elles font recours à des objectifs intermédiaires facilement maitrisables et contrôlables. Ce chapitre est consacré à la définition de la politique monétaire, ses types, ses objectifs, ses instruments, ses canaux de transmission et enfin aux analyses économiques de la politique monétaire.
Fixité des taux de change
La fixité des taux de change consiste à maintenir la valeur d’une monnaie nationale avec une autre monnaie ou un panier de monnaie. La banque centrale intervient en achetant ou vendant des devises pour injecter ou éponger le surplus de liquidité dans le but d’atteindre le taux objectif. Dans ce cas, la banque centrale renonce un peu à l’indépendance de sa politique monétaire, car elle est soumise au triangle des incompatibilités. L’Etalon-or, qui est un système où chaque monnaie est définie par un poids d’or, peut être considéré comme un cas particulier de fixité des taux de change. Il a été abandonné depuis 1976. Un « Currency board » ou « caisse d’émission » est un autre cas particulier de la fixité des taux de change. C’est un système de gestion de l’émission de la monnaie nationale basé sur un engagement explicite de maintenir le taux de change entre la monnaie nationale et une autre devise étrangère et d’assurer une convertibilité automatique de la monnaie nationale3. Cette solution permet d’importer la crédibilité de la monnaie étrangère : les currency board sont souvent mis en place à la suite d’épisodes d’hyperinflation. Par exemple, ce système a été mis en place en Argentine en Avril 1991 afin de répondre au besoin de briser la spirale d’hyperinflation de 1988 et 19894. L’inconvénient est que ce système empêche à la banque centrale de mener une politique adaptée aux besoins de l’économie nationale.
Ciblage de la croissance des agrégats monétaires
Le ciblage de la quantité de monnaie utilise les agrégats monétaires comme une cible intermédiaire pour atteindre l’objectif final de stabilité des prix. Suite au développement du monétarisme dans les années 1970, certains pays ont adopté une politique monétaire basée sur un ciblage de la croissance des agrégats monétaires. Dans l’optique monétariste, la croissance de la masse monétaire doit être au même rythme que la croissance de produit intérieur brut (PIB) ; l’excès de monnaie en circulation engendre une inflation. Cependant dans la pratique, le ciblage de la quantité de monnaie diffère du cadre de référence de MILTON Friedman. Les études effectuées au milieu des années 1990 portant sur le comportement de la Bundesbank des vingt années antérieures montrent qu’elle ne suit pas un ciblage de la masse monétaire selon une règle stricte ; d’autres indicateurs guident son action5( par exemple variation du PIB par rapport au PIB potentiel). Les fondements monétaristes de cette politique reposent sur l’hypothèse d’existence d’une relation étroite entre la masse monétaire et l’inflation. Si la masse monétaire est sous contrôle, alors l’inflation sera stable et l’objectif de stabilité des prix sera atteint.
La vitesse de circulation de la monnaie est considérablement modifiée suite à la libéralisation financière qu’a été pratiquement à la même époque, et remet ainsi en cause la réalisation de l’objectif de stabilité des prix par le seul objectif intermédiaire de croissance de la masse monétaire. C’està- dire que la prédominance de l’agrégat cible, imposé depuis le milieu des années soixantedix, a été menacée par le processus d’innovations financières et de déréglementation qui ont affecté les relations de la monnaie avec la demande et les prix6. Dans ce nouvel environnement, la plupart des pays ont adapté leurs stratégies en cherchant des agrégats jugés plus pertinents. D’autres banques centrales ont opté pour le seul taux de change ou, plus récemment, pour une cible d’inflation au détriment de la fixation d’un objectif monétaire. La politique de ciblage de la croissance des agrégats monétaires est rarement mise en oeuvre, car elle implique mécaniquement une très grande volatilité des taux d’intérêt.
L’intervention sur le marché monétaire
Cette technique permet à la banque centrale de reprendre ou fournir des liquidités (monnaie banque centrale) aux banques en vendant ou en achetant des titres sur le marché. Les banques se retrouvent sur le marché monétaire quotidiennement pour s’échanger leurs besoins et leurs déficits de monnaie banque centrale. Une banque qu’a besoin de liquidités peut se refinancer auprès de la banque centrale, mais aussi elle peut s’adresser directement au marché monétaire, c’est en particulier le cas lorsque les taux pratiqués sur le marché monétaire sont inferieurs au taux de refinancement. Comme tout autre acteur, la banque centrale intervient sur le marché monétaire. La banque centrale européenne (BCE) par exemple est un acteur très important sur le marché, elle peut orienter les prix ou les quantités, il s’agit pour le marché monétaire du taux d’intérêt ou de la quantité de monnaie banque centrale. Si par exemple les autorités cherchent à faire baisser le taux d’intérêt, la BCE achète massivement des créances (bons de trésor possédés par les banques) et distribue en contre partie une monnaie supplémentaire ; cette offre nouvelle de monnaie sur le marché monétaire favorise une diminution des taux. Si les autorités désirent ralentir la création monétaire des banques, la BCE vend des titres (bons de trésor par exemple) aux banques qui cèdent alors de la monnaie banque centrale (celle-ci est « détruite » par la banque centrale), ce qui réduit la possibilité d’accorder des crédits par les banques. Il faut néanmoins préciser que les banques cèdent leurs ressources en monnaie centrale car la rémunération des titres qu’elles achètent est élevée (on retrouve bien ainsi la hausse des taux d’intérêt sur le marché monétaire)24
Canal large du crédit (canal du bilan)
Une entreprise a deux sources de financement, soit finance par elle-même ses investissements (autofinancement) qu’est une finance interne, soit elle fait recours au financement externe (crédits bancaires et marché financier). Chaque mode de financement a ses contraintes en particulier ce qui concerne le coût de financement et la facilité d’accès au crédit. Un agent rationnel choisit le financement le moins cher et le moins contraignant ; les prêteurs doivent opter pour un placement sûr et plus rémunérant et maximiser leurs gains. Sur le marché de crédit, la relation entre le prêteur et l’emprunteur se heurte des problèmes de type informationnels. La réalisation d’une opération de financement fait que les agents prêteurs exigent des garanties aux emprunteurs lorsque ces derniers présentent un risque de non remboursement. Ce risque apparaisse lorsqu’il ya une asymétrie de l’information, l’emprunteur est mieux informé que le prêteur sur le projet d’investissement. Le prêteur engage donc des dépenses supplémentaires lui permettant d’éviter ce problème concernant l’information, on parle alors de la prime de risque ou prime d’agence. Cette dernière suppose donc un accroissement du coût de financement externe par rapport au financement interne. La différence du coût est appelée prime de financement. L’existence de ces imperfections pèse sur les structures financières des entreprises, sur leurs décisions de financement et sur leurs comportements de stockage.
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Table des matières
Liste des abréviations
Sommaire
Introduction générale
Chapitre 1 : Les fondements théoriques de la politique monétaire
Section 1 : Définition et types de la politique monétaire
1-1Définition de la politique monétaire
1-2 Les types de la politique monétaire
1-2-1 Fixité des taux de change
1-2-2 Ciblage de la croissance des agrégats monétaires
1-2-3 Ciblage de l’inflation
1-2-3-1 Les avantages de la politique de ciblage de l’inflation
1-2-3-2 Les inconvénients de ciblage de l’inflation
Section 2 : Les objectifs de la politique monétaire
2-1 Les objectifs finaux
2-1-1 La stabilité des prix
2-1-2 La croissance économique
2-1-3 Le plein emploi
2-1-4 L’équilibre extérieur
2-2 Les objectifs intermédiaires
2-2-1 Le niveau des taux d’intérêt
2-2-2 La croissance des agrégats monétaires et de crédit
2-2-3 Le niveau du taux de change
Section 3 : Les instruments de la politique monétaire
3-1 Les instruments directs
3-1-1 L’encadrement du crédit
3-1-2 La sélective de crédit
3-2 Les instruments indirects
3-2-1 Le refinancement
3-2-2 Les réserves obligatoires
3-2-3 L’intervention sur le marché monétaire
Section 4 : Les canaux de transmission de la politique monétaire
4-1 Canal du taux d’intérêt
4-2 Canal du taux de change
4-3 Canal du crédit
4-3-1 Canal large du crédit
4-3-2 Canal étroit du crédit
4-4 Canal du cours de l’action et Q de Tobin
Section 5 : Les analyses économiques de la politique monétaire
5-1 La théorie classique de la monnaie : la neutralité de la monnaie
5-2 Analyse Keynésienne
5-3 Le monétarisme
Conclusion
Chapitre 2 : La conduite de la politique monétaire en Algérie
Section 1 : La politique monétaire durant la période de gestion administrative de l’économie 1962-1989
1-1 La période 1962-1970
1-1-1 La période 1962-1966
1-1-2 La période 1966-1970
1-2 La conduite de la politique monétaire en économie de planifiée 1970-1989
1-2-1 La période 1970-1978
1-2-2 La période 1978-1986
1-2-3 La période 1986-1989
Section 2 : La conduite de la politique monétaire durant la période de transition vers l’économie de marché
2-1 La politique monétaire dans le cadre de la loi sur la monnaie et le crédit (LMC)
2-1-1 Les objectifs de la LMC
2-1-2 Les implications de la LMC
2-1-3 L’indépendance de la BCA dans le cadre de la LMC
2-1-4 L’orientation de la politique monétaire
2-2 La politique monétaire durant la période de stabilisation macro-économique et d’ajustement structurel 1994-1998
2-2-1 Les mesures prises par le FMI dans le cadre de ses accords
2-2-2 La nouvelle orientation de la politique monétaire
Section 3 : La conduite de la politique monétaire en économie de marché
3-1 L’évolution du cadre légal de la politique monétaire
3-2 Les instruments de la politique monétaire
Conclusion
Chapitre 3 : La conduite de la politique monétaire en période d’excès de liquidité
Section 1 : Contexte macro économique de 2000-2014
1-1 La croissance économique
1-2 Les exportations des hydrocarbures
1-2 La dette extérieure
1-4Les réserves de change
1-5 Finances publiques
1-6 Fonds de régulation des recettes
1-7 Masse monétaire et les crédits
1-8 La balance des paiements
1-9 Le taux de chômage
Section 2 : Les instruments de la politique monétaire de la Banque d’Algérie
2-1 Les réserves obligatoires
2-2 Les reprises de liquidités
2-3 La facilité de dépôts rémunérés
Section 3 : Les objectifs de la politique monétaire
3-1 L’objectif final
3-2 Les objectifs intermédiaires
3-2-1 Evolution de la masse monétaire
3-2-2 Crédit à l’économie
Conclusion
Conclusion générale
Annexes
Liste des illustrations
Bibliographie
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