Les fonctions des troubles du comportement
Notion de systรฉmique
Pour ce travail, nous voulons garder une approche systรฉmique. Il nous semble important dรจs lors de rappeler les composantes de cette approche. Pour ce faire, nous nous appuyons sur des ouvrages connus et dรฉjร travaillรฉs en classe pour certains. Nous commenรงons par reprendre les bases de la pensรฉe systรฉmique et ce quโelle implique en accord avec lโouvrage dโOlivier Amiguet et de Claude Julier ยซ Lโintervention systรฉmique dans le travail social, Repรจres รฉpistรฉmologiques, รฉthiques et mรฉthodologiques ยป. Nous lierons ensuite le contexte scolaire et celui de la violence sous un regard systรฉmique ร lโaide des ouvrages de Micheline Christen ยซ Vivre sans violence ? : dans les couples, les institutions, les รฉcoles ยป et de Chiara Curonici ยซ Des difficultรฉs scolaires aux ressources de lโรฉcole : un modรจle de consultation systรฉmique pour psychologues et enseignants ยป.
La thรฉorie du systรจme gรฉnรฉral Bertalanffy est le crรฉateur de la thรฉorie du systรจme gรฉnรฉral. Elle repose sur cinq principes que voici :
โข le principe de systรจme et de sous-systรจme : un systรจme inclut des sous-systรจmes et est lui-mรชme compris dans un systรจme plus vaste. Nous pouvons facilement prendre lโexemple de lโรฉcole secondaire en disant que les รฉlรจves de premiรจre annรฉe est un systรจme qui comporte des sous-systรจmes (classe) et qui est inclus dans un systรจme plus vaste qui est lโensemble des รฉlรจves de lโรฉtablissement.
โข Le principe de totalitรฉ : chaque รฉlรฉment du systรจme est reliรฉ aux autres et sโil se modifie, il modifie le systรจme. Par exemple, dans une classe, si le professeur se montre plus autoritaire, les รฉlรจves rรฉagiront au changement en modifiant leur comportement.
โข Le principe de non-sommรขtivitรฉ : la somme des caractรฉristiques des รฉlรฉments ne peut dรฉfinir le systรจme. La classe ne peut pas se dรฉfinir ร partir dโune liste de caractรฉristiques de ses รฉlรจves. De mรชme, lโagressivitรฉ de lโun des รฉlรจves ne peut pas se comprendre seulement ร partir de la classe.
โข Le principe dโรฉquifinalitรฉ : ce qui est dรฉterminant dans un systรจme, ce sont ses paramรจtres dโorganisation. Dans ยซ Une logique de la communication ยป, P. Watzlawick dit ยซ Non seulement des conditions initiales diffรฉrentes peuvent produire le mรชme rรฉsultat final, mais des effets diffรฉrents peuvent avoir les mรชmes causes ยป (Lebbe-Berrier, 1998, p.37, citรฉ par Amiguet et Julier, 2014, p.39). En exemple, il ne suffit pas dโรชtre un garรงon obtenant de mauvais rรฉsultats scolaires pour devenir violent avec ses camarades. Dans lโautre sens, tous les enfants violents avec leurs camarades ne sont pas des garรงons obtenant de mauvais rรฉsultats scolaires.
โข Le principe dโautorรฉgulation : le systรจme se transforme et se stabilise ร la fois. Lโhomรฉostasie est un mรฉcanisme qui stabilise le systรจme et lโhรฉtรฉrostasie est un mรฉcanisme qui pousse ร la croissance et au changement. Pour faire le lien avec le systรจme classe, un enseignant qui proposerait une nouvelle maniรจre dโenseigner serait un mรฉcanisme hรฉtรฉrostasie tandis quโun enseignant qui nโenvisagerait pas dโรฉvolution dans les enseignements serait un mรฉcanisme homรฉostasie (Amiguet et Julier, 2014). Pour finir, lโapproche systรฉmique est gรฉnรฉrale et ne se limite pas ร un type dโorganisation. Certains systรจmes se ressemblent par leur forme ou leurs รฉlรฉments structurels, cโest ce qui sโappelle lโisomorphisme. Par exemple, dans le systรจme familial un membre porte lโautoritรฉ tout comme dans un groupe dโenfants. Bien sรปr, dโautres รฉlรฉments que nous ne dรฉveloppons pas ici constituent encore la thรฉorie du systรจme gรฉnรฉral.
La thรฉorie de la communication
Selon lโรฉcole de Palo Alto (courant de pensรฉes datant des annรฉes 1950 ร lโorigine de la thรฉrapie familiale qui comprend le sujet dans son systรจme et non comme un รชtre isolรฉ), il y a plusieurs caractรฉristiques ร la pragmatique de la communication. Tout dโabord, son objet dโรฉtude est lโeffet de la communication sur le comportement. Le principe est que tout comportement est une communication. Ensuite, la communication suit des rรจgles repรฉrables dans lโinteraction entre lโรฉmetteur et le rรฉcepteur. Cette interaction est faite de plusieurs messages qui peuvent รชtre รฉtudiรฉs selon la thรฉorie du systรจme gรฉnรฉral et ses diffรฉrents principes. De plus, le processus de communication est une suite de rรฉtroactions, cโest-ร -dire que le comportement prรฉsent est une rรฉaction du prรฉcรฉdent et agit sur le suivant. Cela implique que tout comportement prend son sens dans un contexte. Par exemple, le normal et le pathologique sont relatifs, car un comportement normal peut รชtre considรฉrรฉ comme pathologique selon son contexte et inversement (Amiguet et Julier, 2014). Cette รฉcole a aussi รฉtudiรฉ le concept du paradoxe dans la communication et le double lien dans une relation. Il sโagit dโune relation malsaine oรน les messages sont des injonctions paradoxales. Il est alors impossible de donner une rรฉponse satisfaisante ร ce message. Concrรจtement dans le travail social, cela peut รชtre un รฉducateur qui demande ร son rรฉfรฉrรฉ dโรชtre plus autonome. Le seul fait quโil le dise rend la demande impossible (Amiguet et Julier, 2014).
Les repรจres mรฉthodologiques
Il existe huit repรจres mรฉthodologiques dรฉcrits dans lโouvrage dโAmiguet et Julier : le cadre, le contexte, la demande, le jeu relationnel, le prรฉconstruit, la pression, le symptรดme et le temps. Le cadre est lโespace ร lโintรฉrieur duquel se dรฉroule la rencontre. Il offre ร chacun une sรฉcuritรฉ, dรฉfinit une marge de manoeuvre. Poser un cadre est une faรงon de dรฉfinir la relation. Le cadre comprend par exemple la dรฉfinition de ce qui est confidentiel ou non, le mandat, les objectifs, les contraintes, les attentes et toutes les rรจgles de collaboration. Dans le systรจme ยซ classe ยป, le cadre est aussi bien la disposition des bureaux que les horaires des cours, les rรจgles de communication, les objectifs de la classe, etc. (Amiguet et Julier, 2014). Le contexte est ce qui donne sens ร ce quโil se passe et qui indique comment il convient de se comporter. Le contexte explicite le sens de la rencontre, le climat dans lequel elle se dรฉroule et les frontiรจres du systรจme.
Par exemple, le contexte de la rencontre entre lโenseignant et les รฉlรจves est un cours de mathรฉmatique, dans une classe, dans un climat favorable au travail, cโest-ร -dire silencieux et respectueux, et pour finir ce contexte implique un certain comportement de la part des รฉlรจves ainsi que de lโenseignant (Amiguet et Julier, 2014). La demande provient du client direct. Il faut la distinguer de la commande, faite par un tiers (membre de la famille, employeur, enseignant, etc.), et du mandat, fait par un organe capable de contraindre le travailleur social ร intervenir (juge, service administratif, autre service social, etc.). La demande est construite par le client alors que la collaboration avec le travailleur social a dรฉjร commencรฉ. Le travailleur social doit savoir quelle est la demande, qui est lโauteur de la demande, qui est le destinataire, quelles personnes implique-t-elle et ce quโelle vise (Amiguet et Julier, 2014).
Le jeu relationnel dรฉsigne le mode relationnel qui sโinstaure entre plusieurs personnes dans un contexte donnรฉ. Faire attention au jeu relationnel permet de prendre en compte les personnes prรฉsentes et leur systรจme dโappartenance respectif. Il propose une lecture des relations dans un systรจme donnรฉ qui peut รชtre exprimรฉ par un organigramme relationnel. Celui-ci informe sur le rรฉseau relationnel, les alliances, les conflits, les ruptures et lโespace relationnel de chacun. Nous pouvons y trouver leur statut, le rรดle jouรฉ et le rรดle attendu et la fonction de la relation (Amiguet et Julier, 2014). Les prรฉconstruits renvoient aux prรฉjugรฉs et aux croyances qui sont influencรฉs par nos valeurs, nos reprรฉsentations et notre expรฉrience. Ils font partie de la rรฉalitรฉ de second ordre que nous avons dรฉveloppรฉ dans la notion de constructivisme, cโest-ร -dire la valeur et la signification que nous donnons aux faits. Le prรฉconstruit est alors lโensemble des reprรฉsentations que nous avons sur autrui avant mรชme de le rencontrer.
Cela vaut aussi bien pour le client que pour le travailleur social. Par exemple, le client se fait dรฉjร une idรฉe de ce quโest un travailleur social, de ce que doivent รชtre la rencontre et la suite de la collaboration (Amiguet et Julier, 2014). Les pressions sont toutes les maniรจres de dicter ce quโil convient de faire ร une personne. Elles peuvent รชtre explicites, implicites, exercรฉes directement ou indirectement. La notion de pression est cependant subjective puisquโelle dรฉpend du ressenti de chacun. Nรฉanmoins, il y a toujours une sorte de pression, car mรชme si nous dรฉcidons de rester en dehors de la situation pour ne pas lโinfluencer, nous obligeons lโautre personne ร dรฉcider seule, ce qui est finalement une pression. Le contexte du travail sous mandat peut รชtre source de pression, tout comme le contexte du travail social lui-mรชme, par les structures des services, les mythes et les idรฉologies professionnelles et individuelles. Cet ouvrage propose une ยซ carte des pressions exercรฉes ยป pour faire face et accepter les pressions. Elle est composรฉe de quatre zones : pressions qui viennent de lโinstitution/rรฉseau professionnel, qui viennent du client, qui viennent de mon contexte privรฉ et qui viennent de moi-mรชme (Amiguet et Julier, 2014).
|
Table des matiรจres
Remerciements
Prรฉcisions
Rรฉsumรฉ
Mots-clรฉs
Table des matiรจres
Tableau des illustrations
1. Introduction
2. Cadre thรฉorique
2.1 Contexte scolaire
2.1.1 Histoire et rรฉformes
2.1.2 Organisation et niveaux
2.1.3 Aides financiรจres et รฉducatives
2.1.4 Ce quโil faut retenir
2.2 Notion de systรฉmique
2.2.1 La pensรฉe systรฉmique
2.2.2 La thรฉorie du systรจme gรฉnรฉral
2.2.3 La thรฉorie de la communication
2.2.4 Le constructivisme
2.2.5 Les repรจres mรฉthodologiques
2.2.6 La systรฉmique et le contexte scolaire
2.2.7 Les acteurs du systรจme-รฉcole
2.2.8 La collaboration avec lโรฉcole
2.2.9 Les fonctions des troubles du comportement
2.2.10 Ce quโil faut retenir
2.3 Le Harcรจlement
2.3.1 Dรฉfinition
2.3.2 Les diffรฉrentes formes
2.3.3 Le contexte du harcรจlement
2.3.4 La dynamique
2.3.5 La victime
2.3.6 Le harceleur
2.3.7 Le tรฉmoin
2.3.8 Le cadre lรฉgal suisse
2.3.9 Ce quโil faut retenir
2.4 Consรฉquence sur le dรฉveloppement de lโadolescent
2.4.1 Rappel du dรฉveloppement de lโadolescence
2.4.2 Le harcรจlement en pรฉriode dโadolescence
2.4.3 La victime
2.4.4 Le harceleur
2.4.5 Le tรฉmoin
2.4.6 Ce quโil faut retenir
2.5 Le harcรจlement genrรฉ
2.5.1 Ce quโil faut retenir
2.6 Le cyberharcรจlement
2.6.1 Dรฉfinition
2.6.2 Les diffรฉrentes formes de cyberharcรจlement
2.6.3 Caractรฉristiques
2.6.4 Le harceleur
2.6.5 La victime
2.6.6 Le tรฉmoin
2.6.7 Dix choses ร savoir sur le cyberharcรจlement
2.6.8 Ce quโil faut retenir
2.7 Rรดle du travailleur social
2.7.1 Travailleur social
2.7.2 Prรฉvention
2.7.3 Ce quโil faut retenir
3. Mรฉthodologie
4. Analyse des donnรฉes
4. 1 Analyse des questionnaires
4.1.1 Les perceptions des adolescents
4.1.2 Les types de personnes (Qualitรฉ, dรฉfaut, trait de caractรจre)
4.1.3 Les consรฉquences
4.1.4 Les genres
4.1.6 Le cyberharcรจlement
4.1.7 Les moyens mis en place contre le harcรจlement
4.2 Les pistes dโaction
4.2.1 Dan Olweus
4.2.2 Bellon et Gardette
4.2.3 Hรฉlรจne Romano
4.2.4 Nicole Catheline
4.2.5 Michele Elliott
4.2.6 Gava et de Tarlรฉ
4.2.7 Ce quโil faut retenir
5. Conclusion
5.1 Les hypothรจses
5.2 La question de recherche
5.3 Les pistes dโaction
5.4 Avis personnels
5.5 Pour conclure
6. Bibliographie
7. Cyberographie
8. Brochures
9. Cours
10. Crรฉdits photo
11. Annexes
11.1 Questionnaire dโentretien
11.2 Grille de traitement des donnรฉes
Tรฉlรฉcharger le rapport complet