LES FONCTIONS DE L’ARBRE DANS LE PARKING DES GRANDES ENSEIGNES
L’arbre et le parking…
Le parking apparaît avec la généralisation de l’automobile au début du vingtième siècle, il est immédiatement conçu comme un espace où l’unique fonction est le stationnement. Neutre, abstrait, généralisé, sans attaches géographiques ; autant de caractéristiques qui semblent rattacher sa conception à la doctrine moderniste. Le parking a pris une place considérable dans nos paysages urbains, depuis la deuxième moitié de XXe siècle, avec l’apologie de la voiture. De nombreux espaces sont dédiés à la voiture : dans les rues commerçantes, au pied des édifices administratifs, dans les quartiers pavillonnaires, dans les entreprises privées… On crée le parking pour satisfaire la demande de l’automobiliste, le citoyen moyen. Il faut composer avec la voiture pour le développement de notre société, même si depuis une trentaine années on prend conscience que la voiture pollue. Dès leur émergence, dans les années 60, les grandes surfaces commerciales ont été de grandes consommatrices du parking. Elles sont souvent implantées en marge des agglomérations, en un lieu bien fréquenté, qui offre de vastes espaces de stationnement. Ces grandes enseignes ont souvent fidélisé leur clientèle par leur situation géographique, leurs prix promotionnels et une offre abondante en parc de stationnement. Pendant trente ans, les prix discounts ont constitué l’unique argumentaire des grandes enseignes et leur a assuré une progression fulgurante et régulière. Jusqu’à ce que leurs clients se tournent vers d’autres enseignes ou certains magasins spécialisés qui vendent les mêmes produits souvent plus chers. La grande distribution fonde sa stratégie sur de fausses évidences. Toutes les études montrent clairement que les consommateurs ne privilégient pas toujours les magasins les moins chers. Aujourd’hui ces enseignes font face à une forte concurrence. Il faut fidéliser le client par d’autres moyens. Michel Raffoul montre à travers sa série d’articles sur la reconquête des clients par les magasins de la grande distribution, que les grandes enseignes traversent une crise d’identité majeure. Leurs dirigeants de grandes enseignes s’attachent désormais à décrypter le désir inconscient de leurs clients. Le parking représente un enjeu majeur, car il est la porte d’entrée de cette espace. Le parking constitue un lieu privilégié qui donne l’image de l’enseigne.
Michel Raffoul souligne, « il faut mettre en scène un objet au service d’une atmosphère, d’un style, d’un mode de vie – voire d’idées écologiques ; une véritable image de soi dans laquelle le client souhaite se reconnaître. ». Dans ce sens, l’arbre pourrait être cet objet qui pourrait mettre en scène cet espace, car l’arbre par ses symboles et son esthétisme concoure à donner une certaine valeur à ces espaces morne et neutre de toute vie végétale. A l’heure du développement du jeu de la concurrence, il devient important de proposer un nouveau scénario. Il ne faut plus uniquement baser sa stratégie commerciale sur les offres promotionnelles. On doit aussi offrir au client un environnement de qualité. Le client doit se sentir bien dans ces espaces, où 80% des ménagères affirment perdre leur temps . On utilise de nombreux artifices tels que les matériaux, les couleurs, la musique, les odeurs, la végétation pour agrémenter ces espaces extérieurs. Les symboles de l’arbre sont employés dans ces aménagements extérieurs pour enrichir une stratégie commerciale basée sur l’attractivité de la clientèle. Michel Fouquet montre à travers ses études sur « le comportement des clients dans les espaces commerciaux » que cette démarche porte le nom de « marketing ». Ces magasins concentrent ainsi leurs efforts pour répondre ou anticiper les désirs du consommateur. Michel Fouquet démontre que « l’immatériel permet à la fois de fidéliser les clients, de favoriser le passage à l’acte d’achat impulsif sur les produits à forte marge […] en surfant sur une tendance porteuse : l’écologie, l’exotisme, le terroir, le retour aux valeurs « vraies »», Ces premiers constats alimentent une première hypothèse : l’arbre des parkings est un outil de marketing au service du magasin. Afin d’illustrer cette première hypothèse, il semble donc nécessaire de définir l’action de l’arbre sur les comportements humains.
LES ACTIONS SUR LE PSYCHISME, ENTRE NOSTALGIE ET SYMBOLISME
Les aménagements extérieurs utilisent des végétaux sélectionnés pour leurs couleurs, leurs formes, leur floraison, et parfois pas leurs odeurs. Ils contribuent à créer une ambiance douce et rassurante.
L’arbre, témoin de l’histoire
« … l’arbre a toujours été étroitement lié aux croyances et aux espoirs des hommes.» Robert Bourdu, Arbres souverains, 1988. « Trait d’union entre le ciel et la terre nourricière, image de la verticalité », l’arbre a joué un rôle remarquable dans l’imaginaire des hommes : arbre de dieu, arbre de la connaissance, arbre de la vie, arbre de la liberté d’autrefois, … Aujourd’hui, ces symboles ont perdu de leur force. Mais il reste encore présent dans nos pensées. Car l’homme garde au creux de sa mémoire les traces, les rites et les croyances du passé. Il sait protéger les vestiges de la tradition. Il n’a cessé d’associer l’arbre à son histoire, à sa culture afin de rechercher l’inspiration, le réconfort ou le repos. L’arbre à travers les siècles a marqué l’histoire et les mentalités. Plantés par des personnages célèbres ou témoins de leur disparition, les arbres accompagnent l’histoire des hommes. Aujourd’hui encore, la tradition de l’arbre commémoratif conserve sa vitalité. On plante un arbre pour célébrer un événement, une inauguration, un personnage ou un acte politique et pour en perpétuer le souvenir. En 1989, les 36 000 communes françaises ont tout naturellement planté « l’arbre de la liberté » pour célébrer le bicentenaire de la Révolution de 1789.
L’arbre, élément vivant du paysage urbain
« Les arbres constituent toujours un extraordinaire réservoir de bienfaits sociaux au service de la population. » Des études éthologiques assez anciennes, ont démontré l’influence des couleurs sur le comportement des humains. Ainsi, le vert et le bleu du feuillage sont reconnus pour leurs vertus apaisantes. La succession des stades biologiques de l’arbre (fleuraison, feuillage, fructification) réintroduit dans la ville la notion de cycle de vie et de rythme de la nature. Aux yeux de l’homme qui en perçoit la croissance et les cycles, l’arbre est manifestement lié à l’écoulement du temps. Il est un véritable stimulant pour l’homme. A la sortie de l’hiver, les premières fleurs, feuilles de mars impulsent un sentiment de bien être lié à la renaissance des arbres. Cette saison offre un panel de couleurs extraordinaires passant du vert tendre des jeunes pousses, au tapis de fleurs blanches et roses des arbres de la famille des Rosacées. L’homme suit ainsi ce cycle au fil des mois et profite notamment en été de la fraîcheur et de l’ombre qu’offre leur houppier et en automne des fruits, des couleurs vives puis mornes qui sont la porte d’entrée de l’hiver.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. Les Fonctions de l’arbre dans le parking des grandes enseignes
1. Les actions sur le psychisme, entre nostalgie et symbolisme
2. Les principales fonction de l’arbre dans le parking des magasins
II. L’arbre dans le projet
1. Les dispositions juridiques
2. Le parti aménagement
3. Conclusion
III. Etude de cas
1. Contexte de lieu d’étude
2. Etudes de terrain
3. Synthèse
4. Conclusion
IV. Les substituants de l’arbre
1. L’arbre artificiel
2. Les abris de voiture
3. Les abris de voiture pergola
4. Conclusion
CONCLUSION
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