Les films d’animation et l’école
Le film d’animation, appelé également cinéma d’animation est une illusion d’optique qui permet au cerveau humain de reconstituer un mouvement grâce au défilé de plusieurs images. La réalisation d’un film d’animation repose alors sur la technique qu’est « l’image par l’image ». On demandera au réalisateur de faire évoluer son personnage dans un même décor, en ne modifiant que très légèrement ses mouvements. Il faudra prendre une multitude de photos qui ne présenteront que très peu de différence mais qui permettront de créer du mouvement. Il s’agit alors d’un travail qui s’opère sur une longue durée, sollicitant de la rigueur.
Maintenant il s’agit de voir quel est l’apport pédagogique qui découlera de la réalisation d’un film d’animation à l’école primaire. À l’école primaire, nombreux seront les projets qui permettront de mettre en lien les disciplines. Notons alors comme définition que « le film d’animation est l’alliance du cinéma et des arts plastiques, le sujet filmé est toujours une création sortie de l’imagination » . Le film d’animation est donc un projet visant à l’acquisition de diverses compétences auprès des élèves, on parlera de projet pluridisciplinaire. En effet, interviendront dans la démarche de réalisation d’un film d’animation des compétences propres aux arts visuels, au français (essentiellement avec la production d’écrits), à l’histoire des arts pour parler de l’origine du cinéma, aux mathématiques pour calculer le nombre de photos nécessaires à la réalisation d’un film, ainsi qu’au numérique pour mettre en parallèle du film des extraits audio (travail sur le droit d’utilisation de la musique). Ainsi, les élèves par le biais du film d’animation solliciteront plusieurs compétences qui figurent dans le Bulletin officiel de l’Education Nationale .
Réaliser un film d’animation, c’est aussi amener l’élève à travailler en groupe, à collaborer et coopérer, et par conséquent travailler les compétences relatives au Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Cultures. Ce type de projet pluridisciplinaire va permettre aux élèves de donner du sens aux apprentissages.
La réalisation d’un film d’animation avec des élèves de cycle 3
Pour réaliser un film d’animation, plusieurs techniques peuvent être utilisées, et certaines d’entre elles peuvent être réalisées par des élèves du cycle 1 au cycle 3. Au cycle 1, à savoir la maternelle, il faudra privilégier le dessin animé qui ne nécessite pas la réalisation en perspective des objets et des personnages, à l’inverse des techniques pouvant être employées dès le cycle 2 : pâte à modeler ; personnages réels ; théâtre ; papiers découpés…
Malgré des techniques qui se veulent différentes, le cheminement permettant d’aboutir à la réalisation d’un film d’animation reste le même. Un exemple de déroulement est présenté dans le dossier « LE CINÉMA D’ANIMATION A L’ECOLE PRIMAIRE », de l’académie de Poitiers 5. Ce dernier propose des étapes claires et adaptées pour des élèves de cycle 3 (Annexe 20). Au vu de ces étapes, il m’a semblé intéressant de partir sur la réalisation d’un stop motion afin de réaliser le film de la classe. Notons ainsi que le projet ne pourra commencer que par l’écriture de l’histoire par le biais d’un storyboard. Pour limiter le champ du possible quant aux histoires qui seront réalisées par les élèves, il faut restreindre le choix pour le décor, pour les personnages… Nous pourrions supposer que réduire les possibilités des élèves dans la réalisation de l’histoire reviendrait à réduire leur imagination et ainsi le processus de créativité, mais il n’en est rien.
Il s’agira par la suite de faire une analyse des propositions de chacun, ici les modalités de mise en commun sont diverses : en petits groupes ou groupe classe. C’est une étape au cours de laquelle il est judicieux de penser le choix de l’histoire en fonction du matériel qui est à disposition dans la classe, mais également en vue du matériel qui pourra être sollicité pour réaliser le film. En fonction du niveau de classe et de l’attente du projet final, il peut être envisagé de faire le projet à plat, ou à la verticale (passer à la verticale permettra à des élèves de cycle 3 d’aller vers les attendus de fin de cycle, notamment avec le travail de la 3D).
La différence à l’école
La différence au sein d’une classe, d’une école a toujours été présente : que ce soit d’un point de vue culturel, social ou même cognitif. Comme le disait Albert Memmi : « être, c’est être différent ». Force est de constater que la différence conduira à un sentiment de rejet de la part des élèves. En tant que professeur des écoles, il faut apprendre avec cette différence, et non pas la laisser de côté. Bachet disait qu’il fallait diversifier sa propre pédagogie afin de s’en appuyer. Nous parlerons alors de la pédagogie différenciée, longtemps prônée par Philippe Meirieu. Celle-ci prend en compte les différences de chacun pour s’appuyer dessus, et non pas réduire l’hétérogénéité qu’elles emmènent. Nous pouvons retrouver plusieurs formes de différenciation :
– Que ce soit une différenciation du processus d’apprentissage
– Une différenciation du contenu et de la mise en forme (supports utilisés, longueurs des textes,….) .
Aujourd’hui, le sujet de la différence peut être travaillée avec les élèves, avec des débats à visée philosophique, des discussions en groupes, la réalisation d’un affichage. Travailler sur la différence et la tolérance de chacun revient à travailler les valeurs de la République Française via l’éducation morale et civique. Ainsi, bien que la différence soit un sujet qui reste sensible pour certains, la travailler dès le cycle 1 permet aux élèves d’acquérir les compétences du Socle commun de connaissances, de compétences et de culture, au vu de la formation de jeunes citoyens. Plusieurs supports seront mis à disposition des enseignants, pour travailler sur les différences du cycle 1 au cycle 3.
Des exemples de différences
Au sein d’une même classe nous pouvons trouver une diversité de différences, qui viendront enrichir le groupe classe.
La différence physique, très présente dans les livres jeunesse et films d’animation, sera plus connue par un ensemble d’élèves, du simple fait que c’est une différence que nous percevrons plus facilement . En effet, cette dernière étant liée à notre apparence physique, elle devient alors plus facilement perceptible pour des enfants, pour qui la différence n’est pas forcément un sujet maitrisé. Nombreux seront les détails physiques qui nourriront cette dernière, que ce soit la couleur de peau, la taille, la corpulence, la couleur des cheveux, un handicap physique, un handicap mental et moteur… La différence culturelle vient elle aussi nourrir une classe. En effet aujourd’hui les élèves seront tous issus de milieux différents. Il y aura donc dans une classe une multitude d’origines, de cultures et de religions. Cette différence est aussi abordée dans des films d’animation et des albums de jeunesse. En partant de tels supports, la différence reste une thème compliqué à aborder avec des élèves. Malgré cela, c’est la différence qui amène le plus de discriminations au sein de notre société.
Au sein d’une même classe, nous pouvons constater que les élèves ne reçoivent pas une même éducation, cette dernière est généralement due aux ressources, aux revenus ou à la scolarité vécue des parents. Nous parlerons de différence sociale, qui est bien la différence qui ressort le plus dans une école, mais il faut constater que c’est la différence qui est la moins perçue par des enfants. On pourrait s’interroger sur ce constat quelque peu étonnant, pourquoi cette différence est-elle moins perçue par des élèves ? Force est de constater que pour des enfants, la différence la plus marquante n’est autre que la différence physique, qu’ils peuvent voir à l’oeil nu, alors que la différence sociale est ressentie par les élèves mais pas identifiée comme telle. Pour finir sur les exemples de différences au sein d’une classe, nous retrouvons la différence de genre, qui est chez les élèves de l’élémentaire, une source d’inégalités. Il faut travailler dès le plus jeune âge sur cette dernière afin de permettre aux élèves d’être tolérant les uns avec les autres.
Ces exemples de différences nous permettent d’être qui nous sommes, sans ces dernières il n’y aurait pas de diversité. Et pourtant, la diversité est la plus grande des richesses, ainsi nos connaissances sont toutes différentes et de ce fait toutes complémentaires. Il nous faut donc éduquer à la tolérance. Pour éduquer à cette tolérance, une discussion à visée philosophique permettrait à chaque élève de s’emparer du sujet de la différence. Ainsi, il nous faudra amener les élèves vers un travail de groupe. Le prochain paragraphe nous permettra donc de définir ce qu’est la pédagogie de groupe.
La pédagogie de groupe
La pédagogie de groupe, ou travail de groupe, consiste à faire travailler les élèves en équipe. Ils coopéreront afin d’accéder aux différents savoirs. Pour Sylvain Connac, le travail de groupe a un objectif de construction collective dans laquelle les élèves doivent se sentir au mieux et ne pas éprouver un sentiment de mal-être. L’enseignant choisit de mettre en place un travail de groupe en proposant une situation didactique dans laquelle les élèves seront mis face à une situation problème. L’objectif premier est de faire naitre un conflit sociocognitif. À la fin de ce travail de groupe, chaque élève se sera approprié le problème. D’après Marie Christine Toczek : « plus un élève est mélangé avec d’autres élèves travaillant sur la même activité, plus il sera performant » . Norman Triplett, Robert Zajonc (psychologue) et Pascal Huguet (directeur de recherches) parleront de coaction. Les résultats de ces modalités de travail ne sont que positifs pour l’ensemble des élèves, comme le dira Marie-Christine Toczek : “De nombreux travaux s’accordent à souligner les effets positifs pour tous les élèves de ce dispositif d’enseignement, aussi bien au niveau des performances intellectuelles qu’au niveau comportemental.” Aussi, intéressons-nous aux modalités qui viendront faire de ce travail de groupe un travail efficace dans lequel l’élève apprendra.
Les modalités permettant au travail de groupe d’être efficace
Marie-Christine Toczek définit dans son article plusieurs éléments de base pour mettre en place un dispositif d’apprentissage coopératif (travail de groupe) qui soit positif. Il ne résultera du travail de groupe que de bons résultats si, et seulement si, les élèves perçoivent qu’ils ont besoin les uns des autres, et que par conséquent la coopération devient centrale dans un tel dispositif. Notons par ailleurs que le professeur des écoles doit fixer un but commun, afin qu’il entrevoit la tâche qu’ils auront à réaliser.
Dans un groupe, chacun des élèves devra avoir un rôle qui lui sera propre afin d’accomplir une des tâches. Accorder à chacun une responsabilité face au travail de groupe facilitera la mise en action des élèves. Le travail en groupe représente donc une activité d’apprentissage importante, faisant intervenir les compétences que nous retrouvons dans les programmes mais aussi les compétences du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, en vue de la formation des citoyens de demain. Les échanges représentent la base des apprentissages. D’autres facteurs, que nous verrons ci-dessous, favoriseront les apprentissages dans le travail de groupe.
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Table des matières
Introduction
I. Cadre théorique
1. Les films d’animation et l’école
La réalisation d’un film d’animation avec des élèves de cycle 3
2. La différence à l’école
Des exemples de différences
3. La pédagogie de groupe
a) Les modalités permettant au travail de groupe d’être efficace
Les facteurs favorisant la réussite du travail de groupe
Pourquoi le travail de groupe ne fonctionne pas
b) La constitution des groupes de travail
c) Le rôle du professeur des écoles lors d’un travail de groupe
II. Protocole expérimental
1.Description
2. Les pré requis
3. Présentation de la séquence
III. Analyse des résultats
1. Le questionnaire pour entrer dans la séquence
a) Présentation du questionnaire
b)Le choix des questions
c)Les analyses du premier questionnaire
2. Le recueil des données
Analyses des données
IV. Conclusion
Bibliographie
Sitographie
Annexes