Elucidation des concepts
ย ย Dans cette recherche nous avons utilisรฉ de nombreux concepts dont lโรฉlucidation est indispensable pour la comprรฉhension de lโรฉtude. Ces concepts sont les suivants : artisanat, femmes, secteur informel, mรฉnage.
-Secteur informel : La notion ยซ secteur informel ยป est un concept moderne apparu dans la thรฉorie รฉconomique du dรฉveloppement au dรฉbut des annรฉes 1970 avec les premiers travaux du programme mondial sur lโemploi lancรฉ par le bureau international du travail (BIT)23. La notion trouve son origine dans la cรฉlรจbre communication de Keith HART en septembre 1971 ร la confรฉrence sur le chรดmage urbain en Afrique (Institut of Developpement, studies university of Sussex, Great Britain) et a รฉtรฉ dรฉveloppรฉ par lโorganisation internationale du travail (OIT) notamment dans le document intitulรฉ Rapport Kenya 1972 qui propose une formulation ร partir dโun certain nombre de caractรฉristiques permettant de le distinguer duย secteur moderne dit formel. Lโexpression secteur informel servait ร dรฉsigner les activitรฉs qui se dรฉveloppent spontanรฉment en milieu urbain, permettant dโabsorber une partie des citadins demandeurs dโemplois et de la main dโลuvre provenant des migrations surtout rurales et qui nโarrive pas ร sโintรฉgrer dans les secteurs modernes et industriels. Qualifiรฉ de ยซ secteur non-structurรฉ ยป, dโ ยซ รฉconomie populaire ยป, de ยซ secteur non protรฉgรฉ ยป, dโ ยซ รฉconomie souterraine ยป, de ยซ secteur de lโillรฉgalitรฉ ยป, de ยซ petite production marchande ยป, dโ ยซ รฉconomie de bazar ยป, dโ ยซ รฉconomie parallรจle ยป, le secteur informel a connu diverses approches et dรฉfinitions de la part des chercheurs, acteurs et experts en dรฉveloppement. Le secteur informel nโest pas facile ร dรฉfinir. La difficultรฉ de dรฉfinition tient au fait que cโest un secteur ร la fois hรฉtรฉrogรจne et trรจs complexe de par son fonctionnement, ses activitรฉs et les acteurs concernรฉs. Dโune maniรจre gรฉnรฉrale, le secteur informel est dรฉfini par opposition au secteur moderne dit formel. Il est constituรฉ dโun ensemble dโactivitรฉs de production de biens et services qui nโappartiennent ni au secteur agricole, ni ร celui industriel et moderne, encore moins, ร lโadministration publique. Ce sont ยซ les activitรฉs ร petite รฉchelle oรน le salariat est limitรฉ oรน le capital avancรฉ est faible, mais oรน nรฉanmoins il y a circulation monรฉtaire, vente de biens et services onรฉreux. ยป Cette dรฉfinition permet certes de dรฉsigner les activitรฉs du secteur de la petite production marchande urbaine, mais elle ne permet pas de saisir rรฉellement le secteur informel dans la mesure oรน ce dernier est trรจs hรฉtรฉrogรจne. Aujourdโhui, la plupart des dรฉfinitions prennent en considรฉration de nombreux facteurs tels que le contenu et les caractรฉristiques des activitรฉs, le mode dโorganisation et de fonctionnement du secteur etc. En ce qui concerne le contenu, Pieter Van DIJK considรจre que le secteur informel ยซ regroupe les activitรฉs artisanales, le petit commerce, les transports non mรฉcanisรฉs et les prestations de service. ยป25. Ces activitรฉs se caractรฉrisent par un certain nombre dโรฉlรฉments qui permettent de les distinguer des autres activitรฉs. Le BIT, dans le Rapport Kenya de 1972, distingue sept (7) critรจres qui sont spรฉcifiques au secteur informel : facilitรฉ dโentrรฉe, marchรฉ de concurrence non rรฉglementรฉe, utilisation des ressources locales, propriรฉtรฉs familiales des entreprises, petite รฉchelle des activitรฉs, technologie adaptรฉe ร forte intensitรฉ de travail, formation acquise en dehors du systรจme scolaire. ZAROUR26 ajoute dโautres critรจres tels que lโemploi de dix (10) personnes au plus, la non application des rรจgles lรฉgales et administratives, lโemploi dโaides familiales, lโabsence dโhoraires ou de jours fixes de travail. Par ailleurs, le secteur informel est souvent dรฉfini par rapport ร son mode dโorganisation et de fonctionnement. Dans ce cas, lโaccent est mis sur le cadre institutionnel et juridique pour apprรฉhender les activitรฉs de lโinformel. Le cadre de rรฉfรฉrence est la lรฉgalitรฉ juridique des activitรฉs exercรฉes. Les activitรฉs ยซ ne sont pas soumises ร lโEtat et ร son contrรดle, elles sont outlaw, en รฉchappent au fisc, aux patentes, aux recensements statistiques et aux rรฉglementations ยป27. Le secteur informel se dรฉfinit sous cet angle, par son absence de formalisation. Cโest le secteur de lโ ยซ illรฉgalitรฉ ยป, de la ยซ clandestinitรฉ ยป, etc. Cโest une sorte dโ ยซ รฉconomie souterraine ยป qui sโorganise et fonctionne en marge du systรจme de rรฉglementation gรฉnรฉrale en vigueur en matiรจre de production, de fiscalitรฉ, et de normes de travail. Cependant, toutes les activitรฉs de lโinformel ne sont pas dans ยซlโillรฉgalitรฉ ยป. La plupart des activitรฉs se diffรฉrencient de ยซ lโรฉconomie souterraine ยป proprement dite, qui elle fait rรฉfรฉrence ร la fraude fiscale, ร des activitรฉs ยซ illicites ยป et rรฉprรฉhensibles (รฉconomie de la drogue, prostitution, blanchiment dโargentโฆ). Les activitรฉs de lโinformel nโรฉchappent pas aux rรฉglementations juridiques et administratives .En effet, beaucoup dโentreprises du secteur non structurรฉ payent des taxes et sont connues des pouvoirs publics. De ce fait, le secteur informel peut รชtre dรฉfini comme un secteur potentiellement lรฉgalisable et non un secteur outlaw. Lโapproche juridique connaรฎt donc des limites en ce que le secteur informel nโest pas synonyme de secteur de lโillรฉgalitรฉ, de la clandestinitรฉ. Dans le mรชme ordre dโidรฉes, John MC KENZIE pense quโ ยซ au Sรฉnรฉgal, la diffรฉrence entre les secteurs formels et informels nโest pas une diffรฉrence de lรฉgalitรฉ, mais une diffรฉrence de culture. Le secteur formel sรฉnรฉgalais est moderne et occidental tandis que le secteur informel est traditionnel et africain ยป. Donc, considรฉrer le secteur de la petite production marchande ou informel sous lโangle de la lรฉgalitรฉ ou de lโillรฉgalitรฉ ne permet pas dโapprรฉhender totalement ce secteur. Une dรฉfinition globale et significative du secteur informel au Sรฉnรฉgal doit prendre en compte un ensemble dโรฉlรฉments socio-รฉconomiques et culturels liรฉs aux activitรฉs, aux acteurs et au mode dโorganisation et de fonctionnement du secteur. En dรฉfinitive, la dรฉfinition du secteur informel qui se rapproche le plus de notre conception est, sans doute, celle proposรฉe par Abdoulaye NIANG. En effet, selon lโauteur : ยซ le secteur informel est lโensemble des activitรฉs de commerce, de production des biens et services ร valeur marchande, de pratiques associatives, dโรฉpargne et de crรฉdit, de transformation ou de redistribution des ressources, toutes se menant ร une รฉchelle plus ou moins rรฉduite, qui รฉchappent partiellement ou totalement ร la lรฉgislation et/ou aux normes dominantes qui rรฉgissent le champ des activitรฉs et des pratiques de mรชme catรฉgorie ยป.
-Femme : Il nโest pas facile de donner une dรฉfinition ยซ exacte ยป, ยซ unanime ยป ou ยซ universelle ยป ร la notion de femme. Ce concept fait appel ร diffรฉrents รฉlรฉments, qui tous font rรฉfรฉrence ร des facteurs psychologiques, biologiques et ร des considรฉrations sociales ou culturelles.
-La dรฉfinition selon des critรจres biologiques : la femme se dรฉfinit dans ce sens comme un รชtre humain de sexe fรฉminin qui se caractรฉrise par des traits physiques et une physionomie diffรฉrente de celle de lโhomme (appareil de reproduction, constitution musculaire,โฆ). Grรขce ร une constitution biologique trรจs spรฉciale, la femme est par nature celle qui donne la vie.
-La dรฉfinition selon les considรฉrations sociales et/ou culturelles : selon cette conception, la femme ne doit pas seulement รชtre dรฉfinie selon des critรจres biologiques. La notion de femme est une construction sociale et/:ou culturelle. En effet, dans de nombreuses sociรฉtรฉs, le critรจre de sexe nโest pas suffisant pour dรฉsigner la femme. On fait souvent appel ร dโautres รฉlรฉments pour caractรฉriser la femme. Parmi ces รฉlรฉments nous avons : lโรขge, le mariage, la maternitรฉ, etc. En effet, est dโabord femme lโรชtre humain de sexe fรฉminin qui a atteint lโรขge adulte. Au Sรฉnรฉgal cela correspond aux filles qui ont atteint ou dรฉpassรฉ 18ans, รขge qui correspond ร la maturitรฉ selon les lois. En outre, pour dรฉsigner la femme, les gens font rรฉfรฉrence ร la situation matrimoniale. Dans ce cas, est femme, la jeune fille mariรฉe mรชme si celle-ci nโa pas atteint lโรขge adulte. Dรจs quโune fille se marie, elle change de statut et devient une femme. Enfin, la maternitรฉ est un รฉlรฉment important dans lโacquisition du statut de femme dans certaines sociรฉtรฉs. En effet, pour รชtre femme dans certaines sociรฉtรฉs, il est indispensable pour la femme de donner la vie. La femme ou plutรดt la fille stรฉrile est considรฉrรฉe souvent comme une fille mineure (mรชme si elle a atteint lโรขge adulte) ou comme un homme. En somme, la notion de femme sert ร dรฉsigner un รชtre humain de sexe fรฉminin qui, soit a atteint lโรขge adulte, soit est mariรฉe et est capable de donner la vie. Concernant notre รฉtude, nous appelons femme, la personne de sexe fรฉminin qui a atteint la maturitรฉ. Autrement dit une ยซ fille ยป qui est รขgรฉe dโau moins dix huit ans (18ans), รขge qui correspond dans notre pays ร la maturitรฉ.
-Artisanat : Pour dรฉfinir lโartisanat, on procรจde souvent par comparaison aux autres secteurs de lโรฉconomie. Lโartisanat dรฉsigne dโhabitude un ensemble dโactivitรฉs qui ne sont ni agricoles, ni industrielles, encore moins commerciales ou administratives. Lโactivitรฉ artisanale se dรฉfinit le plus souvent par la technologie utilisรฉe, la taille de lโunitรฉ de production et la faรงon de produire, etc. Les activitรฉs artisanales sont dโhabitude des activitรฉs caractรฉrisรฉes par la faiblesse de la technologie. En effet, la technologie utilisรฉe, mรชme si elle devient de plus en plus moderne, nโest pas assez puissante comme cโest le cas dans les industries, les entreprises artisanales qui utilisent une technologie moyenne trรจs peu sophistiquรฉe. Dans de nombreuses activitรฉs, dโailleurs, cette technologie est faible voire inexistante. Les artisans utilisent des moyens ou instruments trรจs traditionnels pour la production des biens ou articles artisanaux. En outre, la taille de lโunitรฉ de production est trรจs limitรฉe. En effet, ce sont des entreprises dont la taille est trรจs rรฉduite avec la prรฉdominance dโentreprises individuelles. Cependant, malgrรฉ lโimportance en nombre des indรฉpendants, de nombreuses personnes travaillent en groupe dans une ou des unitรฉs artisanales. Enfin, lโactivitรฉ artisanale se caractรฉrise principalement par lโimportance du travail manuel. En effet, contrairement aux activitรฉs de type industriel qui utilisent des machines et une technologie lourde et moderne, les artisans eux, font un travail manuel avec peu ou pas de technologie moderne. Au Sรฉnรฉgal, ยซ la liste des activitรฉs reconnues comme artisanale est fixรฉe par lโarrรชtรฉ nยฐ 05550/MDIA du 10 mai 1988. Il abroge lโarrรชtรฉ interministรฉriel nยฐ 4015/MDIA/MEN/MEF/MFPET du 11 avril 1984 fixant la liste des diffรฉrents mรฉtiers artisanaux ยป30. Le nombre dโactivitรฉs artisanales recensรฉes par cet arrรชtรฉ รฉtait de cent onze (111) corps de mรฉtiers. Cependant, avec la dynamique qui caractรฉrise le secteur de lโartisanat, le nombre dโactivitรฉs artisanales a augmentรฉ depuis lors. En effet, au terme du recensement des entreprises artisanales de 1992, le secteur artisanal comptait cent vingt (120) corps de mรฉtiers31. Aujourdโhui, le nombre dโactivitรฉs est trรจs important, il y a une diversitรฉ dโactivitรฉs artisanales dans le secteur informel. Par ailleurs, les activitรฉs artisanales sont classรฉes dans trois (3) sous secteurs. Cette classification a รฉtรฉ effectuรฉe suivant que lโactivitรฉ permet de produire des articles, de dรฉcorer ou de rรฉparer ou dโentretenir des produits dรฉjร fabriquรฉs. Ainsi, les activitรฉs artisanales sont regroupรฉes dans trois sous-secteurs suivants : lโartisanat de production, lโartisanat de services, lโartisanat dโart.
-Lโartisanat de production regroupe un ensemble de mรฉtiers dont lโactivitรฉ principale consiste ร fabriquer des produits utilitaires. Exemple : la menuiserie, la maรงonnerie, la boulangerie, la couture, la vannerie, โฆ Ces activitรฉs servent ร lโusage domestique ou social.
-Lโartisanat de services regroupe un ensemble dโactivitรฉs qui consiste en activitรฉs dโentretiens et de rรฉparation de produits ou articles. Il sโagit des activitรฉs telles que la coiffure, lโhorlogerie, la blanchisserie, la plomberie, le nettoyage de locaux, la mรฉcanique dโautomobiles et de motos. Lโartisanat de services est surtout dรฉveloppรฉ en milieu urbain.
-Lโartisanat dโart est constituรฉ dโun ensemble dโactivitรฉs dont le travail consiste ร fabriquer des produits et articles dโarts ou bien ร usage dรฉcoratif. Exemple : la bijouterie, la peinture et le dรฉcors, la poterie et la cรฉramique, la teinture, le tricotage, la fabrication des colliers en perles, la broderie, la sรฉriographie, le tissage et la filature, etc.
Mรฉnage : Le mรฉnage est souvent dรฉfini comme une unitรฉ socio-รฉconomique composรฉe dโindividus apparentรฉs ou non, qui vivent habituellement sous le mรชme toit. Les personnes qui exercent une activitรฉ รฉconomique ou celles qui possรจdent des biens ou richesses mettent souvent en commun leurs ressources pour subvenir ร leurs besoins essentiels tels que lโalimentation, le logement, โฆUn mรฉnage nโest pas une unitรฉ dรฉcisionnelle homogรจne. Dans la plupart des mรฉnages, leurs membres ont chacun un rรดle productif diffรฉrent et les ressources et les produits du mรฉnage sont destinรฉs ร rรฉgler leurs problรจmes quotidiens. Le mรฉnage dans sa composition et sa constitution, se confond souvent ร la famille. En effet, les membres du mรฉnage sont dโhabitude des personnes qui ont des liens de parentรฉ plus ou moins proches. Concernant la taille du mรฉnage, il faut dire quโelle varie en fonction du milieu (ville ou campagne), des populations (africains ou occidentaux,โฆ) et de la situation sociale et รฉconomique des personnes ou populations. En Occident par exemple, la taille des mรฉnages est assez rรฉduite. Le mรฉnage dans ces sociรฉtรฉs se rรฉsume au couple et aux enfants. Par contre, en Afrique, dโune maniรจre gรฉnรฉrale, le mรฉnage est assez รฉlargi, il correspond ร la grande famille cโest-ร -dire au couple, aux enfants et autres parents (tantes, oncles, cousins, grand parents, โฆ). A Dakar, les mรฉnages sont assez hรฉtรฉrogรจnes. Cette hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ est observable ร travers la taille et la composition des mรฉnages. Ce phรฉnomรจne sโexplique par des facteurs รฉconomiques, sociaux, culturels tels que la solidaritรฉ sociale, les difficultรฉs socioรฉconomiques que vivent de nombreuses personnes et de nombreuses familles (chรดmage, misรจre, pauvretรฉ,โฆ). En effet, la sociรฉtรฉ sรฉnรฉgalaise est une sociรฉtรฉ dans la quelle la solidaritรฉ occupe une place centrale dans les relations sociales entre les individus et les groupes. Cette solidaritรฉ est remarquable aussi bien dans les campagnes que dans les centres urbains et se manifestent parfois par la cohabitation sous un mรชme toit, la mise en commun des ressources matรฉrielles et financiรจres pour satisfaire les besoins individuels et collectifs des personnes. Par ailleurs, avec les difficultรฉs socio-รฉconomiques que vivent les populations dans les villes (Dakar et sa banlieue par exemple), la taille et la composition des mรฉnages sont trรจs variables. En effet, concernant la composition, les mรฉnages ne sont pas constituรฉs par des personnes apparentรฉes (frรจres et sลurs, cousins, parents grands parents,โฆ). Des individus venus dโhorizons divers cohabitent quelques fois sous un mรชme toit dans de nombreux mรฉnages ร Dakar et dans la banlieue (Pikine, Guรฉdiawaye, Rufisque, Parcelles Assainies,โฆ). Ils mettent en commun leurs revenus pour survivre. Sโagissant de la taille des mรฉnages, celle-ci est assez importante. Il nโest pas rare de trouver des mรฉnages dans lesquels le nombre de personne y vivant dรฉpasse la dizaine. Cette situation a pour origine un taux dโaccroissement dรฉmographique trรจs important, lโexode rural, ou lโรฉmigration inter-urbaine, la pauvretรฉ, le chรดmage, etc. En bref, nous entendons par mรฉnage un ensemble de personnes vivant sous le mรชme toit peu importe que ces personnes soient apparentรฉes, ou participent ร lโentretien et ร la satisfaction des besoins quotidiens.
Lโexploitation des donnรฉes
ย ย ย Lors de notre enquรชte, nous avons recueilli deux types de donnรฉes : des donnรฉes qualitatives et des donnรฉes quantitatives. Ces donnรฉes sont de nature diffรฉrente dans la mesure oรน les premiรจres sont des donnรฉes chiffrรฉes tandis que les secondes se prรฉsentent sous forme de discours. Leur exploitation doit รชtre diffรฉrente dans la mesure oรน les donnรฉes ne sont pas identiques sur le plan de la forme. Les donnรฉes quantitatives on รฉtรฉ obtenues grรขce au questionnaire tandis que les donnรฉes qualitatives proviennent des entretiens.
– Les donnรฉes quantitatives sont contenues dans les questionnaires. En effet, grรขce aux questions nous avons obtenu des donnรฉes chiffrรฉes sur lโartisanat fรฉminin ร Pikine. Pour obtenir ces donnรฉes, nous avons procรฉdรฉ aprรจs le recueil des donnรฉes, ร une codification de lโensemble des interrogations contenues dans le questionnaire. La codification a consistรฉ ร extraire les informations du questionnaire, de les prรฉsenter sous une forme quantifiรฉe ร travers des tableaux de tri ร plat et de tri croisรฉs. La codification des donnรฉes est une phase trรจs importante, mais assez dรฉlicate dans la mesure oรน toute erreur commise peut avoir des rรฉpercussions nรฉgatives sur les rรฉsultats obtenus et partant sur lโรฉtude entiรจre. En ce qui concerne notre รฉtude, nous avons procรฉdรฉ ร une codification minutieuse des questionnaires grรขce au logiciel informatique excel. En effet, une fois que nous avons extraites les informations contenues dans les questionnaires, nous avons procรฉdรฉ ร lโรฉtablissement des tableaux de tri ร plat et des tableaux de tri croisรฉ, suivant de nombreuses variables que nous avions pris en compte lors de la confection du questionnaire (lโรขge, la situation matrimoniale, lโethnie, le sous secteur dโactivitรฉ, la taille du mรฉnage, la participation ร une structure de solidaritรฉ, โฆ). Lโanalyse de ces donnรฉes nous a permis dโavoir des informations assez importantes sur les femmes et sur leurs activitรฉs artisanales ร Pikine.
– Les donnรฉes qualitatives : elles ont รฉtรฉ obtenues grรขce aux entretiens que nous avons effectuรฉ auprรจs des femmes artisanes de Pikine. Les donnรฉes qualitatives sont des donnรฉes non-chifrรฉes qui se prรฉsentent sous forme dโun discours. Le recueil de ces donnรฉes a รฉtรฉ rendu possible par un guide dโentretien รฉlaborรฉ ร cet effet et par le moyen dโun dictaphone. Lโexploitation des donnรฉes qualitatives a consistรฉ pour nous ร traduire et ร transcrire le discours des femmes enquรชtรฉes. Seulement, la transcription des entretiens nโa pas รฉtรฉ facile dans la mesure oรน certains discours รฉtaient prononcรฉs dans des langues nationales (wolof, pulaar, โฆ). La transcription de ces entretiens nous a permis dโavoir des informations trรจs intรฉressantes pour notre รฉtude. En somme, lโexploitation des donnรฉes que nous avons collectรฉes lors de notre enquรชte de terrain, est intervenue ร deux niveaux et a concernรฉ les donnรฉes contenues dans les questionnaires et les donnรฉes obtenues grรขce aux entretiens. Lโexploitation de ces donnรฉes sโest faite de maniรจre diffรฉrente dans la mesure oรน ces donnรฉes nโรฉtaient pas identiques. Pour lโexploitation des donnรฉes quantitatives, nous avons procรฉdรฉ ร la codification des questions, laquelle codification nous a permis dโavoir des tableaux statistiques. Par contre, sโagissant des donnรฉes qualitatives, leur exploitation a consistรฉ ร la traduction et ร la transcription du discours des femmes enquรชtรฉes.
La satisfaction des besoins du mรฉnage
ย ย ย Nous avons vu plus haut avec Fatou Sow, que la crise รฉconomique et sociale dans les mรฉnages est un facteur non nรฉgligeable qui permet dโexpliquer et de justifier lโentrepreneuriat fรฉminin dans lโinformel ร Dakar et dans la banlieue ( Pikine Guรฉdiawaye, Parcelles Assainies,โฆ). En effet, de nombreux mรฉnages dakarois connaissent des difficultรฉs quant ร la satisfaction des besoins essentiels (nourriture, habillement, santรฉ, logement,โฆ) des leurs membres. Cette situation de pauvretรฉ qui nโรฉpargne ni les enfants ni les femmes, pousse ces derniรจres ร entreprendre une activitรฉ รฉconomique rรฉmunรฉratrice, le plus souvent dans le secteur informel pour satisfaire les besoins liรฉs ร leur survie quotidienne et ร celle du mรฉnage. La satisfaction des besoins รฉconomiques est donc un facteur dรฉterminant lโexercice dโune activitรฉ รฉconomique par les femmes de Dakar et de Pikine. Les femmes travaillent avant tout pour sโentretenir et entretenir le mรฉnage cโest-ร -dire subvenir ร la nourriture, au logement, ร la santรฉ, ร lโรฉducation et beaucoup dโautres besoins liรฉs ร la survie et au dรฉveloppement des membres du mรฉnage. Cโest dans le mรฉnage donc, que sont investis la moitiรฉ des revenus issus des activitรฉs artisanales exercรฉes par les femmes de Pikine. En effet, 58,57% des femmes que nous avons interrogรฉs sur lโinvestissement ou lโutilisation de leurs revenus ont affirmรฉ investir uniquement dans le mรฉnage (voir annexe tableau 5). Dans le mรฉnage, les revenus sont utilisรฉs pour la satisfaction des besoins liรฉs ร la survie des membres du mรฉnages mais aussi pour lโentretien sur le plan matรฉriel ou de lโรฉquipement du mรฉnage. Par ailleurs, un peu plus de la moitiรฉ des femmes enquรชtรฉes (57,14 %) ont dรฉclarรฉ procรฉder ร une sorte dโรฉpargne dโune petite partie de leurs revenus (voir annexe tableau 13). Cependant, lโinvestissement de lโรฉpargne est identique ร celui des revenus. Les femmes gardent juste un peu dโargent au cas oรน un ou des problรจmes urgents surviendraient. Ce nโest pas ร proprement parler de lโรฉpargne au sens รฉconomique du terme, cโest juste de lโargent quโon garde de cotรฉ pour des cas urgents. En effet, lโargent que les femmes artisanes gagnent sert souvent ร satisfaire des besoins urgents dans le mรฉnage. Les femmes รฉpargnent dโabord pour lโinvestir lorsque le besoin se fait sentir dans le mรฉnage. Ensuite elles procรจdent selon les besoins et selon lโurgence qui sโimpose ร la satisfaction des autres prรฉoccupations telles que les cรฉrรฉmonies, les tontines, les voyages, et dโautres investissements liรฉs au travail ou dโautres activitรฉs de type รฉconomique et capitaliste. A propos de lโinvestissement des revenus P. K. affirme : ยซ tout ce que le bon Dieu me gratifie venant de mon activitรฉ, je lโinvestis dans le mรฉnage. Il ne peut รชtre autrement. Je travaille pour ma petite famille et plus particuliรจrement pour mes enfants : pour quโils nโaient pas faim, pour quโils sโhabillent comme leurs camarades, pour leur santรฉ et leur รฉducation, etc. ยป. A la lumiรจre de cette affirmation, il faut dire que les femmes de artisanes de Pikine travaillent pour la survie, le dรฉveloppement et lโรฉpanouissement des membres du mรฉnage ou de la famille. Le mรฉnage consomme plus de la moitiรฉ des revenus des femmes. Lโautre moitiรฉ est consacrรฉe aux autres besoins (cรฉrรฉmonies, voyages, loisirs,โฆ) et ร lโรฉpargne. En somme, les revenus issus des activitรฉs artisanales exercรฉes par les femmes deย Pikine servent le plus souvent ร la satisfaction des besoins du mรฉnage.
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Table des matiรจres
Introduction gรฉnรฉrale
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
Chapitre : CADRE THEORIQUE
Section I : Problรฉmatique
Section II : Objectifs de lโรฉtude
Section III : Hypothรจses
Section IV : Revue critique de la littรฉrature
Section V : Le sous secteur dโรฉtude
Section VI : Pertinence de lโรฉtude
Section VII : Les modรจles thรฉoriques
-La thรฉorie des besoins
– Lโanalyse wรฉbรฉrienne
Section VIII : Elucidation des concepts
Chapitre II : CADRE METHODOLOGIQUE
Section I : Cadre de lโรฉtude
II-I-1 Prรฉsentation physique
II-I-2 La population de Pikine
II-I-3 La problรฉmatique de lโemploi ร Pikine
II-I-4 Le champ dโรฉtude
Section II : La population cible
Section III : Lโรฉchantillonnage
II-III-1-Mรฉthodes et techniques dโรฉchantillonnage
II-III-2- La taille de lโรฉchantillon
Section IV : Le dรฉroulement de lโenquรชte
II-IV-I- La phase exploratoire
– Les entretiens exploratoires
– La recherche documentaire
II-IV-2 Le prรฉ test
II-IV-3 Lโenquรชte de terrain
Section V : Les mรฉthodes et techniques de recherche
II-V-1- Les mรฉthodes de recherche
II-V-2- Les techniques de recueil des donnรฉes
II-IV-2 Lโรฉchantillonnage
Section VI : Lโexploitation des donnรฉes
Section VII : Les difficultรฉs rencontrรฉes
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES
Chapitre I : Les donnรฉes de lโenquรชte de terrain
Section 1 : Les donnรฉes qualitatives
Section II : Les donnรฉes quantitatives
I-II-1-Les caractรฉristiques socio-dรฉmographiques des femmes artisanes ร Pikine
โ Lโรขge
-Le critรจre ethnique
– Le niveau dโรฉtude
– La situation matrimoniale
Chapitre II : Femmes et activitรฉs artisanales ร Pikine
Section 1 : Lโartisanat fรฉminin ร Pikine : la nature des activitรฉs
Section II : Les conditions de travail des femmes dans lโartisanat ร Pikine
II-II-1 Lโenvironnement physique
II-II-2 Lโenvironnement social
Section III : Les difficultรฉs rencontrรฉes par les femmes artisanes de Pikine
Chapitre III : Les revenus issus de lโactivitรฉ artisanale et leur investissement
Section I : La satisfaction des besoins du mรฉnage
Section II : La satisfaction des besoins personnelles
-Les besoins matรฉriels
-Les besoins non matรฉriels ou symboliques
Section III : La crรฉation et la consolidation des liens sociaux
-Les tontines : un cadre dโรฉchanges
TROISIEME PARTIE INTERPRETATION SOCIOLOGIQUE DES DONNEES
Chapitre IV : la signification du travail chez les femmes artisanes de Pikine
Section I : la conception du travail selon les considรฉrations sociales et religieuses
IV-I- A-le travail comme prescription divine
IV-I-B- le travail comme moyen dโexpression de soi
IV-I-C- l e travail comme moyen de conquรชte de lโautonomie ou de libertรฉ
IV-I-D-Le travail comme moyen dโascension et de promotion sociale
IV-I-E- Le travail comme moyen de rรฉalisation de soi
Chapitre V : Les facteurs dรฉterminants lโactivitรฉ fรฉminine dans lโartisanat ร Pikinep
Section I : les caractรฉristiques socio-dรฉmographiques des mรฉnages
V-I-A-Les difficultรฉs socio-รฉconomiques dans les mรฉnages
V-I-B- La tradition familiale
V-I-C-les rรฉseaux de solidaritรฉ sociale
Chapitre VI : lโimpact du travail fรฉminin sur les rapports sociaux dans les mรฉnages et la vie sociale ร Pikine
Section I : lโimpact du travail fรฉminin sur les rapports sociaux dans les mรฉnages ร Pikine
VI-I-A La problรฉmatique de lโautoritรฉ dans les mรฉnages
VI -I -B- Vers une redรฉfinition des rapports de pouvoirs dans le mรฉnages
Section II : lโimpact du travail fรฉminin sur les rapports sociaux dans la vie sociale ร Pikine
VI- II- A- Lโamรฉlioration du statut social de la femme
VI- II -B- les relations sociales entre les hommes et les femmes
Conclusion gรฉnรฉrale
Bibliographie
Annexe
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