Les facteurs socio-économiques d’une colonie en pleine mutation

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Les conséquences de la suppression de la traite des esclaves

Les sociétés africaines étaient fortement hiérarchisées. On retrouve au bas de l’échelle sociale les esclaves. Ils sont le maillon essentiel de l’économie. Avant l’arrivée des Arabes, il existait déjà les captifs de case. Des esclaves destinés à servir les nobles. Cette tradition était commune à la plupart des sociétés africaines jusqu’à la découverte de l’Amérique.
La suppression de la traite des esclaves était, pour la France au début XIXe siècle, une question de principe et de respect aux droits naturels de liberté et d’égalité entre les hommes19. La Restauration appliqua ce principe dans ses colonies, particulièrement au Sénégal. Mais, elle dut l’adapter à la réalité locale car les captifs de case jouaient un rôle prépondérant dans le fonctionnement des comptoirs commerciaux.
Les conséquences des luttes d’indépendances en Amérique (Etats-Unis, Haïti) et les efforts des mouvements antiesclavagistes en Europe allaient changer les données du commerce des esclaves en Afrique de l’ouest. En effet, le commerce des esclaves fut déclaré illicite. Toutes les puissances européennes manifestaient leur volonté de mettre fin à la déshumanisation des Africains, traqués depuis plus de trois siècles. Au Sénégal, ce processus était accéléré par la seconde occupation anglaise.
Pour une seconde fois, la colonie du Sénégal passait entre les mains des Anglais après la capitulation du commandant en chef Levasseur, le 13 juillet 1809, devant l’expédition de l’amiral Colombine20. De cette date, les Anglais gardèrent la colonie du Sénégal pendant cinq ans. La présence anglaise à contribuer à un changement radical des options économiques. Ils étaient les premiers à appliquer la suppression de la traite des esclaves dans leur colonie.
L’Angleterre avait aboli la traite négrière en 1807 grâce aux actions conjuguées de mouvements abolitionnistes mais il faut y ajouter les mutations engendrées par la Révolution industrielle. Même si la traite clandestine se poursuivait pour satisfaire la demande en esclaves aux Etats-Unis, au Brésil, etc., la suprématie navale anglaise réduisait considérablement le nombre de déportés21. Dès 1808, des visites aux croisières furent organisées par les bâtiments de la Royal Navy dans la façade occidentale de l’Afrique. Les conséquences furent immédiates dans la vie économique et sociale de la colonie du Sénégal. La crise économique et financière qui y sévissait depuis la Révolution française de 1789 allait connaître une nouvelle tournure d’enlisement22.
En effet, la Grande-Bretagne qui était en plain-pied dans la révolution industrielle, modernisait son industrie. Du coup, elle réduisait l’utilisation de main d’oeuvre. Il en résulte la recherche de nouveaux espaces d’échange et d’approvisionnement en matières premières. L’accumulation des capitaux et le développement de l’idéologie capitaliste permettaient aux négociants de Saint-Louis de renouer avec le commerce de la gomme arabique avec plus de manoeuvres commerciales. Contrairement à l’administration française, les Anglais avaient établi moins de restrictions et de contrôles sur le commerce dans le fleuve du Sénégal. Cet avantage donnait aux négociants plus de possibilités de manoeuvres et de pouvoir politique dans la colonie.
Cependant, au lendemain de la reprise française, des difficultés surgissent entre l’administration et les négociants de Saint-Louis sur le commerce et sur la nouvelle orientation économique de l’espace. Selon Mamadou Diouf, ce fait relève de la présence anglaise. Il affirme que : « quand elle restitua à la France ses possessions de la mer des Caraïbes et du Sénégal, la Grande-Bretagne avait pris le soin d’anéantir les bases économiques de leur développement, qui reposaient sur la traite négrière ».23 Par contre quelque soit l’importance des mutations des bases économiques, la France revient au Sénégal avec une ferme volonté d’inclure sa colonie dans l’aire de la production mondiale. Le principe fut de bâtir une colonie agricole avec des mains libres. L’alternance devait venir de la culture du coton et de l’indigo. L’expédition de Schmaltz de 1816 était la réponse à cette énigme.
Toutefois, elle fut retardée par le naufrage de la frégate «Méduse » au large des côtes de la Mauritanie actuelle24. Pour reprendre la colonie du Sénégal, la France avait envoyé un personnel de qualifications différentes dans le but principal d’établir des plantations de coton et d’indigo pour mieux développer les activités commerciales tout en réduisant la dépendance financière25.

Les autres fondements économiques de la colonie

La traite de la gomme arabique

Ce chapitre analyse le rôle et les limites de la traite de la gomme arabique dans le processus de redynamisation économique de la colonie du Sénégal. La traite de la gomme arabique a rythmé les échanges dans le fleuve du Sénégal. « Après la traite des nègres, le principal commerce du Sénégal était la traite de la gomme »28. Par ailleurs, elle fut la principale activité économique après la suppression de la traite des esclaves.
Trois peuples maures se partageaient l’exploitation. Les Trarza, les Brakna et les Damankhor parcouraient les forêts de Sahel, d’El-Heiber et d’Al Fatach où ils tiraient chaque saison des quantités considérables de gomme. Ces peuples de la rive gauche du fleuve échangeaient la gomme avec des produits manufacturés européens tels que les toiles bleues dites « guinées », les armes à feu, les poudres, les verroteries, le tabac en feuille dans les escales.
Les échanges se faisaient dans les différentes escales le Coq, le Terrier Rouge et le Désert, le long du fleuve avec les marchands ou traitants Français et dans les ports de la côte de l’Océan à Arguin et à Portendick, dans le Nord-Ouest de la colonie du Sénégal avec les Anglais29.
Les échanges sont marqués par beaucoup d’irrégularités30. Les vols étaient fréquents et les échanges s’accompagnaient aussi de violences. Souvent, les Maures profitaient de l’occasion pour razzier les villages Waalo-Waalo. Depuis le Traité de Ngio de 1819, la colonie avait l’obligation de protéger la population du Waalo31. Ils interdirent cette pratique mais durent faire face au bellicisme maure.
Des heurts souvent violents marquaient la traite et rendaient difficile les relations franco-maures. Les traitants de Saint-Louis tenaient le colonel Schmaltz responsable de cette situation altérable du commerce de la gomme. Même si la colonie avait besoin de la gomme mais protéger la population du Waalo était un devoir que les Français devaient assurer dans le cadre du traité de N’gio. L’objectif était de déterminer les Waalo-Waalo à la culture du coton.
Entre les chefs maures et les négociants de Saint-Louis, le consensus était difficilement trouvé. Cette situation altérable résulte en partie des offres que les Anglais présentaient à Portendick et à Arguin32. Le retour des chefs maures dans les douars annonçait, suivi d’un coup de canon, l’ouverture de la traite le 1ier mai de chaque année33.
Pour La Tourrasse, « la traite de la gomme dans les escales est une duperie, où Maures et traitants parviennent mutuellement à se tromper, et en fin de compte personne ne rentre dans les frais34 ». Traitants et Maures se soustrairaient frauduleusement par la fausse guinée, l’ajout de graines de sable,…. Ces techniques de fraude que Maures et traitants pratiquaient pendant les campagnes de traites causaient du tort surtout aux mulâtres. Ils réalisaient de mauvaises compagnes et devenaient endettés35. Cette situation a favorisé leur reconversion à la culture du coton. Du moins, avec la garantie que procurent les primes, ils avaient plus de couverture financière.
Au début du XIXe siècle, les différends franco-britanniques sur le droit de négoce avec les Maures sapaient les intérêts français. En 1821, les Anglais profitent de la brouille qui existe entre le gouverneur de Saint-Louis et l’émir Amar des Trarza pour faire une bonne traite à Portendick. La réussite de l’opération anglaise de Portendick fut possible grâce à l’intermédiaire d’un traitant français établi à Sainte-Marie dans le territoire de la Gambie britannique du nom de Pellegrin mais surtout de la garantie du gouvernement anglais de Bathurst de rembourser toute perte lors de la traite de gomme à Portendick36.
Le prix de la gomme était en hausse à Portendick et rendait insoutenable le commerce dans les escales du fleuve du Sénégal. Les Maures devenaient plus exigeants et menaçaient constamment de traverser le désert pour vendre leur gomme aux Anglais37.
Devant ces difficultés de maintenir l’activité commerciale des Maures aux escales, les traitants de Saint-Louis réagissent en négociant directement avec l’Emir Amar mais ils ne parviennent pas à le détourner des Anglais. Ces derniers offraient plus de coutumes et de cadeaux aux Maures. Et, les traitants anglais reçurent un appui de taille du gouvernement britannique. Il s’agit d’un nouveau bill de navigation38 fermant les frontières britanniques à la gomme vendue par les bâtiments français.

Le coton dans la colonisation agricole au Waalo (1817-1831)

La colonisation agricole n’est pas le premier projet agricole exécuté à la colonie du Sénégal. Auparavant, la société philanthropique au Cap Vert tenta de réaliser le projet du Chevalier Boufflers. L’expérience vire au drame. La capitalisation de cette expérience au cap Bernard permit au colonel Schmaltz de mieux préparer la relance économique de la colonie du Sénégal dès la reddition anglaise. La tradition commerciale des populations de la colonie constitua un obstacle à la réalisation de cette option économique.

L’échec de la société philanthropique au Cap vert

Dès 1814, la société coloniale philanthropique s’était formée pour créer des établissements agricoles dans la région du Sénégal. L’intérêt est, selon Mamadou Diouf, de montrer, par son caractère privé, les réticences de la bourgeoisie française à se lancer à l’aventure coloniale. L’objectif est d’établir des plantations agricoles en concrétisant ainsi le projet du gouverneur de Gorée le Chevalier Boufflers de mise en valeur des terres du Cap Vert au XVIII° siècle56. Quant à Alain Sinou, « le but de cette société n’est pas seulement de développer l’agriculture en Afrique « afin de soulager la misère » en France, les pauvres pouvant ainsi s’expatrier, mais aussi d’encourager la découverte du continent 57».
La perte de Saint-Domingue était une source de crise dans le secteur économique et social en France. Elle avait occasionné le problème d’approvisionnement en denrées dites coloniales comme le sucre, le café, le coton, l’indigo, la banane, etc.
En France, une compagnie était créée pour coloniser le Cap Vert. Une campagne de recrutement de volontaire fut organisée dans les campagnes de l’Alsace, de la Lorraine et de la Provence. Des gravures immortalisant la richesse de Dakar étaient suffisantes pour dissiper les craintes de migrants sur l’inhospitalité du Cap Bernard.
Deux cents émigrants partirent de Havre en mars 1817 à bord du trois-mâts la Belle Alexandrine sur les frais de la société coloniale philanthropique. Les colons, dès leur arrivée furent confrontés à plusieurs difficultés. Tout d’abord, ils s’étaient sentis escroqués par la nature diamétralement opposée que leur fût la destination. En lieu et place d’une terre promise verdoyante, rochers et baobabs énormes assuraient le décor dans un fond de steppe. La première réaction était virulente car les terres du Cap Bernard se révélaient à leurs yeux infertiles. Les directeurs furent poursuivis d’escroquerie et durent s’enfuir.
Ensuite, le problème de terre les opposait directement à la communauté Lébou. Ces derniers qui ayant pris leur indépendance du Kayoor contestaient leur implantation alors que la société philanthropique se fondait sur « l’existence de traités de concessions de terres des XVII° et XVIII° siècles 58», des actes juridiques qui devaient justifier leur implantation dans la région. Il s’agit, en effet, du traité de 1678 que Ducasse avait fait signer au Damel. Mais, entre temps, les Lébou avaient pris entre temps leur indépendance.
C’est ainsi que le colonel Schmaltz offrit ses relations diplomatiques auprès des Lébou de Dakar, du serin de N’Dakaru Moktar Joop pour leur obtenir des parcelles de culture. Parmi les difficultés internes, un problème d’approvisionnement, l’insalubrité et les maladies dites tropicales se posaient et menaçaient l’existence même des colons59. Du coup, « le découragement s’empara des nouveaux colons qui se refugièrent soit à Gorée, soit à Saint-Louis, et dont le plus grand nombre succomba aux maladies du pays60 ».
Le gouvernement local, devant l’impréparation de la direction, interdit l’envoi de nouveaux émigrants et obtient l’arrêt de dissolution de la société auprès du Conseil d’Etat. Le retrait du soutien du gouvernement français créa au sein du groupe des dissensions. Deux groupes se formaient. L’un abandonnait aussitôt les travaux et tentait de rejoindre la France. Quant à l’autre groupe idéalisant que tout début est difficile continuait le colonat mais ne put réussir. Ils durent offrir leur service un temps dans les comptoirs de Bathurst, de Gorée et de Saint-Louis pour pouvoir retourner en France. Sans oublier que beaucoup furent frappés par les maladies tropicales61. Le Sénégal était inhospitalier à cause de la permanence des épidémies de fièvre jaune et du paludisme.
Cette expérience qu’observait attentivement le colonel Schmaltz était un échec. Elle le permettait donc de mieux préparer son plan agricole qui connaissait un coup d’arrêt avec le naufrage sur les bancs d’Arguin de la frégate la Méduse de l’escadre chargé de réoccuper la colonie du Sénégal des Anglais en application des clauses du Congrès de Vienne en 1815. Ce naufrage marqua tristement les esprits et était une grosse perte pour l’administration. La suppression de la traite des esclaves et la perte de plusieurs de ses colonies agricoles imposaient au gouvernement la nécessité de transformer le comptoir du Sénégal en colonie d’exploitation agricole.

Le projet agricole de Schmaltz ou la colonisation agricole du Waalo

Le 25 janvier 1817, les Anglais qui occupés Saint-Louis font sa reddition auprès du colonel Schmaltz, Commandant pour le Roi. Les événements malheureux qu’a connu la France à la fin du siècle dernier donnait la perspective de hâter le développement des ressources agricoles qui adapterait le Sénégal aux nouvelles exigences mondiales de l’expansion du système capitaliste en Afrique : la fin de l’ère des comptoirs de commerce et/ou le début des colonies en Afrique.

Les instructions du baron Portal, ministre de la Marine

Les colonies françaises en Amérique furent ruinées par la suppression de la traite négrière. Comme nous l’avons vu infra (voir chapitre I), plusieurs stratégies ont été développées, sans vraiment séduire, pour créer un nouvel intérêt dans les colonies.
Le baron Portal, qui arrive à la direction des Colonies du Ministère de la Marine en 1816, est favorable à tout programme d’expansion méthodique et d’exploitation de terres encore incultes, inexploitées par les Africains. Il s’approprie d’idées développées par le comte de Hogendrop62 sur le système colonial français. Il proposa d’abandonner la volonté de recouvrir Saint-Domingue et de « s’appliquer à développer les établissements susceptibles de l’être, ceux dont les frontières restaient indécises ». Ces territoires inexploités devraient fournir en même temps la main d’oeuvre nécessaire aux colons grâce aux différents traités avantageux que signeront leurs chefs.
La colonisation était la solution par excellence pour relancer la vie économique au Sénégal : transformer les factoreries en plantations. C’est aussi « un double avantage […] d’un côté, de nouveaux débouchés s’ouvriraient à l’écoulement des produits de l’industrie nationale, et l’accroissement de nos relations commerciales en deviendrait la conséquence nécessaire ; de l’autre, la civilisation pénètrerait avec le travail parmi les peuplades autochtones, dont on voulait faire les principaux instruments d’une colonie sur la culture par des mains libres63 ».
Julien Schmaltz, un officier d’origine hollandaise, reçut des instructions d’examiner la faisabilité du projet. Dans son rapport du 18 juillet 1818, il compara la vallée du fleuve Sénégal à celle du Gange par sa fertilité ; et des richesses que des coups de pioche pourront procurer à la France64.
Dans les différentes correspondances entretenues avec le colonel Schmaltz, le baron Portal accordait une attention particulière aux essais de culture du coton au Sénégal. Dans sa lettre du 18 juin 1817, il rassure Schmaltz qu’« aucune des démarches que vous avez faites pour diverses parties du service sera perdue de vue, et vous recevrez incessamment avis de ce qui aura été statué sur chaque objet65 ».
En 1817, le colonel Schmaltz reprit difficilement des mains anglaises la gouvernance de la colonie malgré l’acte officiel de restitution qui faisait bon office depuis le Congrès de Vienne en 1815. Il obtient par les instructions du 31 décembre 1818 un crédit agricole pour une mise en valeur agricole du ministère de la Marine et des Colonies. L’exécution du programme agricole devrait permettre une autonomie financière de la colonie à l’orée de 1824.

Le traité de Ngio de 1819 ou l’obtention de terres cultivables au Waalo

L’échec de la démarche a conduit le colonel dans les terres de Waalo présentant les mêmes atouts écologiques. De plus, c’est encore plus proche de Saint-Louis. Dès son retour de France70, il adressa une correspondance au Brak du Waalo en vue de discuter d’un éventuel traité dont les deux parties tireront des avantages économique, social et surtout politique.
Au préalable, « accompagné par MM. Courtois, sous directeur du Génie ; Courau, officier attaché à l’Etat-major ; Frandiss, ingénieur des mines ; Morénas, agriculteur botaniste ; Richard, jardinier-pépiniériste ; Catel, chirurgien major ; Burard, vétérinaire ; Rouzée, interprète de langue arabe,… le Commandant effectue un voyage dans l’intérieur en vue d’examiner […] avec l’attention possible [aux informations déjà fournies] pour conclure [des] traités relatifs à l’exécution du plan de colonisation71 ». Ce voyage fut fructueux auprès des dignitaires du Waalo. Les résultats de « recherches […] s’accordent avec tout ce que j’en avais dit et vont même au-delà, sous les rapports de fertilité, de salubrité »72, dira le colonel Schmaltz plus tard pour justifier son choix des terres du Waalo.
Le contexte est plutôt favorable car « la guerre entre le Roi Amar Moctar et le fils d’Ali Kouri soutenu par les Dorrichs, tribu puissante qui habite la rive droite du fleuve […] a beaucoup diminué la force du Trarza73 ; ce qui les a mis dans l’impossibilité d’exiger du pays de Wallo les tributs qu’ils retiraient autrefois et les a forcé de suspendre les nombreux pillages qu’ils y faisaient auparavant74 ».
Les dignitaires du Waalo au complet accueillirent avec empressement les clauses du traité moyennant des coutumes annuelles75. C’était devant une assemblée importante constituée du Brak Amar Fatim Mborso, le Dyogomaay Giak Gio, le Dyawdin Madyan Xor, le Beetyo Sakura, le Maalo, le Giak Danko et une foule importante que le colonel Schmaltz présenta les avantages et la sincérité des engagements qu’il a pris au nom du Roi de France dans le village de Ngio76.
Le traité de Ngio du 8 mai 1819 entre la France et le royaume du Waalo permettait d’une part aux habitants du Waalo d’échapper à la terreur, au brigandage et au pillage des Maures qui exerçaient, depuis une vingtaine d’année, un droit de suzeraineté sur le royaume. D’autre part, il offrait à la France l’opportunité d’établir des plantations « sur tous les points qui paraîtraient convenables77». Alors devant l’intérêt politique que procure ce traité, « le roi Amar-Boye, brak du Walo et les chefs ci-dessus dénommés et tous autres s’obligent et promettent de céder, remettre et transporter à Sa Majesté le roi de France en toute propriété et pour toujours, les îles et toute autre portion de terre ferme du royaume de Wallo qui paraitront convenables au commandant du Sénégal, pour la formation de tous les établissements de culture qu’il jugera à propos d’entreprendre dès à présent ou par la suite, les dites cessions faites en retour de redevances ou coutumes annuelles qui seront déterminées ci-après, et par le commerce et en considération du désir qu’ils ont d’augmenter la prospérité de leur pays, par sa mise en valeur, et par le commerce et les secours qu’ils trouveront dans une alliance avec les français78».

Le développement de la culture de coton (1822-1831)

Une période d’inertie fut aussitôt secondée par un développement fulgurant des activités cotonnières. L’ancien directeur de l’habitation royale de Koïlel arrive à la tête de la colonie et relance le projet agricole. Plus tard, son départ de la colonie fut l’occasion de ses successeurs de constater son échec.

La réorganisation des cultures sous le gouverneur Roger

Présenté par Pasquier comme étant « une des figures les plus attachantes et les plus marquantes de l’histoire du Sénégal 99», le baron Roger ouvrait, le 28 février 1822, la gouvernance civile dans la colonie du Sénégal. Il devait abroger deux années d’inertie et de perte économique causées par l’élan politique du gouverneur Le Coupé. Ce dernier, qui avait accordé de nouvelles coutumes aux chefs Africains, avait en même temps négligé le projet de la colonisation agricole.
La nouvelle charge du gouverneur Roger est de continuer le projet agricole entamé par le colonel Schmaltz. Ce projet fut réduit aux seuls « produits de référence : le coton et l’indigo »100. Les filatures françaises comptaient sur la production de l’Algérie et du Sénégal pour faire rouler les milliers de brosses que la France avait dans ses régions textiles d’Alsace, de Rouen, de Mulhouse, etc.
Fort de son expérience dans l’habitation royale de Koïlel dans le canton de Dagana où il fut directeur, le gouverneur prit des mesures supplémentaires pour relancer la culture du coton. « Il multiplia les recherches systématiques, et, dans les stations expérimentales le long du fleuve, les essais furent variés101». Le baron Roger s’appuya sur un personnel divers pour accomplir sa mission.
Il créa un corps de fonctionnaires agricoles allant de l’inspecteur des cultures aux élèves-jardiniers africains. Par ces soucis méthodiques, nous pouvons dire que le baron Roger était convaincu que la formation était la meilleure manière de faire triompher l’agriculture en Afrique.

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Table des matières

Introduction
Première partie : La colonie du Sénégal et les conditions économiques et politiques de la production du coton
Chapitre I : Les facteurs socio-économiques d’une colonie en pleine mutation
1-L’abolition de l’esclavage
2- les autres fondements économiques de la colonie
a- La traite de la gomme arabique
b- L’intérêt du coton local
Chapitre II : Le coton dans la colonisation agricole
1- L’échec de la société philanthropique au Cap Vert ..
2-Le projet agricole de Schmaltz ou la colonisation agricole du Waalo
a- Les instructions du baron Portal, ministre de la Marine.
b- Le Fuuta, hostile à la colonie agricole
c- Le traité de Ngio de 1819 ou l’obtention de terres cultivables au Waalo
d- Les difficultés de l’entreprise du colonel Schmaltz
Chapitre III : Le développement de la culture de coton (1822-1832)
1- La réorganisation des cultures sous le gouverneur Roger
2- La liquidation des concessions par les successeurs du baron Roger
Deuxième partie : La reprise de la culture du coton au Sénégal (1858–1865)
Chapitre I : Le regain d’intérêt de la culture du coton au Sénégal
1- Les conséquences de la rupture de l’approvisionnement de coton en France pour la colonie du Sénégal
2- Les nouvelles opportunités coloniales
Chapitre II : Les prospections de développement de la culture cotonnière
1- Les dispositions gouvernementales
a- L’attribution de concession
b- Les primes d’encouragement aux cultures
c- La pépinière de Taouey
2- Quel type de culture pour augmenter la production ?
a- La culture autochtone
b- La culture de plantation .
Chapitre III : Prolifération de concessions et fin de la deuxième tentative de culture du coton
1- Les différentes concessions
a- Les plantations de la Petite côte
-Les colonies agricoles de St-Joseph, de Pointe Sarène et de Joal
– La compagnie agricole du Cap Vert
b- Les plantations dans la vallée du fleuve Sénégal
c- La concession de Bertrand Bocandé dans le Sougrougrou (en Casamance)
2- Le commerce du coton local
3- L’abandon progressif des essais de culture du coton
Conclusion générale
Sources et références archivistiques
Carte et tableaux

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