Le Burkina Faso, à l’instar de tous les pays sahéliens, connaît un amenuisement de ses ressources naturelles (ressources ligneuses et produits forestiers non ligneux) (BÂ et al., 1998). Ce constat se fait aisément en raison de la cherté du bois sur le marché et les longues distances à parcourir pour retrouver cette denrée indispensable à la vie des ménages. Cette situation tire son origine de la dégradation du couvert végétal, conséquence des facteurs anthropiques (coupe abusive, feux de brousse, divagation des animaux) qui se font de plus en plus pressants. A cela s’ajoutent la baisse de la pluviométrie et les attaques parasitaires qui s’intensifient sur les ligneux. Au Burkina Faso, des observations indiquent que de nombreuses espèces ligneuses et surtout celles à usages multiples sont fortement parasitées (BOUSSIM, 1991). Les attaques parasitaires causent d’énormes dégâts aux productions végétales à telle enseigne qu’elles constituent une préoccupation majeure des acteurs des secteurs agricole et environnemental. Parmi les dégâts on peut citer la baisse de la productivité, une diminution de la qualité du bois en plantation forestière et la mortalité des plantes.
Les parasites responsables de ces dégâts sont des insectes, des bactéries, des champignons, des virus et des plantes parasites tel que les espèces de la famille des Loranthaceae (DJIGUEMDE, 1985; BOUSSIM, 1991; TRAORE, 1999). Si certains d’entre eux sont contrôlés de diverses manières grâce à l’existence de plusieurs moyens de lutte (MININGOU, 1985), ce n’est malheureusement pas le cas des autres tels que les plantes parasites épiphytes pour lesquels on ne dispose pas encore d’une méthode de contrôle systématique et fiable.
Au Burkina Faso les parasites épip~ytes attaquent les espèces ligneuses et particulièrement les espèces à usages multiples telles que Vitellaria paradoxa Gaertn. f ( karité), Parkia biglobosa ( Jacq. ) Benth. ( néré ) et les plantes cultivées pour leurs fruits comme Carica papaya L. et Citrus aurantifolia (Christm.) Swingle. A la suite d’un inventaire à l’échelle nationale, BOUSSIM (1991), note que 95% des karités du Burkina sont parasités par les Tapinanthus qui sont des Phanérogames parasites épiphytes et 27% des arbres parasités sont enclins à mourir à brève échéance. Cet état de fait cause des dommages non négligeables à la production fruitière et surtout à celle des noix de karité qui, de nos jours, constitue une des filières socio-économiques importantes qu’il convient de développer. Il faudrait pour ce faire, maîtriser les problèmes phytosanitaires au sein des peuplements, gage d’un bon rendement de la production.
Présentation du site de l’étude
La présente étude s’est déroulée dans le village de Saria dans le Département de Koudougou, plus précisément à la Station de Recherches Environnementales et Agricoles, créée depuis 1923. Cette Station se trouve à 23 km à l’Est de la ville de Koudougou et à 80 km au Sud-ouest de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Située à une altitude de 300 m, la Station se trouve à 12°16′ de latitude nord et à 2°09′ de longitude ouest (Figure rr »l ). Cette Station couvre une superficie de 400 ha environ. Une grande partie de cette superficie est une mise en défens comprenant une portion de forêt claire, de savane boisée et de savane arbustive. On y rencontre également des champs et des jachères de courte durée. La composante ligneuse est fortement parasitée par des Loranthaceae du genre Tapinanthus. D’une façon générale, le contexte pédoclimatique de cette Station est semblable au reste du plateau central du pays qui a une faible pluviométrie et un sol peu fertile.
Le climat
Le climat est du type Nord-soudanien, caractérisé par deux saisons:
– une saison des pluies allant de mai à septembre (5 mois) ;
– une saison sèche allant d’octobre à avril (7 mois).
Cette longue saison sèche est à l’origine d’un dessèchement du sol et de la végétation. Le sol dénudé à cause des feux sauvages et autres pratiques anthropiques, devient sensible à l’érosion hydrique et éolienne.
Les précipitations
La pluviométrie annuelle est de 800 mm environ. Elle est sujette à de fortes variations spatio-temporelles avec pour conséquences les déficits hydriques préjudiciables aux productions agricoles (SOME, 1989 cité par OUATTARA, 1994). Les pluies qui se manifestent généralement sous forme de « lignes de grains» (MIETTON, 1988 cité par OUATTARA, 1994), se caractérisent par des fortes intensités (60-120mm/h). Elles sont très érosives et très dominantes sur le processus de formation des croûtes de surface (ROOSE, 1981 ; BOIFFIN, 1984; CASENAVE et VALENTIN, 1988 cités par OUATTARA, 1994). Ces pellicules de battance contribuent à réduire les capacités d’infiltration des sols .
Les températures
La température moyenne annuelle est de 28°C. Les maxima mensuels (40°C) se situent en mars -avril et les minima (15°C) en décembre. Les températures deviennent modérées en saison des pluies (25-35°C). Par son influence sur I’évapotranspiration, la température agit directement sur l’humidité relative de l’air.
La demande évaporative
Elle est en moyenne de 2000 mm en année sèche et 1720 en année de bonne pluviométrie. Elle peut cependant avoir des valeurs élevées entre deux épisodes pluvieux.
Les vents
Le régime des vents est sous la dominance des alizés:
– la mousson ou vent humide de direction sud-ouest apporte les pluies avec une humidité relative de l’air qui est de l’ordre de 60 à 90% ;
– par contre l’harmattan ou vent continental sec souffle pendant la saison sèche entraînant souvent des phénomènes d’érosion éolienne des sols demeurés nus après les récoltes.
La végétation
Selon la subdivision phytogéographique du Burkina Faso faite par GUINKO (1984) puis FONTES & GUINKO (1995), le terroir de Saria appartient au secteur Nord Soudanien caractérisé par des savanes à graminées annuelles, à arbres et arbustes. Cette savane fortement habitée, repose sur un relief plat et monotone. Elle a l’allure d’un grand verger où dominent le port léger et étagé de Parkia biglobosa (néré) et surtout l’aspect massif vert sombre de Vitellaria paradoxa (karité). On y rencontre également d’autres essences arborées protégées comme Acacia albida Del. (cade), Lannea microcarpa Engl. et K. Krause (raisinier), Tamarindus indica L. (tamarinier), Adansonia digitata L. (baobab), Khaya senegalensis ( Desv.) A. Juss. (caïlcédrat)… La strate arbustive est dominée par des fourrés clairsemés de Combretaceae dont Guiera senegalensis J.F.Gmel.. Combretum nigricans Lepr. et de Ceasalpiniaceae dont Piliostigma reticulatum (DC.) Hochst…
Le recouvrement des espèces graminéennes pérennes comme Andropogon gayanus n’existe plus que sur les seules jachères de la Station de Saria. Les sols peu profonds et les dalles latéritiques, sont colonisés par Loudetia togoensis L. et Schoenefeldia gracilis . En somme, le terroir de Saria est à l’image du plateau central du pays où l’action de l’homme est la cause prépondérante de la dégradation du couvert végétal. Il n’existe pratiquement plus de jachère dans le paysage agricole.
La Géologie
Sur le terroir de Saria, les formations géologiques appartiennent au Précambrien; elles sont cristallines et plus ou moins métamorphisées. Nous distinguons trois grands types de roches (LA VILLE-TIMSIT & LECOMTE, 1989 cités par OUATTARA, 1994):
– les granites ca!co-alcalins ;
– les septa de roches vertes au sens large (amphibolites, amphibolopyroxénites) ;
– le massif dioritique à tonalitique.
Les granites calco-alcalins forment la plus grande part du bâti anté-birrimien (Précambrien D). Ils sont souvent migmatisés à biotite et/ou amphibole ou présentent quelquefois un faciès pegmatitoïde à grains de quartz centimétriques (gros grains) et à lamelles de micas blancs de 2 à 3cm de diamètre. Ces deux faciès du bâti granitoïde ont respectivement engendré en surface du matériau à texture fine et des arènes très grossières. Les septa de roches vertes sont observées en « pierres volantes» au nord et à l’est de la Station de Saria. Il s’agit probablement d’un des septa de roches basiques. digérées en partie dans le bâti granitoïde. On n’en observe aucun affleurement. Quant au massif dioritique à tonalitique, encore appelé « massif de Saria », il se localise dans la partie Centre-Nord du terroir et se prolonge vers le massif granitoïde du sudest du département de Nandiala. Ce sont des roches intrusives, cristallines datant du Précambrien C. Le terroir de Saria repose sur une surface structurale qui définit la morphologie d’ensemble du paysage (plat) et le réseau hydrographique à écoulement rectiligne.
Les sols
Les sols de la Station de Saria sont des sols ferrugineux tropicaux lessivés ou non, issus d’une roche mère granitique (HIEN, 1979). Ils sont carencés en phosphore (ROOSE, 1981). Cette carence pourrait être corrigée par des apports de 25-50 unités de P20s/ha. Leur complexe adsorbant est dessaturé et pauvre en bases échangeables. Très pauvres en matières organiques (1%), les sols possèdent une faible capacité d’échange cationique de l’ordre de 3méq/100g de sol en raison de la teneur et de la nature des argiles: Teneurs en argiles inférieures à 10% avec prédominance du kaolinite. En 1974, ARRIVETS soulignait également une insuffisance de la nutrition azotée dans les sols, avec une réponse à l’azote variant d’une année à l’autre.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE l : CADRE DE L’ETUDE
1.1- Présentation du site de l’étude
1.2- Le climat
1.2.1- Les précipitations
1.2.2- Les températures
1.2.3- La demande évaporative
1.2.4- Les vents
1.3- La végétation
1.4- La géologie
1.5- Les sols
1.6- Milieu humain et système de culture
CHAPITRE II: ETAT DES CONNAISSANCES SUR LE TAPINANTHUS
2.1- Biologie des Tapinanthus
2.2- Ecologie des Tapinanthus
2.3- Les feuilles
2.4-Morphologie florale
2.5-Fruit.
2.6-Dégâts causés par les Tapinanthus
2.7-Physiologie des Tapinanthus
2.8-Importance ethnobotanique des Tapinanthus
2.9-Essais de lutte contre les Tapinanthus
2.9.1- Lutte mécanique
2.9.2- Lutte biologique
2.9.3- Lutte chimique »
2.9.4- Lutte intégrée
2.l0-Clé de détermination des Tapinanthus
CHAPITRE III : MATERIEL ET METHODES
3.1- Choix du site d’étude
3.2- Méthodes d’étude
3.2.1- Inventaire de la flore et de la végétation
3.2.1.1- La flore
3.2.1.2- La végétation
3.2.2- Traitements phytosanitaires
3.2.2.1- Traitement chimique
3.2.2.2- Contrôle biologique
3.2.2.3- Traitement mécanique
3.3- Analyses des données
CHAPITRE IV : RESULTATS
4.1- La flore de la Station
4.2- Etat de l’infestation des ligneux de la Station
4.3- Traitement mécanique
4.4- Traitement chimique
4.5- Effet du traitement chimique sur la plante hôte
4.6- Contrôle biologique
CHAPITRE V: DISCUSSION DES RESULTATS
5.1- Infestation des ligneux
5.2- Résultats des traitements phytosanitaires
5.3 – Les facteurs inhibiteurs au développement des Tapinanthus
CONCLUSION
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