Les facteurs de resilience et de guérison chez les autochtones victimes d’agression sexuelle

Les facteurs de resilience et de guérison chez les autochtones victimes d’agression sexuelle

L’AGRESSION SEXUELLE CHEZ LES AUTOCHTONES

La prévalence et l’incidence de l’agression sexuelle chez les Autochtones sont malaisées à situer, d’une part, en raison du peu d’études empiriques s’étant penchées sur le phénomène et, d’autre part, parce qu’il s’agit parfois d’un tabou important au sein des communautés. En effet, quoique des •Autochtones de certaines communautés au Canada s’entendent pour affirmer que Se problème de l’agression sexuelle représente un fléau, peu de victimes sont disposées à porter plainte afin de dévoiler la violence qu’on leur inflige. Au nombre des motifs expliquant cet état de choses et pouvant se rapporter au contexte autochtone, Picard (2004) suggère : i’éloignement géographique, avec tout le manque de ressources que ceia peut représenter pour la victime, une méconnaissance des services offerts, les représailles possibles de membres de la communauté à l’endroit de la victime, une méfiance à l’égard du système de justice et enfin, l’ignorance de ce qu’est l’agression sexuelle. La notion de famille élargie qui prévaut dans plusieurs communautés peut également constituer un obstacle à la divulgation de l’agression sexuelle (Picard, 2004).

Ainsi, les victimes pourront, dans bien des cas, se voir imposer la loi du silence afin de ne pas mettre en péril l’unité familiale [Native Women’s Association of Canada (NWAC), 1994]. En dépit des difficultés liées au sous-dévoilement, plusieurs études se sont données pour mandat d’évaluer la prévalence de i’agression sexuelle. Entre autres, l’Association des femmes autochtones de l’Ontario (1989) affirme que 8 femmes autochtones sur 10 ont été victimes de violence familiale. Parmi celles-ci, 87 % ont été blessées physiquement et 57 % ont été victimes d’agression sexuelle (VAS). Dans plus de îa moitié des épisodes violents survenant entre conjoints, les enfants autochtones seraient témoins ou potentiellement victimes de crimes sexuels, impliquant de la sorte les trois quarts des filles autochtones de moins de 18 ans (Hylton, 2002). L’ampleur du phénomène serait telle, que dans les communautés où il existe des programmes de lutte contre les agressions, on assisterait à une divulgation généralisée d’agressions sexuelles (Bopp et al., 2003).

Récemment, ie Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel du Lac-Saint-Jean (CALACS Entre Elles, 2007) a réalisé une enquête afin de connaître le profil des femmes de la communauté ilnu de Mashteuiatsh victimes d’agression sexuelle. Les principaux faits révèlent que 38 % des 98 répondantes ont déclaré avoir été VAS à une ou plusieurs reprises. La majorité des victimes ont été agressées dans l’enfance et l’adolescence, et îa plupart des agressions ont été commises dans la communauté. La peur d’être jugées ou rejetées par la famille ou la communauté semble le principal motif invoqué par les victimes pour ne pas porter plainte. D’autres études et recensions des écrits ont également révélé des chiffres alarmants de prévalence de l’agression sexuelle variant de 27 à 100 % (par exemple, Bopp et al., 2003; Corrado et Cohen, 2003; Embree et De Wit, 1997; -Hylton, 2002). En comparaison, ia prévalence de l’agression sexuelle varie plutôt de 4 à 18 % chez les non Autochtones au Canada et aux États-Unis (Gorey et Leslie, 1997; MacMillan Flemming Trocme Boyle, Wong, Racine, Beardslee et Offord, 1997; Tourigny, Gagné Joly, et Chartrand, 2006). Quoique ces chiffres soient inquiétants, .il convient d’en faire une analyse nuancée. En effet, il ne faut pas oublier que les populations autochtones du Canada sont très diversifiées. La réalité de chacune en regard du problème de l’agression sexuelle peut par conséquent différer. Il n’en demeure pas moins que celle-ci apparaît comme un problème présent au sein de plusieurs communautés autochtones.

L’Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants (ECI-2Q03; Trocmé et al., 2005) qui en était à son deuxième cycle présente des résultats qui montrent que les jeunes Autochtones canadiens ont été impliqués dans 15 % des cas de maltraitance corroborés, sur un total de 15 000 cas. De ce nombre, un peu plus de 200 enfants autochtones ont été VAS, ce qui représente 9 % de tous les signalements reçus et corroborés pour infractions sexuelles. En comparaison, on retrouve un taux d’incidence significativement plus faible d’enquêtes pour agression sexuelle chez les enfants autochtones que chez les enfants non autochtones (0,53 par rapport à 0,63 pour 1000 enfants âgés de 0 à 15 ans; p < .001) (Trocmé, MacLaurin, Fallon, Knoke, Pitman et McCormack, 2006). il est à souligner qu’en 1998, la proportion d’enfants autochtones signalés VAS était semblable à celle des enfants non autochtones au Canada (l’ECI-1998; Trocmé, Knoke et Blackstock, 2004) et au Québec [Étude d’incidence québécoise (EiQ-1998); Tourigny, Domond, Trocmé, Sioui et Baril, 2007].

LE POÎDS DE L’HISTOÏRE ET SES CONSÉQUENCES

II existe actueilement un consensus parmi les chercheurs autochtones concernant l’impact dévastateur de la colonisation et des pensionnats, certains tenant même ces établissements pour responsables d’un vaste traumatisme historique. En effet, ces écoles résidentielles sont aujourd’hui reconnues pour avoir sérieusement perturbé la culture autochtone, son système familial ainsi que son système communautaire (Biackstock, Brown et Bennett, 2007; Musse!, Cardiff et White, 2004). Ainsi, dès 1863, les pensionnats1 ont vu le jour afin de répondre aux politiques gouvernementales en matière « d’éducation »; cependant, ces politiques se sont avérées n’être ni p!us ni moins qu’une entreprise d’assimilation (Dion Stout et Kipling, 2003; Dussault, 2007). De nombreux cas de maltraitance abondamment documentés concernent ces établissements. H semble que la violence, tant physique que psychologique et sexuelle, y était monnaie courante (CRPA, 1996).

En effet, l’Enquête régionale longitudinale sur la santé des Premières Nations [ERS; Centre des Premières Nations et Organisation nationale de la santé autochtone (CPN et ONSA), 2006], réalisée auprès de 10 962 adultes, indique qu’un adulte sur cinq aurait fréquenté les pensionnats sur une période moyenne de cinq ans. Les ex-pensionnaires sondés déclarent dans une proportion de 71,5 % avoir été témoins de violence perpétrée à l’endroit de leurs compagnons. Qui plus est, 32,6 % d’entre eux affirment avoir été agressés sexuellement, 79,2 % violentés physiquement et 79,3 % avoir été victimes de violence verbale ou émotionnelle. Selon ce qui est qualifié d’hypothèse du traumatisme historique, de nombreuses victimes ont internalise cette souffrance, la perpétuant ensuite d’une génération à l’autre (Brave Heart et DeBruyn, 1998; Chansonneuve, 2005; CRPA, 1996). En effet, les agressions sexuelles perpétrées lors de ces séjours en pensionnat seraient la cause d’une transmission intergénérationnelle de l’agression, en plus d’être un facteur de risque significatif pour la dépression, les troubles anxieux et ia toxicomanie (Brave Heart et DeBruyn, 1998), sans négliger les impacts encourus sur Se plan de l’identité culturelle autochtone (CPN et ONSA, 2006). L’ERS (2006) présente certains impacts pouvant étayer la thèse d’une possible transmission intergénérationnelle des traumatismes subis lors des séjours en pensionnats. En effet, les adultes interrogés estiment que Se séjour de leurs parents dans les pensionnats a eu des répercussions négatives sur leur capacité à assurer leur rôle parental. En outre, cela aurait eu pour conséquence de contribuer à l’établissement de problèmes tels la dépression, la toxicomanie et ies pensées suicidaires.

À ce titre, 32,7 % des aduites ayant eu un parent fréquentant les pensionnats ont songé à se suicider, alors que chez ceux n’ayant pas eu de parents fréquentant les pensionnats, ce taux baisse à 25,7 %. En ce qui concerne la génération actuelle, un jeune sur six âgé de 12 à 17 ans a un parent ayant fréquenté les pensionnats et 60 % d’entre eux ont un grand-parent ayant également fréquenté ces écoles. Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est une autre des conséquences de ce traumatisme historique. Sa prévalence est estimée à 22 % chez les Indiens d’Amérique et ceux de PAiaska (Yellow Horse et Brave Heart, 2004), alors que dans la population générale, elle se situerait entre 7 et 10%, selon les études recensées (voir BriNon, 2004). Les résultats d’une recherche portant sur un échantiiion de 127 Autochtones de la Colombie-Britannique, survivants du régime canadien des pensionnats, révèlent que les diagnostics les plus fréquemment posés sont dans l’ordre le TSPT (64,2 %), les troubles causés par l’abus des substances psychoactives (26,3 %), la dépression majeure (21,2 %) et ie trouble dysthymique (20 %). Chez ceux ayant reçu un diagnostic de TSPT, on a également décelé en comorbidité des troubles de la personnalité évitante, limite, obsessionnelle ou dépendante, ainsi que des troubles anxieux (Corrado et Cohen, 2003).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Résumé
Table des matières
Liste des tableaux
Remerciements
Introduction générale.
Chapitre 1 : Article
Les facteurs de resilience et de guérison chez les autochtones victimes d’agression sexuelle
Chapitre 2 : Article 2
Influence de l’estime de soi, de la perception des qualités relationnelles parents-enfants, du soutien social et de l’agression sexuelle sur la resilience auprès d’adolescents autochtones et caucasiens du Québec
Chapitre 3 : Conclusion de l’essai
Références de l’introduction et de la conclusion de l’essai
Appendice A : Attestation d’authorship et de responsabilité pour l’ensemble de l’essai
Appendice B : Normes de publication détaillées de la Revue québécoise de psychologie
Appendice C : Normes de publication détaillées pour la revue First Peoples Child & Family
Review

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *