Les facteurs ayant une influence sur l’ intention entrepreneuriale des étudiants universitaires

Les économistes, leur vision et les faiblesses de leur approche

Richard Cantillon est considéré comme le père de cette école. Après avoir eu la citoyenneté française, il a été introduit au domaine financier, plus précisément le secteur bancaire (Murphy, 1986). Ce qui pourrait expliquer son fort intérêt pour la recherche de nouvelles opportunités d’ affaires tout en minimisant les risques. L’ originalité de l’approche de Cantillon vient du fait que l’ entrepreneur est défini par l’ incertitude. Il ne peut prévoir la situation des marchés ni les futurs revenus qui sont incertains. Ce qui est certain chez l’entrepreneur selon cette approche, est le volet « coût » (Steiner, 1997). Le meilleur exemple est le fermier qui, selon Cantillon est un entrepreneur car il paye le propriétaire pour sa terre sans être certain de la production ou les revenus futurs qu ‘ il va tirer de la vente de sa marchandise (la demande) : il est preneur de risque. Un siècle plus tard, Jean-Baptiste Say (1816) s’ intéresse aussi à l’ entrepreneuriat et la création d’entreprise avec sa théorie de répartition. Say fait la différence entre le capitaliste et l’entrepreneur et associe ce dernier à l’ innovation et au changement. Say voit l’ entrepreneur comme un organisateur qui assure l’équilibre économique par la gestion et la planification tout en prenant des risques calculables et non calculables (Tounés, 2004). Nous pouvons dire que l’ entrepreneur selon Say est un organisateur. Les deux auteurs ont introduit de nouvelles approches pour décrire l’entrepreneur. Cependant, c’ est Schumpeter qui va classer l’entrepreneuriat comme un champ à part entière et fait avancer la compréhension qu’on a de l’ entrepreneuriat (Filion, 1997). Selon la même source, Schumpeter estime que le risque est plus gros chez le prêteur de capitaux que chez l’ entrepreneur et donne à ce dernier un rôle clé dans l’économie, celui du moteur du progrès technique. En effet, l’auteur associe l’entrepreneur au changement et à l’innovation.

D’ après Schumpeter l’entrepreneur remplit une fonction particulière: trouver de nouvelles combinaisons de moyens de production et déceler des opportunités d’ affaires, ce qui va conduire à un déséquilibre économique et technologique entrainant la disparition de certaines innovations et incitant les autres entrepreneurs à innover encore plus (Tou nés, 2004). Nous retrouvons ce sens de prise de risque chez les entrepreneurs dans des études assez récentes. Stewart et Roth (2001) ont examiné les études traitant la prise de risque et ont conclu que les individus qui tolèrent le risque ont tendance à opter pour une carrière entrepreneuriale, tandis que ceux qui sont adverses au risque choisissent un emploi organisationnel stable. Ces résultats viennent soutenir ceux obtenus par Knight (1921) qui partageant la vision de Cantillon, fait partie de ce courant. Knight a opposé les deux types d’individus (tolérants ou adverses au risque). En effet, lancer une entreprise c’est accepter de courir des risques financiers (les gams ne sont pas garantis et les investissements sont importants), des risques professionnels (pas de sécurité de l’emploi), des risques familiaux (passer peu de temps avec sa famille, le stress au quotidien) et des risques d’ordre psychique si le projet échoue (l ‘ image de soi). Cependant, même si certains points semblent pertinents, les idées des économistes manquent de précision et d’ informations. En effet, Cantillon ne souligne pas la difficulté de trouver un capital pour le financement des entrepreneurs, selon sa théorie, le capital sera toujours disponible. L’approche de Say a elle aussi été critiquée car elle suppose que l’ entrepreneur agit toujours dans un environnement certain et que la population finira toujours par acheter ce qui a été produit (Tounés, 2004). Selon Filion (1997), cette école n’a pas su faire évoluer la science économique ni consacrer de l’ effort pour l’étude du comportement économique des entrepreneurs (refus des études qualitatives).

Les behavioristes Filion (2001) estime que le vocable  » behavioristes » regroupe les psychologues, psychanalystes, sociologues et autres spécialistes du comportement humain. D’après cet auteur et Tounés (2004), c’ est à David McClelland que nous pouvons rattacher l’utilisation des sciences du comportement dans le champ entrepreneurial. McClelland (1965) a mis l’accent sur le fait que l’entrepreneur est un individu qui veut s’affirmer en prouvant qu’ il est capable de réaliser des objectifs et de relever des défis, ce qui synthétise le besoin d’accomplissement que les entrepreneurs éprouvent et qui , combiné à certaines caractéristiques de l’ environnement, les prédisposent à devenir entrepreneur. Kunkel (1965) s’est questionné sur ce concept de besoin d’accomplissement et a souligné le fait que ce besoin se développe dans des situations particulières. Selon l’ auteur, le besoin d’ accomplissement est plus fort chez les individus ayant vécu certaines expériences comme la pression des parents et les attentes de l’environnement. Ceux-ci ressentent une pression que les individus ayant des parents indulgents ne connaitront probablement pas. Kunkel, tout comme Brockhaus (1982) ont critiqué l’approche de McClelland qu ‘ ils trouvent limitative car on ne peut pas expliquer tout un phénomène (l ‘ entrepreneuriat) par un seul facteur. 8rockhaus estime également que la combinaison de plusieurs traits chez l’ individu comme le lieu de contrôle et le besoin d’accomplissement est beaucoup plus prédictive du comportement entrepreneurial que la prise d’ un seul et unique trait. L’ auteur reproche également à McClelland le fait d’avoir réalisé ses recherches uniquement auprès des gestionnaires.

L’école des traits de caractère

L’école des behavioristes a eu un impact très fort dans le développement du champ entrepreneurial et a connu une forte croissance pendant plus de vingt ans selon Filion (2001). L’ auteur a résumé les traits attribués aux entrepreneurs dans le tableau suivant (Tableau 1). Il est à noter que ces études ont souvent des résultats contradictoires et n’ont pas permis de dresser réellement un profil psychologique absolu pour décrire les entrepreneurs (Filion, 1997; Ray, 1993). Selon Ray (1993), de nombreuses études se contentent uniquement des traits de caractère de l’entrepreneur pour expliquer l’entrepreneuriat. Ce fait a créé un biais dans notre compréhension de ce phénomène:  » .. . The field of entrepreneurship has been stuckfor too long on a limited number of psychological traits that have not necessarily increased our understanding of entrepreneurs ». Ray, 1993, p. 349. Selon Filion (1997), les différences entre les résultats des différentes études sont justifiées principalement par le fait que chaque auteur donne sa propre définition de l’entrepreneur et des variations dans l’ échantillonnage car les caractéristiques des entrepreneurs qui exercent depuis plusieurs années ne sont pas les mêmes que celles des étudiants et encore moins des gestionnaires. Filion a démontré en 1988 qu ‘on a plus de chance de devenir entrepreneur si on a un membre de la famille qui l’est que si on a certains traits. Autrement dit, en plus des choix individuels que l’acteur puisse faire de par son libre arbitre; l’ entrepreneur est également le fruit de son environnement qui le pousse continuellement à développer certaines caractéristiques comme la créativité ou encore la tolérance face aux risques et à l’ambiguïté. Même si suite aux critiques qu’on vient de citer, cette approche a connu un déclin; plusieurs études récentes ont porté sur les traits et la psychologie de l’entrepreneur (Crane et Crane, 2007; Giacomin et al. , 2013; Hmieleski et Baron, 2009; Zhao et Seibert, 2006). En effet, tous ces chercheurs se sont intéressé à la relation entre la personnalité et l’entrepreneuriat tels que l’optimisme ou encore le Big Five.

On a démontré que l’optimisme est une caractéristique de l’entrepreneur et une condition à son succès (Hmieleski et Baron, 2009) et que l’ ouverture aux nouvelles expériences, le caractère consciencieux et l’extraversion sont plus présents chez les entrepreneurs que chez les managers (Zhao et Seibert, 2006). En effet, dans cette méta-analyse des études menées durant les quinze dernières années comparant les entrepreneurs aux managers, les deux auteurs concluent que les entrepreneurs diffèrent des managers et ont plus de potentiel de créativité et d’ innovation dans leur caractère et que le besoin d’accomplissement est relié positivement à la performance des entrepreneurs. À travers cette première section, nous pouvons noter la multitude des approches utilisées pour définir l’ entrepreneuriat et l’ importance des traits de personnalité qui a longuement constitué la base des recherches entreprises dans le domaine (Crane et Crane, 2007; Giacomin et al., 2013; Hmieleski et Baron, 2009; Zhao et Seibert, 2006). Dans la prochaine section nous allons détailler le processus entrepreneurial et expliquer plus en détails l’ intention entrepreneuriale qui y constitue une étape fondamentale. Nous allons également développer les différentes théories qui ont tenté de prédire les comportements entrepreneuriaux en se basant sur les intentions.

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Table des matières

SOMMAIRE
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION ET PROBLÉMA TIQUE
CHAPITRE 1: REVUE DE LA LITTÉRATURE
1.1 L’ entrepreneuriat et la personnalité de l’entrepreneur
1.1.1 L’ entrepreneuriat
1.1 .2 L ‘entrepreneur et ses traits
1.1.2.1 L’école des économistes
1.1.2.2 Les behavioristes
1.1.2.3 L’approche selon les traits de caractère
1.2 L’intention entrepreneuriale
1.2.1 Définition de l’ intention entrepreneuriale
1.2.2 Les théories de l’ intention entrepreneuriale
1.2.2.1 Le modèle de la formation de l’évènement entrepreneurial
1.2.2.2 La théorie du comportement planifié
1.2.2.3 La théorie sociocognitive
1.2.3 Choix de la théorie à adopter
1.2.4 Les facteurs ayant une influence sur l’ intention entrepreneuriale des étudiants universitaires
1.2.4.1 La formation dans le domaine entrepreneurial
1.2.4.2 L’ auto-efficacité entrepreneuriale
1.2.4.3 Le sexe des étudiants universitaires
1.2.4.4 Les normes sociales et l’environnement familial
1.3 L’ auto-efficacité
1.3 .1 Origine et concept
1.3.2 Les sources de l’auto-efficacité
1.3.2.1 La maitrise personnelle
1.3.2.2 L’ apprentissage social
1.3.2.3 La persuasion par autrui
1.3.2.4 L’ état psychologique et émotionnel
1.3.3 La mesure de l’auto-efficacité entrepreneuriale
1.3.3.1 La reconnaissance d’opportunités
1.3.3.2 La planification
1.3.3 .3 La définition de la finalité de l’ entreprise
1.3.3.4 Les compétences humaines
1.3.3.5 Les compétences financières
1.4 L’optilnisnle
1.4.1 Définition de l’optimisme
1.4.2 Les deux théories principales de l’optimisme
1.4.2.1 La théorie de Seligman (l ‘optimisme attributionnel)
1.4.2.2 La théorie de Scheier et Carver (la disposition à l’optimisme)
1.4.3 L’optimisme dans le domaine entrepreneurial
1.5 Le modèle conceptuel
1.5.1 Le modèle de recherche
1.5.2 Les hypothèses retenues
CHAPITRE 2 : MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
2.1 La stratégie de recherche
2.2 La population étudiée
2.3 L’échantillonnage
2.4 Méthode de collecte de données
2.5 lnstruments de mesure utilisés
2.5.1 La variable dépendante
2.5.2 Les variables indépendantes
2.5.3 La variable modératrice
2.5.4 Les variables de contrôle
2.6 Méthode d’analyse de données
CHAPITRE 3: PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
3.l Analyse corrélationnelle
3.2 Analyse des régressions logistiques
3.3 Test des différentes hypothèses
CHAPITRE 4 : LA DISCUSSION
4.1 La discussion relative aux résultats et retour sur nos hypothèses
4.2 Les limites de la recherche
4.3 Les avenues de recherches futures
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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