LE BURKINA FASO
Situation géographique du Burkina Faso
Le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest avec une superficie de 274200 km². Il est limité au Nord et à l’Ouest par le Mali, au Nord-Est par le Niger, au Sud-Est par le Bénin et au Sud par la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo.
Données environnementales et climatiques du Burkina
Plusieurs facteurs environnementaux et climatiques influençant la prolifération des vecteurs sont associés à l’endémicité du paludisme. Ces facteurs sont la pluviométrie, la température et le couvert végétal. Le Burkina Faso est sous un climat tropical de type soudanien dans lequel alternent une longue saison sèche (octobre à avril) et une courte saison humide (mai à septembre). La durée de la saison des pluies et la pluviométrie totale annuelle permettent de distinguer trois zones climatiques :
• Une zone soudanienne, plus arrosée avec une pluviométrie comprise entre 1000 et 1300 mm d’eau sur une période qui s’étale sur au moins 5 mois. La végétation est composée de forêts claires et de galeries forestières en bordure de cours d’eau permanents ;
• Une zone soudano-sahélienne recevant une pluviométrie comprise entre 600 et 1000 mm d’eau sur une période d’environ 4 à 5 mois. La végétation est une juxtaposition de formations arbustives et herbeuses ;
• Une zone sahélienne caractérisée par une pluviométrie annuelle comprise entre 400 et 600 mm d’eau sur une période de 3 à 4 mois. La bande sahélienne est caractérisée par une steppe arborée de balanite et d’Acacias radia avec un tapis de graminées sur les dunes et le long des dépressions.
Le réseau hydrographique du Burkina s’organise en trois bassins qui drainent annuellement environ 8 milliards de mètre cube d’eau. Ce sont :
• le bassin de la Volta constitué par trois sous-bassins majeurs que sont : le Mouhoun, du Nakambé et de la Pendjari ;
• le bassin de la Comoé et le bassin du Niger.
Les trois principaux cours d’eau sont : le Mouhoun (anciennement Volta Noire), le Nakambé (Volta Blanche) et le Nazinon (Volta Rouge). Le Mouhoun est le seul fleuve permanent du pays avec la Comoé qui coule au sud-ouest. De nombreuses mares temporaires et permanentes existent par ailleurs sur l’ensemble du territoire mais ne sont pas répertoriées. Il existe également des barrages hydroélectriques (entre autres ceux de Bagré, de la Kompienga, du Sourou, de Samandeni) aux abords desquels des aménagements agricoles et maraîchers ont été réalisés. Ces mares et aménagements sont souvent sources de prolifération des vecteurs dont l’anophèle responsable de la transmission du paludisme (Guinko, 1984).
Les faciès de transmission du paludisme au Burkina Faso
On distingue trois faciès de transmission du paludisme au Burkina Faso (figure I)
• Un faciès de transmission permanente au Sud-Ouest du pays dans lequel la transmission commence en Mai
• Un faciès de transmission saisonnière longue au centre dans lequel la transmission commence en Mai et dure de 4-6 mois
• Un faciès de transmission saisonnière courte au nord du pays d’une durée de 2-3 mois avec des risques potentiels d’épidémies de paludisme. Le paludisme demeure au Burkina Faso, le principal motif de consultation et d’hospitalisation ainsi que la première cause de mortalité. En effet, en 2011, le paludisme représentait respectivement 45,4%, 52,5% et 34,2% des consultations, hospitalisations et décès dans les formations sanitaires de districts au Burkina Faso. En terme de vulnérabilité, les enfants de moins de 5 ans représentent la population la plus à risque avec plus de 50 % en 2011 des cas de consultations, 80,38% des cas d’hospitalisations et environ 87,9% des cas de décès enregistrés dans les formations sanitaires de districts (Santé, 2011b).
LE PALUDISME
Historique du paludisme
Le paludisme (du latin palus, paludis, marais), ou malaria (de l’italien mal’aria, mauvais air), est une parasitose due à un hématozoaire du genre Plasmodium qui sévit depuis la haute antiquité. Les connaissances sur le paludisme et le développement de la lutte antipaludique se sont acquises sur quatre principales périodes. La période empirique s’étend de la création de l’homme jusqu’en 1880, date de la découverte des parasites responsables du paludisme par Laveran à Constantine. La période naturaliste (de 1880 jusqu’à la seconde guerre mondiale) et la période chimique sont marquées par un développement considérable des opérations de lutte antipaludiques ayant contribué significativement à la régression de la maladie partout dans le monde. La période actuelle correspond à celle du changement de stratégie de lutte à partir de 1970 suite à la profonde désillusion de la stratégie d’éradication. Les principales dates de l’histoire des découvertes sur le paludisme dans le monde se résument comme suit :
• Premier millénaire avant Jésus-Christ : les propriétés antipaludiques de Artemisia annua sont utilisées en Chine.
• Cinquième siècle avant Jésus-Christ : Hippocrate décrivit les fièvres tierces bénignes et quarte en Grèce
• 1600 : Juan Lopez, un jésuite fut guéri avec la poudre de quinquina par un tradipraticien Indien, Pedro Liva, en Equateur.
• 1643 : Le cardinal Juan de Lugo conduisit un essai du produit péruvien à l’hôpital Santo-Spirito de Rome
• 1649 : Utilisation de l’écorce de quinquina adoptée par les jésuites
• 1712 : Torti séparait les fièvres qui cèdent à la quinine de celles qui y résistent
• 1820 : Caventou et Pelletier isolaient la quinine et la quinidine.
• 1822 : la quinine fut utilisée par les français au Sénégal
• 1854 : la Quinine fut distribuée comme prophylaxie aux ouvriers des chemins de fer aux Etats-Unis
• 1880 : Alphonse Laveran découvrit et décrivit les parasites du paludisme dans le sang.
• 1885 : Ross découvrit le rôle des oocytes en Italie
• 1886 : Golgi décrivit P. vivax et P. malariae
• 1889-1890 : Celli et Marchiafava décrivirent P. falciparum
• 1922 : Stephens décrivit P. ovale
• 1934 : Découverte de la chloroquine
• 1935-39 : Pulvérisations domiciliaires de pyréthrine en Afrique du Sud
• 1936-39 : Découverte et utilisation des propriétés insecticides du DDT
• 1953 : Apparition de la résistance des anophèles aux insecticides
• 1955 : Lancement du programme global d’éradication
• 1960-1966 : développement de la sulfadoxine-pyriméthamine
• 1961 : Apparition de la résistance aux médicaments en Amérique latine, en Asie du Sud et au Cambodge
• 1969 : L’OMS révisa les stratégies de lutte contre le paludisme
• 1985 : utilisation des moustiquaires imprégnées
• 1985 : développement de l’artémisinine
• 1992 : conférence ministérielle sur la stratégie de lutte antipaludisme à Amsterdam en Hollande
• 1995 : lancement du programme «faire reculer le paludisme»(Bruce-Chwatt et al., 1993).
Au Burkina Faso, les principales dates ayant marquées la lutte antipaludique sont :
• 1941 : début des études épidémiologiques dans la région de Bobo-Dioulasso
• 1947 : création d’une section Paludisme au sein du Service Général d’Hygiène Mobile et de Prophylaxie chargée du programme d’éradication et de la chimio-prophylaxie de masse;
• 1972-1974 : introduction de la chimio-prophylaxie avec la CQ chez les enfants de moins de 5 ans et chez les femmes enceintes pendant la période de transmission intense ;
• 1979 : intégration du traitement présomptif à la dose de 10 mg/kg de chloroquine de tout accès fébrile et de la chimio-prophylaxie chez la femme enceinte suite aux études du Centre Muraz ;
• 1982 : création du Reseau Ouest Africain de Traitement antipaludiques
• 1984 à 1985 : mise en œuvre d’un programme de lutte anti-vectorielle à Ouagadougou ;
• 1985 : création du centre de Référence de la Chimiosensibilité du Paludisme (CRCP) au Centre Muraz ;
• 1987 : création du Centre National de Lutte contre le Paludisme (CNLP) assurant la coordination des activités de contrôle de l’endémie au Burkina
• 1988 : détection de foyers de chimiorésistance et révision de la posologie du traitement par la chloroquine à 25 mg/Kg de poids ;
• 1991 : adoption d’un schéma thérapeutique standard pour le traitement du paludisme et création du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) ;
• 1993-1995 : expérimentation et présentation des résultats encourageants sur l’imprégnation des rideaux et des moustiquaires ;
• 1995 : restructuration du PNLP dans le cadre de la politique nationale de lutte contre le paludisme ;
• 1996 : adoption de la Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant (PCIME) ;
• 1997-1998 : lancement de l’initiative Africaine de lutte contre le paludisme au XXIe siècle par l’OUA et mise en œuvre du Programme d’Accélération de la Lutte Antipaludique (PALAP) ;
• 1998 : lancement du programme «Faire Reculer le Paludisme (FRP)» ;
• 1999 : restructuration du CNLP en Centre National de Recherche et de Formation sur le Paludisme (CNRFP);
• 2002 : lancement officiel de l’initiative FRP au Burkina Faso à partir de Koupèla, élaboration du premier plan stratégique de lutte contre le paludisme et approbation de la requête du Burkina au financement du Fonds Mondial Série 2 volet paludisme ;
• 2003 : confirmation du phénomène de chimiorésistance à la chloroquine (26,9% à 63,3%) et à la Sulfadoxine-Pyriméthamine (10%) ;
• 2003 : création du reseau d’Afique de l’Ouest pour le Traitement Antipaludique (RAOTAP) dont le siege au Centre Muraz de Bobo-Dioulasso
• Février 2005 : révision et adoption d’une nouvelle politique thérapeutique avec introduction des CTA et du TPI à la Sulfadoxine-Pyriméthamine chez la femme enceinte et élaboration du deuxième plan stratégique de lutte contre le paludisme et son plan intégré de communication ;
• 2007 : disponibilité effective des CTA dans les formations sanitaires et nouvelle approbation de la requête du Burkina à la série 7 du fonds mondial
• 2008 : lancement de la stratégie de prise en charge à domicile (PECADO) du paludisme dans 3 districts sanitaires (Kaya, Saponé, Nouna) ;
• 2009 : introduction des TDRs pour le diagnostic du paludisme dans les CSPS et mise en œuvre de la requête à la série 8 du Fonds Mondial et campagne de distribution universelle de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA) dans un district pilote (Diébougou) ;
• 2010 : passage à l’échelle de la PECADO, première campagne nationale de distribution universelle des MILDA et début de la campagne de pulvérisation intradomiciliaire (PID) dans un district pilote (Diébougou) ;
• Février 2010 : révision des modules de formation prenant en compte la confirmation de tous les cas de paludisme dans les formations sanitaires ;
• 2010 : couverture universelle de la population en moustiquaires imprégnées d’insecticide(Santé, 2011a).
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Table des matières
INTRODUCTION
II GENERALITES
II.1 LE BURKINA FASO
II.1.1 Situation géographique du Burkina Faso
II.1.2 Données environnementales et climatiques du Burkina
II.1.3 Les faciès de transmission du paludisme au Burkina Faso
II.2 LE PALUDISME
II.2.1 Historique du paludisme
II.2.2 Les vecteurs du paludisme
II.2.3 Les plasmodies
II.2.4 Répartition géographique du paludisme dans le monde
II.2.5 Symptomatologie et évolution du paludisme à Plasmodium falciparum
II.2.6 Diagnostic du paludisme
II.2.7 Traitement et prévention du paludisme
II.2.8 Immunité antipaludique
II.2.9 Résistance de Plasmodium falciparum aux antipaludiques
III MATERIELS ET METHODES
III.1 SITES D’ETUDE
III.1.1 Le district sanitaire de Dô
III.1.2 Le district sanitaire de LENA
III.1.3 L’Institut de Recherche en Sciences de la Santé, Direction Régionale de l’Ouest (IRSS-DRO)
III.1.4 La division des maladies infectieuses de l’Université de Californie, San Francisco (UCSF)
III.2 SOURCES ET PERIODES DE COLLECTE DU MATERIEL BIOLOGIQUE
III.3 POPULATION D’ETUDE
III.3.1 Estimation de la taille de l’échantillon des différentes études
III.3.2 Critères d’inclusion
III.3.3 Critères de non inclusion
III.4 COLLECTE DES DONNEES
III.4.1 Les prélèvements sanguins
III.4.2 Examens microscopiques des parasites
III.4.3 Mesure de la concentration en PQ
III.4.4 Techniques de génotypage de P. falciparum
III.5 CONSIDERATIONS ETHIQUES
III.6 ANALYSE STATISTIQUE DES DONNEES
IV RESULTATS
IV.1 SELECTION DES POLYMORPHISMES DE RESISTANCE DE P. FALCIPARUM PAR AL, AQ-SP ET NON PAR LA DHA-PQ
IV.1.1 Profils des études et caractéristiques des populations
IV.1.2 Sélection de polymorphismes de gènes de résistance dans les parasites de nouvelles infections dans l’étude randomisée comparant AL, AQ-SP et DHA-PQ
IV.1.3 Sélection de polymorphismes de gènes de résistance dans les parasites des nouvelles infections après traitement à la DHA-PQ
IV.1.4 Sélection de polymorphismes de gènes de résistance de P. falciparum sous l’effet de la chimioprévention saisonnière du paludisme au Burkina Faso.
IV.2 EFFICACITE ET PHARMACOCINETIQUE DE LA DHA-PQ DANS LE TRAITEMENT DU PALUDISME SIMPLE AU BURKINA FASO
IV.2.1 Efficacité du traitement à la DHA-PQ
IV.2.2 Association entre la concentration plasmatique en PQ et la réponse au traitement à la DHA-PQ
IV.2.3 Relation entre la présence des marqueurs de résistance et les recrudescences….. 58
IV.2.4 Clairance de la fièvre et des parasites, portage de gamétocytes et variation moyenne de l’hémoglobine
IV.2.5 Tolérance et acceptabilité du traitement à la DHA-PQ
V DISCUSSION
V.1 DE LA SELECTION DES POLYMORPHISMES DE RESISTANCE DE P. FALCIPARUM PAR AL, AQ-SP ET NON PAR LA DHA-PQ
V.2 DE L’EFFICACITE THERAPEUTIQUE DE LA DHA-PQ ET DE LA PHARMACOCINETIQUE DE LA PQ DANS LE TRAITEMENT DU PALUDISME SIMPLE AU BURKINA FASO
VI CONCLUSION
VII REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ARTICLE NUMERO 1
ARTICLE NUMERO 2
ARTICLE NUMERO 3
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