LES ETAPES DU DEVELOPPEMENT DU MEDICAMENT
Conception
L’idée de conception d’un médicament peut être le fruit de l’empirisme ou du hasard, mais pour la plupart, il s’agit de l’aboutissement de l’application des connaissances scientifiques les plus récentes sur les propriétés de milliers de substances, naturelles ou synthétiques. Elle peut aussi être le fruit de nouvelles stratégies plus directes où le point de départ n’est plus le médicament lui-même, mais sa cible moléculaire. Ils sont alors plus inventés que découverts. L’émergence de nouvelles technologies (biotechnologies) permet d’accélérer les processus de découvertes. La recherche et le développement sont ainsi deux activités clés des entreprises du médicament, dont la réalisation n’est possible que si les bénéfices de la société sont largement réinvestis pour développer de nouveaux médicaments. Ces recherches sont longues et coûteuses, dans le cadre d’une recherche et développement classique, sur 10.000 molécules qui sont » screenées « , en tant que nouveaux médicaments potentiels, les tests de laboratoire identifient environ une quinzaine de molécules candidates pour des études précliniques. Après l’évaluation de ces molécules chez l’animal, quelques unes d’entre elles sont étudiées en clinique chez l’Homme, et seules une ou deux arrivent à l’ultime étape : l’autorisation de mise sur le marché (AMM). Entre le moment de la conception d’une nouvelle molécule et le moment où elle est susceptible d’arriver sur le marché, il faut compter de sept à douze ans. Une bonne planification des recherches et du développement permet d’agir sur ce délai ; chaque gain de temps représente, bien entendu, un bénéfice potentiel et améliore la rentabilité d’une molécule, d’autant que son exploitation avec protection sera plus longue. Par ailleurs, de nouveaux procédés tels que la biotechnologie, la chimie combinatoire peuvent diminuer les délais et coût de la recherche. C’est ainsi que les entreprises pharmaceutiques cherchent toutes à acquérir une surface financière suffisante pour assumer les investissements nécessaires afin d’accéder à ces nouvelles technologies.
Essais précliniques
Les essais précliniques se font en plusieurs étapes :
➤ Le screening
Le screening consiste, à analyser les effets d’une molécule injectée à un animal à travers le criblage d’un certain nombre de tests. C’est une méthode exhaustive, lente, qui associe la modulation moléculaire « drug design » et l’exploration pharmacologique systématique.
➤ La pharmacologie expérimentale
Le nouveau produit existe avec des propriétés physico-chimiques strictement définies. On en dresse sa ‘’carte d’identité’’ pour garantir ultérieurement sa reproduction à l’identique. Des essais d’efficacité sont alors réalisés sur des systèmes moléculaires inertes, sur des cellules et cultures de cellules et enfin sur l’animal.
➤ La toxicologie :
Depuis plusieurs années, les tests de toxicologie imposés par cette étape s’affinent de plus en plus ; ils permettent d’améliorer la prévision des effets secondaires des futurs médicaments. Les tests élaborés sur les cellules ou sur l’animal renseignent sur les risques de mutagenèse, de tératologie, de toxicité des organes cibles.
➤ La pharmacocinétique et le métabolisme du médicament : essais sur l’animal Malgré les controverses sur les expérimentations animales, l’utilisation de l’animal reste indispensable pour évaluer les nouvelles molécules car, aujourd’hui, aucune méthode n’offre le même degré de fiabilité et d’acceptabilité. Ainsi, le devenir du médicament est étudié dans l’organisme animal, notamment son absorption, son métabolisme, sa distribution par la circulation sanguine ou lymphatique, son élimination. Lorsque les résultats sur l’animal le permettent et seulement après examen complet par les autorités administratives, ces expérimentations peuvent débuter chez l’Homme.
Il existe cependant des méthodes alternatives. L’objectif de ces méthodes est de remplacer les modèles animaux par des préparations in vitro pour tester de nouvelles substances médicamenteuses aussi bien en toxicologie qu’en pharmacocinétique ou métabolisme. La mise au point de tests sur des cultures de cellules humaines provenant de divers organes et tissus permet ainsi d’apprécier plus directement leur toxicité pour l’Homme.
Ces nouvelles stratégies alternatives, raccourcissent la durée des études, limitent les dépenses consacrées à la recherche et le développement de nouvelles molécules et réduisent le nombre d’animaux sacrifiés. Cependant, si ces méthodes sont plus économiques en temps, en argent et en vies animales elles ne peuvent pas se substituer totalement aux expérimentations menées entièrement sur animal entier.
Essais cliniques
Le processus menant un nouveau médicament, du stade expérimental vers la commercialisation, est de l’ordre de 7 à 10 ans. De tels délais sont difficilement acceptables dans le cas de pathologies graves. La participation à un essai clinique peut permettre à un patient, en particulier lorsqu’il n’existe pas de traitements ou que les traitements existants sont inefficaces ou mal tolérés, de bénéficier d’un traitement innovant. C’est une façon de faire avancer la recherche. Les essais cliniques (avant l’AMM) se font en trois phases .Les phases impliquant des personnes ne peuvent être entreprises que si les résultats de l’expérimentation animale ont été jugés prometteurs et non dangereux.
➤ Phase 1 : Tolérance ou innocuité
Des quantités croissantes de la nouvelle molécule sont administrées à des volontaires sains, sous surveillance étroite. Cette phase permet d’évaluer les grandes lignes du profil de tolérance du produit et de son activité pharmacologique.
➤ Phase 2 : Efficacité du produit sur de petites populations et recherche de dose Cette phase se déroule chez un petit nombre de patients hospitalisés. Il s’agit ici de vérifier que le rapport bénéfice/tolérance est favorable, et au moins équivalent au traitement existant et n’entraîne pas des effets secondaires importants. La dose optimale, c’est-à-dire celle pour laquelle l’effet thérapeutique est le meilleur pour le moins d’effets secondaires, est établie.
➤ Phase 3 : Études « pivot »
Dans les conditions aussi proches que possible des conditions habituelles d’utilisation des traitements, le rapport efficacité-tolérance est vérifié sur un grand groupe de malades. Précautions d’emploi et risques d’interactions avec d’autres produits sont identifiés. Les essais peuvent couvrir plusieurs centaines à plusieurs milliers de patients. A rajouter une phase 4, après l’obtention de l’AMM, qui se déroule tout au long de la vie du médicament.
Les essais cliniques peuvent être publics ou privés. Ils sont toujours pris à l’initiative d’un promoteur et supervisés par un investigateur. 71 % des études cliniques sont lancées par les entreprises du médicament. Le promoteur prend l’initiative de la Recherche Clinique. Il peut s’agir d’une entreprise du médicament, d’un centre de recherche publique, d’un établissement de soins… L’investigateur est la personne qui dirige et surveille la réalisation de l’essai clinique. Et dans la majorité des cas, il s’agit d’un médecin.
|
Table des matières
INTRODUCTION
I. DEFINITION DU MEDICAMENT
II. LES ETAPES DU DEVELOPPEMENT DU MEDICAMENT
II.1 Conception
II.2 Essais précliniques
II.3 Essais cliniques
II.4 Enregistrement
III. FABRICATION DU MEDICAMENT
III.1 Système d’assurance de la qualité : le personnel, les locaux et les équipements15
III.2 Production
III.3 Documentation
III.4 Contrôle de qualité et étiquetage
III.5 Contrat d’entreprise
III.6 Inspections, réclamations, rappel de produits et levée d’insu d’urgence
I. LE BIOMÉDICAMENT
I.1 Définition(s)
I.2 La famille des protéines recombinantes
I.2.1 Les différentes protéines thérapeutiques
I.2.2 Les anticorps monoclonaux (ACM)
II. POIDS DES BIOMOLÉCULES DANS L’ARSENAL THÉRAPEUTIQUE
III. REGLEMENTATION DES BREVETS
III.1 Les aspects généraux
III.2 Le cas des biomédicaments
IV. LA PRODUCTION DE BIOMEDICAMENT OU BIOPRODUCTION
IV.1 Le process générique de production
IV.2 Les différents systèmes de production utilisés
IV.2.1 Production à partir de cellules animales
IV.2.2 Production à partir de bactéries ou levures
IV.2.3 Les autres voies
IV.2.4 Production de lots cliniques et de lots commerciaux
IV.2.4.1 La production de lots cliniques
IV.2.4.2 La bioproduction industrielle
V. LES ENJEUX DE LA BIOPRODUCTION DE MEDICAMENTS
V.1 La reproductibilité
V.2 L’anticipation
V.3 Les coûts d’exploitation
V.4 La productivité
V.5 La durée des cycles de production
VI. ETAT DES LIEUX ACTUEL DES CAPACITES DE BIOPRODUCTION DANS LE MONDE
VI.1 Les différents types d’acteurs dans la bioproduction
VI.2 Capacité de production en Amérique
VI.3 Capacité de production en Asie
VI.4 Capacités en Europe
VII. LA GALÉNIQUE
VIII. LES ÉTUDES CLINIQUES POUR LES BIOMÉDICAMENTS
IX. BIOMEDICAMENTS ET LA SOCIETE
IX.1 Sécurité des biomédicaments
IX.1.1 Prévention et confinement dans les laboratoires de recherche
IX.1.2 Procédures expérimentales, bonnes pratiques de laboratoire
IX.1.3 Bonnes pratiques de fabrication (BPF, GMP en anglais)
IX.2 Protection des personnes
X. CLASSIFICATION DES BIOMEDICAMENTS
X.1 Anticorps
X.2 Hormones
X.3 Cytokines biosynthétiques et biomédicaments agissant sur les cytokines
X.4 Biomédicaments de la coagulation
X.5 Vaccins
CONCLUSION