Soutenance mémoire
Les espaces d’apprentissage innovants en bibliothèque universitaire
Impact sur l’Université et sur l’apprentissage
Comment la création de nouveaux types d’espaces d’apprentissage peut changer non seulement la bibliothèque mais aussi l’université ? Julien Roche, directeur de Lilliad, Learning center innovation à l’Université de Lille, explique l’originalité du concept. Lilliad comprend trois pôles : une bibliothèque universitaire scientifique, un pôle évènementiel accueillant différents types d’événements autour de l’innovation et un pôle Xperium dédié à la recherche et aux expériences. Pour Roche, Lilliad est un « véritable « adieu » à la « BU », un « projet qui a permis de transformer en profondeur les missions de l’actuelle bibliothèque, enrichissant son offre de services et d’espaces ». (Roche, 2017). L’accent est mis sur l’innovation qui est appliquée aussi en matière pédagogique. Le but est « d’apprendre autrement » à l’aide des services, espaces, rencontres au sein de Lilliad, de « favoriser la transition lycée-université et de développer le goût des sciences, croiser les outils pédagogiques virtuels et les outils documentaires. (Lilliad, 2020)
La salle d’innovation pédagogique de Lilliad, la « Salle Y », est « un espace d’expérimentation de nouvelles pratiques pédagogiques, tant du point de vue des mobiliers, que des équipements informatiques ». Le mobilier amovible et pliable, les tableaux mobiles aux surfaces « écrivables » et magnétiques, l’équipement informatique performant « font de la salle Y un espace répondant aux désirs de la communauté universitaire ». (Matejko, 2017)
Identité, aménagement et utilisation des technologies
A quoi d’autre faudrait-il faire attention à propos des espaces d’apprentissage informels au sein de l’université ? Dans leur étude explorant le comportement et les préférences des utilisateurs dans les espaces d’apprentissage informels, Deborah Harrop et Beatrice Turpin analysent les résultats d’une étude longitudinale à l’Université Sheffield Hallam en Angleterre.
Les auteurs explorent entre autres les attentes et les préférences des étudiants en ce qui concerne les espaces d’apprentissage informels dans une bibliothèque universitaire. Elles soulignent l’importance de déterminer l’identité et les fonctions des espaces. Les espaces d’apprentissage doivent non seulement être aménagés selon l’utilisation et les activités prévues, mais aussi avoir une configuration et un emplacement adéquats. Les espaces d’apprentissage peuvent avoir plusieurs identités, ce qui permet d’avoir une flexibilité et une variété au niveau des activités possibles. Cependant, il faut veiller à ce que ces identités ne soient pas incompatibles. Harrop et Turpin remarquent que souvent les apprenants reconfigurent l’espace en déplaçant le mobilier et l’équipement. Selon elles, cela représente une opportunité pour les utilisateurs de construire leur propre espace et de se l’approprier.(Harrop et Turpin, 2013)
Bibliothèques académiques face aux changements
Anne Llewellyn propose dans son article « Innovations in Learning and Teaching in Academic Libraries: A Literature Review » une revue de la littérature concernant les changements technologiques, sociétaux et éducatifs auxquels les bibliothèques académiques doivent faire face. Elle analyse 95 articles parus essentiellement entre 2014 et 2019 aux Etats-Unis, en Europe et en Australie en se concentrant sur les innovations d’apprentissage dans les 8 bibliothèques académiques. Llewellyn se penche sur la diversification du rôle du bibliothécaire universitaire, sur les changements de pédagogies et sur l’apprentissage. Elle examine la question de la littératie informationnelle, du partenariat et du co-design. Dans sa revue de la littérature la chercheuse aborde comment l’espace influence l’apprentissage et l’expérience étudiant.
Elle reconnaît qu’aujourd’hui la bibliothèque universitaire doit être capable de non seulement fournir des ressources nécessaires pour l’enseignement et l’apprentissage, mais également de jouer un rôle clé dans une approche intégrée du développement des connaissances et des compétences des étudiants. Effectivement, les diplômés doivent posséder un large éventail de compétences requis par le monde du travail et les bibliothécaires universitaires peuvent les aider à développer ces compétences.
Innovation dans l’apprentissage et les bibliothécaires
Sheila Corrall et Liz Jolly s’intéressent aux innovations dans l’apprentissage et l’enseignement dans les bibliothèques universitaires. Quelles innovations les bibliothécaires mettent en œuvre ? Quelles activités et / ou publics sont au centre de leurs innovations ? Leurs innovations sont-elles principalement technologiques, managériales, administratives ou collaboratives ? Les auteurs ont lancé un appel à propositions par courrier au niveau international à l’été 2018 en ciblant les bibliothécaires universitaires, les conseillers aux études et les experts en apprentissage (educational developers and learning technologists). Les réponses sont essentiellement parvenues des Etats-Unis et d’Europe. Des tendances sont ressorties : l’alignement stratégique des initiatives de la bibliothèque avec les objectifs institutionnels, le changement de rôle des bibliothécaires, le développement de nouvelles pédagogies et le rôle de l’espace dans l’apprentissage. L’innovation dans l’apprentissage et la création de nouveaux espaces dans les bibliothèques académiques font souvent partie de grands projets incorporés dans la stratégie des universités.
Synthèse du Benchmark
Aujourd’hui les bibliothèques académiques suivent de près les transformations dans l’enseignement supérieur et cherchent à être des partenaires à part entière des universités dans ce processus. Face aux innovations pédagogiques, technologiques et de nouveaux modes d’appropriation du savoir chez les étudiants, les bibliothèques sont constamment à la recherche de réponses aux besoins émergents. Les bibliothèques universitaires se transforment en Learning Hubs, Information Commons ou Learning Centers et de nouveaux espaces apparaissent en leur sein : Learning Labs, Creativity studios, salles de pédagogie innovante ou d’apprentissage actif etc. Ces espaces ont pour but de faciliter le travail collaboratif, d’encourager la créativité et l’expérimentation des étudiants en les rendant plus actifs dans leur apprentissage.
Six exemples ont été choisis pour illustrer des espaces d’apprentissage innovants au sein des bibliothèques universitaires. Il s’agit respectivement d’espaces en France (Salle Y d’innovations pédagogiques), en Angleterre (Skills Centre), à Hong-Kong (I-space), au Canada (Salle d’apprentissage actif) et aux Etats-Unis (Active Learning Lab et Creativity Studio).
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Table des matières
1. Introduction
1.1.Contexte
1.2.Mandat
1.3.Objectifs
1.4.Questions de recherche
2. Les espaces d’apprentissage innovants en bibliothèque universitaire
2.1.Appellations différentes, même contenu ?
2.2.Impact sur l’Université et sur l’apprentissage
2.3.Identité, aménagement et utilisation des technologies
2.4.Bibliothèques académiques face aux changements
2.5.Innovation dans l’apprentissage et les bibliothécaires
2.6.Regard critique
3. Benchmark au niveau international
3.1.Université Laval : salle d’apprentissage actif et autres salles spécialisées
3.2.Université de Lille : Lilliad, Salle Y
3.3.North Carolina State University : Creativity Studio
3.4.Hong Kong Polytechnic University (PolyU) : i-Space
3.5.Sheffield Hallam University: The Skills Centre
3.6.Baylor University : Active Learning Lab
3.7.Synthèse du Benchmark
4. Méthodologie de la collecte et de l’analyse des données
4.1.Approche générale et méthode de recherche
4.2.Enquête qualitative : entretiens et focus groups
4.3.Analyse des données qualitatives
4.4.Limites de la méthodologie
5. Présentation et interprétation des résultats de l’enquête qualitative et des discussions lors des focus groups
5.1.Présentation des spécificités du site Uni Mail de la Bibliothèque
5.2.Présentation et interprétation des résultats de l’enquête qualitative
5.2.1.Entretien 1 : enseignant à la Faculté de Psychologie et des sciences de l’éducation
5.2.2.Entretien 2 : Bureau de la Transformation Numérique (BTN)
5.2.3.Entretien 3 : Activités culturelles de l’Université de Genève
5.2.4.Entretien 4 : Pôle de soutien à l’Enseignement et l’Apprentissage (SEA)
5.2.5.Synthèse et analyse des entretiens
5.3.Discussions lors de focus groups dans le cadre du projet Concept Library 3.0
5.3.1.Focus group du site Uni Mail de la Bibliothèque
5.3.2.Focus group transversal
6. Pistes de recommandations
6.1.Dimension cadre et organisation
6.2.Dimension identité
6.3.Dimension design et agencement
6.4.Dimension technologique
6.5.Dimension pédagogique et softs skills
6.6.Dimension rôle actif de la bibliothèque
6.7.Synthèse des recommandations
7. Conclusion
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