LES ESCLAVES DANS LA SOCIETE ET DANS L’ARMEE ROMAINE
La société romaine, était structurée de la sorte : il y avait, d‟une part les Patriciens et leurs Clients, d‟autre part les Plébéiens et enfin les étrangers et les esclaves. On distinguait dans cette population romaine, d‟abord les gentes dont sont issus les Patriciens, qui participaient à la vie politique, militaire, économique, sociale et religieuse. Cette première classe sociale regroupait les nobles et les chevaliers. Ensuite viennent les plébéiens « cette classe d‟hommes existait dans toutes les cités anciennes ; mais à Rome elle était plus nombreuse que nulle part ailleurs ». D‟après J. Rougé cette plèbe rustique est par excellence la classe moyenne des petits propriétaires et elle fournit le gros des armées romaines tout au long des guerres .
En plus de ces deux classes sociales, il y avait un groupe d‟individus appelés esclaves ou Servi en latin. Les esclaves sont considérés comme des hommes qui ont perdu leurs libertés, soit par la naissance, par la guerre, l‟endettement ou la piraterie. Comme tous les peuples antiques, Rome avait pratiqué l‟esclavage très tôt, du fait qu‟entre la royauté et la fin de la République, les esclaves étaient très nombreux. Au dernière siècle de la République le citoyen romain qui ne possédait qu‟un ou deux esclaves pendant la période royale se retrouvait avec 200, 500, 1000 et jusqu‟à 4000 esclaves. Cette présence massive des esclaves peuvent s‟expliquer par le commerce des esclaves. Il y avait des commerçants spécialisés dans le commerce des esclaves qui accompagnaient les troupes de guerres pour acheter les prisonniers de guerre qu‟ils réduisaient en esclave.
Bien que cela ne fut pas le destin de tous les prisonniers de guerre à tous les époques car certains étaient tués, d‟autres restaient des prises en otages au peuple victorieux. Ces esclaves, dont la provenance était la guerre, étaient considérés comme de ennemis vis-à-vis de la patrie et pour des raisons de sécurité c‟est à dire d‟éviter d‟éventuel infiltration ou d‟espionnage font que les esclaves ne figuraient presque dans aucune activité guerrière. Ainsi les esclaves étaient en marge dans la société romaine et cette marge s‟identifie d‟abord par l‟appellation, par le statut, par le comportement vis-à-vis des citoyens et des esclaves, c‟est-à-dire les relations qu‟ils entretiennent entre eux.
L’esclave en marge de la société romaine
« Commun à presque toutes les civilisations anciennes, en tout cas celles du domaine méditerranéen et du monde des steppes (peut-être inconnu dans l‟Inde ancienne d‟après Diodore de Sicile, II, 39, 2), l‟esclavage est partout présent dans la société romanoitalienne ». Dans ce cas, les esclaves font ils partie de la société romaine ? En principe, dans le domaine des idées et de la conscience sociale, les esclaves ne font pas partie de la société . Presque, aucune source ne nous apporte des informations claires et précises qui montrent que les esclaves ont une fois été intégrés de la société romaine. Au contraire, les esclaves vivaient dans la société mais tout en étant exclus de la société. D‟abord, considérés comme des choses, des res, le statut des esclaves se caractérise par des absences : absence de liberté et absence des qualités inhérentes à la catégorie des hommes libres. Ensuite, les conditions de vie des esclaves se placent également sous le signe de la domination et de la violence. Les conditions des esclaves se différent d‟un esclave à l‟autre et chez un maître à un autre mais aussi les conditions des esclaves de la ville et des esclaves de la campagne n‟étaient pas aussi pareilles. Enfin, à Rome les esclaves sont considérés comme des objets, des choses, des res ; ce ne sont pas des êtres humains au même titre que les hommes libres. Ils n‟ont aucun droit, mais reconnus par la loi comme de simples propriétés « avec âmes » aux dires d‟Aristote. De même que ces prédécesseurs, Aristote soutient également que les esclaves ne font pas partie de la cité grecque.
Définition de l’esclave
L‟esclavage est défini ainsi comme « une institution du droit des gens par laquelle, contrairement à la nature, une personne est soumise au droit de propriété d‟une autre ». Ainsi, Alain Testart suggère qu‟on parle plutôt du statut de l‟esclave que des qualités qui le déterminent parce que, d‟après lui « l‟esclavage ne se définit pas comme une condition de vie mais comme un statut ». Un statut que pendant la République le vocabulaire latin a désigné par le mot Servus s‟opposant à Ingenuus (homme libre). Etymologiquement Servus dérive des mots servilis, serviliter, servitium qui font référence à l‟esclave et l‟esclavage, et montrent la classe des esclaves. conservitium inservio, être esclave de… ; praeservio, servir avec dévouement ; subservio, servir en sous-ordre . En effet chacun des mots dérivant à servus renvoie à l‟esclave. Servilis signifie l‟esclave qui appartient aux esclaves, quant à serviliter c‟est un adverbe qui détermine la manière des esclaves (servilement) et servitium c‟est la condition d‟esclave et de l‟esclavage .
Tous ces dérivés et composants montrent que servus est un terme de sens général à côté de mancipium, captivus qui désignent des esclaves. Du point de vue juridique serva désigne la condition juridique de la femme esclave ; ancilla la fonction qu‟elle remplit. Dans les rapports de guerre, le mot servus incarne la possession, parce que le vainqueur ayant le droit de tuer le vaincu, possède, à plus forte raison, le droit d‟en faire sa propriété ou de le vendre, ac per hoc servare, d‟où le nom de servus.
Cependant, des auteurs comme Cl. Nicolet ne partage pas l‟avis selon lequel Servus est le nom unique qui désignait l‟esclave. Pour Cl. Nicolet servus est étranger au fond latin, et ne peut être emprunté à l‟étrusque . En effet, Cl. Nicolet affirmait que « le plus ancien nom de l‟esclave en latin est sans doute Puer dont l‟étymologie relayée de nos jours par la sémantique et l‟anthropologie structurale, ouvre aussi d‟autres perceptives sur les origines réelles de l‟esclavage romain et la façon dont il s‟intégrait dans l‟ensemble des rapports sociaux. Bien des mots désignent l‟esclave en latin : Captivus (de capere) implique l‟idée de guerre ou de commerce et Mancipium (de manus) ». Le nom neutre mancipium est un terme juridique désignant d‟abord un mode d‟acquisition, puis le droit de propriété qui résulte de cette façon d‟acquisition de l‟objet acquis spécifiquement qui est l‟esclave.
Toutefois, même si le plus ancien nom est Puer et que Servus est étranger au fond latin, ils étaient des termes utilisés pour désigner les hommes non libres (les esclaves) répartis en trois groupes : on distingue les esclaves privés, les esclaves publics et les esclaves sans maîtres. Sur le corps des esclaves apparaissent des symboles reflétant des marques et des stigmates qui déterminent leur appartenance. Pour le cas des esclaves privés deux principales marques sont apposées à la joue. Ces marques étaient faites au fer rouge matérialisées par une croix et des doubles anneaux , il s‟agissait souvent de deux lettres dont la lettre S qui signifie qu‟il s‟agit avant tout d‟un homme non libre, et puis suit la première lettre du nom de son maître. Par exemple on appellera l‟esclave de Marcus, Marcipor.
A côté des esclaves appartenant à un particulier, les esclaves publics sont ceux qui appartiennent à l‟Etat. Ils sont ordinairement affectés au service des magistrats ou employés dans l‟administration. Au point de vue juridique, ils se trouvent dans une situation supérieur à ceux qui ont pour maître un particulier, car ils peuvent avoir un patrimoine et peuvent par testament, disposer de la moitié de leurs biens . Ainsi l‟esclave public ne portait sur lui qu‟une seule marque ; la marque S (servi) défini qu‟il appartient à l‟Etat, à la ville ou à la municipalité et assure les tâches d‟ordre général comme son nom l‟indique, servus publici romani.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE :LES ESCLAVES DANS LA SOCIETE ET DANS L‟ARMEE ROMAINE
Chapitre 1 : L‟esclave en marge de la société romaine
Chapitre 2 : Les conditions de vie des esclaves
DEUXIEME PARTIE :La participation des esclaves dans la seconde guerre punique et dans les guerres civiles
Chapitre 1 : La participation des esclaves dans la seconde guerre punique
Chapitre 2 : La participation des esclaves dans les troubles politiques et dans les guerres civiles
Chapitre 3 : La place des esclaves dans les champs
CONCLUSION
PLAN
BIBLIOGRAPHIE