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Analyse des rรฉsultats
Les enseignantes
Les enseignantes et leur rapport au handicap
Pour cette premiรจre partie, il est intรฉressant de sโintรฉresser ร lโexpรฉrience des enseignantes avec le handicap et plus particuliรจrement la trisomie 21, ainsi que faire le lien entre cette expรฉrience et leur point de vue sur lโรฉlรจve. Nous savons notamment que les stรฉrรฉotypes vรฉhiculรฉs envers les รฉlรจves peuvent influer sur les capacitรฉs rรฉelles de lโรฉlรจve, voire lโempรชcher de progresser.
Les trois enseignantes de classe ordinaire nโont bรฉnรฉficiรฉ dโaucune formation sur le handicap. Elles ont donc accueilli leur premiรจre รฉlรจve trisomique sans รชtre formรฉes et sans aucune expรฉrience prรฉalable avec la trisomie 21. En effet, avant les รฉlรจves concernรฉs par cette recherche, les enseignantes ont eu des expรฉriences avec des enfants prรฉsentant un handicap ou un trouble, mais pas avec des รฉlรจves trisomiques 21. Quant aux enseignantes spรฉcialisรฉes la plupart dโentre elles a suivi une formation axรฉe sur lโรฉcole inclusive et les besoins รฉducatifs particuliers. Les connaissances thรฉoriques sur les diffรฉrents handicaps ne semblent pas รชtre รฉtudiรฉes (ยซ cโest pas du tout une sรฉriation par type de handicap ยป Mme F. (R2). Il semble donc logique de comparer les enseignantes et leurs points de vue sur la trisomie, selon leur expรฉrience auprรจs des รฉlรจves porteurs de ce handicap et non ร partir de leur formation.
P-F. Groud et C.Martin-Krumm en 2012, affirmaient que la plupart des enseignants possรฉdaient des connaissances objectives sur ce handicap, quโils gรฉnรฉralisaient ร tous les enfants trisomiques, en pensant quโils รฉtaient tous semblables. De plus, prรจs de la moitiรฉ des enseignants avaient des croyances stigmatisant la trisomie 21. En ce qui concerne les enseignantes ayant une seule ou aucune expรฉrience avec les รฉlรจves porteurs de trisomie 21 (Mme B., Mme G., Mme D. et Mme Q.), il nโest pas possible ร partir de ces entretiens de faire des infรฉrences sur leurs รฉventuelles connaissances ou croyances. Je peux seulement faire lโhypothรจse que Mme B. pense que les รฉlรจves porteurs de trisomie 21 ont pour la plupart un retard intellectuel supรฉrieur ร deux ans. Elle affirme en effet plusieurs fois que son รฉlรจve ยซ est vraiment trรจs รฉtonnante ยป et quโelle nโest ยซ pas sรปre que tous les enfants porteurs de trisomie 21 puissent faire ce quโelle fait ยป (R12). Ces affirmations peuvent รชtre influencรฉes par sa grande affinitรฉ pour cette รฉlรจve ยซ Jโai eu un coup de cลur pour Lรฉa ยป (R4).
Pour les enseignantes ayant une expรฉrience avec au moins deux รฉlรจves porteurs de trisomie 21 (Mme F., Mme P, Mme L. et Mme C.), lโexistence de connaissances sur ce handicap est plus รฉvidente. Il est assez difficile de constater si les diffรฉrentes caractรฉristiques dont elles me font part relรจvent de stรฉrรฉotypes, car leurs affirmations se fondent sur les observations des รฉlรจves rencontrรฉs, comme le prรฉcise Mme C. ยซ je sais pas si cโest une gรฉnรฉralitรฉ mais moi tous les enfants trisomiques que jโai eus รฉtait trรจs trรจs tรชtus ยป (R6). Leurs propos sur les particularitรฉs et difficultรฉs des รฉlรจves seront donc รฉvoquรฉs dans la deuxiรจme partie.
Le point de vue des enseignantes sur lโinclusion
Les donnรฉes recueillies sur lโinclusion dโรฉlรจves porteurs de trisomie 21 viennent confirmer les รฉtudes abordรฉes dans mon apport thรฉorique. En effet, toutes les enseignantes sont dโaccord pour dire que lโinclusion est une ยซ trรจs bonne chose ยป (Mme P โ R3). Les professeures des รฉcoles en classe ordinaire semblent dโailleurs satisfaites dโaccueillir leur รฉlรจve et considรจrent cette situation comme enrichissante pour lโรฉlรจve, les autres enfants de la classe ainsi que pour elles-mรชmes. Ce sentiment que lโinclusion amรจne un bรฉnรฉfice social est le mรชme que pour la plupart des enseignants interrogรฉs dans lโรฉtude de P-F Groud et C. Martin-Krumm.
Cependant, la plupart dโentre elles รฉvoquent des conditions pour que cette inclusion soit bรฉnรฉfique pour tout le monde. Comme 22% des enseignants dans la recherche des auteurs citรฉs prรฉcรฉdemment, pour Mme C. la prioritรฉ est de former les professeurs des รฉcoles au handicap dans leur formation initiale. Cela permettrait peut-รชtre de rendre les enseignants plus enclins ร accueillir des รฉlรจves porteurs de trisomie 21, ce qui est indispensable pour que lโinclusion fonctionne selon Mme P. qui affirme que ยซ finalement on sโaperรงoit que quand รงa fonctionne cโest quand lโenseignant est [โฆ] prรชt ร accueillir. ยป (R3).
Ensuite, comme รฉgalement 22% des enseignants de cette mรชme, Mme B. pense quโil faut leur donner ยซ les moyens de bien le faire ยป (R5), cโest-ร -dire une AVS, prรฉsente au moins ร mi-temps dans la classe. De plus, il est possible dโinterprรฉter son haussement de sourcil aprรจs avoir dit quโelle avait commencรฉ ร accueillir cette รฉlรจve sans AVS, comme le signe quโelle redoutait cet accueil sans aide, ou que celui-ci a รฉtรฉ compliquรฉ. Mme G. semble partager son avis car elle prรฉcise que ยซ le dรฉbut nโa pas รฉtรฉ simple parce que nous nโavions pas dโAVS ยป (R6) et que lโarrivรฉe de cette aide a rendu les choses bien plus simples.
Trois des enseignantes spรฉcialisรฉes insistent sur lโimportance de leur rรดle, ยซ il nโappartient quโร moi en tant que prof spรฉcialisรฉe de faire en sorte que les รฉlรจves soient le plus inclus possible ยป (Mme F- R5). Mme P. et Mme Q. prรฉcisent que les professeurs ont besoin des aides extรฉrieures comme les Sessad et Rased, et quโils doivent leur demander de lโaide pour que lโinclusion se passe au mieux.
Enfin, Mme C. ainsi que Mme Q. et Mme L. prรฉcisent que lโinclusion nโest pas bรฉnรฉfique pour tous les รฉlรจves et que dans ce cas, elle ne doit pas devenir impรฉrative. Il faudrait, selon elles ยซ รชtre capable de faire du cas par cas ยป (Mme C – R4). Mme B. ajoute que lโIMP sera un jour inรฉvitable pour que son รฉlรจve sโรฉpanouisse totalement.
Les รฉlรจves
Les descriptions individuelles de chaque รฉlรจve sont toutes trรจs diffรฉrentes les unes des autres, ce qui permet de confirmer et dโinsister sur le fait que chaque enfant est diffรฉrent, et que le fait dโavoir un handicap en commun ne permet pas de faire des gรฉnรฉralitรฉs sur leurs besoins en termes dโapprentissage et dโadaptations. Mme P. le prรฉcise รฉgalement ยซ Il y a rien de gรฉnรฉralisable avec les enfants, ils sont vraiment tous diffรฉrents ยป (R12). Je vais donc mettre en relation les caractรฉristiques frรฉquemment prรฉsentes chez les รฉlรจves porteurs de trisomie 21 avec les particularitรฉs de chacun des รฉlรจves qui mโont รฉtรฉ dรฉcrits.
Capacitรฉs intellectuelles
Mme P., travaillant auprรจs dโรฉlรจves porteurs de trisomie 21 quotidiennement, mโa partagรฉ tout au long de lโentretien, une description gรฉnรฉrale des difficultรฉs frรฉquentes chez ces enfants. Elle dรฉcrit plusieurs symptรดmes connus, dรฉjร รฉvoquรฉs dans la premiรจre partie de ce mรฉmoire. Dโabord, des difficultรฉs au niveau du geste graphique, confirmรฉes par Mme L. qui prรฉcise que ยซ niveau motricitรฉ fine cโest trรจs trรจs compliquรฉ. ยป (Rโ5), cela est en partie liรฉ ร leur faible tonus musculaire. Il est possible de faire lโhypothรจse que les difficultรฉs de Zia ร รฉcrire des phrases complรจtes par le fait que le geste graphique en lui-mรชme demande beaucoup dโattention, ce qui peut crรฉer une surcharge cognitive.
Mme P. ajoute que les fonctions exรฉcutives sont impactรฉes, celles-ci permettent entre autres, la flexibilitรฉ cognitive et lโinhibition, qui avaient รฉtรฉ dรฉcrites comme difficiles dโatteinte pour les รฉlรจves porteurs de trisomie 21, qui sont en difficultรฉs face ร la nouveautรฉ. Par ailleurs, concernant lโapprentissage de la lecture, Mme P. vient appuyer la description de S. Cรจbe et J-L. Paour (2012) en expliquant que le dรฉchiffrage est compliquรฉ mais accessible pour beaucoup dโentre eux, le plus difficile รฉtant la comprรฉhension de ces textes lus. Cโest le cas de Zia, qui ยซ lit trรจs bien mais voilร elle a un niveau de comprรฉhension de fin de CP quoi. ยป (Mme F โ R9). Mme P. prรฉcise tout de mรชme que lโun de ses รฉlรจves, au contraire, a de trรจs bonnes capacitรฉs de comprรฉhension mais reste bloquรฉ dans le dรฉchiffrage. Cette contradiction concorde avec les informations de Tous ร lโรฉcole, les acquis concernant la lecture varient รฉnormรฉment, et si certains enfants dรฉcodent bien et comprennent difficilement, cela peut รชtre lโinverse pour dโautres. De plus, Mme Q. confirme que certains enfants ne pourront jamais devenir lecteurs autonomes.
Concernant les trois grandes difficultรฉs au niveau du langage oral, dont S.Cรจbe et J.L. Paour parlaient, Mme P. รฉvoque notamment lโimpact au niveau de la conscience phonologique. Selon elle, ยซ beaucoup ne passeront pas par la phonologie ยป (R8), car la mรฉmorisation auditive est impactรฉe. Je note en revanche que Lรฉa ยซ a une trรจs bonne mรฉmoire ยป (Mme B โ R6) et que pour Damien ยซ la phonologie se passait bien. ยป (Mme C โ R6). Ensuite, au sujet de la production du langage, Mme P. mentionne lโimpact des compรฉtences au niveau du langage dโรฉvocation. Mais certains des รฉlรจves dรฉcrits prรฉsentent aussi simplement des difficultรฉs ร sโexprimer ร lโoral, comme Juliette qui sโexprime peu ou Zia qui ne rรฉussit pas encore totalement ร organiser ses phrases. Comme lโexpliquaient M.Carlier et C.Ayoun, ce retard de langage peut รชtre expliquรฉ par le fait que leur dรฉveloppement intellectuel soit plus lent que celui de la population gรฉnรฉrale. Il existe aussi des difficultรฉs de prononciation frรฉquentes selon Mme C., elle explique quโelles sont liรฉes ร un aspect physique : leur langue qui est trop รฉpaisse. Cโest sans doute le cas pour Zia qui a des difficultรฉs de diction et cโest peut-รชtre pour cette raison que lโenseignante de Lรฉa trouve quโau niveau รฉlocution, il est parfois difficile de la comprendre. Le fait de ne pas prononcer correctement peut avoir des consรฉquences sur lโapprentissage de la lecture. Enfin je nโai aucun รฉlรฉment qui permet de confirmer que les รฉlรจves ont une mauvaise comprรฉhension orale, jโai au contraire des tรฉmoignages qui vont dans le sens dโune comprรฉhension de bonne qualitรฉ. En effet, Lรฉa ยซ comprend les consignes, elle comprend ce quโon lui dit ยป (Mme B โ R7) et Juliette ยซ comprend trรจs trรจs bien ยป (Mme D โ Rโ20).
Enfin, concernant les difficultรฉs dโattention, les rรฉsultats ne sont pas significatifs. Lรฉa et Juliette savent รชtre attentives pour รฉcouter une histoire, contrairement ร Noam pour qui cela est compliquรฉ. Mme P. รฉvoque un impact de de lโattention sรฉlective, mais il nโest pas possible dโillustrer ses propos avec des exemples.
Aucun รฉlรฉment concernant les possibles problรจmes de vue ou dโaudition nโa รฉtรฉ รฉvoquรฉ.
Ils peuvent cependant grandement altรฉrer les diffรฉrents apprentissages.
Traits de personnalitรฉ
Plusieurs enseignantes me font part de diffรฉrents traits de personnalitรฉ qui sont, selon elles, frรฉquents chez les enfants porteurs de trisomie 21. Trois dโentre elles me disent que leurs รฉlรจves sont ร la fois tรชtus et attachants, adjectifs qui รฉtaient apparus comme รฉtant des stรฉrรฉotypes dโaprรจs lโรฉtude de P-F. Groud et C. Martin-Krumm. Le retard concernant les comportements de socialisation relevรฉ par M.Carlier et C.Ayoun en 2007 ne semblent pas avoir un impact trรจs important sur les รฉlรจves รฉtudiรฉs. En effet, selon leurs enseignantes Juliette, Noam, Damien sโintรฉgraient parfaitement bien dans leur classe de rรฉfรฉrence, cโest aussi le cas Lรฉa qui apprend cependant ร รชtre plus ยซ gentille ยป. Quant ร Zia, elle sโentend bien avec les รฉlรจves de lโUlis mais ยซ il y a eu visiblement dans le passรฉ de la violence ยป (Mme F โ R7). Mathis รฉgalement semble avoir eu des soucis dโintรฉgration car il avait un comportement violent.
Le fait que certains dโentre eux soient tรชtus et attachants nโest pas pertinent pour cette recherche et permet seulement de connaรฎtre un peu mieux les รฉlรจves. Quant ร leur comportement de socialisation et leur intรฉgration dans la classe, cela peut me guider concernant lโefficacitรฉ du tutorat entre pairs.
Les mรฉthodes des enseignantes et adaptations pรฉdagogiques
Les diffรฉrents entretiens ont tous un point en commun : aucune mรฉthode utilisรฉe nโest spรฉcifique ร lโรฉlรจve porteur de trisomie 21. La plupart dโentre-elles sโadaptent ร des enfants ayant les mรชmes besoins, dโautres sont utilisรฉes avec tous les รฉlรจves de la classe sans distinction, car elles sont elles-mรชmes fondรฉes sur la diffรฉrenciation. Ce sont en gรฉnรฉral des mรฉthodes qui fonctionnent pour tous, cโest donc pour cette raison que jโai dรฉcidรฉ dโanalyser aussi les rรฉponses de Mme Q., bien quโelle nโait aucune expรฉrience auprรจs des รฉlรจves porteurs de trisomie 21.
Mรฉthodes et adaptations liรฉes ร la lecture
Les apprentissages liรฉs ร la lecture sont nombreux, la production du langage oral et les activitรฉs de prรฉlecture prรฉcรจdent gรฉnรฉralement lโapprentissage du dรฉcodage, de lโencodage et de la comprรฉhension orale et รฉcrite. Les enseignantes mโont apportรฉ des informations concernant toutes ces composantes.
Concernant le langage oral, Mme P. et Mme C. sโaccordent ร dire que le langage
Makaton est un outil trรจs intรฉressant, cโest une mรฉthode de communication qui utilise les gestes. Mme P. la dรฉcrit comme un ยซ langage des signes simplifiรฉs ยป (R8) qui accompagne la parole.
Ce support se rapproche trรจs fortement du Franรงais signรฉ, รฉvoquรฉ dans la partie thรฉorique car conseillรฉ par lโassociation Tous ร lโรฉcole. Mme C. explique quโelle lโutilise pour communiquer avec Noam notamment, porteur de trisomie 21 qui a beaucoup de difficultรฉs ร parler. Quant ร Mme P, elle pense quโutiliser cet outil รฉvite de perdre lโรฉlรจve avec trop dโรฉtayage verbal et le prรฉpare ร la mรฉthode gestuelle de Borel-Maisonny, que jโรฉvoquerai dans la prochaine partie. Afin de travailler lโexpression orale et la formation de phrases, lโutilisation de pictogrammes et images a รฉtรฉ conseillรฉe par une orthophoniste ร Mme G. et Mme D, afin de travailler la formation de phrases. Ce conseil est lui aussi en adรฉquation avec les propositions dโutiliser des indices visuels de lโassociation Tous ร lโรฉcole. Quant ร Mme C. elle utilise un matรฉriel avec des dรฉcors et des personnages comme support au langage, pour que les รฉlรจves sโentrainent ร raconter des histoires. Cโest donc une mรฉthode appropriรฉe qui sโaccorde avec lโapport thรฉorique, car cโest une activitรฉ ludique basรฉe sur le sens qui permet de motiver lโรฉlรจve.
Pour les activitรฉs de prรฉlecture, les enseignantes รฉvoquent particuliรจrement la manipulation, une approche ร laquelle je nโavais pas pensรฉe pour lโapprentissage de la lecture. Mme P. explique notamment que pour la phonologie, il est pratiquement indispensable de modรฉliser les syllabes ou les sons des mots, par des jetons par exemple, afin que lโรฉlรจve repรจre sa place dans le mot plus facilement.
Pour apprendre ร dรฉcoder, la mรฉthode gestuelle de Borel-Maisonny semble quasiment incontournable, puisque toutes les enseignantes, sauf Mme C., y font rรฉfรฉrence. Cette mรฉthode est un systรจme de codage, chaque phonรจme correspond ร un geste et est accompagnรฉ par celui-ci. Voici quelques exemples :
Utilisรฉe par les orthophonistes, elle peut รชtre un prรฉalable ร la lecture ou accompagner son apprentissage. Mme P. prรฉcise en effet que cette mรฉthode permet aux รฉlรจves de garder le geste en mรฉmoire, quand se souvenir du son liรฉ ร la lettre peut รชtre plus compliquรฉ. Ce dispositif est en lien avec le Makaton et le franรงais signรฉ, qui sont plus souvent utilisรฉs pour le langage oral que Borel-Maisonny. Mme Q. couple cette mรฉthode ร lโimprรฉgnation syllabique que Mme L. et Mme P. utilisent aussi. Lโimprรฉgnation syllabique consiste ร mรฉmoriser les syllabesยซ visuellement, auditivement et oralement ยป (Mme Q. R6). Cela permet ensuite ร lโรฉlรจve, lors du dรฉcodage dโassocier les syllabes entre elles sans dรฉcomposer les phonรจmes. Ces deux derniรจres mรฉthodes semblent pertinentes au regard des apports de S. Cรจbe et J.L Paour (2012) qui affirmaient que les enfants dรฉficients intellectuels avaient des difficultรฉs au niveau de la conscience phonologique. Lโutilisation des Alphas est aussi รฉvoquรฉe, surtout par Mme C. Cโest une approche syllabique qui transforme chaque lettre de lโalphabet en un personnage, dont le nom est le son que cette lettre produit. Ces personnages ont une histoire, qui semblerait permettre aux enfants de mieux retenir les sons et donc par la suite, de mieux les associer lors de la lecture. Cโest une mรฉthode qui semble รชtre trรจs utilisรฉe par les enseignantes spรฉcialisรฉes selon Mme Q. Cependant cette enseignante ainsi que sa collรจgue, Mme L. nโutilisent pas cette mรฉthode et ne lโapprรฉcient pas. Selon elles, les enfants restent bloquรฉs dans un codage รฉcrit, qui est diffรฉrent de nos lettres : nous ne lisons pas avec des personnages. Leur avis nโest pas gรฉnรฉralisable car Mme C. par exemple, se dรฉtache trรจs vite de cette mรฉthode lorsque les รฉlรจves ont compris le fonctionnement du dรฉcodage. De plus, elle mโa donnรฉ lโexemple dโun รฉlรจve porteur de trisomie 21, Damien qui a progressรฉ en lecture grรขce ร cette mรฉthode.
Certaines enseignantes diffรฉrencient le matรฉriel. En effet, lโutilisation dโun ordinateur est possible, soit pour adapter les situations dโapprentissage pour un รฉlรจve non-lecteur au cycle 3, soit pour mettre en place diffรฉrents outils. Par exemple, Mme F. utilise Lalilo pour aider son รฉlรจve ร lโapprentissage de la lecture, ยซ cโest un systรจme de jeu interactif en fonction du niveau de lโenfant. ยป (R18). Il permet donc de diffรฉrencier trรจs facilement. On parle ici de diffรฉrenciation technologique grรขce ร lโutilisation dโapplications et jeux รฉducatifs adaptรฉs aux besoins de lโรฉlรจve, comme dรฉfinie dans le cadre thรฉorique. Cependant, comme pour toute autre outil, lโutilisation de lโordinateur nโest pas toujours efficace, Mme C. par exemple, nโa ยซ jamais rรฉussi [โฆ] ร le faire travailler avec lโordinateur. ยป (R6). Jโai recueilli une deuxiรจme faรงon de dโadapter le matรฉriel, cโest la mise en page des textes ร lire, initialement prรฉvue pour des รฉlรจves dyslexiques mais qui est utilisable avec tous les enfants. Mme Q. et Mme L. mโont apportรฉ beaucoup dโinformations ร ce sujet. Dโabord la lecture en couleurs, une premiรจre mรฉthode consiste ร รฉcrire certains phonรจmes dans une couleur significative, par exemple le ยซ on ยป en marron, le ยซ ou ยป en rouge. La deuxiรจme mรฉthode consiste ร couper les mots en syllabes colorรฉes et mettre les lettres muettes en gris, par exemple : ยซ Il รฉtait une fois ยป. Ici, ce sont les syllabes orales qui sont dรฉcomposรฉes et non les syllabes รฉcrites, pour faciliter le dรฉcodage. Il y a ensuite la police qui peut รชtre adaptรฉe, elle doit รชtre suffisamment grande (taille 12 ou 14 minimum) et doit รชtre lisible. Mme L. utilise la police ยซ open-dyslexic ยป (exemple : ยซ ยป) mais dโautres polices peuvent convenir, il faut en tester plusieurs pour voir laquelle est la mieux adaptรฉe aux besoins de lโรฉlรจve. Enfin, selon elles il ne faut pas justifier les textes, cela crรฉe en effet des espaces diffรฉrents entre les mots qui peuvent perturber les รฉlรจves lors du dรฉcodage. Ces deux enseignantes tiennent ร prรฉciser que ces adaptations de mises en texte ne doivent pas รชtre mises en place seulement pour lโรฉlรจve en inclusion ou en difficultรฉs mais pour toute la classe. Dโune part, car ces amรฉnagements peuvent รชtre bรฉnรฉfiques ร la lecture pour tous les รฉlรจves, et dโautre part car cela stigmatise lโenfant. Mme Q. ajoute mรชme que ยซ cโest รงa lโinclusion, la rรฉelle inclusion ยป (R6). Cet avis est totalement en accord avec la dรฉfinition de lโinclusion citรฉe p.7 : ยซ Lโinclusion permet aux enfants handicapรฉs dโapprendre avec et comme les autres ยป.
Enfin, pour certaines dโentre elles, il est aussi possible de simplement utiliser des mรฉthodes classiques, sans adaptation spรฉcifique et qui sont gรฉnรฉralement utilisรฉes avec toute la classe. Cโest le cas de Mme F, qui nโa ยซ pas de mรฉthode de lecture ร proprement parlรฉ ยป. (R12). Mme B. quant ร elle, utilise une mรฉthode de lecture qui, selon elle est ยซ bien faite et qui peut aider les enfants en difficultรฉs ยป (R8). Il mโa semblรฉ nรฉcessaire de la recontacter afin quโelle me donne des prรฉcisions sur cette mรฉthode. Elle sโappuie donc sur le manuel dโรฉlรจve ยซ Je lis et j’รฉcris avec Salto ยป. Ce manuel mobilise les capacitรฉs auditives, visuelles et kinesthรฉsiques (avec Borel-Maisonny) afin que chaque รฉlรจve puisse progresser selon ses caractรฉristiques et capacitรฉs dโapprentissage. Cela est pertinent car lโapproche visuelle de la lecture est bรฉnรฉfique pour les enfants trisomiques qui comprennent mieux ce type dโinformations. Ce manuel enseigne ร la fois le dรฉcodage et la comprรฉhension, cette derniรจre รฉtant facilitรฉe par le suivi dโune mรชme histoire tout au long de lโannรฉe, qui permet de crรฉer un environnement structurant pour les รฉlรจves porteurs de trisomie 21 qui, comme prรฉcisรฉ dans la partie thรฉorique, sont en difficultรฉs lorsquโils sont face ร la nouveautรฉ. Cette mรฉthode semble fonctionner pour Lรฉa qui est ยซ capable maintenant dโassocier des syllabes pour lire des petits mots. ยป (R8).
Ces adaptations permettent un meilleur dรฉcodage, qui, comme prรฉcisรฉ en partie thรฉorique de ce mรฉmoire amรฉliore la fluence qui agit ร son tour sur la comprรฉhension des textes.
En ce qui concerne la comprรฉhension globale, Mme P. conseille de travailler autour dโalbums sans textes et de dessins ร interprรฉter.
Pour la comprรฉhension de textes spรฉcifiquement, trois enseignantes partent de lectures dโalbums associรฉes ร la mรฉthode Narramus. Cโest une mรฉthode dรฉveloppรฉe par R. Goigoux et S.Cรจbe, des auteurs incontournables en ce qui concerne lโapprentissage de la lecture. Cette mรฉthode consiste ร dรฉvelopper les compรฉtences narratives en travaillant le lexique et lโintention des personnages. En plus de Narramus, Mme C. travaille aussi avec Auditor Auditrix, qui est sensiblement ยซ la mรชme chose que Narramus ยป (R9), mais ร un niveau de difficultรฉ un peu plus รฉlevรฉ. Nous savons รฉgalement que le vocabulaire est un รฉlรฉment indispensable pour comprendre les textes, Mme P. utilise alors des textes avec un vocabulaire plutรดt abordable, pour faciliter la comprรฉhension, ยซ il faut remoduler un peu en FALC ยป (R9). ยซ FALC ยป signifie ยซ Facile A Lire et ร Comprendre ยป et signifie donc que le texte est adaptรฉ pour pouvoir รชtre compris facilement. Enfin, deux enseignantes prรฉcisent que les consignes doivent รชtre courtes et ne demander quโune seule chose ร la fois. Cโest ce qui รฉtait aussi prรฉconisรฉ par lโassociation Tous ร lโรฉcole car les enfants trisomiques ont souvent des difficultรฉs ร assimiler plusieurs informations.
Pour terminer cette partie sur la lecture, il convient de parler de lโencodage, indissociable du dรฉcodage. La motricitรฉ fine des enfants porteurs de trisomie 21 รฉtant impactรฉe, certaines enseignantes ont mis des choses en place pour la travailler. En activitรฉ de prรฉ-รฉcriture, Mme G. et Mme D. font manipuler des lettres ร leur รฉlรจve, et lui permettent notamment de sโentrainer ร tracer des lettres dans le sable, avec son doigt. Mme C. fait des dictรฉes muettes, dโinspiration Montessori. Ces dictรฉes consistent ร faire des pochettes correspondant ร diffรฉrents sons, dans chaque pochette de son se trouve donc une image du mot ร reprรฉsenter ยซ par exemple si vous prenez la pochette de la dictรฉe muette sur le son [u], vous avez lโimage de la poule ยป (R9). Lโรฉlรจve doit alors rรฉรฉcrire le mot, le nombre de lettres nรฉcessaires pouvant รชtre prรฉcisรฉ.
Pour aider un รฉlรจve en difficultรฉ pour le geste graphique, des diffรฉrenciations technologiques (mentionnรฉes en p.11) sont ici encore, intรฉressantes. Mme P. conseille lโutilisation de la tablette pour permettre ร lโenfant de progresser dans les diffรฉrents apprentissages sans focaliser toute son attention sur la formation des lettres. Dans la mรชme dรฉmarche, Mme F. laisse son รฉlรจve faire ses dictรฉes sur un ordinateur.
Pรฉdagogie de lโenseignant et partenaires รฉducatifs
Afin de favoriser lโapprentissage de la lecture pour les รฉlรจves notamment porteurs de trisomie 21, les adaptations spรฉcifiques ร ce domaine ne sont incompatibles avec un fonctionnement plus global, bien au contraire. Ces mรฉthodes que je vais prรฉsenter rappellent dโailleurs les adaptations gรฉnรฉrales dont parlaient J.Myre-Bisaillon et A.Giguรจre en 2006.
En premier lieu, lโorganisation de la classe peut jouer un rรดle sur les progrรจs de lโรฉlรจve. Mme B. essaie au maximum de mettre en place une situation dโinclusion plutรดt quโune situation dโintรฉgration. Elle utilise en effet des mรฉthodes dโapprentissage qui permettent ร elles seules la diffรฉrenciation, elle mโa donnรฉ comme exemple les Octofun, une mรฉthode qui prend en compte les diffรฉrentes mรฉmoires et intelligences de chacun et qui les mobilise toutes, ce qui permet ร tous les รฉlรจves de progresser selon leurs besoins et capacitรฉs dโapprentissage. Son รฉlรจve peut donc suivre certains enseignements avec le reste de la classe grรขce ร cette faรงon de fonctionner. Dans une mรชme dรฉmarche pรฉdagogique, Mme C. mโa parlรฉ de ses collรจgues de classe ordinaire qui avaient mis en place un fonctionnement de classe flexible, qui selon elle permet une meilleure inclusion parce quโils ยซ travaillent beaucoup en ateliers. Donc les enfants font pas la mรชme chose au mรชme moment. ยป (R5). La pรฉdagogie dโinspiration Montessori de Mme G. et Mme D. est un exemple de classe flexible. Ensuite, les classes ร plusieurs niveaux comme celle de Mme G. permettent facilement dโadapter les tรขches pour lโรฉlรจve, en lui permettant de faire des activitรฉs conรงues pour un niveau infรฉrieur. La simplification des activitรฉs รฉtant, de plus, souvent mentionnรฉe par les enseignantes. Lโรฉlรจve de Mme B. par exemple fait la plupart du temps des activitรฉs prรฉparรฉes pour un niveau CP, bien quโelle ait รฉtรฉ maintenue en classe de CE1. Ce fonctionnement permet de rรฉduire les exigences de lโenvironnement et donc de rรฉduire la situation de handicap comme elle รฉtait dรฉfinie par C. Hamonet en 2010.
Ces fonctionnements de classe semblent permettre la mise en place du tutorat entre pairs de faรงon quasiment systรฉmatique, selon Mme B. ยซ รงa se fait instinctivement avec la classe[quโelle a] cette annรฉe. ยป (R17) et Mme G. ยซ des grands peuvent aider des enfants qui ont besoin. ยป (R21). Les deux enseignantes spรฉcialisรฉes du Rased utilisent รฉgalement le tutorat lorsquโelles prennent des petits groupes, selon Mme L. ยซ cโest indispensable ยป (Rโ9). Mme C. dans son dispositif Ulis, lโutilise aussi, notamment avec Noam, porteur de trisomie 21. Avec cet รฉlรจve le tutorat fonctionne trรจs bien, si celui-ci ne dure pas trop longtemps. Cette mรฉthode de tutorat vient sโaccorder avec les conseils de lโassociation Tous ร lโรฉcole, qui prรฉcisait que les enfants porteurs de trisomie 21 fonctionnaient beaucoup par imitation. Mme F. quant ร elle nโutilise pas le tutorat avec Zia, qui travaille de prรฉfรฉrence en relation duelle avec son AESH.
Cette association prรฉcรฉdemment citรฉe explique que les AESH ou AVS ont effectivement un rรดle important auprรจs des รฉlรจves trisomiques afin dโapporter un รฉtayage supplรฉmentaire. Cette aide รฉtait notamment รฉvoquรฉe concernant les difficultรฉs de motricitรฉ fine de lโรฉlรจve, ainsi que pour aider ร la comprรฉhension des consignes. Ces deux รฉlรฉments sont รฉgalement apparus lors des entretiens. Mme F. explique en effet que son AESH ยซ soulage le geste dโรฉcriture ยป (R16) en รฉcrivant ร la place de lโรฉlรจve si besoin. Mme C. de son cรดtรฉ dรฉclare que lโAESH est lร pour reformuler les consignes ou les redessiner si besoin, dans le but dโune meilleure comprรฉhension de la part de lโรฉlรจve. Les entretiens ont permis de faire ressortir des รฉlรฉments supplรฉmentaires ร ce qui avait dรฉjร รฉtรฉ exposรฉ dans la partie thรฉorique. Les enseignantes parlent notamment de relation duelle et donc dโun temps consacrรฉ ร lโรฉlรจve de faรงon individuel, qui est trรจs bรฉnรฉfique et permet un meilleur รฉtayage. Elles parlent aussi de simplification, segmentation et rappel de la tรขche ainsi que dโune stimulation car lโรฉlรจve se dรฉconcentre facilement, si personne nโest ร ses cรดtรฉs. Pour conclure sur le rรดle de ces accompagnants, je cite Mme C. qui prรฉcise que la position de lโAESH ยซ cโest dโรชtre capable dโaccompagner lโenfant dans son travail sans faire ร sa place. ยป (R13).
Pour finir, tous les partenaires de la communautรฉ รฉducative peuvent apporter une aide non nรฉgligeable pour la mise en place dโoutils dโadaptation pour faciliter lโapprentissage de la lecture. Les enseignants spรฉcialisรฉs et les orthophonistes notamment ont un rรดle important, qui nโest pas dรฉveloppรฉ dans la partie thรฉorique. Les enseignants spรฉcialisรฉs dโabord dont une partie de leur mission revient ร conseiller les professeurs de classe ordinaire. Mme L. par exemple rรฉdige des projets dโaide spรฉcialisรฉe constituรฉs de pistes dโadaptation pour chaque รฉlรจve quโelle rencontre. Mme P. aussi identifie les besoins รฉducatifs particuliers afin de fixer des objectifs avec les enseignants. Les orthophonistes quant ร eux peuvent donner des conseils pour le dรฉveloppement du langage oral.
Conclusion
Ces entretiens ont permis de rรฉvรฉler le manque de formation des enseignants de classe ordinaire et de lโaide que peuvent apporter les enseignants spรฉcialisรฉs. En effet, les professeures des รฉcoles interrogรฉes, incluant un รฉlรจve porteur de trisomie 21 dans leur classe ordinaire semblent essayer de faire de leur mieux pour adapter les apprentissages. Cependant il existe une diffรฉrence avec les enseignants spรฉcialisรฉs, qui possรจdent des connaissances supplรฉmentaires et de nombreux outils qui permettent dโamรฉliorer encore un peu ces inclusions en milieu ordinaire.
Cette recherche a รฉgalement permis de rendre compte des difficultรฉs persistantes chez les รฉlรจves porteurs de trisomie 21. En effet, lors de lโinclusion dโun รฉlรจve avec ce handicap, il est nรฉcessaire de se rendre compte que la plupart des compรฉtences nรฉcessaires pour lโapprentissage sont faibles. Il convient donc de chercher des solutions dโadaptation pour un รฉlรจve ayant trรจs probablement des difficultรฉs au niveau de la production du langage oral, de la phonologie, de la motricitรฉ fine, de la comprรฉhension รฉcrite et souvent au niveau du dรฉcodage.
Concernant les adaptations pรฉdagogiques pouvant รชtre mises en place, la premiรจre hypothรจse concernant lโutilisation dโun matรฉriel adaptรฉ aux besoins et difficultรฉs de lโรฉlรจve en lecture peut รชtre validรฉe. En effet, les enseignantes utilisent des supports pour faciliter lโapprentissage de la lecture, comme les outils numรฉriques et du matรฉriel ร manipuler. Elles modifient aussi les supports รฉcrits pour permettre un meilleur dรฉcodage et/ou une meilleure comprรฉhension.
La seconde hypothรจse peut รฉgalement รชtre validรฉe. Lโutilisation de mรฉthodes dโenseignement permettant de faciliter les apprentissages liรฉs ร la lecture est effectivement lโadaptation pรฉdagogique la plus utilisรฉe. La mรฉthode la plus frรฉquente est celle Borel-Maisonny pour le dรฉcodage, mais dโautres sont utilisรฉes en complรฉment ou en substitution : lโimprรฉgnation syllabique et les Alphas pour le dรฉcodage รฉgalement, le langage Makaton pour le langage oral.
Pour la troisiรจme et derniรจre hypothรจse, je supposais que les enseignants mettaient en place du tutorat entre lโรฉlรจve porteur de trisomie 21 et ses camarades lors de situations en lien avec la lecture. Au regard des diffรฉrents entretiens, cette derniรจre ne peut pas รชtre validรฉe. Les enseignants utilisent effectivement le tutorat pour certaines situations, mais je ne peux pas confirmer que celles-ci sont liรฉes ร la lecture, certains tรฉmoignages vont mรชme dans le sens contraire.
Cette recherche permet donc de rรฉpondre ร la problรฉmatique posรฉe au dรฉpart : ยซ Quelles sont les adaptations pรฉdagogiques pouvant รชtre mises en place par lโenseignant afin de favoriser lโapprentissage de la lecture dโun รฉlรจve porteur de trisomie 21 inclus en classe ordinaire ? ยป.
La validation des deux premiรจres hypothรจses permet de rรฉpondre quโun enseignant accueillant un รฉlรจve porteur de trisomie 21 dans sa classe peut mettre en place des adaptations matรฉrielles et utiliser diffรฉrentes mรฉthodes adaptรฉes spรฉcifiquement pour faciliter ces apprentissages. Ces premiers รฉlรฉments donnent donc une rรฉponse partielle ร la problรฉmatique. Les entretiens ont permis de complรฉter les pistes dโadaptation. Il est en effet trรจs important de prรฉciser que les partenaires รฉducatifs sont indispensables ร une bonne inclusion de lโรฉlรจve. Dโabord, lโรฉtayage des AVS et AESH est indispensable pour permettre ร lโรฉlรจve de progresser dans lโapprentissage de la lecture. Et enfin, les enseignants spรฉcialisรฉs et autres professionnels membres de la communautรฉ รฉducative, par leurs connaissances et lโobservation des รฉlรจves, peuvent proposer des outils adaptรฉs, tout en prenant en compte lโenfant dans sa singularitรฉ.
Cette recherche a permis de recueillir de nombreuses informations concernant les รฉlรจves porteurs de trisomie 21, leur inclusion ainsi que les diffรฉrentes maniรจres de les inclure le mieux possible. Les entretiens ont apportรฉ de nouvelles dรฉmarches et adaptations, absentes de la littรฉrature que jโavais recueillie. Ils ont donc complรฉtรฉ lโapport thรฉorique avec des adaptations concrรจtes. Les entretiens ont pour la plupart รฉtรฉ menรฉs avec des enseignantes pleines de propositions et de pistes dโadaptation, gรฉnรฉralement mises en place dans des milieux spรฉcialisรฉs mais qui peuvent รชtre reprises dans des classes ordinaires. Ces entretiens apportent aussi des informations gรฉnรฉrales sur lโinclusion et son fonctionnement.
Les limites de cette recherche est notamment mรฉthodologique. Trop peu dโenfants trisomiques en apprentissage de la lecture sont inclus en milieu ordinaire, certains entretiens donc ne sont pas totalement en lien avec mon sujet de recherche. Je peux ajouter le fait que mes relances lors des entretiens nโรฉtaient que trop rares, et que certaines informations intรฉressantes nโont pas รฉtรฉ dรฉveloppรฉes de ce fait. Enfin, je nโai effectuรฉ quโune seule observation, qui mโa certes permis de voir รฉvoluer un enfant porteur de trisomie 21 dans une classe ordinaire, mais inutile dans le cadre de cette recherche. Je nโai donc pas eu la possibilitรฉ de mettre en regard les mรฉthodes conseillรฉes par les enseignantes avec leur mise en place auprรจs dโun รฉlรจve trisomique.
Pour amรฉliorer cette recherche, certains รฉlรฉments des entretiens nรฉcessiteraient dโรชtre de nouveau abordรฉs avec les enseignantes concernรฉes, afin de dรฉvelopper davantage et de proposer un nombre dโadaptations pรฉdagogiques consรฉquent permettant des amรฉnagements qui conviendraient ร tous. Enfin, venir observer les รฉlรจves de cette recherche que ce soit dans leur classe ordinaire, dans lโUlis ou lors de lโutilisation des diffรฉrentes mรฉthodes รฉvoquรฉes permettrait de voir concrรจtement comment et ร quelle frรฉquence lโinclusion et les adaptations se mettent en place.
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Table des matiรจres
Introduction
I. Cadre thรฉorique
1. La trisomie 21
A. Un peu dโhistoire
B. Description de la trisomie 21
C. Croyances des enseignants sur la trisomie 21
2. Lโinclusion scolaire
A. Histoire & cadre institutionnel
B. Points de vue des enseignants sur lโinclusion
3. Apprentissage de la lecture
A. Les diffรฉrentes mรฉthodes dโapprentissage de la lecture
B. Apprentissage de la lecture et dรฉficience intellectuelle
4. Adaptations pรฉdagogiques
A. Diffรฉrents types dโadaptations pรฉdagogiques
B. Pour les รฉlรจves porteurs de trisomie 21
II. Problรฉmatique et hypothรจses
III. Mรฉthodologie
1. Guide dโentretien
2. Grille dโobservation
IV. Rรฉsultats
1. Recueil de donnรฉes
2. Analyse des rรฉsultats
A. Les enseignantes
B. Les รฉlรจves
C. Les mรฉthodes des enseignantes et adaptations pรฉdagogiques
V. Conclusion
Bibliographie
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