Les Enquêtes ethnobotaniques

Enquêtes ethnobotaniques

Collecte des données

Des séjours préalables nous ont permis de retenir 20 villages pour les enquêtes. Nous avons utilisé la technique des entretiens ouverts semi structurés, qui sont des outils participatifs, permettant de recueillir plusieurs types d’informations auprès des populations autochtones. Les interviews semi structurées ont été faites au moyen des questions ouvertes, indirectes et directes, pour renseigner sur les différentes utilisations des végétaux, la signification littérale et l’étymologie des noms locaux des plantes dans notre zone d’étude. Le guide d’entretien élaboré  renferme plusieurs aspects notamment :

❖ la carte des ressources qui permet d’inventorier les espèces, leurs différentes variétés, les changements survenus dans leur répartition au niveau de la zone et les savoirs traditionnels ;
❖ la matrice d’identification et de caractérisation des espèces et/ou variétés, qui donne des informations sur les noms locaux et les perceptions des paysans à propos des différentes espèces et /ou variétés.

Comme nous ne parlons pas la langue de la localité, nous avons toujours sollicité l’aide d’un guide-interpréte qui manie bien la langue utilisée dans la zone et qui connaît bien les espèces. Ce guide a été choisi après échanges avec certains villageois afin de s’assurer de ses connaissances botaniques et de sa bonne réputation au niveau du terroir. Pour recueillir les informations, nous avons d’abord procédé par des focus groupe au niveau des différents villages. Les entretiens en groupe permettent de faire circuler l’information auprès de toutes les couches socioprofessionnelles du village et de susciter des échanges féconds entre les participants. Murphy et Sprey (1984) estiment que ce type d’entretien permet de collecter des données d’enquête variées. Au niveau de chaque village, après le focus groupe, une ou des sorties sur le terrain sont effectuées afin de voir les espèces citées et d’en récolter des échantillons d’herbiers. Les sorties ont été le plus souvent effectuées en compagnie de principaux informateurs proposés par les villageois qui nous montraient les espèces citées lors du focus groupe. Des entretiens individuels sont aussi réalisés avec des personnes âgées, des tradipraticiens et des jeunes. Le choix des personnes interrogées, a été fait avec l’aide des populations en tenant compte de leurs connaissances de la flore locale et de leurs usages. Dans de telles circonstances, Grenand et al., (2004) estiment que les seuls critères culturellement opérant quant à la valeur d’un informateur sont le poids relatif de son savoir face à celui des autres membres de la communauté ou la réputation dont il jouit. Une fois les informateurs retenus nous avons été les rencontrer un peu partout (au village, dans les champs, les sites d’orpaillage etc.). Les entretiens individuels sont de préférence réalisés au cours de promenades en forêt comme le suggère Cunningham (2002). Ainsi, les espèces sont directement indiquées par l’informateur et récoltées immédiatement. Dans le cas où l’informateur est trop âgé ou occupé après l’entretien, nous nous sommes appuyés sur les connaissances du guide interpréte pour récolter des spécimens et, un second passage est effectué chez l’informateur pour une validation des récoltes. Les conversations occasionnelles ont aussi été utilisées. Ces dernières permettent d’estimer les connaissances et de solliciter les réponses (Martin, 1995). Les observations directes ont également été exploitées.

L’identification des espèces et transcription de leurs noms locaux 

Certaines espèces sont directement identifiées sur le terrain, d’autres au laboratoire à l’aide de flores (Mugnier 2008 ; Berhaut, 1979, 1976, 1975 a et b, 1974, 1971 et 1967 ; Hutchinson et Dalziel, 1954); et d’ouvrages diverses (Hawthorne et Jongkind, 2006 ; Arbonnier, 2000) ou en comparaison avec des parts d’herbier de la collection de l’IFAN. Pour le choix des noms scientifiques valides, nous avons consulté la base de données du conservatoire et jardins botaniques de la ville de Genève (http://www.villege.ch/musinfo/bd/cjb/africa/recherche.php) régulièrement mis à jour et l’IPNI (International Plant Name Index). Les noms locaux des plantes en Malinké sont transcrits en utilisant l’alphabet Mandingue et Malinké codifié.

Le traitement des données

Les données ont été traitées par des techniques de statistiques descriptives. Mais avant tout, la cohérence des informations est vérifiée selon la technique de confrontation des données de El Rhaffari et al. (2002). Une information est considérée comme cohérente lorsqu’elle est rapportée au moins deux fois dans deux localités différentes et par des informateurs différents, sinon elle est dite divergente. Seules les informations cohérentes ont été retenues dans le traitement des données. L’Indice de Fidélité (IF) qui est le pourcentage d’informateurs ayant cité l’emploi d’une espèce donnée dans une catégorie d’usages bien définie, est calculé selon la technique de Begossi (1996) et Trotter et Logan (1986).

IF (%) = (Ip/Iu) x 100

Ip est le nombre d’informateurs ayant affirmé l’emploi d’une espèce précise dans une catégorie d’usage donnée et Iu est le nombre total d’infromateurs ayant cités la plante dans n’importe quelle catégorie d’usages.

Le Facteur de Consensus des Informateurs (FCI) est calculé pour estimer la variabilité des usages des espèces. Il est compris entre 0 et 1. Une forte valeur du FCI est obtenue lorsque seulement une ou quelques espèces sont signalées pour un usage donné par une forte proportion d’informateurs, alors qu’une faible valeur du FCI montre que les informateurs sont en désaccord sur l’usage des plantes (Heinrich et al., 1998). Le FCI est calculé selon la formule suivante (Heinrich et al., 1998 ; Canales et al., 2005):

FCI = Nur – Nt/(Nur – 1)

Nur est le nombre total de fois que l’espèce a été citée pour une catégorie d’usages donnée.

Nt est le nombre total de taxa cité par les informateurs pour cette catégorie d’usages. Pour connaître la valeur d’usage ou pour démontrer l’importance relative d’une espèce ou d’une famille botanique, nous avons utilisé la formule de Phillips et al. (1994) qui est :

VU = ∑ U/N 

VU est la Valeur d’Usage de l’espèce ou de la famille, U le nombre de fois que l’espèce ou la famille est citée et N est le nombre d’informateurs.

Etude ethnobotanique de l’Herbier de l’IFAN Ch. A. Diop

Le logiciel RIHA

La conception de cette base de données RIHA (Réseau Informatique des Herbiers Africains) a été possible grâce à la coopération internationale, plus particulièrement à la Francophonie et spécialement au Fond Francophone des Inforoutes (FFI), qui a bien voulu soutenir le projet d’ « Informatisation des Herbiers d’Afrique de l’Ouest et du Centre » sous la houlette de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et des différents herbiers partenaires (Herbier MNHN, Herbier National du Cameroun et celui de l’IFAN). Le logiciel RIHA permet d’une part, la gestion quotidienne d’une collection d’Herbier et d’autre part l’exploitation et la valorisation d’un ensemble d’informations liées aux récoltes (Chevillotte et al., 2004). Le modèle conceptuel de données disponible fonctionne sous Access/Windows avec un système de base de données Postgress. Les tables du modèle se répartissent dans deux sous-modèles dont l’un est rattaché au spécimen et l’autre aux référentiels. Les données directement liées au spécimen sont réparties dans plusieurs entités .

Sortie des parts d’herbiers et la saisie des données dans la base

Nous avons au niveau de notre salle de collection, 88 armoires de rangement comportant chacune entre 14 et 21 paniers (1 841 au total) communiquant entre eux. Les échantillons d’herbiers sont rangés dans les dits paniers. Le classement est d’abord fait selon l’ordre alphabétique des familles, au sein de chaque famille suivent ensuite les genres, les espèces et les variétés toujours suivant l’ordre alphabétique. La première étape a été de localiser les parts d’herbiers portant des informations ethnobotaniques. Ainsi, tous les 1 841 paniers ont été visités et les récoltes qui y sont consultées. Toutes les récoltes renfermant une ou des informations ethnobotaniques sont extraites des paniers, saisies dans la base de données RIHA .

Les descriptions des usages sont parfois détaillées et nécessitent de concevoir une structuration et un découpage de ces descriptions dans des tables adaptées aux contenus des savoirs décrits (Cook 1995). Pour éviter le risque des distorsions induites par le passage du contenu textuel des étiquettes à leur transcription dans la base de données (Thomas, 2003), le texte décrivant l’usage est conservé intégralement au sein d’une rubrique texte . Les données ethnobotaniques ont été structurées avec un champ particulier pour la description de l’usage tel qu’il est écrit sur l’étiquette. Les données ont été structurées selon les tables suivantes :

– catégorie d’usage ;
– partie utilisée de la plante ;
– description de l’usage ;
– ethnie liée à l’usage ;
– nom de la plante par ethnie.

Ces tables ethnobotaniques sont liées à l’ensemble des autres tables : n° de collecte, date de récolte, collecteur, nom scientifique, lieu de récolte…

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

I- INTRODUCTION
II – MATERIEL ET METHODE
II-1- La zone d’étude
II-2- Matériel
II-3- Méthodes
II-3-1- Les Enquêtes ethnobotaniques
II-3-1-1 La collecte des données
II-3-1-2- L’identification des espèces et transcription de leurs noms locaux
II-3-1-3- Le traitement des données
II-3-2- Etude ethnobotanique de l’Herbier de l’IFAN Ch. A. Diop
II-3-2-1- Le logiciel RIHA
II-3-2-2- Sortie des parts d’herbiers et la saisie des données dans la base
II-3-2-3- L’extraction des données ethnobotaniques et leur traitement
III- RESULTATS
III-1- Les enquêtes ethnobotaniques
III-1-1- Les Usages des plantes
III-1-1-1- Diversité des espèces exploitées
III-1-1-2- Les différentes catégories d’usages
III-1-1-2-1- Diversité des espèces par catégorie d’usages et FCI
III-1-1-2-2- Les organes exploités
III-1-1-2-3- Les espèces à usages unique dans les catégories d’usages
III-1-1-2-4- Les plantes alimentaires
III-1-1-2-4-1- Les fruits
III-1-1-2-4-2- Les Légumes feuille
III-1-1-2-4-3- Les tubercules
III-1-1-2-4-4- Les aliments de soudure ou de famine
III-1-1-2-5- Les plantes médicinales
III-1-1-2-5-1- Diversité des plantes médicinales
III-1-1-2-5-2- Diversité et importance des pathologies traitées
III-1-1-2-5-3- Diversité des espèces par groupe pathologique
III-1-1-2-4-5-4- Les organes exploités
III-1-1-2-5-5- Les modes de préparation des organes
III-1-1-2-5-5-1- Les différents modes de préparation
III-1-1-2-5-5-2- Les différents modes de préparation de chaque organe
III-1-1-2-5-6- L’usage des organes suivant les groupes pathologiques
III-1-1-2-5-7- Les Cinq principaux groupes pathologiques
III-1-1-2-5-7-1- Les maladies gastroentérologiques
III-1-1-2-5-7-1-1- Mode de préparation des organes médicinaux
III-1-1-2-5-7-1-2- Diversité des maladies gastroentérologiques
III-1-1-2-5-7-1-3- Les plantes utilisées contre la constipation
III-1-1-2-5-7-2- Les Maladies infectieuses
III-1-1-2-5-7-2-1- Mode de préparation des organes médicinaux
III-1-1-2-5-7-2-2- Diversité des maladies infectieuses
III-1-1-2-5-7-2-3- Les plantes utilisées contre la « fièvre jaune »
III-1-1-2-5-7-3- Les plantes utilisées en gynécologie
III-1-1-2-5-7-3-1- Diversité des espèces
III-1-1-2-5-7-3-2- Modes de préparation des organes
III-1-1-2-5-7-3-3- Classification des espèces selon l’usage
III-1-1-2-5-7-3-4- Classification des espèces selon le niveau de connaissance
III-1-1-2-5-7-4- Les plantes utilisées contre les Serpents et leurs morsures
III-1-1-2-5-7-4-1- Diversité des espèces
III-1-1-2-5-7-4-2- Modes de préparation des organes
III-1-1-2-5-7-5- Les plantes Aphrodisiaques
III-1-1-2-5-7-5-1- Diversité des espèces
III-1-1-2-5-7-5-2- Modes de préparation des organes
III-1-1-2-5-8- Les plantes médicinales les plus connues
III-1-1-2-5-8-1- Diversité
III-1-1-2-5-8-2- Les types biologiques
III-1-1-2-5-8-3- Classification des plantes médicinales les plus connues
III-1-1-2-5-8-4- Les organes exploités chez les plantes médicinales les plus connues
III-1-1-2-5-8-5- Les pathologies traitées par les plantes médicinales les plus connues
III-1-1-2-6- Les plantes à Usages culturels
III-1-1-2-6-1- Les masques de la fête des récoltes
III-1-1-2-6-2- Le masque « Kankuraŋ »
III-1-2- Ethnotaxonomie des plantes inventoriées
III-2- Etude ethnobotanique de l’Herbier de l’IFAN Ch. A. Diop
III-2-1- Diversité des espèces exploitées et valeur d’usage
III-2-1-1 Diversité des espèces exploitées
III-2-1-2 Valeur d’Usage (VU) des familles botaniques
III-2-2- Origine géographique des usages
III-2-3- Période de collecte des usages
III-2-4- Diversité des collecteurs
III-2-5- Diversité et importance des ethnies liés aux usages
III-2-6- Les Catégories d’Usages
III-2-6-1- Diversité des catégories d’usages
III-2-6-2- Distribution des catégories d’usages dans les ethnies
III-2-6-3- La catégorie d’usages Médicinale
III-2-6-4- La catégorie d’usages Alimentaire
III-2-6-5- La catégorie d’usages Technologique
III-2-6-6- Quelques anciens usages
III-2-7- Les usages rapportés par le Colonel LAFFITTE
III-2-7-1- Les années de récolte et les Pays prospectés
III-2-7-2- Diversités des espèces avec usage
III-2-7-3- Les Catégories d’usages
III-2-7-4- Diversité des ethnies rencontrées
III-2-7-5- Diversité des organes exploités
III-2-7-6- Distribution des catégories d’usages dans les ethnies
III-2-7-7- Distribution des catégories d’usages dans les organes exploités
III-2-7-8- Les usages médicinaux
III-2-7-8-1- Diversité des pathologies
III-2-7-8-2- Diversité des organes exploités
III-2-7-8-3- Les différents modes de préparation des organes exploités
III-2-7-9- Quelques usages remarquables
IV- DISCUSSION
V- CONCLUSION

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *