L’agriculture a depuis longtemps joué un rôle de premier plan aussi bien dans les pays développés que dans les pays sous développés. Elle constitue l’épine dorsale du Sénégal et de bon nombre de pays africains et occidentaux. Ainsi, la croissance de plus en plus importante de la population mondiale estimée à 7 milliards au 1er novembre 2011, alors qu’elle était estimée à 6,1 milliards en 2000 (Wikipédia), et de la demande en produits de consommation a favorisé le développement de l’agriculture et l’émergence de nouvelles techniques de cultures telles que le système gout-à-gout et le maraîchage.
L’augmentation de la population et les effets qui s’en suivent notamment en ce qui concerne l’insécurité alimentaire et environnementale imposent des mesures et solutions de la part des communautés, des chercheurs et responsables politiques. Tous les pays disposant de terres irrigables ont tenté de les mettre en valeur pour répondre aux besoins alimentaires. En Afrique subsaharienne, au Sénégal en particulier, les sécheresses des années 70-80 ont entrainé une crise alimentaire. Cette situation a réveillé les consciences des autorités, des populations locales en particulier de l’intérêt de la mise en valeur des potentialités de la vallée du fleuve Sénégal. C’est ainsi qu’au début des années quatre vingt (80), un cadre d’ajustement structurel a été formulé dans lequel le secteur agricole joué un rôle clé BOIVIN P.et al, 1995.
Conformément à ce cadre, le gouvernement a publié en 1984 la Nouvelle Politique Agricole (NPA), dont l’objectif principal était de promouvoir la sécurité alimentaire en consolidant les graines provenant des cultures de rentes. En d’autres termes, il s’agissait de relancer la production agricole et d’améliorer les conditions de vie des populations en mettant l’accent sur la gestion de l’offre et de la demande tout en protégeant les ressources naturelles. L’État du Sénégal à travers la SAED a introduit de nouvelles techniques agricoles permettant la mise en valeur de grands périmètres irrigués tout en consolidant les Périmètres Irrigués Villageois SARR B. (1995). Les conditions climatiques occasionnant une pluviométrie en moyenne de 500 mm par an à Bakel, a favorisé le développement de l’agriculture, du maraîchage en particulier pendant toute l’année avec une agriculture sous pluie qui dure 4 à 5 mois et une culture de contre saison.
Le maraîchage occupe une place de choix dans l’activité agricole à Bakel. Il constitue la principale source de revenus des populations locales à l’image de beaucoup de zones situées le long de la vallée et dans les Niayes. La mécanisation des travaux agricoles, l’introduction de la sélection végétale, l’utilisation croissante d’engrais minéraux et des produits phytosanitaires permettent l’évolution des résultats en termes de rendement, de productivité et de qualité des produits agricoles. A cela s’ajoute l’aide des partenaires au développement.
L’augmentation des rendements est un atout majeur pour la population, les agriculteurs en particulier. Car elle permet non seulement d’améliorer la consommation locale, mais aussi et surtout de trouver des revenus leurs permettant de satisfaire leurs besoins sanitaires principalement. Beaucoup d’entre eux ont affirmé lors de nos entretiens faire souvent recours aux soins qu’après la récolte.
Par ailleurs, si les aménagements hydro-agricoles avec la réalisation des barrages de Diama et de Manantali ont eu des effets positifs, à Bakel et dans toute la vallée du fleuve, il faut cependant noter comme l’ont souligné beaucoup d’études qui y sont réalisées, qu’ils sont aussi à l’origine de l’apparition et de la prolifération de certaines maladies telles que l’onchocercose, la bilharziose et le paludisme.
PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
Le Département de Bakel se trouve à plus de 735Km de la capitale, Dakar, à l’Est du Sénégal. Il est situé au Nord-Est dans la région de Tambacounda, longitude 11°14’ Ouest, latitude 12°14’ Nord. Sa superficie est de 22378km², soit 11% du territoire national. Il est limité à l’Est par la Mauritanie et le Mali, la région de Saint-Louis au Nord, le département de Tambacounda à l’Ouest et le département de Kédougou au Sud. Il compte deux communes Bakel et Diawara et 09 communautés rurales dont Gabou et Moudéry qui feront en plus de la commune de Bakel, l’objet de notre étude. « Cette région, anciennement reliée aux réseaux marchands transsahariens, fut intégrée à la traite européenne dès la fin du XVII siècle. Elle jouissait en effet d’une position clé à la croisée des voies commerciales du Soudan et de l’Atlantique » Monique Chastanet . Toujours dans l’histoire de cette région, elle ajoute « la France annexa Bakel en 1855 et le Goy supérieur en 1858, c’est-à-dire les villages situés entre Bakel et la Falémé ; les populations furent soumises au paiement d’un impôt et aux réquisitions de main-d’œuvre. Après les troubles des années 1850, l’escale de Bakel a connu un regain d’activités dans les années 1860 et 1870 comme principal centre militaire et commercial, avec notamment l’installation de maisons de commerce ».
La population est concentrée plutôt en milieu rural qu’urbain, (Communauté Rurale de Gabou 17905 habitants, CR de Moudéry 22884 habitants et 15237 habitants pour la ville de Bakel, ANSD 2010). Le taux d’accroissement moyen annuel de la région est de 3,1. Les projections montrent une population de plus en plus croissante. Estimée à 15237 habitants en 2010 après le recensement de 2002, la population de la commune de Bakel serait de 17464 habitants en 2015. Son niveau d’équipement en infrastructures socio-économiques de bases par rapport au reste du département fait d’elle une ville de plus en plus attractive. Les contraintes physiques font que l’occupation du sol reste plus importante au nord-ouest qui constitue sa zone d’extension. Par ailleurs, la répartition spatiale de la population à l’échelle du département laisse apparaitre des disparités importantes comme on peut le voir sur la carte ci-dessous entre les zones urbaines (communes) et le reste du territoire.
La commune de Bakel
S’il est vrai que l’existence des villes est un phénomène très ancien en Afrique, c’est néanmoins la colonisation qui leur a imprimé le caractère qu’elles connaissent encore de nos jours. Les grandes villes actuelles ont été fondées dans des sites choisis en fonction de considérations liées aux besoins de la colonisation. « Les exigences de la fonction commandent la position de la ville ; elles l’obligent parfois à s’installer dans des conditions particulièrement inconfortables. Mais les hommes se sont efforcés de trouver l’emplacement qui, tout en répondant aux exigences de la fonction, c’est-à-dire en respectant la position, leur permet de vivre le mieux possible. Cet emplacement précis, c’est ce que l’on appelle le site ; c’est là que les hommes vont se loger » Position de défense, la ville de Bakel doit sa création à celle d’un poste militaire. En effet, durant le 19ème siècle, des forts et des postes de commandement (fort Faidherbe en 1818) se sont érigés sur un système de collines rocheuses autour duquel s’est maladroitement organisée la trame urbaine. Bakel a été créé comme poste militaire en 1818 par le capitaine de FREGATE, avec comme mission, l’établissement d’une escale pour assurer le commerce de traite. De 1819 à 1821, le poste militaire fut transformé en fort pour garantir la pratique du commerce.
Comme le note VENNETIER (P.), 1991, « Le but de la colonisation n’était pas, on le sait bien, d’assurer en premier le développement des pays colonisés, mais d’en exploiter les richesses naturelles (produits de cueillettes, minerais, métaux précieux, bois etc.) et potentilles (produits agricoles), au profit de la métropole. Dans cette optique, la tache essentielle était donc d’assurer d’une part un contrôle des hommes, facteur de production, par un encadrement administratif efficace, et d’autre part l’expédition des produits vers les ports maritimes, par les cours d’eau existants ou des voies ferrées construites à cet effet. Sans doute les intérêts économiques et sociaux des populations n’étaient-ils pas absents des projets, mais ils n’étaient pas prioritaires, surtout en ce qui concerne le monde rural » .
La communauté rurale de Gabou
La communauté rurale de Gabou est située dans la région de Tambacounda, département de Bakel, arrondissement de Diawara. Elle est limitée au nord par la commune de Bakel et l’arrondissement de Diawara, au sud par l’arrondissement de Kidira, à l’est par la communauté rurale de Ballou et à l’ouest par l’arrondissement de Goudiry. Elle s’étend sur 758 km2, soit 56% de la superficie de l’arrondissement. Sa population est de 14440 habitants au recensement de 2002. Les estimations montrent qu’elle sera de 20521 habitants en 2015 (ANSD 2010). Le groupe ethnique Halpular dans lequel on compte Peuls et Toucouleurs est de loin le plus important. Les groupes minoritaires sont les Bambaras, Soninkés, Maures et Khassonkés.
La communauté rurale de Gabou n’est traversée par aucun cours d’eau permanent. Elle est l’une des plus éloignées du fleuve et dépend entièrement des pluies et des eaux souterraines pour l’agriculture, l’élevage et les besoins domestiques. C’est dire qu’il n’y a aucun cours d’eau permanent ou semi-permanent susceptible de constituer un point d’appui à une agriculture irriguée. Il existe beaucoup de lits de marigots qui sont autant de sites propices à des mini-barrages ou tout au moins à des bassins de rétention. Des mares naturelles existent aussi mais s’assèchent très tôt deux à trois mois après la fin des pluies en année normale, moins de deux mois en année déficitaire.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
1-PROBLEMATIQUE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE, SES CARACTERISTIQUES ENVIRONNEMENTALES ET RISQUES SANITAIRES
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES ENVIRONNEMENTALES
CHAPITRE III : ENVIRONNNEMENT SOCIAL, RISQUES ET SANTE
DEUXIEME PARTIE : PRATIQUE D’IRRIGATION A PETITE ECHELLE, ENJEUX SOCIOECONOMIQUES ET FACTEURS DE RISQUES
CHAPITRE I : LES PRATIQUES D’IRRIGATION A PETITE ECHELLE
CHAPITRE II : LES ENJEUX SOCIO-ECONOMIQUES DE L’IRRIGATION A PETITE ECHELLE
CHAPITRE III : IRRIGATION, RISQUES ET SANTE
TROISIEME PARTIE : ETUDE DE LA MORBIDITE DIQGNOSTIQUEE ET DU PARTENARIAT AGRICULTEURS ET PARTENAIRES AU DEVELOPPEMENT
CHAPITRE I : LA MORBIDITE DIAGNOSTIQUEE A L’ECHELLE DU DISTRICT
CHAPITRE II : L’IRRIGATION ET SES EFFETS SUR L’ENVIRONNEMENT
CHAPITRE III : RELATIONS AGRICULTEURS ET PARTENAIRES AU DEVELOPPEMENT
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE