Les enjeux d’un réaménagement de l’allée du Commerce et son quartier proche

Un habitant du Mont-Mesly, un quartier de la ville de Créteil en banlieue parisienne, m’a fait part de l’amour qu’il portait à son quartier. Lorsqu’il était enfant, il y a plus d’une dizaine d’années, le centre du quartier, regroupant les commerces de proximité, était un lieu vivant et dynamique, un espace de rencontre et d’échange entre les résidents. Aujourd’hui, les commerces ferment les uns après les autres et le sentiment d’insécurité plane sur la rue commerçante. Les habitants n’investissent plus leur quartier comme auparavant. D’abord un emblème de modernisation et de progrès, les cités des banlieues ne sont plus attractives aujourd’hui et présente des signes de fracture sociale. Le Mont-Mesly fait partie de ces quartiers qu’on considère comme l’un des plus « déshérité de France ». Ma première volonté fut d’apporter de nouveaux équipements culturels, artistiques et sportifs, dans le but de rendre le quartier plus dynamique. Mais, au fil de mes démarches et de mes entretiens, j’ai réalisé que Créteil investissait sur tout son territoire communal pour donner accès à tous aux équipements, qu’ils soient culturels, sportifs, scolaire, etc. La ville de Créteil a déjà participé à des Projets de Rénovation Urbaine pour améliorer le cadre de vie et l’image des quartiers précaires. Un de ces projets a d’ailleurs déjà commencé dans le quartier du Mont-Mesly. J’ai pu avoir m’entretenir avec un des Maires adjoints de Créteil, Stéphane Caristan, avec des membres d’une association d’animation du quartier du Mont-Mesly et avec Pascale Germain employée au service de l’Urbanisme et de Patrimoine à Créteil Habitat, bailleur principal de la ville. Ces contacts variés m’ont permis d’appréhender le site de manière global avec des visions différentes.

Le Mont-Mesly, un quartier vivant

Un quartier qui suit l’histoire de la ville de Créteil

C’est à 12 km au Sud-Est de Paris Notre-Dame que s’étendent les 1142 hectares de la Commune de Créteil, où vivent 90 528 habitants depuis le dernier recensement de l’INSEE en 2013. Créteil est la préfecture du département du Val-de-Marne en région Ile-de-France, et apparaît comme un pôle d’intérêt régional au Schéma directeur d’Ile-de-France (S.D.R.I.F). La ville est membre de la Communauté d’Agglomération de la Plaine Centrale du Val de Marne depuis 2000. Celle-ci est aussi composée des communes d’Alfortville et de Limeil-Brévannes qui exercent, avec Créteil, leurs compétences au bénéfice de 151 000 habitants.

Ville universitaire, Créteil profite de l’Université Paris Est Créteil qui n’accueille pas moins de 31 000 étudiants. C’est aussi une ville hospitalière grâce à la présence de trois hôpitaux dont le CHU Mondor. Créteil est une ville sportive, culturelle et de loisirs, elle dispose de nombreux équipements tels que la Base de loisirs au bord du lac ou la Maison des Arts et de la culture de Créteil (MAC) qui rayonnent bien au delà du territoire cristolien. La ville profite du Centre Commercial Régional Créteil Soleil, composé de 220 magasins sur trois niveaux. En 2014, le centre commercial a dépassé la barre des 19 millions de visiteurs, ce qui le classe parmi les quatre premiers centres commerciaux européens.  Mais Créteil a longtemps été un simple petit bourg agricole peu urbanisé, comptant jusqu’à 6000 habitants dans les années quarante. Après la Seconde Guerre Mondiale, les entreprises et les industries ont un fort besoin de main d’œuvre. C’est ainsi qu’une nouvelle population immigrée s’installe en France et le pays fait alors face à une importante demande de logements. En 1955, la cité des Emouleuse prend forme dans le quartier du Mont Mesly au milieu des cultures. C’est une cité de transit qui propose des logements à bas coût. Les cités étaient alors un emblème de modernisation et de progrès. Pendant les Trente Glorieuses, des cadres moyens viennent d’ailleurs s’y installer. En 1958, le Mont-Mesly devient une ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité) et le quartier est tout désigné pour construire un de ces grands ensembles qui vont éclore tout autour de Paris. La conception des 5700 logements sur 87 hectares, est confiée à l’architecte de renom Gustave Stoskopf. La population cristolienne atteint alors 48 927 habitants en 1968. Avec le temps, les bâtiments et l’environnement se dégradent, les cadres désertent les cités et la population immigrée s’enracine alors que la nécessité économique en main d’œuvre s’affaiblie. Les banlieues ne sont plus attractives et Créteil est devenue en quelques années une cité-dortoir, confrontée à des problèmes qui ne peuvent que s’accroitre. Il faut intervenir sur les logements, les écoles, les activités économiques et les équipements de proximité. Un vaste chantier de rénovation du Mont-Mesly démarre en 1987 et va durer 4 ans. Dès 1989, la ville s’engage dans la procédure de Développement Social Urbain (DSU) mise en place par l’Etat. Pour la qualité de l’ensemble des travaux de réhabilitation, la ville remporte le prix « Marianne d’Or de l’écologie urbaine » en 1992. Parallèlement, Créteil s’agrandie à l’Ouest, avec la construction du quartier du Nouveau Créteil 1ère tranche, réalisée dans le cadre d’une Zone à Urbaniser en Priorité, à partir de la fin des années soixante. Au Sud-Est, c’est le quartier du Nouveau Créteil 2ème tranche qui se construit dès 1978 avec l’aménagement de 3200 logements, puis en 1990, avec 2400 logements supplémentaires. Le quartier du Mont-Mesly a pu bénéficier des transformations du Nouveau Créteil. En effet, l’arrivée d’une nouvelle population, le développement des activités, la construction d’équipements, le rayonnement apporté par le centre commercial et la base de loisir, ont permis une croissance importante de la commune de Créteil et font qu’aujourd’hui le Mont-Mesly ne présente pas de caractère d’enclavement ou de relégation comme dans certains quartiers marqués par l’image des grands ensembles dans d’autres communes de banlieue de taille moyenne.

Gustave Stoskopf (1907 – 2004)
Fils de Gustave Stoskopf, poète, auteur dramatique, artiste-peintre, directeur du théatre alsacien de Strasbourg, il sort diplômé de l’Ecole Régionale d’Architecture de Strasbourg et de l’Ecole Nationale Supérieur des Beaux-Arts. A partir de 1958, il participe au projet d’aménagement du grand ensemble du Mont-Mesly. Ses constructions affirment une volonté de traitement de façade et de volumétrie remarquable pour l’époque. L’architecte réfléchi tant à l’implantation de chaque immeuble qu’à celle de chaque arbre en multipliant les espèces végétales. Les espaces verts ont une place importante (30 hectares). Pour la première fois dans une cité, il donnera des noms de peintres et de musiciens aux rues. A la recherche de diversité, il invente une trentaine de type de façades différentes. « Peintre de paysage », il discute même avec les peintres des couleurs des balcons. A partir de 1987, des travaux de réhabilitation des parties communes et des logements ont été effectués, le quartier .

Dans le bas du Mont-Mesly, le long des bords de Marne, des pavillons se sont construits et contrastent avec les autres bâtiments plus haut du reste du quartier. Situé entre le centre-ville ancien et les quartiers d’urbanisation récente, entre la ville nouvelle et les quartiers pavillonnaires, le Mont-Mesly est à l’interface des grands systèmes morphologiques liés aux principales étapes de croissance de la commune. Actuellement classé en Quartier Prioritaire de la Ville, le Mont-Mesly est au centre du nouveau Projet de Rénovation Urbaine de la commune pour requalifier et la valoriser le quartier.

Un quartier connecté au reste d’une commune déjà bien desservie

Créteil bénéficie d’un réseau viaire diversifié avec l’autoroute A86, la RD1, la RD6, la RD19 et la RD186. Son réseau de transport est varié : le Trans-Val-de-Marne (TVM), 10 lignes de bus, le RER D qui dessert l’Ouest de Créteil, le RER A qui dessert la gare de St Maur-Créteil à l’Est, et la ligne de métro 8 qui traverse la commune (4 stations). L’ensemble établit des liaisons intercommunales majeures. La ville a le projet de créer une nouvelle ligne de bus Est-TVM qui reprendrait en partie le tracé actuel du TVM mais permettra d’améliorer la liaison vers l’Est du département. Elle desservira les secteurs de la Préfecture et de l’Hôtel de Ville et traversera le quartier du Mont-Mesly. La ville va pouvoir profiter de l’implantation des gares du « Grand Paris Express » qui desserviront la proche et moyenne couronne et favoriseront les déplacements en rocade. Ces nouvelles lignes de métro feront la liaison entre les principaux pôles métropolitains, vecteurs de développement économique, et favoriseront l’égalité entre les territoires. On prévoit l’implantation de la gare «Créteil-l’Echat » et l’aménagement de la gare du RER A de St Maur-Créteil pour accueillir une de ces lignes.

Le quartier du Mont-Mesly est organisé autour de deux grands axes : la rue René Arcos orientée Est-Ouest, depuis la place de l’Abbaye jusqu’au secteur Préfecture-Hôtel de Ville, et la rue Juliette Savar, orientée Nord-Sud. Les implantations commerciales suivent l’axe principal Est-Ouest : le centre commercial Kennedy en bas du Mont-Mesly et l’Allée du Commerce en haut. Les coupures morphologiques formées par la RD1 à l’Ouest et de la RN19 à l’Est du Mont-Mesly, contribuent à isoler le quartier. La confrontation des tours et des barres avec le tissu pavillonnaire environnant fige le quartier dans sa forme de grand ensemble. Néanmoins, 5 lignes de bus (12, 181, 217, 281, 308) permettent la liaison avec le reste de la ville, en particulier le secteur de la préfecture et du Centre Commercial régional Créteil Soleil, qui constitue le centre attractif de Créteil et limite largement l’enclavement du Mont Mesly.

Table des matières

Introduction
I- Le Mont-Mesly, un quartier vivant
1) Un quartier qui suit l’histoire de la ville de Créteil
2) Un quartier connecté au reste d’une commune déjà bien desservie
3) Les nombreux équipements dont bénéficie le Mont-Mesly
4) Un quartier apprécier de ses habitants
II- Une allée commerçante en déclin
1) Un constat négatif
2) Une activité commerciale mal intégrée
3) Le sentiment d’insécurité
4) Des commerces qui ne tiennent pas la route
5) Des alentours qui ne font pas la transition nécessaire
III- Un désir de valoriser le quartier
1) La nécessité de valoriser ce cœur de quartier
2) Dans un contexte de rénovation urbaine
3) Attirer une nouvelle population par une action sur le bâti
4) Les enjeux d’un réaménagement de l’allée du Commerce et son quartier proche
IV- Critiques et atouts du projet en cours, une autre proposition de projet
1) Le projet global
2) Un parc en cœur de quartier
3) Le parking nécessaire mais un enjeu pour la sécurité du quartier
4) Le jardin partagé : un atout social, paysager et pour la santé publique
5) Accompagner les habitants dans les travaux
Conclusion
Résumé
Annexes

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