Chronologie du concept et du contexte entremêlé
La chronologie du développement local a un effet de causalité cumulative avec les contextes politiques. Dans un sens, ce sont les contextes politiques qui ignorent, façonnent, mettent en œuvre et modifient l’évolution du développement local. Dans le sens inverse, les idées de développement local influencent les politiques de développement, d’aménagement et de décentralisation. Beaucoup d’auteurs et de recherches ont essayé de montrer que la chronologie du développement local est intimement liée aux contextes politiques. Selon Xavier Greffe, le terme développement local est apparu avec les mouvements communaux et régionaux d’avant-guerre. Marcel Jollivet confirme que le développement local est né pendant le mouvement du développement régional qui a explosé dans les années 60. Les deux auteurs n’ont pas pu définir le vrai terme, mais, ils étaient convaincus que le développement régional va faciliter le développement du pays. C’est à partir de la fin des années 1950 que les économistes chercheurs notamment John Friedmann, Walter Stöhr et Fraser Taylor ont parlé pour la première fois des théories du développement endogène qui mettent le bas comme base du développement dans un territoire restreint en intégrant les ressources et les traditions locales. Ces travaux sont poursuivis dans les années 1960. Avec Samir Amin en 1970, le terme développement « par le bas » ou « autocentré » était devenu une nouvelle approche de développement des pays du Tiers-Monde. D’après Jean-Louis Guigou , ces réflexions théoriques intègrent déjà l’idée d’autonomie, d’indépendance, de valorisation des ressources locales, de territorialisation de la production et des échanges, de globalité, de refus d’une division interrégionale et ou internationale du travail. La dénomination « développement local » n’est née que pendant la crise économique de 1970 qui a mis fin aux trente glorieuses. La naissance d’une idée de développement local est automatique pour Xavier Greffe vue que la crise a montré le risque de la dépendance vis-à-vis du marché mondial. Paul Houée a également un même point de vue en disant que : « En outre la crise actuelle oblige à passer d’une politique d’aménagement du territoire à une politique prioritaire de mise en valeur des territoires, combinant planification socio-économique et planification spatiale » . Selon Marcel Jollivet, « l’impression de renouveau du « local » viendrait en fait, de l’apparition d’une autre façon de dénommer socialement un phénomène qui, lui, n’aurait rien de nouveau. S’il en est bien ainsi, c’est donc l’apparition d’un nouveau projet social de développement que signifie l’emploi du terme « local » et c’est à le désigner, à l’afficher, pour le proposer comme objectif à l’action collective, qu’il vise. ». C’est-à-dire que le changement de dénomination ne doit pas dissimuler la continuité du fait. L’adoption des politiques régionales correspond également à la crise et la dénomination. Au niveau européen, il y avait la création du Fonds régional en Europe en vue d’aider financièrement et aligner les zones économiques en retard en 1975. L’arrivée au pouvoir des socialistes en 1981 a renforcé le développement « auto-centré » basé sur la valorisation des ressources locales en intégrant dans la politique de l’Etat. C’est également un moment historique où le terme développement local a été introduit dans les textes administratifs. C’est à partir des années 1982 que l’augmentation incontestable de la capacité des localités a été constatée. Le mouvement des pays imite le développement local à cette date On peut voir à partir de cette brève chronologique qu’il existe une intime liaison entre l’idée du développement local et le contexte politique et ils interagissent entre eux. Philippe Aubry et Alain Vulbeau a ajouté la confirmation que « le mouvement du développement local est né de cette remise en cause du centre providence et s’est appuyé sur plusieurs phénomènes convergents ».
Le développement rural
Pour le cas des pays à vocation agricole, le développement doit passer par le développement rural. C’est un secteur porteur de l’économie pour le cas de Madagascar, 90% de la population malgache travaillent et vivent dans le monde rural. Le développement rural est un développement qui fait intégrer les bases communautaires. C’est une approche globale et coordonnée des territoires ruraux dans leurs diverses composantes : sociale, économique et environnementale. En d’autres termes, le développement rural recherche la valorisation des ressources spécifiques des territoires ruraux et a comme objectif : l’amélioration de la compétitivité de l’agriculture et de sa multifonctionnalité, la promotion de la protection de l’environnement en agriculture ainsi que des mesures forestières contribuant au développement durable et la participation au développement économique des territoires ruraux. Le nouveau terme « développement rural intégré » n’est apparu que dans les années 1980. Les séminaristes du deuxième Séminaire international sur le développement rural intégré à l’Ecole Internationale de Bordeaux ont adopté la définition suivante : « Le développement rural intégré est une stratégie par laquelle une série d’actions, régulières et progressives, amorcées ou soutenues par une volonté politique, apporte des changements quantitatifs et qualitatifs, au sein d’une population rurale et avec sa participation consciente et active, en vue de répondre à ses besoins essentiels, d’améliorer son bien-être et d’engendrer un processus autonome de développement ».15 La participation des services de l’Etat pour gérer les projets, constitue la base de cette approche. Les services ne se limitent pas simplement au développement agricole mais cela implique aussi l’amélioration des équipements collectifs.
Les problèmes concernant la production du riz
La production du riz est confrontée à de nombreux problèmes. L’insuffisance d’eau pour alimenter les rizières éloignées du barrage à cause de manque ou mauvais état des canaux entre rivières, ce qui entraine des litiges entre paysans en période de moisson et en période de pratique des cultures maraichères pour l’évacuation de l’eau de la riziculture. Il y a une mauvaise gestion de l’eau et un manque d’organisation malgré l’existence de la rivière, ce qui entraine également un faible taux de rentabilité et les producteurs ne cherchent pas des solutions mais attendent tout simplement l’intervention de l’autorité locale pour résoudre les problèmes. En cas d’incompétence ou non intervention de l’autorité, des rizières restent non exploitées durant la pratique culturale. L’absence de la sensibilisation de la population pour l’entretien des infrastructures comme le barrage, l’école, …reste un grand problème car tout le monde profite de l’existence de chaque infrastructure. Le problème d’inexistence des techniciens agricoles dans la localité freine le développement des activités agricoles. Les paysans font leur exploitation de manière traditionnelle, ce qui n’engendre pas le maximum de production, peut être perte pour les autres. Le technique de production est un problème majeur car la production n’arrive même pas jusqu’à 2 tonnes par ha malgré la fertilité du sol. Comme dans chaque localité, notre lieu d’étude souffre également de l’insuffisance de moyens financiers. L’accessibilité au crédit agricole est vraiment limitée, de plus les agences ne sont pas à proximité du lieu. Pour ceux qui peuvent bénéficier des offres des microfinances, le taux d’intérêt est trop cher pour les paysans. La pratique du « vary maintso » ne permet pas aux producteurs à faible revenu de continuer leur activité. Le phénomène d’urbanisation est un grand problème de la localité car les cerveaux qui devraient aider les paysans fuient vers la capitale. D’après la monographie 2007, 15 universitaires seulement travaillent dans la localité faute d’activités pour eux. Cela a des impacts sur l’amélioration des techniques de production et le regroupement des producteurs dans une organisation ou association afin d’avoir un partage entre eux. Pour l’instant, les producteurs n’ont pas des leaders pour les guider et les sensibiliser. A cause du changement climatique, les calendriers culturaux devraient suivre ce changement mais la population ne connait pas encore comment y faire. Le problème est lié à la pratique culturale qui suit encore la tradition et qui ne favorise pas la rentabilité de la production. Les diverses théories économiques comme les innovations technologiques qui entrent dans les facteurs de production ne sont pas encore appliquées dans ce Fokontany malgré le fait que nous sommes déjà dans le troisième millénaire alors que la plupart des pays émergents ont mis en pratique ces théories. Les théories des micro-économistes concernant la recherche d’une meilleure combinaison des facteurs de production ne sont plus aperçues sur la production du riz alors que pour avoir un meilleur rendement, il faut partir de ces recherches. Le problème sur l’utilisation des nouvelles technologies dans la localité ne sera résolu d’ici 5 à 10 ans car ils sont très en retard.
Pratique Semi-directe.
5% seulement des producteurs locaux pratiquent le semi-direct et dans des rizières ayant une caractéristique sèche. Ils préparent directement le sol et cela suit toujours le calendrier cultural selon les jugements des producteurs même si les conditions climatiques ne sont pas favorables. Ces producteurs ne prennent pas encore conscience des impacts des changements climatiques qui ont des effets pervers sur le calendrier cultural. Comme résultat, les productions sont très faibles pour les jeunes plants qui arrivent à survivre. Il est à noter qu’il existe deux pratiques courantes du semi-direct. Le semi-direct et le semi-direct en ligne. La différence entre les deux c’est qu’ils utilisent des bêches pour faire la plantation pour avoir des plantes en lignes après afin de faciliter le désherbage. Ils traitent le sol avant l’arrivée des pluies et sans eau. Au moment des pluies, les plantes ont déjà poussé. Les matériels de production restent toujours traditionnels : les bêches, les pelles, les charrues tirées par les bœufs, …. Ce mode de production ne leur permet pas de maximiser les productions.
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie I. Approches théoriques relatives au développement local et présentation du lieu d’étude
Chapitre 1. Fondements théoriques du concept de développement local
Section 1. Les approches théoriques dominantes du concept de développement local
I.1. Qu’est-ce que le développement local ?
I.1.1. Chronologie du concept et du contexte entremêlé
I.1.2. Le développement local
I.1.3. Le développement rural
I.1.4. Le développement agricole
I.2. Les approches économiques et géographiques du concept de développement local
I.2.1. Approches économiques du concept de développement local
I.2.2. Approche géographique de développement local
Section 2. Les outils, composants du développement local et stratégies de développement économique local
II.1. Les outils et composantes du développement local
II.1.1 Les outils du développement local
II.1.2. Les composantes du développement local
II.2. Dimensions du développement local et les stratégies de développement économique local
II.2.1 Les dimensions du développement local
II.2.2. Les stratégies de développement local
Chapitre 2. Présentation de la localité d’Antsampandrano
Section 1. Délimitation géographique et contexte économique d’Antsampandrano
I.1. Localisation géographique de la localité d’Antsampandrano
I.2. Contexte et potentialités économiques d’Antsampandrano
Section 2. Les problèmes principaux de la localité
II.1. Les problèmes communs de population rizicole
II.2. Les problèmes concernant la production du riz
Partie II. Analyses techniques et économiques sur l’amélioration de la production rizicole de la localité d’Antsampandrano
Chapitre 1. Analyses techniques sur les modes de production rizicole
Section 1. Les pratiques de traitements sur le champ et les problèmes y afférents
I.1. Systèmes d’exploitation et mode de culture
I.1.1. Pratique Semi-directe
I.1.2. Pratique du repiquage
I.1.3. Mode de traitement jusqu’au battage
I.2. Traitements contre les insectes et les ravageurs
Section 2. Les principaux traitements en dehors du champ et la préparation du stockage et/ou vente
II.1. Les différents modes de traitements post-récoltes
II.2. Stockages jusqu’à la consommation
Chapitre 2. Analyses socio-économiques des deux modes de production rizicole dans la localité d’Antsampandrano
Section 1. Définition des indicateurs pour mesurer le développement de la localité
Section 2. Analyses des pertes et gains économiques du mode de production habituelle
II.1. Analyses des pertes supportées par les paysans et les exploitants individuels
II.1.1 Pertes directes
II.1.1.1. Pertes sur les poids
II.1.1.2. Pertes sur les ventes
II.1.1.3. Pertes sur le revenu
II.1.1.4. Pertes sur la Consommation
II.1.1.5. Pertes sur l’épargne et/ou sur l’investissement
II.1.2. Pertes indirectes
II.1.2.1. Impacts sur l’éducation
II.1.2.2. Impacts sur la qualité nutritionnelle
II.1.2.3. Impacts sur la santé
II.1.2.4. Impacts sur l’espace
II.2. Analyses des gains économiques avec le mode de production actuel
Section 3. Analyses des pertes et gains économiques du mode de production amélioré
III.1. Analyses tendancielles des gains économiques résultant de l’amélioration de la production
III.1.1 Analyses des gains directs
III.1.1.1. Sur les produits
III.1.1.2. Sur le revenu
III.1.1.3. Sur la vente
III.1.1.4. Sur la consommation
III.1.1.5. Sur l’épargne et l’investissement
III.1.2. Analyse des gains indirects
III.2. Analyses des obstacles sous forme de perte qui pourraient nuire la mise en œuvre de l’amélioration
Partie III. Propositions d’amélioration et recommandations
Chapitre 1. Propositions d’amélioration et les normes de production à adopter
Section 1. Pendant la phase de production
I.1. Choix des semences et traitement au champ
I.2. Normes des traitements post-récoltes à mettre en place
Section 2. Guide pour l’application et le suivi des normes
II.1. Quelle approche est à adopter ?
II.2. Les phases de mise en œuvre
Chapitre 2. Analyse FFOM (Forces, Faiblesses, opportunités, Menaces) de la proposition, analyse de rentabilité et recommandations
Section 1. Analyse FFOM (Forces, Faiblesses, opportunités, Menaces) de la proposition d’amélioration
I.1. Analyse globale
I.2. Analyse FFOM et analyse de rentabilité
I.2.1. Analyse FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces)
I.2.1.1 Forces
I.2.1.2. Faiblesses
I.2.1.3. Opportunités
I.2.1.4. Menaces
I.2.2. Analyse de rentabilité
I.2.2.1. Analyse de l’indicateur VAN
I.2.2.2. Analyse du Taux de Rentabilité Interne (TRI)
I.2.2.3. Retour sur investissement
Section 2. Recommandations
II.1. Perception des bénéficiaires
II.2. Recommandations
II.2.1. Recommandations générales
II.2.2. Recommandations spécifiques à la localité
Conclusion
Références bibliographiques
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