Les enjeux de la station de traitement des boues de vidange de manjakaray ii-c

Les plus anciennes traces de systèmes d’assainissement connues remontent à la civilisation de la vallée de l’Indus vers 2600 avant Jésus-Christ. L’assainissement est indispensable dans les civilisations. La mise en place des méthodes et techniques d’assainissement a favorisé la sédentarisation de l’Homme et elle a généré la formation des villages en suscitant la vie sociale. L’assainissement représente ainsi, un enjeu social primordial et fait actuellement l’objet d’une importante mobilisation mondiale de la part des organisations internationales d’aides au développement, des pouvoirs publics, mais aussi des entreprises privées ou des associations œuvrant dans le sani-marché et l’assainissement en général. L’engouement de tous à ce secteur permet de déterminer son importance pour chacun et chaque pays. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 2 personnes sur 6 dans le monde n’ont pas accès aux services d’assainissement, soit 2,6 milliards de personnes ne bénéficient pas encore des toilettes améliorées. Actuellement, on estime encore que s’approvisionner en eau fraîche et propre permet nettement de réduire les maladies liées à l’eau, et que l’absence des pratiques d’hygiène saines et des équipements d’assainissement adéquats nuit à leur santé. Les maladies diarrhéiques et les infections respiratoires liées à un manque d’hygiène sont responsables des 2/3 de décès des enfants selon l’UNICEF. Cette situation est surtout visible dans les pays en voie de développement aussi bien en Afrique que dans les autres continents. Face à ce constat alarmant de la situation de l’assainissement dans le monde et afin de sensibiliser le plus grand nombre de personnes à cet élément fondamental du développement, différentes initiatives ont été initiées à la vue des enjeux sanitaires, sociaux et environnementaux à l’échelle mondiale, et surtout dans les pays en voie de développement même si des efforts en matière d’assainissement sont focalisés partout dans le monde, notamment dans l’équipement des ménages en toilettes. Néanmoins, la construction des toilettes n’est pas suffisante pour éloigner le péril fécal, puisque il est nécessaire d’évacuer et traiter les boues fécales dans les fosses des toilettes.

Madagascar s’engage dans les initiatives des améliorations de l’assainissement et de l’hygiène. En 2008, le ministère de l’eau a été érigé, une direction de l’assainissement a été intégrée. Conscient de l’importance de l’Assainissement, en 2014, le Ministère de l’Eau devient le Ministère de l’Eau, l’Assainissement et de l’Hygiène. Malheureusement, en 2017, ce ministère est devenu le Ministère de l’Eau, de l’Energie, et des Hydrocarbures, et le secteur Eau, Assainissement et Hygiène a été réduit à une Direction Générale. Toutefois, à Madagascar, le secteur Eau Assainissement et Hygiène, bien que figurant parmi les préoccupations gouvernementales, ne dispose pas de supports financiers suffisants. Aussi, le Ministère de l’Eau, l’Energie et des Hydrocarbures s’associe aux nombreux projets intervenant dans l’assainissement pour s’investir dans des projets d’améliorations de l’hygiène et de l’assainissement et de construction des équipements sanitaires. D’autres acteurs se concentrent sur des séances de sensibilisation ou sur un des maillons de la filière de l’assainissement et de l’hygiène, telle que l’éradication de la défécation à l’air libre, la construction des infrastructures d’hygiène… À Madagascar, les problèmes d’assainissement que ce soit l’assainissement de base, les problèmes des collectes des déchets, les évacuations des eaux usées et pluviales, de collectes et traitement des boues de vidange persistent. Le manque des infrastructures d’hygiène, voire l’inexistence de celles-ci, malgré les efforts entrepris, handicape le développement de l’assainissement et l’hygiène. L’hygiène n’est encore ni une priorité ni une nécessité pour la majorité des Malgaches qui vivent encore dans la misère totale. L’insalubrité s’accentue, ainsi, dans tous les quartiers, les Fokontany, les villes et dans tout Madagascar. La vétusté des réseaux et la non-appropriation des infrastructures d’assainissement accentuent ces problèmes. À Madagascar, encore 60% des ménages n’ont pas accès à l’eau potable et 54% à l’assainissement. Une situation compromettante et ayant des incidences sur les résultats dans de multitudes de domaines, de l’éducation des enfants à la santé de la population en passant par les conséquences d’ordre économique. Pour la ville d’Antananarivo, les réseaux d’évacuation des eaux usées, pluviales, ou d’égouts sont rares. Le rejet (par les réseaux d’évacuation ou sans réseau) se fait sans traitement dans la nature et souvent vers les rivières. Pourtant, il est important de traiter ces rejets puisqu’ils regorgent des pathogènes polluants. Aucun système de traitement n’est encore établi pour minimiser les impacts environnementaux. Pour les infrastructures d’hygiène, elles sont inégalement réparties et insuffisantes face à la forte croissance démographique et au flux de la mobilité de la population dans la capitale. À Antananarivo, seulement 18% de la population a un accès aux toilettes en 20153 . Ces faits résultent de la précarité de l’assainissement à Antananarivo. Mais, construire des toilettes n’est pas ainsi suffisant pour éloigner le péril fécal des habitants, il impose aussi de s’interroger sur le devenir des boues générées. Ces boues fécales doivent pourtant être évacuées et traitées. Elles se rejettent et s’accumulent dans les canaux d’évacuation et aucune solution de traitement des boues de vidange n’était pas disponible à  Antananarivo avant janvier 2013. C’est dans ce cadre qu’a été mise en place la collaboration entre l’ONG EAST, la Région Ile de France, et la Commune Urbaine d’Antananarivo à travers la dotation d’une station de traitement des boues de vidange, une première devenue un projet pilote. Cette station est censée proposer un service de traitement de boues de vidange pour un service d’assainissement abordable, accessible, rentable et durable afin de développer à cette approche de vidange et de traitement décentralisé des boues fécales urbaines.

MANJAKARAY II-C, UN FOKONTANY A PRECARITE EN HYGIENE 

Selon le rapport, ONU-Habitat : « Toutes les régions en voie de développement, en Afrique, dans les Caraïbes, et dans le Pacifique, compteront en 2030, plus de personnes vivant en milieu urbain qu’en milieu rural ». La mise en place des infrastructures d’hygiène et d’assainissement adéquate dans les zones urbaines est alors, nécessaire pour satisfaire les besoins de cette population urbaine. Actuellement, l’hygiène et l’assainissement sont encore réservés à une frange de population. Des efforts sont encore à fournir pour accéder à ces services de base, quoique les projets d’assainissement existent mais ils restent ponctuels et éparpillés surtout le territoire malgache avec des conséquences de dispersion des efforts. Pour la ville d’Antananarivo, comme toutes les zones urbaines malgaches, elle se caractérise par l’insalubrité suite notamment à l’insuffisance de l’accès à l’eau potable, aux infrastructures et services d’assainissement. L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est très limité. La défécation à l’air libre est toujours pratiquée. L’assainissement reste ainsi, un défi majeur. Ces difficultés de l’accès à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement définissent les réalités à Manjakaray II-C, où des ménages se partagent encore des toilettes, d’autres ménages n’en possèdent nullement et ceux existants, peu nombreux répondent aux normes. Ces faits traduisent la précarité de l’hygiène et de l’assainissement dans ce fokontany. Cette complexité du secteur Eau, Assainissement et Hygiène mérite d’adopter des démarches spécifiques et des méthodes particulières pour relater les faits observés et les résultats d’enquête. Pour comprendre les réalités sociales notamment dans l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement à Manjakaray II-C, la démarche de recherche appropriée est mise en évidence, puis les concepts et les théories relatifs à notre recherche sont définis dans cette première partie. Puis, une présentation du fokontany Manjakaray II-C est effectuée pour relater les réalités sociales, et économiques relatives à l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement afin de déterminer les caractéristiques du fokontany de Manjakaray II-C.

LA DEMARCHE DE RECHERCHE ET CADRE CONCEPTUEL AXES SUR L’HYGIENE ET LES TRAITEMENTS DES BOUES DE VIDANGE 

Le caractère prioritaire que revêt le secteur Eau, Assainissement et Hygiène a permis à chaque pays des pays sous-développés, notamment en Afrique de mettre en œuvre des engagements nationaux dans le cadre du développement de leur pays. Ces engagements sont souvent relatifs à l’OMD, et d’ailleurs ils ont été encouragés notamment lors du Conseil des ministres Africains en charge de l’Eau (AMCOW) pour réaliser dorénavant les états des lieux par pays pour déterminer les facteurs pour améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement et d’identifier les efforts à fournir de chaque pays membre pour accélérer le progrès dans les pays de l’Afrique sub-saharienne dont Madagascar. Ces engagements se sont traduits à Madagascar à travers des politiques et des programmes axés sur ce secteur Eau, Assainissement et Hygiène. Plusieurs domaines et de différents facteurs interviennent dans ce secteur. Aussi, des différentes approches et des concepts ont été déterminés pour comprendre l’assainissement et l’hygiène ainsi que les réalités relatives de Manjakaray II-C. Ainsi, le présent chapitre nous permet de situer le secteur eau, assainissement et hygiène dans son contexte, et de définir la méthodologie et la démarche adoptées pour comprendre le secteur à Antananarivo et notamment à Manjakaray II C. Les concepts et les théories sont également développés dans ce chapitre pour cadrer notre thème de recherche en corollaire avec d’autres domaines.

Le contexte de la recherche sur l’assainissement et les boues de vidange 

Le contexte de l’assainissement et les boues de vidange se doit de situer ces notions à différentes échelles qu’elles soient mondiales que nationales. Ces contextes doivent considérer les réalités vécues et les données existantes relatives à notre recherche.

L’assainissement dans le monde
Face à l’importance du défi de l’assainissement dans le monde, des fortes mobilisations sont effectuées que ce soit par les organisations internationales, les divers projets et programmes de développement ou autres, les entreprises privées, et à travers les colloques et les conventions internationales entre les différents pays.

Tel l’engagement international historique entrepris par différents Etats, réunis à New York le 25 septembre 2015 lors de l’assemblée générale des Nations Unies à travers la signature de leur engagement envers les « Global Goals », les objectifs mondiaux de développement durable afin de lutter contre l’extrême pauvreté, et les inégalités et le changement climatique. D’ailleurs, l’objectif n°6, garantirait à tous les États membres, d’ici à 2030, l’accès à l’eau, à l’assainissement, et à l’hygiène. En effet, actuellement, au niveau mondial, on dénombre que 40% de la population mondiale soit près de 2,5 milliards de personnes n’ont pas accès à l’assainissement de base et plus de 650 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et 2,3 milliards de personnes n’ont pas accès à des toilettes décentes . D’ailleurs, faute d’assainissement adéquat, les risques de maladies sont fréquents, d’après l’OMS, comme les diarrhées et les infections respiratoires qui sont responsables de 2/3 de décès des enfants. De plus, selon l’UNICEF, le paludisme cause la perte de 1,2 millions de personnes chaque année et la principale cause de mortalité des enfants de moins de 5ans, soit près de 90%. À part ces principales maladies, 160 millions d’individus sont infectées par la schistosomiase, et des dizaines de milliers de personnes en meurent chaque année. Souvent, ce sont les populations vulnérables, pauvres et marginales qui sont les plus affectées par ces maladies. Le lien entre la pauvreté et le manque d’assainissement sont très conséquents. Ce déficit en manque d’assainissement tue, engendre des conséquences néfastes au développement économique nuisant également à la dégradation de l’environnement. D’ailleurs, la déclaration de Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York en 1999, confirme l’importance de l’assainissement adéquat dans la vie quotidienne : «Nous ne vaincrons ni le SIDA, la tuberculose, le paludisme, ou les autres maladies infectieuses qui affligent le monde en développement jusqu’à ce que nous avons également gagné la bataille pour l’Eau potable, l’Assainissement et la Santé de base. » Par ailleurs, il est nécessaire de déterminer l’assainissement. L’assainissement se définit tel un processus par lequel l’Homme modifie son environnement pour le rendre plus sain et salubre en l’adaptant pour réduire les impacts sur ses propres activités et son propre environnement. La préservation de la santé des Hommes, et la réduction des impacts de la pollution sur l’environnement sont des notions essentielles dans l’environnement. L’eau, l’assainissement et l’hygiène constituent les composantes fondamentales du développement et l’accès à ces services de base essentiels devrait améliorer la vie de centaines de millions de personnes.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : MANJAKARAY II-C, UN FOKONTANY A PRECARITE EN HYGIENE
CHAPITRE 1: La démarche de recherche et cadre conceptuel axés sur l’hygiène et les traitements des boues de vidange
CHAPITRE 2: Manjakaray II-C, un fokontany à l’accès aux services fondamentaux de l’hygiène et de
l’assainissement restreint
DEUXIEME PARTIE : LA STATION DE TRAITEMENT DES BOUES DE VIDANGE, ALTERNATIVE POUR L’HYGIENE ET L’ASSAINISSEMENT DE MANJAKARAY IIC
CHAPITRE 3: La station de traitement des boues de vidange, un service innovant et inadéquat au fokontany
CHAPITRE 4- L’hygiène et l’assainissement du Fokontany, entre valorisation économique et limites sociales et spatiales face à la mise en place de la station de traitement des boues de vidange
CONCLUSION GENERALE

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