Dans le monde, chaque pays a sa façon d’aménager son espace dans le cadre de la mise en place des infrastructures hydro-agricoles. Ces aménagements conçus sous différentes formes pourraient permettre de vaincre rapidement la famine dans le monde tropical. C’est une solution d’avenir uniquement tributaire des possibilités de financement. La situation est délicate notamment dans les pays sous-développés face au manque des moyens techniques et financiers, renforcée par la pauvreté des populations essentiellement rurales. Par ailleurs, l’appropriation des ressources naturelles exploitables se présentent comme des possibilités de développement. Cependant, le niveau intellectuel et le comportement des populations rurales comptent largement dans le cadre de la maintenance et l’entretien des ouvrages hydrauliques tel un barrage à but d’irrigation pour le développement agricole. Assurer la pérennité à long terme des ouvrages exige une prise en compte de nombreux facteurs.
NEUVY (1991) dans son ouvrage intitulé :« L’homme et l’eau dans le monde tropical» affirme que, les actions irréfléchies de l’homme sur les ressources naturelles, et plus précisément sur les bassins-versants, menacent sa propre vie. Entrainant la destruction progressive des réseaux hydro-agricoles en aval comme les barrages et les réseaux d’interconnexion. Or ces derniers assurent l’irrigation de leurs champs de cultures en période d’étiage. En conséquence, la destruction des versants amplifie le phénomène d’ensablement et d’envasement des ouvrages, à tel point qu’ils deviennent impossibles à maîtriser. En outre, dans les pays du Sud, la construction des barrages hydro-agricoles prend un grand essor ces dernières décennies avec l’accroissement rapide du nombre de la population rurale. Ainsi, l’existence de ces retenues offre des opportunités extraordinaires pour la redynamisation de l’économie en commençant par la satisfaction des besoins alimentaires pour l’ensemble de la population et promouvoir l’emploi. Cependant, la maintenance de ces ouvrages à long terme s’avère menacée.
Madagascar, une grande île située dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien se caractérise par une population généralement rurale et évidemment une importance du secteur primaire dépendante des sols fertiles cultivables. De ce fait, des politiques d’aménagement de petits et grands ouvrages hydrauliques ont été lancées et priorisées par les dirigeants malgaches. Des objectifs ont toujours été adoptés par le gouvernement, des associations, des projets, en termes de lutte contre la pauvreté en milieu rural en procédant à l’amélioration des revenus dans le domaine : de l’agriculture et d’autres activités concentrées dans le secteur primaire. En effet, dans les programmes d’aménagement PPI (Petits Périmètres Irrigués) et PNBVPI (Programme National Bassins-Versants et Périmètres Irrigués) appliqués dans certains bassins-versants de Madagascar, la construction des micros et grands barrages pour les périmètres irrigués sont parfois réalisés ainsi que des entretiens sur les sous-bassins-versants localisés aux alentours de ses ouvrages.
MODE D’APPROCHE
Dans cette recherche, nous avons adopté une démarche inductive qui, consiste à aller observer directement les faits réels sur le terrain et par la suite combiner ces derniers avec des hypothèses vérifiées induites de la bibliographie. Le tout était appuyé par des outils comme la cartographie et les données chiffrées afin de mener la conceptualisation rationnelle de cette recherche. La descente préalable au sein de la localité d’Ankazomborona nous a permis d’observer un état désolant du paysage, notamment sur les sous-bassins-versants en amont des ouvrages stratégiques face à la prépondérance des feux de brousse en période d’étiage. Par ailleurs, une étude diachronique a été adoptée pour l’étude de l’évolution dans le temps et dans l’espace d’une partie de la forêt sèche d’Ankarafantsika incluse dans notre zone de recherche.
LA PHASE BIBLIOGRAPHIQUE ET DOCUMENTAIRE
Dans une recherche, la phase bibliographique est une étape incontournable. Elle permet de mieux orienter les réflexions sur le sujet étudié, d’émettre des hypothèses claires et d’avoir une approche théorique.
Les travaux bibliographiques
L’étape bibliographique a été effectuée après la reconnaissance de la situation réelle du milieu. Le fait de pouvoir dégager une théorie vérifiée le long des travaux bibliographiques, les collectes d’informations adéquates à la zone de recherche ont facilité cette étape. Plusieurs catégories d’ouvrages ont été consultées et traitées si nous ne citons que les ouvrages généraux, les mémoires de DEA et de maîtrise, les rapports des travaux étatiques plus les informations sur internet. En surcroit, les ouvrages spécifiques ont été lu pour élucider les termes de base sur la recherche et avoir une compréhension concrète des phénomènes actifs dans la zone étudiée. Ainsi, nous avons lu les ouvrages sur les barrages (cas des pays en développement), l’hydrologie au niveau des milieux tropicaux, des études sur les bassins-versants sous projet de développement et la pauvreté dans les pays du Sud. C’est à partir de ces hypothèses vérifiées que nous avons pu déduire l’influence des actions anthropiques sur le plan écologique favorisant l’accélération de l’action de l’érosion au niveau des sous-bassins-versants à la périphérie du barrage et à proximité du canal d’amenée, réduisant ainsi la capacité de ce dernier à stocker l’eau suffisante pour l’alimentation des surfaces agricoles en aval, en période de saison sèche. En outre, les mémoires de DEA et de maîtrise au sein du Centre de Documentation et d’Information (CDI) de la Mention Géographie de l’Université d’Antananarivo et de l’Ecole Supérieure en Sciences Agronomiques (ESSA) ont permis d’avoir des situations variables des barrages hydro-agricoles existants dans d’autres régions de Madagascar dont les problèmes se différencient en fonction de la localité. Mais le point commun réside dans la pauvreté et l’incivisme des ménages accélérant les processus de dégradation du milieu naturel et des infrastructures élaborées. Bref, la lecture des autres ouvrages a été indispensable pour venir à bout de la conception de cette recherche.
Par ailleurs, nombreux sont les lieux de documentation pour la consultation de ces ouvrages comme le Centre de Documentation et d’Information (CDI) de la Mention Géographie de l’Université d’Antananarivo, l’Institut Français de Madagascar (IFM), le centre de documentation de l’IRD ou Institut de Recherche pour le Développement, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), le centre de documentation au sein du Ministère des infrastructures et des Travaux Publics, le centre de documentation de la Direction Régionale en charge de l’Agriculture et de l’Elevage à Mahajanga (DRAE), le service du Génie Rural à Nanisana, le service du projet Bassin-Versant et du Périmètre Irrigué (BVPI) à Nanisana et la mairie de la commune rurale d’Ankazomborona.
Les cartes, les images satellites et les Modèles Numériques de Terrain
Des cartes ont été utilisées pour la localisation de la zone de recherche et pour la délimitation du sous-bassin-versant de la Karambo ainsi que les sous-bassin versants à proximité des ouvrages stratégiques. Ainsi, des cartes topographiques au 1/100 000ème avec les feuilles M40 Marovoay et N40 Ankazomborona ont été utilisées. Il y a eu aussi utilisation des images satellites de très haute résolution téléchargée à partir du globe virtuel « Google Earth ». Ces images ont permis d’analyser l’évolution dans le temps et dans l’espace de la zone de recherche à des périodes différentes. En d’autres termes, elles ont été utilisées pour comparer la dynamique de l’occupation du sol avant et par rapport à la situation actuelle. Par ailleurs, des Modèles Numériques de Terrains ont été téléchargées sur internet sur le site : http://www.earthexplorer.usgs.gov. Ces données ont été nécessaires pour la délimitation des sous-bassins-versants, quatre (04) MNT (aster MNT 1-arc second) ont été utilisés : AST 1-arc_S15E046, AST 1-arc_S16E046, AST 1-arc_ S15E047 et AST 1-arc_S16E047. En surcroît, d’autres images ont été téléchargées sur le même site. En premier, des images du Landsat 7, du capteur ETM+. Par la suite, des images du Landsat 8 du capteur OLI, chaque image ayant chacun une résolution de 30 m. Elles ont été utilisées pour l’observation de l’évolution des couvertures végétales et l’extension des périmètres irrigués à proximité des ouvrages stratégiques. En outre, d’autres données ont été utilisées comme les limites administratives, les données hydrologiques, les occupations du sol et voies de communication téléchargées via le site http://www.diva-gis.org/gdata , http://www.data.humdata.org. Ces dernières sont sous formes de couches vecteur, éditable sur un logiciel de SIG comme QGIS.
LES TRAVAUX DE TERRAIN
Les travaux de terrain ont été subdivisés en deux étapes : la première étape consistait à faire un diagnostic de l’état des lieux. En outre, il y a eu familiarisation avec les acteurs locaux concernés. La deuxième étape consistait à mener des entretiens et des enquêtes. En ce qui concerne la première étape, il s’agissait de faire une lecture du paysage. L’observation de la zone nous a permis d’interpréter des paysages différents de part et d’autre de la retenue d’eau d’Amboromalandy. En amont du barrage, un paysage à forte planéité de 7 à 136 m d’altitude selon les pointages GPS. L’espace est drainé par des cours d’eaux temporaires qui n’apparaissent qu’en saison humide et alimenté par une rivière permanente : la rivière Karambo. L’occupation du sol est marquée par la prédominance de la savane herbeuse et de la savane arborée. A partir de cette observation, il a été constaté que des quantités importantes de charge solide sont piégées dans les réseaux hydro-agricoles stratégiques. Les éléments apportés par les eaux météoriques se déversent facilement au niveau de ces infrastructures. Par conséquent, la capacité de rétention en eau du barrage diminue progressivement. D’où insuffisance des quantités d’eau pour l’alimentation des périmètres irrigués en période sèche. Par ailleurs, une partie des travaux de terrains ont été effectués au mois de Septembre 2017, en pleine période d’étiage. Nous avons pu observer une forte épaisseur d’argile limoneuse rougeâtre et de sable argileux rougeâtre à la périphérie de la retenue d’eau juste en aval des sous-bassin-versants. Ces observations ont permis de réfléchir sur les origines de la dégradation progressive et répétée de ces infrastructures. Par ailleurs, il y a eu des enquêtes au niveau de la population. Lors des enquêtes, les maires, les premiers adjoints au maire et quelques chefs fokontany dans la commune rurale d’Ankazomborona et de Marosakoa ont été consultés à propos de la prépondérance des feux de brousse au niveau des sous-bassins versants. Plus une reconnaissance des principales activités de la population locale.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE. DEMARCHE DE RECHERCHE ET PRESENTATION DES OUVRAGES STRATEGIQUES D’AMBOROMALANDY
CHAPITRE I. Mode d’approche
CHAPITRE II. Présentation des ouvrages stratégiques concernées
DEUXIEME PARTIE. RESEAUX HYDRO-AGRICOLES STRATEGIQUES D’AMBOROMALANDY : DES INFRASTRUCTURES SOUS PRESSION ANTHROPIQUE
CHAPITRE III. Des réseaux à forte potentialité pour l’agriculture
CHAPITRE IV. Des facteurs contraingnants, perturbateurs de l’état des ouvrages
TROISIEME PARTIE. IMPACTS DE LA DEGRADATION AVANCEE DES OUVRAGES STRATEGIQUES D’AMBOROMALANDY
CHAPITRE V. Paramètres social et économique, des facteurs de vulnerabilité récurrents sur les infrastructures stratégiques
CHAPITRE VI. Influence des défaillances hydrauliques sur le niveau social et économique
CONCLUSION