En tant que future enseignante, il m’a paru important de m’intéresser à la diversité des élèves. En effet, l’enseignant doit essayer de conduire tous les élèves vers la réussite et se doit d’accompagner les élèves en difficulté ou les élèves en situation d’échec. Ceci est encore plus appuyé depuis la loi de refondation de l’école (2013). C’est en effet une des mesures clé de la loi de refondation de l’école. L’école est une école inclusive qui se doit d’accueillir et d’accompagner tous les élèves vers la réussite. Lorsque je me suis intéressée aux élèves en difficulté, les élèves intellectuellement précoces (EIP) en faisaient partie. Je ne m’attendais pas à ce que des élèves au quotient intellectuel très élevé puissent être en difficulté. J’ai donc décidé de m’attarder sur le sujet et de réaliser mon mémoire sur les enfants intellectuellement précoces.
Dans la majorité des situations, la scolarisation des élèves intellectuellement précoces se passe sans difficultés particulières. Cependant selon Eduscol, le portail international des professionnels de l’éducation, un tiers des élèves présentant une précocité intellectuelle présente des difficultés psychologiques ou scolaires et que la même proportion n’atteint pas le baccalauréat. Selon Gouillou (2011), l’origine de ces échecs n’est pas directement liée au surdouement, mais bien à la réaction de l’entourage, et au système éducatif qui, par inadéquation, est leur ennemi principal. La question des élèves intellectuellement précoces n’est pas nouvelle pour l’éducation nationale. Les actions de prévention et de remédiation des troubles sont maintenant possibles à l’aide de la formation des différents personnels. Il s’agit donc de proposer des aménagements individuels à chaque élève présentant une précocité intellectuelle.
Qu’est-ce qu’un élève intellectuellement précoce
Les différentes terminologies
Différentes terminologies sont utilisées pour définir la supériorité intellectuelle. La première, la plus connue et utilisée est celle de « surdoué ». Ce terme vient de la traduction du terme anglais « gifted » qui signifie « doué ». Surdoué signifie également « trop doué ». Ce terme souffre notamment de connotations affectives très fortes, et d’une confusion avec les prodiges. Siaud-Facchin,(2004) psychologue les appelle « les drôles de zèbres » parce que c’est le « seul animal sauvage que l’homme n’a pas pu domestiquer. » Dans ce dossier nous utiliserons le terme « élève intellectuellement précoce » ou le sigle EIP qui est aussi le terme utilisé dans les instructions officielles de l’Education nationale. Pour Gouillou: « Un enfant est dit intellectuellement précoce (ou surdoué) lorsque son rythme de développement intellectuel est très supérieur à la moyenne de son âge, alors que ses développements relationnel, psychomoteur et affectif correspondent à la normale. » Selon Delaubier (2002), il s’agit d’un « enfant qui manifeste la capacité de réaliser, dans un certain nombre d’activités, des performances que ne parviennent pas à accomplir la plupart des enfants de son âge. » Quelle que soit la terminologie qu’on utilise, ce sont des élèves à besoins éducatifs particuliers.
Les caractéristiques de l’enfant précoce
Certains signes peuvent alerter parents et enseignants quant à la précocité de l’enfant sans forcément passer de tests. Cependant les élèves intellectuellement précoces ne forment pas un groupe homogène, on ne peut pas définir de profil standard de base permettant de les caractériser. Selon Terrassier (2011), ce qui caractérise un EIP est principalement son fonctionnement cognitif et son fonctionnement affectif. Sur le fonctionnement cognitif, tout d’abord l’EIP dispose d’un mode de pensée qui leur est propre. Son mode de pensée lui impose de tout comprendre pour mieux gérer la situation dans laquelle il se trouve. Dans le cas contraire, il ressentira un sentiment d’insécurité. L’EIP possède également un raisonnement logico-mathématique très développé, par exemple il aura une facilité à résoudre des problèmes et une rapidité de calcul étonnante, cependant il est souvent incapable d’expliquer son raisonnement. L’EIP dispose également d’une pensée très puissante. Sur le plan affectif, ces enfants possèdent une grande émotivité. Ils font également preuve d’une hypersensibilité, que chacun doit savoir gérer.
Laurence Vaivre-Douret (2003) parvient à nous définir les caractéristiques communes aux élèves intellectuellement précoces. Selon cet article, les EIP recherchent les jeux complexes, les défis intellectuels, ils aiment ce qui paraît compliqué. Ils recherchent la présence d’enfants plus âgés voir d’adultes pour être compris et susciter des interactions actives, sources de nouvelles connaissances. Laurence Vaivre-Douret, nous parle également de leur intérêt dès 2 ans, pour les sciences de la vie et de la terre, pour l’astronomie et la métaphysique par exemple. Les EIP possèdent également un sens critique et autocritique très développé, un sens de l’humour par forcément compris par les enfants de leur âge. Il est très difficile de différencier un enfant intellectuellement précoce et un enfant très doué. Il est donc nécessaire de s’appuyer sur une large communauté éducative, psychologue scolaire, médecin scolaire, enseignants, parents, enseignants spécialisés.
Le regroupement de plusieurs de ces critères ne revient pas à diagnostiquer un enfant comme « précoce », cependant il conduit seulement à proposer un bilan psychologique, et passer des tests d’intelligence.
La dyssynchronie
La dyssynchronie est une notion crée et décrite par Jean-Charles Terrassier qui désigne le développent hétérogène spécifique. L’enfant n’a pas le même niveau dans tous les domaines. Il y a une différence de rythme entre le développement psychomoteur normal, le développement affectif dans la norme d’un côté, et le développement intellectuel très rapide de l’autre côté. Il existe deux types de dyssynchronie :
– La dyssynchronie sociale est présentée par Jean Charles Terrassier comme apparaissant entre l’enfant et son entourage, que ce soit avec le système scolaire ou les autres enfants. Si l’enfant n’a pas été diagnostiqué, l’enseignant va attendre de lui une efficience normale. L’enfant va se contenter de répondre aux attentes de l’enseignant qui va conduire à « l’effet pygmalion négatif » introduit par Jean-Charles Terrassier après la mise en évidence de « l’effet Pygmalion »par Jakobson et Rosenthal dans les années 1970. L’effet Pygmalion négatif est le fait que l’enseignant ignore la précocité de l’enfant et va attendre bien moins que ce que l’enfant pourrait réaliser. Cette dyssynchronie sociale est également présente dans le cas où, l’enfant est détecté intellectuellement précoce, mais son rythme de développement n’est pas en adéquation avec le rythme des apprentissages scolaires.
– Au niveau de la dyssynchronie interne, on peut observer un décalage entre le développement intellectuel et moteur de l’enfant. Un des aspects de la dyssynchronie interne est le décalage possible entre la rapidité de l’apprentissage de la lecture de l’élève et ses difficultés dans les activités de graphisme et d’écriture. Un second aspect est la différence entre l’intelligence et la maturité de l’enfant. L’EIP a une intelligence supérieure à celle des enfants de son âge, alors qu’il a une maturité identique.
Selon J. Siaud-Facchin (2004) la clinique des EIP nous apprend qu’ils disposent d’un fonctionnement intellectuel spécifique ce qui rend leur intelligence atypique et leur mode de pensée différent. Être intellectuellement précoce ne signifie pas « être plus intelligent » mais plutôt disposer d’une forme d’intelligence d’une qualité différente. Malgré de grandes ressources intellectuelles et affectives, les enfants intellectuellement précoces présentent une vulnérabilité qui demande une bienveillance et une attention particulière à leur égard.
profils différents
Les EIP sont tous différents. Au Canada George Betts et Maureen Neihart en 1988 (cité par Kieboom) ont mis au point six profils d’élèves intellectuellement précoces.. Il est donc important de connaître le profil de l’enfant EIP afin de mieux comprendre le profil de l’enfant, connaître ses performances mais également déduire l’approche et le système de différenciation qui seront les plus efficaces.
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Table des matières
1. Introduction
2. Qu’est-ce qu’un élève intellectuellement précoce
2.1 Les différentes terminologies
2.2 Les caractéristiques de l’enfant précoce
2.3 La dyssynchronie
2.4 6 profils différents
3. Repérage par l’enseignant
4. Le diagnostic
4.1 Les tests de QI
4.2 Rôle du psychologue
5. Scolarisation des élèves intellectuellement précoces
5.1 Instructions officielles
5.2 Les aménagements possibles
6. Méthodologie
7. L’enquête
8. Les résultats
8.1 Les personnes intellectuellement précoces
8.2 Les parents
8.3 Les professeurs
8.4 Comparaison des thèmes des différents questionnaires
9. Discussion
9.1 Principaux résultats
9.2 Apports et limites
10. Conclusion
10.1 Perspectives
11. Bibliographie
12. Annexes
Annexe 1 : Questionnaire EIP
Annexe 2 : Questionnaire parents
Annexe 3 : Questionnaire professeur
Annexe 4 : Tableau de résultats brut élève
Annexe 5 : Tableau de résultats brut parents
Annexe 6 : Tableau résultat brut professeur