LES ENFANTS DE LA BANLIEUE ET LA TELEVISION

Les sources d’informations

      Le thème que nous étudions dans le cadre de ce mémoire nous a amené au prime abords à fréquenter différents centres de documentation parmi lesquels nous pouvons citer : la B .U (bibliothèque Universitaire) , celles du département de sociologie et du CESTI (Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information). Nous avons aussi consulté les archives de l’IDE (l’Inspection Départementale de l’Education) de Pikine et celles de la Mairie de notre zone d’étude. En outre , des O.N.G. ( Organisations Non Gouvernementales ) telles que ENDA 1/3 Monde, Aide-Action et bien d’autres associations qui ont travaillé directement ou indirectement sur l’enfance , ses souffrances et son développement harmonieux dans la banlieue , ont reçu notre visite. Nous y avons trouvé des études monographiques portant sur les différentes Communes d’Arrondissement que compte le département de Pikine , des rapports de focus – groupe , des recherches sur les familles , la condition de la femme , les enfants en situation de rue , la pauvreté etc.…. Dans le cas échéant, nous nous sommes rendus à la RTS (Radio Télévision Sénégalaise) pour recueillir des informations sur la télévision nationale , ses films en série et ses les émissions en général . Des échanges fructueux , ajoutés à ce que nous avons recueilli auprès de certains responsables de groupes qui commercialisent les chaînes de télévisions étrangères dans notre pays, nous ont renforcé sur la conviction qui fonde nos hypothèses. Par ailleurs, la population de référence c’est à dire l’entité sur laquelle va s’appuyer notre étude est constituée d’enfants et d’adolescents de 10 à 17 ans. Ce sont essentiellement des élèves et ex-élèves de l’élémentaire et du moyen . La cible a la particularité d’être à une période délicate de son existence. Elle est considérée par les psychanalystes comme une étape charnière à partir de laquelle la personnalité d’individu peut être façonnée. En outre et dans le souci de mieux apprécier l’impact de l’influence de la télévision sur les résultats scolaires et sur les comportements des jeunes écoliers, il s’est avéré opportun d’invoquer cette frange de la population que certaines idées préconçues considèrent comme des « pantins manipulés par la télévision » là ou d’autres militent tout simplement en faveur de l’impuissance de la télévision et du rôle déterminant de la famille dans l’éducation des jeunes. Nous nous sommes également rapprochés des parents d’élèves et des enseignants avec qui nous nous sommes entretenus. Les thèmes de cet échange nous ont été dictés par notre sujet d’étude. En effet dès l’age de 7 ans, l’éducation de l’enfant est assurée à la fois par la famille avec comme point d’orgue l’autorité parentale et l’école , lieu du savoir , ou les enseignants prennent le relais des parents.

Naissance de la Commune d’arrondissement de Pikine-Ouest

     Le code des collectivités locales prévoit à son article 77 du titre III que les grandes Communes peuvent être divisées en Communes d’Arrondissement qui auront pour objectif d’appliquer aux grandes villes les principes fondamentaux de la politique de décentralisation et de déconcentration engagées par le gouvernement depuis plusieurs années pour une meilleure administration des zones urbaines. Ainsi beaucoup de centres urbains sont découpés en Communes d’Arrondissement. Pikine, la grande banlieue dakaroise , n’a pas échappé à cette nouvelle politique. C’est en effet , avec la réforme institutionnelles du 30 Août 1996 portant sur les collectivités locales que la ville de pikine a été découpée en 16 Communes d’Arrondissement. Parmi, celles-ci nous avons noté notre zone d’étude ( la Commune d’Arrondissement de PikineOuest ). Comme les autres subdivisions de son rang, l’étroitesse de sa superficie ne la réduit pas à la dépendance vis-à-vis de la Commune ( ville de Pikine). Sous ce rapport, l’exposé des motifs de la loi 96.09 du 22 mars 1996 en son alinéa 3 stipule : « la Commune d’Arrondissement est dotée d’une personnalité morale et d’une autonomie financière au même titre que toutes les autres Communes. A ce titre, elle dispose d’une autonomie de gestion dans la limite des compétences attribuées par la loi sus-citée » 23. La Commune d’Arrondissement est dirigée par un Maire qui a les mêmes compétences que celles reconnues aux Maires de la villes. Cependant, celles-ci restent valables dans les limites de la Commune d’Arrondissement. Dès lors, il s’agit d’encourager la gestion de proximité qui demeure sans nul doute un maillon très important de l’amélioration des conditions de vie des populations à la base. C’est pourquoi, s’inscrive en droite ligne avec cette politique de l’Etat Sénégalais , les ONG et les bailleurs des fonds préfèrent agir au niveau local.

Quelques repères chroniques

1884 : L’allemand Paul Nipkou fait breveter un dispositif permettant l’analyse et la synthèse d’images qui sera à la base de la télévision mécanique.
1926 : Première démonstration de télévision à Londres par John Logie Baird.
1931: le français René Barthélemy fait la démonstration publique de son système de télévision à 180 lignes.
1934 : l’américain Vladmir Zworykin présente son iconoscope qui permet d’analyser une image selon un balayage de 450 lignes.
1937 : premier reportage télévisé en direct lors de l’exposition à Paris.
1938 : diffusion depuis la tour Eiffel d’émissions régulières de télévision ( 455 lignes )
1951 : la Columbia Broadcasting System ( C B S) fait à Paris une démonstration de télévision en couleurs.
1952 : retransmission dans 5 pays du couronnement de la reine d’angleterre.
1956: présentation du premier magnétoscope professionnel par la société américaine Ampex brevet du procédé de télévision en couleurs Secam mis au point par le français Henri de France et Henri Peyrolles.
1962 : échange d’images entre les Etats unis et l’Europe par satellite américain Telstar 1. C’est la première transatlantique de télévision par satellite
1963 : Installation de la première télévision en Afrique de l’Ouest
1963 : mis au point par l’allemand Walter Bruch du système Pal de TV en couleurs.
1963 : Première forme de télévision pour tester des supports pédagogiques au Sénégal
1969 : premiers de l’homme sur la lune retransmis en direct en Mondovision.
1972 : Création de la télévision sénégalaise (ORTS)
1981 : première présentation d’un concept de TV haute définition par les japonais à San Francisco.
1991 : mis au point au Japon de la première chaîne à haute définition ( hi vi ).
1994 : élaboration d’une norme internationale de compression d’image animée24.

LA TELEVISION : VEHICULE CULTUREL

     Depuis l’avènement, dans les années 80, d’une nouvelle génération des satellites ( les satellite de diffusion directe ) suite à ceux de distribution ou de point à point c’est à dire nécessitant les relais au sol d’une station chargée d’acheminer ensuite les images et sons vers les destinataires particuliers, nous assistons de nos jours à une invasion culturelle à travers les canaux de diffusion de la télévision. En différents lieux de la planète terre, sont charriés par les biais des images télévisuelles, des modes de vie, des pensées, d’actions etc. souvent aux antipodes des réalités des pays où elles échouent. « Ce mode de transmission d’une culture étrangère selon Jean Caseneuve influe sur cette culture et la façonne. » Dans la galaxie de Gutemberg36, Mac Luhan explique que les civilisations dans leur ensemble, passent par différentes phases successives qui sont dominées par le mode technique d’expression et de diffusion. Ainsi, l’imprimerie a crée et répandue une forme de pensée collective différente de celle qui était seule possible à l’âge de la communication orale avant l’invasion de l’écriture. L’auteur de la Galaxie Gutemberg l’exprime dans une formule qui résume les principes essentielles de sa théorie : le message c’est le médium. Autrement dit, les moyens de communications n’agissent pas seulement comme moyens par rapport auxquels les contenus seraient totalement ou telle façon de se conduire et de pensée car ils façonnent notre culture et nos esprits exerçant une sorte de message. L’intitulé de l’un de ses écrits : « Message te message », permet de percevoir une explication évolutionniste sur les trois principales phases de la civilisation. Il use une de ses formules choc « le médium c’est le message » En fait explique Mac Luhan c’est le médium-imprimé, radio, Tv, Internet depuis quelques années- qui en définitive exerce sur les formes de sociabilité dans les institutions, les œuvres de toute civilisation. Comme le voit, la spécificité de la culture audiovisuelle ressort de prime abord des conditions particulières de sa transmission. Dans le cas échéant Jean Capin, reconnaît « que le contenue est importants mais le véhicule n’est pas neutre ». En d’autre termes, le sens de ce que vous voulez dire n’est rien à côté de la puissance de l’image que vous fabriquez pour le véhiculer. Le poids es mots que vous fabriquez face au choc des images . Pour appuyer sa thèse, Capin ajoute : « l’explicite du message, ne résiste pas à l’implicite de l’image » A chaque stade de développement des moyens de communication comme du reste de montré Mac Luhan, on a du assister à une mutation physiologique, psychologique et intellectuelle des communicants. Ceci nous conduit au principe indéniable selon lequel des modèles dominants en matière références et des valeurs sont véhiculé par la mondialisation des réseaux de communications. La télévision considérée comme un médium étranger à la cultures et aux modes de vie des populations africaines, signifie qu’elle propose pas de pratique sociales nouvelles., des nouvelles médiations entre publique africain et son environnement. L’apparition de l’image comme nouveau moyen communication entraîne ainsi certaines modifications des structures perspectives. Sur ce Omar Diagne explique : « notre manière de voir de respecter, d’accorder de l’importance ou bien de réfuter, d’exclure, s’en est trouvé profondément bouleversée. » Dès lors, les sous cultures locales ont tendance à disparaître à petit feu car l’éducation a pris un sacré coup de cet impérialisme culturel via le petit écran qui dans bien des foyers a fini par presque remplacer les éducateurs. En banlieue, ce phénomène est plus patent.

Le développement de l’être social ou la socialisation e l’enfant

     L’éducation , comme nous l’avons soutenu tout au long de notre analyse ne se limite pas à la formation technique de l’individu. Pour paraphraser Durkheim, disons qu’elle tend à former dans l’homme l’ « être social ». Sa vocation serait d’assurer à l’individu son intégration sociale. D’après Serge Albouy, la socialisation est le «mécanisme par lequel une société transmet sa culture, c’est à dire son système de valeurs, de normes, de rôles sociaux et des sanctions » . Partant d’une telle acceptation , on peut dire qu’il s’agit du processus à travers lequel l’individu découvre et intériorise différents éléments de sa culture. Nous en voulons pour preuves les différents types d’apprentissages auxquels l’enfant est soumis tout au long de son développement ;Ces apprentissages consistent à lui inculquer des modes spécifiques de penser , d’agir, et es sentir. Il acquiert ainsi les aptitudes requises pour sa participation à la vie du groupe. De telles acquisitions se réalisent évidemment par la médiation des institutions suscitées. Toutefois, La famille et l’école ne sont pas les seules agents de transmission de l’héritage culturel. Il faut compter avec l’environnement. Constitué autrefois par la famille étendue et par extension la communauté d’appartenance qui ,somme toute, constituaient un cadre assez homogène, celui-ci tend de nos jours à se diversifier. Ainsi, on peut citer le « groupe de pairs » en tant que structure de regroupement de jeunes de la même classe d’âge, généralement observé dans les quartiers en vue de l’organisation de loisirs ( partie de football, partie de thé,…) ; la rue comme antithèse du cadre familial et scolaire avec ses dangers, mais également avec ses enseignements. Tous ces lieus divers d’éducation représentent avec l’école autant d’espaces d’échanges d’expériences pour l’enfant. Mieux celui-ci , surtout en milieu urbain, évolue de plus en plus dans un monde où les sources d’informations aussi multiples que diversifiées. Les mass-médias notamment la télévision passent pour être des véritables agents de socialisation de l’individu sinon même les principaux . Mais la télévision d’aujourd’hui ( sans frontière et émettant 24h/24) favorisera plus la déconcentration et la référence à des valeurs autres que les notres.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
IER PARTIE : CADRE GENERAL ET METHODOLOGIE DE L’EDUCATION
Chap. 1 : Cadre général
1-1 PROBLEMATIQUE
1-2 OBJECTIFS DE L’ETUDE
1-3 HYPOTHESES
1-4 REVUE DE LA LITTERATURE
CHAP. 2 : METHODOLOGIE
2-1 MODELES THEORIQUES
2-2 METHODE ET TECHNIQUES D’OBSERVATIONS ET COLLECTE
2-3 DIFFICULTES RENCONTREES
– OBSTACLES THEORIQUES
– OBSTACLES HUMAINS
– OBSTACLES INSTITUTIONNELS.
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ET DES OBJETS D’ETUDE
CHAP. 3 : PRESENTATION GENERALE DE PIKINE-OUEST
3.1 HISTORIQUE DE PIKINE
3.1.1. PIKINE : DU SIMPLE QUARTIER A LA VILLE
3.1.2. NAISSANCE DE LA COMMUNE D’ARRONDISSEMENT DE PIKINE-OUEST
3.2. PRESENTATION GENERALE DE PIKINE-OUEST
3.2.1. ASPECTS PHYSIQUE ET DEMOGRAPHIQUES
3.2.2. ASPECTS ECONOMIQUES, HABITATION ET CADRE DE VIE
3.2.3. EQUIPEMENTS ET INFRASTRUCTURES
CHAP. 4 : PRESENTATION DES OBJETS D’ETUDE
4.1. LA TELEVISION ET LES EMISSIONS TELEVISUELLES
4.1.1. HISTORIQUE DE LA TELEVISION
4.1.2. LES CHAINES ET EMISSIONS TELEVISUELLES A DAKAR
4.1.3. LA TELEVISION : VEHICULE CULTUREL
4.2. LES INSTITUTIONS EDUCATIVES A PIKINE
4.2.1. LA FAMILLE ET L’ECOLE
4.2.2. L’EDUCATION : QUELLE FINALITE
TROISIEME PARTIE : PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS DE L’ETUDE
CHAP. 5 : LOGIQUE TELEVISUELLE ET ECHEC SCOLAIRE
5-1 : LE JEUNE PIKINOIS ENTRE DEUX FORMATRICES : LA TELEVISION ET LA FAMILLE
5-1-1 : LE MILIEU FAMILIAL DU JEUNE PIKINOIS
5-1-2 : PLACE DE LA TELEVISION DANS LA VIE DES JEUNES DE PIKINE
5-1-3 : ORIGINE SOCIALE ET INFLUENCE TELEVISUELLE.
5-2 : TELEVISION ET ACTIVITES SCOLAIRES : COMPLEMENTARITE OU LUTTE VOILE
5-2-1 : CORRELATIONS ENTRE PROGRAMMES SCOLAIRE ET TELEVISUELS
5-2-2 : UN PARTAGE INEQUITABLE DU TEMPS D’EDUCATION
5-2-3 : RAPPORT ENTRE TELEVISION ET PRATIQUE ENSEIGNANTE
CHAP. 6 : INFLUENCE COMPORTEMENTALE ET ECHEC SCOLAIRE
6-1 : LES EMISSIONS ET ACTEURS PREFERES DES JEUNES
6-1-1 : PRESENTATION DES EMISSIONS PREFERES EN FONCTION DE L’AGE ET DU SEXE
6-1-2 : PRESENTATION DES ACTEURS LES PLUS CAPTIVANTS
6-1-3 : L’ADOLESCENCE COMME FACTEUR EXPLICATIF DU COMPORTEMENT TELEVISUEL
6-2 : L’INFLUENCE INDIRECTE COMME FACTEUR D’ECHEC
6-2-1 : CORRELATIONS ENTRE PREFERENCES TELEVISUELLES ET COMPORTEMENTS
6-2-2 : L’INFLUENCE INDIRECTE
CONCLUSION GENERALE

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