Les EMPREINTES sur IMPLANT: DEFINITIONS ET POSITIONNEMENT DANS LA CHAÎNE PROTHÉTIQUE
Définition d’une empreinte
L’empreinte se définit comme l’enregistrement en négatif de la topographie d’une région de la cavité buccale ou d’un modèle (techniques directe ou indirecte). Son moulage permet d’obtenir une réplique en positif. Les techniques directes permettent d’obtenir une maquette en positif de l’élément prothétique. D’autres techniques permettent une dématérialisation et passent par une conversion numérique notamment l’empreinte optique. Afin de saisir les grands principes de l’empreinte optique implantaire, nous nous devons de connaître les différentes étapes d’une empreinte conventionnelle dite physicochimique.
Place de l’empreinte dans la chaîne prothétique
Place de l’empreinte dans la chaine prothétique
L’empreinte est l’interface physique (empreinte conventionnelle) ou numérique entre notre lieu d’exercice et le laboratoire de prothèse. C’est de sa qualité dont va dépendre en grande partie la précision et l’adaptation esthétique et fonctionnelle de l’élément prothétique d’usage.
Les éléments à enregistrer
Le(s) pilier(s) implantaires
Cas d’une mise en charge immédiate
La prothèse provisoire est réalisée au préalable et sa mise en place est immédiate, c’est à dire le jour de la pose de l’implant.
Cas d’une mise en nourrice
Le site chirurgical est refermé par des sutures et on met des vis de couverture en attendant que la cicatrisation se fasse. Dans la chaîne implantaire, l’empreinte intervient lorsque la cicatrisation est validée, ce délais pouvant varier, mais en moyenne égal à
– 3-4 mois pour des implants placés à la mandibule et
– 5-6 mois au maxillaire.
Le parodonte
C’est également de la santé du parodonte dont dépendra la qualité de notre empreinte conventionnelle ou optique. En effet, un parodonte inflammatoire sera à l’origine de nombreuses erreurs d’empreintes et qui plus est ne sera pas représentatif de notre future adaptation parodonto-prothétique. Il faudra notamment protéger un espace appelé espace biologique égal à 0,5 mm constitué par l’attache épithéliale et conjonctive. En effet, toute agression de cet espace provoquera une récession gingivale visible par une migration apicale de cet espace. L’état du parodonte peut donc être un élément perturbateur de notre empreinte notamment si le patient présente une maladie parodontale non traitée qui pourrait perturber la cicatrisation implantaire voir même la condamner, ce qui retarderait ou pire, mettrait en péril tout le projet prothétique prévu.
Les autres dents
Dans le cas d’une empreinte conventionnelle, deux empreintes seront nécessaires :
– une première empreinte de l’arcade concernée par la (les) future(s) prothèses que l’on souhaite réaliser
– une deuxième empreinte de l’arcade antagoniste Dans le cas d’une empreinte optique directe, c’est la position de la caméra optique qui nous permettra d’obtenir les données :
– en vue occlusale bouche ouverte
– en vue vestibulaire en occlusion .
GÉNÉRALITÉS DES EMPREINTES CONVENTIONNELLES
Objectifs des EMPREINTES CONVENTIONNELLES
Elles visent à obtenir un modèle en plâtre dur, qui permettra la fabrication par le prothésiste de la pièce prothétique visant à être insérée sur l’implant, qu’il s’agisse du pilier implantaire ou bien de la couronne prothétique dans le cas du direct implant. Les empreintes conventionnelles implantaires sont la routine du chirurgien dentiste chargé de la fabrication des pièces prothétiques après la ou les phases de mises en nourrice des implants.
Les matériaux concernés
Evolution historique des matériaux à empreinte vers l’arrivée de l’empreinte optique
Les premiers matériaux utilisés pour enregistrer les surfaces dentaires étaient à base d’Agaragar. Ils furent conçus par Monsieur Sears en 1937. Il persistait un problème avec les hydrocolloïdes réversibles et irréversibles : leur stabilité dimensionnelle. Ensuite, les polysulfures (élastomères) voient le jour en 1950. Néanmoins, ils possèdent quelques limites :
– temps de prise long,
– variation polydimensionnelle après que l’empreinte soit retirée en bouche. Vient ensuite le matériau élastomère polyéther pour remplacer le polysulfure et révolutionner les empreintes dentaires :
– prise rapide,
– bonne fluidité,
– forte résistance à la déchirure, et
– une reproduction des structures exceptionnelle.
Actuellement, les chirurgiens dentistes utilisent ce matériau très fréquemment afin de réaliser des empreintes d’implants à ciel ouvert ou fermé. Cependant, il possède néanmoins des inconvénients :
– une difficulté à le retirer notamment due à son module d’élasticité élevé, c’est à dire une certaine rigidité,
– un goût relativement désagréable pour les patients
– un temps relativement court pour couler les empreintes à savoir 48h, ce qui est dû au risque d’absorption d’eau par le matériau, pouvant mener à une déformation importante de l’empreinte.
D’autres matériaux d’empreinte en silicone de condensation ont été mis sur le marché mais ils présentaient des problèmes de
– stabilité dimensionnelle également
– et de nombreuses distorsions dues à la nature du matériau.
Le choix des matériaux
Concernant les empreintes unitaires
Le matériau de choix est l’élastomère : le choix entre ces deux matériaux d’après le Dr François Descamps se fait en fonction des habitudes des praticiens, et la revue de littérature Lee et coll. ne semble pas montrer de différence notable concernant la dimension tridimensionnelle.
D’autres auteurs prônent la rigidité après la prise des polyéthers, ce qui justifie leur utilisation préférentielle pour ces matériaux car ainsi, cela limite des déformations pendant le traitement de l’empreinte. Bien que ce matériau soit très avantageux concernant cette utilisation, il convient de ne pas l’utiliser lors de situations telles que:
– un parodonte fragile
– implants divergents
– contre dépouilles .
Concernant l’empreinte pour prothèse complète fixée sur implants
On utilisera la technique du porte empreinte « ouvert » Des transferts transvissés et un porte empreinte seront donc nécessaires à cette étape Le choix du matériau sera porté par différents prérequis :
– être au contact de la muqueuse péri-implantaire avec le titane
– être mucostatique pour avoir une position et une topographie muqueuse plus précise permettant d’obtenir une adaptation optimale entre prothèse implantaire et muqueuse au niveau des pontiques qui seront contra-muqueux.
– Une bonne rigidité pour enregistrer la position des implants entre eux. Un tel enregistrement inter implantaire correct permettra une prothèse implantaire passive .
Il apparaît alors que le plâtre est le matériau idéal pour remplir ces prérequis Au niveau pratique, on injecte du plâtre autours des transferts grâce à une seringue de 50ml et le porte empreinte sera garni d’une faible quantité de plâtre. Lorsque la prise sera faite, les transferts seront dévissés, le porte empreinte retiré avec le plâtre. Les difficultés et limites liées à la prise d’empreinte optique directe concernant ce type de cas de prothèse totale fixe sur implant nous mènent à décrire uniquement les cas d’implants unitaires dans la suite de notre sujet concernant la partie sur les empreintes optiques.
Les limites de l’utilisation des matériaux à empreintes liées aux erreurs humaines
Les matériaux à empreinte ont nécessairement beaucoup évolué avec la recherche ce qui a permis de s’affranchir ainsi de nombreux inconvénients. Néanmoins, persistent de nombreux bémols liés aux erreurs humaines à savoir lors :
– du malaxage du matériau
– du vissage/ dévissage du (des) transfert(s)
– de la prise d’empreinte
– de la désinsertion de l’empreinte
– de la mise en place des analogues d’implants
– du transport au laboratoire dentaire
– de la gestion au laboratoire de l’humidité notamment la déformation du plâtre C’est en cela que l’empreinte optique pourrait être intéressante : elle permettra de pallier à certaines faiblesses que comportait la réalisation d’empreintes conventionnelles «L’empreinte optique est une étape fondamentale de la CFAO dentaire, car elle seule permet de casser la chaîne des imprécisions » Pr François Duret.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. Les EMPREINTES sur IMPLANT: DEFINITIONS ET POSITIONNEMENT DANS LA CHAÎNE PROTHÉTIQUE
I.1. Définition d’une empreinte
I.2. Place de l’empreinte dans la chaîne prothétique
I.3. Les éléments à enregistrer
I.3.1. Le(s) pilier(s) implantaires
I.3.1.1. Cas d’une mise en charge immédiate
I.3.1.2 Cas d’une mise en nourrice
I.3.2. Le parodonte
I.3.3. Les autres dents
II.GÉNÉRALITÉS DES EMPREINTES CONVENTIONNELLES
II.1. Objectifs des EMPREINTES CONVENTIONNELLES
II.2. Les étapes de la prise d’empreinte conventionnelle sur implant : exemple d’un cas clinique
II.3. Les matériaux concernés
III.3.1. Evolution historique des matériaux à empreinte vers l’arrivée de l’empreinte optique
II.3.2. Le choix des matériaux
II.3.2.1 Concernant les empreintes unitaires
II.3.2.2 Concernant l’empreinte pour prothèse complète fixée sur implants
II.3.3. Les limites de l’utilisation des matériaux à empreintes liées aux erreurs humaines
III. LES EMPREINTES OPTIQUES
III.1. Définitions, généralités
III.2. Fonctionnement des systèmes d’empreintes optiques intra-orales implantaires
III.3. Le matériel
III.3.1. Les caméras
III.3.1.1 Principe de fonctionnement
III.3.1.2 Le poudrage : quelle utilité ?
III.3.1.3 Descriptions de différentes caméras intra-orales
III.3.1.3.1. Le système d’empreinte CEREC®
III.3.1.3.1.1. La BlueCam®
III.3.1.3.1.2. L’Omnicam®
III.3.1.3.2. Le système d’empreinte 3M™ True Definition Scanner
III.3.2. Les différents systèmes de prise d’empreinte
III.3.2.1. Principe de prise d’empreinte optique à l’aide d’une Embase et d’un scanbody
III.3.3.2 Système BellaTek® : Principe de prise d’empreinte optique dépourvu de transfert d’empreinte optique
IV. PRÉCISION DE L’EMPREINTE OPTIQUE EN PROTHÈSE IMPLANTAIRE
IV.1. Une précision déjà discutée concernant les prothèses sur dents naturelles
IV.2. Sur implant : une autre approche de la précision de l’empreinte optique
IV.2.1. La précision des piliers
IV.2.2. La précision des armatures
IV.3. Les apports de l’empreinte optique
IV.4. Les limites de l’empreinte optique
V. CAS CLINIQUES DE PRISE D’EMPREINTES OPTIQUES DIRECTES suivant DIFFÉRENTES TECHNIQUES
V.1. Technique « Individualized Scanbody Technique » (IST)
V.2 Principe d’empreinte optique sans l’utilisation d’un scanbody : le concept Bellatek® Encode® (Biomet 3i™)
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE