Les élèves « passifs »
Définition
Tout d’abord, définissons le terme « passif ». D’après le dictionnaire de français Larousse, le mot « passif » renvoie à une personne « qui subit les événements sans réagir, qui suit docilement les ordres, ne joue aucun rôle actif ». Cette définition nous donne une première idée sur les différents comportements observables chez un élève dit « passif » en classe, mais ne nous permet pas de comprendre les causes liées à ces comportements. Focalisons-nous sur les origines de la passivité chez un élève.
Les causes de la passivité
Nous avons tendance à penser que seuls les élèves qui ne savent pas pourquoi ils viennent en cours, ni pourquoi ils doivent s’investir en classe, sont passifs. Or, ce n’est pas le cas. En effet, tous les élèves peuvent devenir passifs à un moment donné, au cours de leur apprentissage. Par exemple, les élèves en difficultés peuvent devenir passifs lors d’un cours si les activités proposées par l’enseignant leur paraissent trop difficile à réaliser. De plus, la persistance de ces difficultés risque d’entrainer un décrochage chez les élèves. Il en va de même pour les élèves à haut potentiel. Ces élèves peuvent devenir passifs si l’enseignant leur propose des activités simples qui ne présentent aucun défi. Ces élèves finissent donc par se démotiver, voire décrocher par manque d’intérêt. Le sociologue François Dubet affirme que « la difficulté des apprentissages les plonge dans le décrochage et dans l’ennui. Les élèves avancent deux opinions contradictoires : c’est trop difficile et on décroche. C’est trop facile et on s’ennuie ».
La difficulté ou la simplicité d’une activité peut être à l’origine de la passivité chez les élèves mais une activité non attrayante, éloignée de la sphère personnelle des élèves peut aussi inciter les élèves à la passivité. Dans un ouvrage intitulé L’ennui à l’école, nous apprenons que de nos jours, l’ennui est de plus en plus ressenti par les élèves et que le divertissement et le ludique sont de plus en plus suscités. De ce fait, pour éviter que les élèves s’ennuient et deviennent passifs, et pour leur permettre de s’épanouir dans leur apprentissage, il faut viser à stimuler l’intérêt des élèves en proposant des activités attrayantes et intéressantes, mais surtout des activités concrètes ayant du sens pour les élèves et faisant le lien avec la vie réelle et le monde extérieur qui les entoure. Il faut « proposer des parcours de découverte ouvrant la classe sur le monde et introduisant des objets extérieurs à elle » ; « « l’autre » fait partie de ces objets de curiosité pouvant aider à réagir contre l’ennui ». Cette idée est présente dans les programmes officiels, où la diversité et la découverte de « l’autre » est encouragée.
Une autre cause liée à la passivité des élèves serait la monotonie, le côté répétitif des modes d’apprentissage. En effet, même si l’enseignant propose des activités attrayantes proches de la sphère personnelle des élèves, si celles-ci ne sont pas variées les élèves risquent malgré tout de devenir passifs. Il faut donc veiller à varier « les modalités d’apprentissage afin d’accroitre les opportunités d’engagement des élèves » d’après L’ennui à l’école, ouvrage regroupant les débats des chercheurs et acteurs du système scolaire. L’enseignant doit donc développer les compétences de tous ses élèves pour qu’ils restent actifs en cours et pour ce faire, proposer des activités suscitant la curiosité des élèves et mettant en place des modalités d’apprentissage variées. Dans le cas contraire, la passivité aura des conséquences sur leur apprentissage et leurs comportements .
Les conséquences de la passivité
La passivité risque de provoquer des changements au niveau du comportement et au niveau de l’apprentissage des élèves. Ces conséquences peuvent varier en fonction du type d’élève. En effet, les conséquences seront différentes pour des élèves en difficulté et pour des élèves à haut potentiel.
Les conséquences sur l’apprentissage
Le chercheur en pédagogie Rolland Viau explique que les élèves en difficultés qui deviennent passifs en classe ont du mal à se mettre au travail et ne demandent pas de l’aide pour accomplir leurs tâches ; ils ne font plus d’efforts pour comprendre les instructions données par l’enseignant et ne créent plus de liens entre les apprentissages antérieurs et actuels ; ils ne gèrent plus leur matériel, ne s’organisent plus et font de nombreux oublis.
Les élèves à haut potentiel qui deviennent passifs en classe ne s’intéressent plus aux activités proposées et ne font plus d’efforts pour réaliser leurs tâches ; ils n’arrivent plus à se concentrer et à maintenir leur attention au travail ; etc. Notons que ces résultats ne sont pas dus à une incapacité mais à un manque d’intérêt ou à l’ennui.
Les conséquences sur le comportement
Les comportements varient en fonction des caractéristiques personnelles des élèves. D’une part, les élèves passifs peuvent s’agiter, se laisser distraire par leur environnement, discuter avec leurs camarades, perturber le déroulement du cours et faire opposition à l’enseignant. D’autre part, ils peuvent s’isoler, se replier sur eux-mêmes et refuser de participer. Le psychologue et philosophe britannique Daniel Berlyne explique que « pour que nous soyons présents au monde, avec une conscience et des actes plus ou moins organisés, nous devons être stimulés. Berlyne présente l’absence de stimulations comme un des moteurs du comportement. Le sujet agit pour ne pas s’ennuyer ». Par conséquent, les élèves, pour compenser cette absence de stimulation, se dispersent et cherchent à s’occuper autrement (bavardages, manipulations à la main, etc).
Rolland Viau, chercheur en pédagogie, a établi une liste de comportements causés par des problèmes de motivation, qui peuvent s’ajouter à ceux cités précédemment.
– Remettre son travail à plus tard.
– Avoir de la difficulté à se décider.
– Se fixer des buts inatteignables.
– Choisir la voie la plus facile et la plus rapide pour accomplir une activité.
– Croire que ses chances de succès sont réduites.
– Refuser d’essayer de faire une activité.
– Faire son travail rapidement et sans être attentif.
– Abandonner rapidement une activité et ne pas essayer de la faire une deuxième fois.
– Expliquer ses échecs par son incapacité de faire les travaux demandés.
– Expliquer ses échecs en jetant le blâme sur les autres.
– Prétendre avoir essayé de travailler mais n’avoir rien fait.
– En cas d’échec, se punir soi-même.
Cette passivité est susceptible d’influer sur l’apprentissage et le comportement des élèves et entrainer ainsi une faible performance scolaire, voire un échec scolaire s’il n’y a pas d’intervention de la part de l’enseignant. Afin de rendre les élèves plus actifs en cours, l’enseignant peut intervenir sur leur motivation.
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Table des matières
INTRODUCTION
I/ CADRE THEORIQUE
1. Les élèves « passifs »
1.1. Définition
1.2. Les causes de la passivité
1.3. Les conséquences de la passivité
1.3.1. Les conséquences sur l’apprentissage
1.3.2. Les conséquences sur le comportement
2. La motivation
2.1. Les différents types de motivation
2.1.1. La motivation intrinsèque
2.1.2. La motivation extrinsèque
2.1.3. La motivation en contexte scolaire
2.1.3.1. Les déterminants de la motivation
2.1.3.2. Les indicateurs de la motivation
2.1.3.3. L’influence sur l’apprentissage
3. Le travail de groupe
3.1. Définition
3.2. Les spécificités
3.3. La mise en commun
3.4. Les formes d’évaluation
3.4.1. L’évaluation
3.4.2. L’auto-évaluation et la co-évaluation
3.5. Le bon fonctionnement du travail de groupe
3.6. Les « dérives » du travail de groupe
4. Le travail individuel
4.1. Définition
4.2. Le travail individualisé
II/ CADRE OPERATOIRE
1. Outils d’analyse
1.1. Le questionnaire
1.2. Les productions d’élèves
1.3. L’entretien
2. Les données
2.1. Le questionnaire
2.2. Les productions d’élèves
2.3. L’entretien
2.4. Le questionnaire
3. Croisement des données
III/ PROLONGEMENTS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE/SITOGRAPHIE
ANNEXES