GENERALITES SUR LES EXPLOITATIONS AGRICOLES FAMILIALES DANS LE BASSIN ARACHIDIER
Définition Sur la recommandation conjointe du FRM et de la FAO, l’ONU a proclamé 2014 « Année internationale de l’agriculture familiale »(Union suisse des paysans, 2013). Les exploitations agricoles familiales représentent la colonne vertébrale de l’agriculture de beaucoup de pays dans le monde et plus précisément, les pays en voie de développement d’Afrique occidentale. Cependant la question de la définition exacte de l’exploitation agricole familiale se pose souvent. Pour répondre à cette question de façon claire et précise et de lever toute ambiguïté, il s’avère nécessaire de définir d’abord une exploitation agricole puis une exploitation familiale et en fin une exploitation agricole familiale ou agriculture familiale. La Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale au Sénégal définit ainsi une exploitation agricole dans son article 16 comme étant une unité disposant de facteurs de production (terre, bâtiments, cheptel, matériels, main d’œuvre…) qui sont utilisés par un exploitant exerçant un métier de l’Agriculture (LOASP, 2004). Dans le recensement agricole de l’INSEE en France, l’exploitation agricole est aussi définie comme étant une unité de production remplissant les trois critères suivants :
Produire des produits agricoles ;
Avoir une gestion courante indépendante ;
Atteindre un certain seuil en superficie, en production ou en nombre d’animaux.
Ce seuil a été défini de la façon suivante :
Une superficie agricole utilisée au moins égale à 1 ha ;
Ou une superficie en cultures spécialisées au moins égale à 20 ares ;
Ou une activité suffisante de production agricole, estimée en cheptel, surface cultivée ou volume de production (INSEE, 2016).
Et pour une exploitation familiale, voici une définition : « l’exploitation familiale est l’unité de production constituée par les membres de la famille restreinte et étendue plus, éventuellement, d’autres dépendants qui tous ensemble mettent en valeur les ressources sous l’autorité du chef de ménage afin d’assurer leur reproduction physique. Si les membres de la famille disposent de champs dont la reproduction est appropriée personnellement et le travail n’est fourni que par une partie de la force de travail, on parle dans ce cas de groupes restreints de production » (Busacker et al., 1990). Cependant, le terme « exploitation familiale » couvre un vaste éventail de situations souvent très différentes. Ainsi, pour démontrer la diversité des systèmes et contextes examinés, il est recommandé par certains auteurs d’utiliser le terme « agricultures familiales » (Bélières et al., 2002). En effet de nombreuses définitions d’agriculture familiale ont été proposées parmi lesquelles : « L’agriculture familiale est une agriculture paysanne. Elle se caractérise d’abord par sa finalité qui n’est pas le profit, mais la reproduction du groupe familial. Le groupe familial est le plus souvent très large car composé de plusieurs générations. Il doit non seulement répondre à ses besoins de subsistance par sa production, mais elle doit assurer à ses membres qui s’émancipent pour créer leur propre unité familiale de production et de consommation, les moyens en terre et en main d’œuvre nécessaires » (Seck , Ibrahima, 2006). Selon la LOASP, « l’exploitation agricole familiale est une unité de production agricole organisée sur une base familiale, au sein de laquelle les rapports entre personnes sont définis librement et ne sont pas régis par le code du travail »(LOASP, 2004). L’agriculture familiale représente ainsi une des formes d’organisation de la production agricole qui regroupe des exploitations caractérisées par des liens forts entre la famille et l’unité de production et par la mobilisation du travail familial excluant le salariat permanent. Ainsi le capital productif est inclus dans le patrimoine familial et par la combinaison de logiques domestiques et d’exploitation, marchandes et non marchandes, dans les processus d’allocation du travail familial et de sa rémunération, ainsi que dans les choix de répartition des produits entre consommations finales, consommations intermédiaires, investissements et accumulation (Bosc, Pierre-marie, 2014).
Caractéristiques socio-économique et physique Au Sénégal, l’agriculture s’affiche indéniablement comme la première activité économique du pays et, le principal système de production agricole est l’agriculture familiale qui représente 95 % des exploitations agricoles et répond à 60 % de la demande nationale (FONGS, 2010). L’exploitation agricole familiale est caractérisée par un important recours à la main d’œuvre familiale mais aussi par des interrelations solides entre la famille et l’exploitation agricole (Sall, 2015). Ainsi dans les exploitations familiales, on y trouve une gamme diversifiée de production comme les cultures vivrières et de rente, l’élevage, la pèche, les exploitations forestières et d’autres activités non agricoles comme l’artisanat ou bien le petit commerce (Zoundi & Hitimana, 2003) . Le Bassin Arachidier qui est la 1ere région agricole du Sénégal, représentant 19% de la population du Sénégal et 82% de la population rurale en 2007 (Dione et al., 2008) a une population composée principalement de 3 ethnies : Sérère, wolof (le plus important) et toucouleur (Bignebat & Sakho-Jimbira, 2013). Ainsi, on y remarque principalement 2 zones très distinctes de par leur superficie et les différents types d’activités qui s’y mènent :
le centre-nord du Bassin arachidier, qui a une superficie de 14 783 km², est caractérisé par une pluviométrie qui tourne autour de 500 mm et surtout par une dégradation de l’écosystème due à la sécheresse et à la déforestation. Dans cette zone, l’agriculture y est de type pluvial et les spéculations dominantes sont l’arachide et le mil avec une faible intégration de l’élevage ou de la foresterie. Le maraîchage et l’arboriculture y sont aussi importants ;
le centre-sud du Bassin arachidier étendu de 23 945 km², est pour sa part marqué par une sécheresse persistante et par une pluviométrie en régression qui s’étend entre 600 et 800 mm L’arachide et le mil sont de loin les cultures les plus cultivées suivies du maïs et du sorgho. Il y a aussi une forte intégration agriculture-élevage et la forêt reste présente mais subit de grandes transformations (Sall, 2015).
Cependant force est de constater que l’élevage y est très développé et il existe ainsi un cheptel très diversifié et intégré dans les exploitations. On distingue deux types d’élevage : l’élevage pastoral basé sur la transhumance et l’élevage sédentaire. L’élevage d’ovins et de caprins est pratiqué par la plupart des familles. Cet élevage de reproduction qui permet à l’approche des fêtes comme celle de la « tabaski » d’engraisser et de vendre des mâles ou encore à travers la commercialisation au niveau des marchés hebdomadaires voisins ou dans les villes environnantes afin de pouvoir se procurer des intrants agricoles et de faire face à certains besoins de famille notamment en période de soudure. Ce qui permet d’attester que cette partie du pays est une zone à vocation agropastorale. Il faut aussi noter que l’exploitation forestière y est aussi une activité génératrice de revenus avec une production de bois, du bois de chauffe et de la récolte des produits de cueillette(Dione et al., 2008). Par ailleurs dans cette zone, à cause des conditions climatiques aléatoires, les producteurs cherchent à sécuriser leurs revenus en investissant dans des activités extra agricoles qui sont moins soumis aux risques climatiques. Celles-ci sont diverses : transport, commerce, artisanat, tâcheron…(Diouf & Rippstein, 2004).
LA NOTION D’AGRICULTURE DURABLE
L’agriculture se trouve aujourd’hui face à la nécessité d’un changement profond pour répondre aux enjeux actuels qu’ils soient environnementaux, climatiques, alimentaires, sociaux ou économiques. L’agriculture durable repose essentiellement sur trois grandes fonctions ; la fonction de production de biens et services, la fonction de gestionnaire de l’environnement et la fonction d’acteur du monde rural. De nombreuses définitions d’agriculture durable ont été conçues par d’imminents auteurs. En 1998, Landais définit une exploitation durable comme étant une exploitation viable, vivable, transmissible et reproductible. Selon HARWOOD en 1990, l’agriculture durable c’est : « une agriculture capable d’évoluer indéfiniment vers une plus grande utilité pour l’homme, vers une meilleure efficacité de l’emploi des ressources et vers un équilibre avec le milieu qui soit bénéfique à la fois pour l’homme et pour la plupart des autres espèces » (Bonny, 1994). Cependant la définition qui est aujourd’hui communément retenue est celle de FRANCIS et YOUNGBERG : « L’agriculture durable est une agriculture écologiquement saine, économiquement viable, socialement juste et humaine » (Bonny, 1994). Une agriculture durable doit permettre un équilibre entre l’économie, la nature, le territoire et les Hommes qui y vivent. Elle doit être productive et rentable. A titre d’exemple, les animaux doivent être nourris le plus longtemps possible au pâturage parce que l’herbe coûte moins cher à produire que le maïs. Ce qui va permettre de réduire l’utilisation d’engrais chimique car les déjections épandues par les animaux aux pâturages suffisent pour fertiliser la terre et augmenter la productivité. L’agriculture durable doit également garantir la préservation de l’environnement en limitant l’usage de pesticides et en favorisant une bonne rotation des cultures permettant ainsi la réduction des risques de maladies et de mauvaises herbes. Et enfin l’agriculture durable doit être une agriculture socialement équitable rendant ainsi service aux populations les plus vulnérables (GPE-GEODE, 2005).
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Ce travail avait pour but d’expliquer la notion de durabilité socio-territoriale et son importance dans un développement rural durable. Il a permis suite aux travaux sur l’étude de la durabilité des exploitations agricoles familiales dans le village de Tellayargouye, de trouver les différentes contraintes qui freinent la durabilité socio-territoriale de la zone et de trouver des éléments d’améliorations en utilisant la méthode IDEA. Les contraintes de la durabilité socio-territoriale dans le contexte local sont diverses et se manifestent principalement par une mauvaise gestion des déchets plastiques, une non diversité des activités dans les ménages ou encore un manque de formation des producteurs. Les solutions dégagées pour atténuer ces contraintes sont entre autres la labellisation, la responsabilisation des producteurs dans les domaines de la formation et de la contribution à l’équilibre mondial et surtout la sanction dans la mauvaise gestion des déchets plastiques. L’amélioration de la durabilité socio-territoriale est un grand pas vers le développement rural car elle permet d’une part d’augmenter la qualité de vie des exploitants agricoles et d’autres part de les initier dans le développement de leur propre territoire. Et les informations tirées de cette étude sont très utiles car elles peuvent servir de guide ou de référence pour les acteurs de développement voulant intervenir dans la même zone. En perspectives, pour aller vers plus de durabilité socio-territoriale, il serait nécessaire de mener des études sur :
1. la qualité des aliments produits dans les exploitations agricoles familiales ;
2. quelles solutions pour une bonne gestion des plastiques dans nos territoires ;
3. la vente directe et la commercialisation des produits agricoles ;
4. le développement des services marchands dans le territoire ;
5. comment créer des emplois pour les jeunes de la campagne;
6. le consommer local ;
7. le renforcement des capacités des producteurs ruraux.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
1. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1 GENERALITES SUR LES EXPLOITATIONS AGRICOLES FAMILIALES DANS LE BASSIN ARACHIDIER
1.1.1 Définition
1.1.2 Caractéristiques socio-économique et physique
1.2 L’OUTIL IDEA ET LA DURABILITE SOCIO-TERRITORIALE
1.2.1 L’outil IDEA
1.2.2 La durabilité socio-territoriale
1.3 LA NOTION D’AGRICULTURE DURABLE
2. MATERIEL ET METHODES
2.1 PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
2.1.1 Les activités socio-économiques de la zone
2.1.1.1 L’agriculture
2.1.1.2 L’élevage
2.1.1.3 L’artisanat
2.2 ECHANTILLONNAGE
2.3 THECNIQUE ET OUTILS DE COLLECTE DES DONNEES
2.3.1 Les données
2.3.2 Techniques et outils de collecte des données
2.4 TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES
3. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1 RESULTATS
3.1.1 Evaluation de la durabilité socio-territoriale des exploitations de l’échantillon
3. 1. 2 Les contraintes de la durabilité socio-teriitoriale du village de Tellayargouye
3. 1. 3Les éléments d’ameliorations de la durabilité socio territoriale des exploitations de la zone
3. 2 DISCUSSION
3.2.1 Les forces
3.2.2 Les contraintes
3.2.3 Les éléments d’amélioration
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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