Les modalités et les résultats de l’élection présidentielle et des élections législatives de 2012
En France, le déroulement de l’élection présidentielle est fixé par les articles 6, 7 et 58 de la Constitution de la Vème république.
Les modalités de l’élection sont fixées par la loi organique du 6 novembre 1962. Suivant cette loi, le scrutin présidentiel se déroule au suffrage universel uninominal direct. Si un candidat obtient la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour, il est élu. Dans le cas contraire, un second tour a lieu deux semaines plus tard pour départager les deux candidats arrivés en tête au premier tour. Là, le candidat qui obtient la majorité simple est élu. Dans la pratique, un deuxième tour a toujours été nécessaire, aucun candidat n’ayant jamais dépassé 50 % des suffrages exprimés au premier tour (Le général de Gaulle a obtenu 44,7 % lors de la première élection au suffrage universel direct en 1965, le maximum rencontré jusqu’à aujourd’hui).
Les résultats du scrutin sont proclamés par le Conseil Constitutionnel qui a également la charge de veiller à la régularité de l’élection. Le 19 mars 2012, le conseil constitutionnel présente la liste des dix candidats ayant obtenus les 500 signatures requises. Parmi ces dix candidats, le président Nicolas Sarkozy, issu de l’UMP, se représente à l’image de tous les présidents sortants ayant effectué un seul mandat depuis 1965. Son principal challenger est François Hollande vainqueur de la primaire citoyenne organisée par le PS en octobre 2011. François Bayrou se présente pour la troisième fois à l’élection présidentielle, comme candidat du Modem cette fois-ci. Jean-Marie Le Pen ne se présente pas à l’élection présidentielle sous l’étiquette du FN pour la première fois depuis 1981, c’est sa fille Marine Le Pen qui est la candidate de ce mouvement après avoir pris le contrôle du parti en janvier 2011. Le Parti Communiste, moribond en 2002 et en 2007 investit le candidat d’un petit parti ayant fait sécession du PS en 2008, Jean-Luc-Mélenchon, sous l’étiquette du Front de Gauche (FG). Eva Joly, une ancienne juge d’origine norvégienne est la candidate d’EELV, elle a, elle aussi, été légitimée par sa victoire dans la primaire interne à EELV en juin 2011. Le tableau 1 présente les résultats de l’élection présidentielle de 2012 et permet une comparaison rapide avec les précédentes échéances du même type.
Intérêt du sujet, problématisation du sujet et hypothèses de recherche
Suite à la séquence électorale de 2012, nous faisons le constat d’une position hégémonique acquise par le parti socialiste dans la région Bretagne.
Cette position hégémonique se caractérise très simplement par des succès lors de toutes les élections depuis 2007 et logiquement par l’occupation des différents postes de pouvoir politiques dans la région. Ainsi, le candidat du PS à l’élection présidentielle de 2012, François Hollande, arrive en tête au premier et au second tour dans les quatre départements bretons. Les élections législatives de juin 2012 donnent au PS dix-huit sièges sur les vingt-sept mis en jeu, de plus, trois autres sièges sont remportés par des candidats « divers gauche » qui vont s’apparenter au groupe PS dès le début de la législature . Ce résultat est à mettre en relation avec celui des élections législatives de 2007 où le PS et les Divers Gauche ne remportaient que quatorze sièges sur vingt-six.
Les différentes élections ayant eu lieu pendant la législature 2007 – 2012 ont permis au parti socialiste, grâce à une progression lors de chaque élection, de confirmer son implantation dans la région. Ainsi, aux élections sénatoriales de 2011 dans le Morbihan, la liste d’Union de la Gauche possédant une tête de liste PS a pu emporter les trois sièges mis en jeu alors que les partis de centredroit et de droite en possédaient deux. Les élections sénatoriales de 2008 concernaient les trois autres départements bretons, trois candidats de gauche, dont deux socialistes remportent les trois sièges dans les Côtes d’Armor, le PS obtient trois sièges sur quatre dans le Finistère et en Ille et Vilaine. Au total, la droite ne possède plus que deux sièges sénatoriaux sur quatorze dans la région,alors que les socialistes en possèdent neuf.
Les quatre conseils généraux de la région Bretagne n’ont pas été témoin d’un basculement de présidence entre la droite et la gauche lors des élections cantonales de 2008 et de 2011, le seul changement de présidence concerne le conseil général du Morbihan qui dont le nouveau président, élu en 2011 appartient à l’UMP alors que le précédent appartenait à l’Alliance Centriste. A l’issue des élections de 2011, la gauche possède de confortables majorités dans le département des Côtes d’Armor (trente-huit sièges sur cinquante-deux), dans le département du Finistère (quarante sièges sur cinquante-quatre) et dans le département de l’Ille et Vilaine (trente-cinq sièges sur cinquantetrois) alors que le PS possède la majorité absolue des sièges dans les Côtes d’Armor et le Finistère.
Le département du Morbihan est administré par un président UMP qui possède une faible majorité au sein de l’assemblée départementale, majorité qui a, de plus, tendance à s’amenuiser au fil des élections(vingt-quatre sièges sur quarante-deux).
Les élections régionales de 2010, particulièrement intéressantes dans le cadre de notre sujet car se déroulant dans un cadre régional, ont vu un maintien de la liste PS à un niveau très haut (37,2 % des suffrages exprimés au premier tour contre 38,5% en 2004) et une progression globale des listes de gauche (59,5% des suffrages exprimés contre 52,9% en 2004). Les dissensions entre le PS et les écologistes, combinées au score important (12,2% des suffrages exprimés) de la liste EELV ont provoquées le maintien de cette liste au second tour de cette élection. Malgré cela, le PS obtient la majorité absolue des suffrages exprimés lors du second tour, les deux listes de gauche obtenant ensemble 67,6% des suffrages exprimés. Concrètement, la liste conduite par le PS possède, après les élections régionales de 2010, cinquante-deux sièges sur quatre-vingt-trois au conseil régional.
Méthodologie
Nous disposons de trois types de données pour analyser le comportement électoral : les résultats électoraux eux-mêmes qui sont des données agrégées et dont le bureau de vote constitue en France, le niveau le plus fin, les données d’enquête par sondages qui sont des déclarations d’individus figurant dans un échantillon représentatif et les entretiens qualitatifs semi-directifs où l’on fait s’exprimer longuement et librement un petit nombre de personnes. Dans le cas de ce mémoire, il nous a semblé intéressant de privilégier la première et la troisième méthode.
Il est aujourd’hui aisé d’obtenir des données électorales récentes, en effet, ces dernières sont numérisées par le ministère de l’intérieur, et sont très facilement lisibles, concernant ce travail de recherche, il apparaît incontournable de travailler sur ces données qui constituent l’essence même d’une analyse électorale. Dans cette étude, nous utiliserons comme élément de comparaison lescirconscriptions législatives, remaniées en 2010.
Un travail sur les données d’enquête par sondages apparaît beaucoup moins intéressant et forcément biaisé, en effet, notre étude se cantonne à l’analyse des scrutins de 2012 en Bretagne, et les sondages concernant la présidentielle sont réalisés sur la France entière. Pour les élections législatives, les enquêtes concernant certaines circonscriptions sont rares (du fait d’un problème de coût) de plus, elles ne concernaient pas, en 2012, les circonscriptions de la région Bretagne.
Les entretiens qualitatifs peuvent être retenus comme méthode d’analyse dans le cadre de ce mémoire, néanmoins il ne peut s’agir d’entretiens avec des électeurs car le travail ne peut être représentatif faute de temps et de moyens. Il apparaît plutôt prégnant de s’entretenir avec un géographe spécialiste de la région tel Michel Bussi et des élus bretons issus des principauxmouvements politiques. Ainsi interroger Jacques Le Guen, député UMP du Finistère de 2002 à 2012 et Pierre Méhaignerie, député UDF puis UMP (aujourd’hui à l’UDI) de l’Ille et Vilaine de 1973 à 2012 pourrait permettre d’avoir des éléments de réponse quant à l’influence de la droitisation de l’UMP sur les électeurs bretons. Un entretien avec Guy Hascoët, le président du groupe EELV au conseil régional permettrait de comprendre les raisons de la mésentente entre le PS et EELV au niveau régional, un entretien avec Gilbert le Bris député PS du Finistère depuis 1981 (avec plusieurs discontinuités) permettrait d’aborder le thème de l’hégémonie du PS dans la région.
Structure du mémoire
Pour obtenir des éléments de réponse à la problématique et exclusivement au vu des résultats électoraux de la région, il existe trois possibilités complémentaires :
− Une étude par scrutin
− Une étude par forces politiques
− Une étude par zone géographique
Il peut paraître intéressant, pour cette étude de privilégier une présentation départementale puis une analyse régionale à l’aide des circonscriptions pour l’élection présidentielle. Pour les élections législatives, une analyse par scrutin avec une logique d’analyse détaillée de chacune des circonscriptions apparaît comme la plus pertinente. Cette étude n’a d’intérêt que si la dimension comparative est prégnante, ainsi, les résultats des séquences électorales de 2002 et de 2007 dans la région, les départements et les circonscriptions seront très souvent utilisés comme variables d’analyse.
Les statistiques de l’INSEE concernant, l’immigration, la structure de la population par âge et par Catégories socio-professionnelles, le taux de chômage et d’autres caractéristiques sociodémographiques, disponibles par communes, cantons, départements et pour la région vont compléter utilement, au niveau sociologique, l’analyse basée sur les résultats électoraux et confirmer ou infirmer les différentes hypothèses de recherche.
Prise en compte des différentes hypothèses dans le cadre de l’élection présidentielle de 2012 en Bretagne
Les caractéristiques sociologiques et leur influence sur le vote
Il nous paraît intéressant, de prime abord, de chercher à comprendre si la structure géographique bretonne et la composition de l’électorat breton avantage structurellement les partis de gauche et le parti socialiste en particulier. Arrêtons-nous tout d’abord sur le vote des villes. La Bretagne est constituée de 1270 communes, dont 108 ont plus de 5 000 habitants. Pour observer une différence dans le comportement électoral des habitants, il ne s’agit pas de classer les villes par strates de 5 000 habitants ou 10 000 habitants, cela n’aurait pas beaucoup de sens car certaines villes sont profondément conservatrices par leur histoire et leurs traditions alors que d’autres ont toujours voté dans un esprit progressiste.
Néanmoins, un phénomène récent, matérialisé par la majorité des suffrages obtenue par François Hollande à Paris (55,6%), est indéniable, il s’agit de la progression importante de la gauche dans les villes de plus 100 000 habitants, ces villes sont pour la plupart d’entre elles des idéopôles . Le terme d’idéopôle désigne des métropoles régionales attractives, intégrées aux réseaux de l’économie globalisée et concentrant les activités et les groupes sociaux typiques de l’économie post-industrielle et de la mondialisation . Il ne faut surtout pas omettre le fait que ces idéopôles ne sont pas que le lieu où les « gagnants de la mondialisation » vivent, certains quartiers, également appelés « cités » ont une population composée en grande partie de citoyens français d’origine immigrée voire d’étrangers, ces derniers vivent grâce au commerce de proximité, ils sont intégrés à la mondialisation malgré leur situation très modeste. C’est en fait le cosmopolitisme culturel qui apparaît comme le plus petit dénominateur commun entre ces différents types de population. Cette domination du PS dans les grandes villes est également confirmé par le gradient d’urbanité, utilisé par Jérôme Fourquet dans son explication du vote Le Pen . La figure 1, où nous reproduisons une enquête IFOP utilisée dans « Le Monde » du 28 février 2012 et qui prend en compte des intentions de vote, nous montre que François Hollande obtient son plus haut niveau d’intentions de vote dans le centre et la proche périphérie des grandes villes, mais également dans les endroits situés à plus de 100 kilomètres de ces grandes villes. Le vote de droite est le plus fort dans les quartiers péri-urbains là où il y a le revenu le plus fort comme nous le montre très clairement l’INSEE . On observe ici que les revenus médians par unité de consommation (UC) sontbien plus importants dans les cantons proches de la ville-centre (Rennes, Brest…) que dans la ville centre elle-même. A titre d’exemple, le revenu médian par UC dans le canton de Cesson-Sévigné (dans la banlieue de Rennes) est de 24 716€ contre 19 163€ à Rennes. La progression que nous venons de signaler se caractérise par le fait que François Hollande obtient la majorité des suffrages exprimés dans 32 villes de plus de 100 000 habitants sur 36 en France métropolitaine. Le tableau 11 nous indique ce qu’il en est pour les deux villes bretonnes de plus de 100 000 habitants : Rennes et Brest.
L’enjeu immigration en Bretagne
L’hypothèse selon laquelle le faible taux d’étrangers (2,2% selon l’INSEE) dans la région Bretagne expliquerait le fait que les partis politiques mettant en avant un discours centré sur le refus de l’immigration, à l’instar du FN, voire de l’UMP, n’ont que peu de succès en Bretagne, mérite d’être largement prise en considération. En effet, la question de l’immigration tient une place centrale dans la période de politique ordinaire allant de 1984 à 2007 et est un des sujets de controverse les plus importants lors de la campagne électorale de l’élection présidentielle de 2012 .Pour comprendre la signification électorale de l’enjeu immigration, nous reproduisons ici une partie du tableau produit par Pierre Martin dans son article paru dans la revue « Commentaires » suite aux élections législatives de 2012
La résistance de Nicolas Sarkozy dans la région, un moindre impact du bilan ?
Le score important obtenu par le candidat socialiste François Hollande au premier et au second tour de l’élection dans la région ne doit pas occulter le fait que Nicolas Sarkozy résiste mieux en Bretagne que dans le reste de la France lorsque l’on se place dans une dimension comparative par rapport à 2007. En effet, s’il perd 4,7 points au second tour de l’élection, au niveau national, entre 2007 et 2012 passant de 53,1% des suffrages exprimés à 48,4%, sa baisse est moindre en Bretagne, il passe de 47,4% des suffrages exprimés en 2007 à 43,6% en 2012, il perd donc 3,8 points. On remarque donc la capacité de Nicolas Sarkozy à conserver une écrasante majorité de son électorat de 2007. Il nous semble utile de nous pencher sur ce phénomène qui nous interpelle dans le cadre de notre problématique car les réponses peuvent être en lien avec les résultats des élections législatives de juin 2012.
Les analyses parues suite à l’élection présidentielle ont toutes mises en avant le fait que la défaite de Nicolas Sarkozy était due en grande partie à son bilan. Un bon indicateur d’un bilan politico-économique d’un dirigeant politique reste l’évolution du taux de chômage durant son mandat. Ainsi, le tableau 10 présente l’évolution du taux de chômage lors du deuxième trimestre de chaque année du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Nous avons pris en compte le deuxième trimestre des années concernées car Nicolas Sarkozy arrive aux affaires lors du deuxième trimestre de l’année 2007 et quitte le pouvoir lors du deuxième trimestre de l’année 2012.
La Bretagne : De la démocratie-chrétienne à la sociale-démocratie ?
Un petit détour historique nous paraît important pour comprendre la spécificité et la signification de l’évolution électorale de la Bretagne. Cette région est, sans conteste, un des plus importants bastions du catholicisme en France.
Cette très forte présence du catholicisme possède sa traduction politique et est un des éléments explicatifs, sinon l’élément explicatif le plus important, du vote conservateur de la Bretagne jusqu’aux années 1970.
Les travaux de Siegfried ont mis la question religieuse au centre, en effet, selon lui, le haut niveau de pratique catholique dans un territoire donné implique forcément un état d’esprit clérical de même que l’acceptation d’un système politique dominé par les « gens d’Église ». L’Église apportant son soutien sans faille aux conservateurs lors des rendez-vous électoraux, considérant ces derniers comme plus fidèles à ses orientations et surtout désireux de ne pas remettre en cause l’ordre social établi, cela explique la persistance du vote conservateur en Bretagne mais aussi dans des régions très pratiquantes comme l’Alsace . Cette situation se traduit politiquement par le fait que les 4 départements bretons envoient 18 députés du Mouvement Républicain Populaire, parti se réclamant de la démocratie-chrétienne sur 30 possibles à l’assemblée constituante de 1946, en partie grâce au mode de scrutin proportionnel. En 1962, ce même parti, alors en déclin, obtient encore 9 députés sur 25 dans la région, alors que le scrutin majoritaire est rétabli.
Les nombreux sondages post-électoraux publiés depuis les années 1960 ont confirmé l’idée de Siegfried selon laquelle les catholiques pratiquants voteraient très majoritairement à droite. A cet égard, la construction d’un tableau inspiré par celui proposé par Pierre Martin et concernant le vote des 15 départements les plus catholiques en 1965 en comparaison de la moyenne nationale sur une série d’élections opposant la droite et la gauche nous apparaît instructive.
Les élections législatives de 2012 dans la région Bretagne
Nous allons, dans cette seconde partie, analyser les résultats des élections législatives de 2012 dans les quatre départements de la région Bretagne. Ces élections se sont caractérisées par une large victoire de la gauche en général et du PS en particulier. Sur les vingt-sept sièges mis en jeu dans la région, le PS en remporte dix-huit à lui seul.
De plus, trois sièges sont gagnés par des candidats divers gauche issus des socialistes locaux qui s’étaient présentés en dissidence contre un candidat EELV soutenu par le PS national ou contre une candidate socialiste vainqueur contestée de la primaire interne au PS.
Il n’apparaît pas pertinent, dans le cadre de l’analyse de ces élections de reprendre la méthode utilisée lors de la première partie pour l’analyse de l’élection présidentielle. En effet, depuis l ‘instauration du quinquennat en 2000, l’élection présidentielle et les élections législatives forment une séquence électorale au cours de laquelle le scrutin législatif confirme, d’une manière plus ou moins nette, les résultats de l’élection présidentielle. Ainsi, aussi bien en 2002, qu’en 2007 et en 2012, la possibilité que le président élu en mai n’obtienne pas de majorité à l’assemblée nationale pour appliquer son programme n’a jamais été envisagée sérieusement par les sondeurs et les politistes.
A cet égard, les analyses réalisées au cours de la première partie de cette étude pour l’élection présidentielle restent bien entendu valables pour les élections législatives. Il apparaît plus intéressant, dans ce cadre, de se concentrer sur deux aspects propres aux élections législatives, c’est à dire l’influence du vote partisan et l’influence personnelle des acteurs politiques candidats à ces élections. Ainsi, après une analyse rapide du vote dans la région, nous allons nous intéresser à ce scrutin dans un cadre départemental, cadre qui nous a semblé le plus pertinent pour répondre à notre problématique.
Causes, modalités et enjeux des élections législatives de 2012
Les élections législatives de 2012 sont organisées parce que l’assemblée élue en 2007 arrive au terme de son mandat de cinq ans. Le mode de scrutin utilisé pour ces élections législatives reste le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours (utilisé de 1958 à 1981 et depuis 1988).
Dans le but d’adapter la taille des circonscriptions aux évolutions démographiques, de représenter les Français de l’étranger et à la demande du conseil constitutionnel, le gouvernement de François Fillon a procédé à un redécoupage des circonscriptions législatives qui a été adopté par le parlement en 2010, c’est le premier de la sorte depuis 1986. Les départements bretons sont inégalement touchés par ce redécoupage, l’Ille et Vilaine gagne un siège, alors que le Morbihan et le Finistère n’ont subi qu’un remodelage partiel touchant deux circonscriptions dans chaque cas. Les cinq circonscriptions des Côtes d’Armor restent inchangées. Ce redécoupage a été fortement critiqué par le PS en 2010, le président élu, François Hollande s’est engagé pendant la campagne présidentielle à instaurer une dose de proportionnelle pour les prochaines élections législatives, prévues en 2017.
Les enjeux de ces élections sont bien entendu différents selon les forces politiques, il s’agit pour le PS d’obtenir une majorité absolue pour ne pas dépendre de ses alliés à l’Assemblée Nationale. L’UMP cherche à éviter la débâcle et à sauver ses têtes d’affiches menacées. Suite au bon score obtenu par Marine Le Pen, le FN, dont les candidats se présentent sous le label« Rassemblement Bleu Marine » cherche à obtenir des députés pour la première fois depuis 1997.
Les élections législatives de 2012 dans le Finistère
L’offre présentée par les partis politiques aux électeurs du Finistère est un peu différente de ce que l’on retrouve dans les Côtes d’Armor. Soixante-dix-neuf candidats se présentent aux suffrages des électeurs contre quatre-vingt-sept cinq ans plus tôt, soit un peu moins de dix par circonscription en moyenne. Les circonscriptions n’attirent pas toutes le même nombre de candidats, huit candidats se présentent dans la septième circonscription et treize dans la huitième. De manière assez classique, l’offre politique est structurée par la présence des candidats de LO, du FG, d’EELV et du FN dans les huit circonscriptions du département. Cinq candidats du FG sont issus du PCF, deux sont des divers gauche et un dernier est issu du PG, le parti de Jean-Luc Mélenchon. A noter qu’en vertu d’un accord resté très local, le suppléant du candidat FG est issu du NPA dans la première circonscription. EELV est présent dans les huit circonscriptions du département et bénéficie du soutien du PS dans la troisième circonscription. En vertu d’un accord national visant à mettre en avant la capacité d’alliance du FN, ce parti soutient dans la première circonscription du département un candidat provenant du parti de Paul-Marie Couteaux : Souveraineté, Indépendance et Libertés (SIEL). Le PS réinvestit ses cinq députés sortants, et est présent dans deux autres circonscriptions, comme dans les autres départements bretons, il soutient officiellement un candidat EELV dans une circonscription, en l’occurrence la troisième comme nous venons de le signaler, néanmoins, cela n’empêche pas un dissident issu du PS local de se présenter, soutenu par les militants locaux. L’UMP présente des candidats dans cinq circonscriptions, seul parmi les trois députés sortants de ce parti, Christian Ménard, député de la sixième circonscription, ne se représente pas, l’UMP soutient un candidat Divers Droite dans cette circonscription ce qui est également le cas dans la huitième circonscription. L’UMP soutient également un candidat du Parti Chrétien Démocrate (PCD) de Christine Boutin dans la deuxième circonscription. La situation au centre et au centre-droit est encore plus complexe, le Modem investit cinq candidats sous l’étiquette du « Centre pour la France », candidats qui se revendiquent du « ni droite, ni gauche » et un candidat sous l’étiquette de l’ »Alliance Centriste », parti politique plus proche du centre-droit. Le Parti Radical de Jean-Louis Borloo et le Nouveau Centre investissent un candidat, respectivement dans la première et dans la huitième circonscription. Malgré le soutien apporté par l’UMP à un candidat PCD, ce parti présente trois candidats en compétition avec l’UMP dans le département. De plus, un candidat du parti de Nicolas Dupont-Aignan : Debout la République, se présente aux suffrages des électeurs de la sixième circonscription. Un mouvement régionaliste d’extrême-droite intitulé « Jeune Bretagne » concurrence le FN dans trois circonscriptions. L’UDB, parti régionaliste plus proche de la gauche présente deux candidats sans le soutien d’EELV, un autre candidat régionaliste est présent dans la sixième circonscription, nous reviendrons sur son cas dans l’analyse de la circonscription. A l’extrême-gauche, LO ne souffre pas de la concurrence du NPA et du POI, ces deux partis ne présentent respectivement que deux candidats dans le département. Le Parti Radical de Gauche (PRG), allié traditionnel du PS, profite de l’absence d’un candidat PS dans la troisième circonscription et y présente une candidate. A côte de cela, deux partis écologistes moins ancrés à gauche qu’EELV présentent chacun un candidat dans le département, il s’agit de GénérationÉcologie et de l’Alliance Écologiste Indépendante. Il nous reste à signaler qu’un membre du Parti Pirate, parti qui a réalisé des percées électorales en Suède et en Allemagne et qui cherche à révolutionner les pratiques politiques, est présent dans la première circonscription. L’offre politique dans le département, à l’occasion de ces élections, se caractérise par le morcellement important constaté à droite et par la faible présence des partis régionalistes. A gauche, la situation est plus classique, il faut également signaler la candidature de Marylise Lebranchu, députée sortante de la quatrième circonscription, ministre de la fonction publique et de la décentralisation du gouvernement Ayrault depuis le 15 mai 2012.
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Table des matières
Introduction
Présentation du sujet
Cadre théorique
L’enjeu de la séquence électorale de 2012
Les modalités et les résultats de l’élection présidentielle et des élections législatives de 2012
Intérêt du sujet, problématisation du sujet et hypothèses de recherche
Méthodologie
Structure du mémoire
I. L’élection présidentielle de 2012 dans la région Bretagne
La participation
Les résultats dans la région
Les résultats dans les départements
Les caractéristiques sociologiques et leur influence sur le vote
L’enjeu immigration en Bretagne
L’influence d’un député sur le vote des électeurs de sa circonscription à l’élection présidentielle
La résistance de Nicolas Sarkozy dans la région, un moindre impact du bilan ?
La Bretagne : De la démocratie-chrétienne à la sociale-démocratie ?
II. Les élections législatives de 2012 dans la région Bretagne
Causes, modalités et enjeux des élections législatives de 2012
Vue générale des élections législatives dans la région
Les élections législatives de 2012 dans les Côtes d’Armor
Les élections législatives de 2012 dans le Finistère
Les élections législatives de 2012 dans l’Ille et Vilaine
Les élections législatives de 2012 dans le Morbihan
Conclusion
Bibliographie
Annexes