Les églises face à l’activité ludique

Les églises face à l’activité ludique

LE DISCOURS DE LA LOI

Le discours législatif sur le jeu à l’époque moderne, s’articule autour de trois axes: sauvegarde du patrimoine familial, perturbation de l’ ordre public et considérations de rang social. On craint les effets dangereux engendrés par une passion telle que le jeu de même qu’ un brouillage des frontières entre travail et repos. Le pouvoir législatif s’ emploie depuis longtemps et avec plus ou moins de succès à limiter les jeux, aussi bien en France qu’ en Angleterre. Par contre, tous les jeux ne sont pas à mettre dans le même panier et les jeux d’adresse sont privilégiés. La loi de 1388 de Richard II obligeant l’achat d’ instruments destinés aux arts de combat en est un parfait exemple. Différentes lois on été promulguées au fil du temps dans les deux pays. Celles instaurées à l’époque moderne se rejoignent dans l’ esprit: la protection du peuple. Suivant cette logique, plusieurs décrets et ordonnances visent l’annulation des dettes de jeu et permettent de lancer des poursuites pour quiconque se voit floué au jeu.

LES ÉGLISES FACE À L’ACTIVITÉ LUDIQUE

La condamnation du jeu de hasard par les théologiens n’est pas nouvelle, déjà au Moyen Âge, le jeu est proscrit per se, comme étant une invention diabolique. On l’aborde à travers la lecture du IXe commandement « Tu ne convoiteras pas le bien d’autrui ».
L’époque moderne est cependant témoin d’un débat entre théologiens qui aboutit à la désacralisation du hasard. Une controverse voit le jour à la fin du XVe siècle suite à la réflexion de deux auteurs aux idées radicalement opposées. Jean La Placette, moraliste protestant, docteur en théologie, exprime dans Divers traités sur les matières de conscience (1697) que l’interdiction des jeux d’alea doit découler des abus qu’ ils entraînent et non de leur nature mauvaise. Pierre de Joncourt, ministre calviniste et prédicateur, s’indigne contre cette idée dans son ouvrage Quatre lettres sur les jeux de hasard (1713).

LE DISCOURS DES LETTRÉS

Le jeu de hasard, ainsi désacralisé au début du XVIIIe siècle, prend de l’ampleur et sa condamnation par les philosophes se fait « au nom cette fois de la famille et de la société, au nom de la prudence et de la modération ». La critique est d’autant plus virulente que savoir jouer est devenu une nécessité au XVIW siècle, du moins dans les hautes sphères de la société. Il sert de liant social au point qu’ un joueur de talent voit toutes les portes s’ouvrir devant lui. À cela s’ajoute l’idée récurrente selon laquelle le jeu « confond tous les états », pour reprendre François Antoine Chevrier. Comme l’exprime G. Russell, les séances de jeu qui se déroulent en public devant le Brook’s Gaming Club de Londres sont dangereuses pour l’ordre politique en ce qu’elles montrent l’élite engagée dans un individualisme compétitif plus souvent autodestructeur qu’égoïste. En plus de cette critique s’ajoute celle qu’ une passion aussi prenante que le jeu prive inévitablement la société de gens de valeurs et détourne le peuple de ses occupations. S’ il est plus ardu pour un noble d’ épuiser ses ressources, l’homme du peuple risque d’en arriver rapidement à ne plus pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Tous jouent, c’est une évidence. Cependant, le peuple qui joue est plus facilement excusé pour mieux blâmer les nobles et l’État par le mauvais exemple qu’ ils donnent.

L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LES MŒURS

Pour la durée de note étude, tant les curés que les évêques ont pu trouver l’inspiration pour leurs sermons en observant les comportements autour d’eux. Ils sont prompts à accuser la population de se livrer à des divertissements luxurieux et à passer des après-midi au jeu voire même directement aux portes des églises, pour ne citer que les comportements qui touchent directement notre sujet. Si bien qu ‘au tournant du XIXe siècle Mgr Plessis reconnaît « un accroissement d’ indocilité, de vanité, de libertinage chez ses diocésains, surtout dans les villes Joo. Ces derniers accrocs à la morale sont toutefois traités dans la littérature de façon aléatoire et de manière dispersée d’ où l’intérêt de notre mémoire qui, nous l’espérons, permettra de cerner plus précisément les subtilités du discours ecclésiastique sur le jeu de hasard. La volonté de l’Église de se constituer en rempart contre l’ impiété, l’ immoralité, le vice ou tout autre danger moral y est bien exprimée, de même que l’opposition aux idées des Lumières. Étienne Montgolfier redoutait la « mauvaise influence des philosophes français sur les jeunes canadiens » .
C’ est pourquoi de vives attaques sont portées contre la Gazette littéraire de Montréal au cours de sa courte publication en 1778-1779. Cette aversion pour les idées libérales était généralement répandue chez les autorités ecclésiastiques, à commencer par Mgr Plessis, abonné aux journaux français Le Drapeau blanc, L ‘Ami de la religion et du Roi, et L ‘Univers, ouvertement « ennemis de la raison et du libéralisme intellectuel » .

L’ATTRAIT DU JEU: LES INSTRUMENTS DESTINÉS À L’ACTIVITÉ LUDIQUE

Tous les mauvais commentaires exprimés à l’encontre du jeu pourraient laisser supposer le contraire, pourtant il se trouve une abondance d’ instruments destinés au jeu tout au long de notre période. À l’ image du contrôle des passions, les autorités coloniales ont dû comprendre qu ‘ il est plus facile de tenter de mettre des bornes plutôt que d’ interdire. Au strict niveau économique le jeu rapporte indirectement, puisque les cartes, importées d’Angleterre, sont taxées. Afin d’ enrayer l’importation de cartes étrangères, une charte royale fonda, en 1628, la Worshipful Company of Makers of Playing Cards.
Cependant afin de palier les revenus ainsi perdus la compagnie doit acquitter la somme de deux shillings par douze douzaines de jeux de cartes 162. À cela s’ajoute une taxe instaurée en 1710 afin de financer l’ effort de guerre britannique. D’ un montant de 6 pence à l’origine, elle est haussée à 1 shilling en 1756, 1 shilling 6 pence en 1789 puis à 2 shilling en 180i 63 • Elle est ensuite ramenée à 1 shilling en 1828 devant la grogne des fabricants de cartes. Des tables récapitulatives des imports/exports dans le port de Québec sont publiées dans la Gazette de Québec partir de 1805. Il est donc possible de n’ avoir qu ‘une idée parcellaire de la quantité de jeux de cartes importés. Nous n’avons malheureusement trouvé que trois années où sont importées des cartes. Ainsi, 14,172 paquets de cartes ont été importés en 1804, 16,844 pour l’année 1807 et 13,176 en 1809 . Pour les autres années, les tableaux d’ imports/exports ne mentionnaient pas de cartes.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE1 : LES DISCOURS LUDIQUES EUROPEENS
1.Le discours de la loi
2.Les églises face à l’activité ludique
3.Le discours des lettrés
CHAPITRE2 :LES DETRACTEURS DU JEU AU QUEBEC
1. Le pouvoir colonial et l’activité ludique
2. L’église catholique et les mœurs
3. L’opinion des lecteurs
CHAPITRE3 :ENTRE RAISON ET PASSION : IMPLICATIONS SOCIALES ET CULTURELLES DE L’ACTIVITE LUDIQUE
1. L’attrait du jeu: les instruments destinés à l’activité ludique.
2. Anglicisation des loisirs: courses de chevaux et cricket
3. «Cet amusement vraiment raisonnable », les discours pro-jeu
CONCLUSION

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