Condition masculine
Nadia, la narratrice se précipite de dire à propos de la qualité de son beau frère : « Le mari de ma sœur est très comme on ses aime chez les Arabes » (1) C’est la toute première phrase du livre. Il s’agit d’une qualité nous montrant une supériorité par I’ emploi de I’ adverbe « très ». Ce qui intéresse Nadia sur son beau frère, c’est cette supériorité. En fait, nous ne connaissons pas encore la raison de cette affirmation. Mais puisqu’elle a été très touchée surtout par ce point, elle n’a pas pu d’abord expliquer avant de tirer cette conclusion. Alors, consciente de l’acte qui fait que son beau frère est « très », elle explique par la suite la raison de cette supériorité: «J’ai profité de cet instant pour ailer ra voir. Elle pleurait. Se plaignant qu’elle avait mal au ventre. Le sang avait coulé longtemps. Plus il y en avait, plus Kader était content de lui. Il croyait que c’était la preuve de sa virilité. Je vous l’ai dit : il est très comme on les aime chez les Arabes » (2) Kader, le mari de ta sœur de Nadia, la narratrice, est donc supérieur dans la mesure où il est fort en acte sexuel, il a pu déchirer par son pénis l’hymen de sa jeune épouse. Il a un pénis très puissant pour pénétrer sa femme. De toute façon, ce n’est pas anodin si Nadia ne manque pas de continuer lorsqu’elle parle de la supériorité du mari de sa sœur : « …comme on les aime chez le Arabes » (3) Et nous allons voir combien cet homme est content d’avoir pu faire couler le sang de sa femme : « Plus il y avait de sang, plus Kader est content » (4) Nadia le montre clairement dans la scène où les femmes rendent hommage à cette force : « Quand, vers deux heures de l’après midi, apparut Kader, tout fier de ses performances, les femmes I’ accueillirent en libérateur. Il faisait pour elle figure de héros, d’homme qui n’a pas apporté la honte » (1) Ce qui nous fait dire que d’après la tradition arabe, un homme faible en acte sexuel n’est pas digne de ce nom, ne figure pas dans I’ ensemble de la condition masculine. Ce n’est pas un homme parce qu’il n’arrive pas à blesser l’hymen, sans être une femme parce qu’il a quand même le sexe masculin. Donc, c’est un homme qui a perdu son statut de genre humain. Les Arabes se demandent donc à quoi bon d’avoir le pénis s’il ne fonctionne pas convenablement. La préoccupation majeure d’un Arabe c’est, alors, le sort de son pénis : une fois incapable, il sent un grand malheur, voire la mort. C’est pourquoi, un Marocain de 31 ans, chauffeur de taxi avec qui Tahar Ben JELLOUN s’est entretenu, a dit : « Je veux recommencer, mais mon sexe baisse. Maintenant je suis mort, je suis fini, je suis tordu comme ça […] » (2) L’impuissance sexuelle signifie la mort. Le Marocain exagère mais ce qu’il veut dire, par là c’est qu’il est privé de plaisir et la femme avec qui il a effectué un rapport sexuel se moque de lui. Un proverbe malgache convient à cette situation « aleo maty toy izay afa baraka » (vaut mieux mourir que d’être déshonoré). La privation d’un homme impuissant en acte sexuel s’explique clairement par notre auteur comme suit : « L’impuissance sexuelle est donc vécue comme perte de tous les pouvoirs, de toute autorité du mâle
– le pouvoir de jouissance (perdu à double titre : pour son propre corps, pour I’ exercice du pouvoir et économique, etc.)
– le pouvoir patriarcal, dans le sens de la procréation, car I’ impuissance est assimilée à la stérilité, […]. Que I’ homme ne puisse plus être père, et le lignage est perdu :
– I’ autorité parentale (sur qui I’ homme va-t-il exercer son autorité ?) » (3)
Alors nous pouvons dire que la valeur morale d’un Arabe dépend de son pénis car c’est avec cela qu’il manifeste sa puissance, voire son importance dans la société. A ce propos, MALEKCHABEL dit: « Au pénis est attachée la notion de puissance sexuelle. Il est I’ organe de pénétration. Il se doit de ce fait d’être rigide en temps voulu. L’impuissant subit le calvaire de I’ hérésie. L’intolérance est double: ridicule de l’automutilation et culpabilité du non-engendrement » (1) Le beau frère de Nadia est à l’abri de cette misère. Ce qui lui donne une autosatisfaction que la narratrice relève dans I’ expression suivante: « Sûr de lui, content de lui, il aime se faire servir. Sa femme est aussi sa bonne » (2) On dirait que Kader est un roi. Seulement son royaume c’est sa famille mais non une population entière. Il a comme esclave sa femme puisque cette dernière s’exerce en qualité de bonne à tout faire mais non en tant qu’épouse (esclaves et bonnes font les mêmes tâches seulement on paye pour les bonnes). En tant que roi et non père de famille, Kader pense avoir tout le droit sur sa femme. C’est comme si il n’a pas contracté un mariage mais un achat, il a acheté la sœur de Nadia pour le servir. Peut-être que cet esclavage vient de la recommandation du Coran qui dit que : « Les hormones sont supérieurs aux femmes car Dieu leur a donné la prééminence sur elles et qu’ils les dotent de leurs biens » (3) Dans ce cas, la meilleure qualité physique, c’est-à-dire la puissance sexuelle qui rime avec la valeur sociale est complétée par la supériorité morale. Cela veut dire que la force physique, ou la performance en acte sexuel est accompagnée par le complexe de supériorité pour donner la virilité de I’ homme arabe. Dans ce cas, la femme n’est autre qu’un outil animé pour son mari, une propriété de I’ homme. Une propriété ne sert que pour être utilisée par le propriétaire suivant son utilité. C’est de cette manière donc que Kader traite sa femme comme une chose : il ne considère pas la douleur de sa femme et il I’ a fait travailler injustement à la maison. La raison de cette maltraitance serait que des Sourates disent : «Vos femmes sont votre champ. Cultivez le toutes les fois qu’il vous plaira. Prémunissez vos cœurs. Craignez le Seigneur et songe que vous retournerez à Lui » (4) « Il faut que les femmes se comportent avec la décence convenable, et que les maris aient sur elles la prééminence, Dieu est puissant et sage. » (5) La maltraitance de la femme est donc une pratique légale, car c’est conseillée par Dieu, c’est-à-dire, elle devient même un commandement à quoi la femme arabe doit obéir pour vivre sa condition féminine.
Rejet des conditions (masculine et féminine)
Pour comprendre cette nouvelle tendance, il suffit d’écouter le père de Nadia, la narratrice quant il fortifie sa fille de faire ce qu’elle veut : « Mon père me disait : fais ce que tu veux. Tu es celle qui ne me donne aucun souci. Tu es mieux que tes frères, qui se croient tout permis depuis qu’on leur a dis qu’ils étaient des hommes. J’ai confiance en toi. Fais ce que tu veux et ne viens jamais pleurer sur mes genoux. »(1) Le père de la narratrice a marre du fait que les arabes croient à la perfection de l’homme à la différence de la femme. Il élève la morale de sa fille en lui déclarant sa préférence pour elle par rapport à ses frères. Pour lui, il s’agit d’une fille qui peut avoir des bonnes idées, des bonnes stratégies pour réaliser ses projets de vie. Il ne se met pas donc à l’encontre de l’ambition de Nadia pour qu’elle soit toujours courageuse. Nous avons affaire à un homme qui pense qu’homme et femme se trouvent sur le même pied d’égalité. Cette égalité est célébrée dans la journée mondiale de la femme, le huit mars. Il a l’idée contraire que « les femmes ont moins de raisons que l’homme », c’est-à-dire il trouve que et l’homme et la femme ont tous plus de raisons ou bien moins de raisons. Le fait d’avoir raison ne dépend donc pas du sexe mais de chacun, selon son acte. Ici, c’est l’acte de Nadia qui l’a rendue mieux que ses frères. Son père est complice avec elle et cette complicité se manifeste dans le fait que tout les deux ne sont pas d’accord du mariage de sa sœur avec Kader: « Comme moi, il n’aimait pas Kader. Il disait que si ma sœur avait pu poursuivre ses études, elle aurai été aujourd’hui plus heureuse; elle aurai souhaité devenir médecin afin de démontrer à notre combien ses histoires ne tenaient pas debout. »(2) C’est pour dire que le mariage précoce est un crime contre l’humanité pour eux. Chaque chose a son temps : « études d’abord et mariage après si on le veut. » Cela nous explique que la femme peut contribuer à l’enrichissement de la ressource familiale, ressource financière surtout. Pour ce faire, il lui faut du travail et pour en trouver il faut étudier afin d’avoir le diplôme nécessaire. La sœur de Nadia souhaitait devenir médecin pour qu’elle ne soit pas censée se soumettre à son mari, ce qui est son sort d’aujourd’hui. Nous avons vu qu’elle était une bonne mais non pas un épouse car elle dépendait du travail de Kader: il la nourrit et, en échange, elle lui rend service même jusqu’à l’esclavage. Donc c’est le rejet total de ce qu’une Sourate dit: « Les hommes sont supérieurs aux femmes parce que Dieu leur donné la prééminence sur elle et qu’ils les dotent de leurs biens. »(1) Le sort de sa sœur est une leçon pour Nadia, et elle pense à une autre vie qu’elle a eue dans un rêve : « Je rêvais d’être mécanicienne dans un grand garage où je serais habillée de bleu et où je donnerais des ordres aux hommes qui traînasseraient au lieu de travailler. »(2) C’est une fille ambitieuse qui ne pense qu’à devenir « quelqu’un ». Ici, nous voulons dire que ce n’est pas le rêve qu’elle a pendant le sommeil mais le projet qu’elle a en tête et qu’elle pense démarrer ultérieurement. Elle refuse donc ce qu’Al-Bahi Al-Khouly dit: « la femme a été créée pour être épouse et mère [et rien d’autre] » Elle veut travailler, c’est de refuser ce destin unique de la femme, être uniquement mère et épouse malgré tout: « Une femme promène son corps dans un lieu de travail où il y a des hommes, et la perturbation s’installe, entraînant drames et divorces : « c’est pour cette raison que peu d’algérienne travaille. Il faudrait des hôpitaux, des usines, des universités, des bureaux entièrement mère féminins. La mixité, c’est la mère de tous les vices. Après tout, les hommes sont des êtres humains. » »(3) Pour Nadia, ce n’est forcément pas la collaboration avec les hommes qui conduit aux mauvaises mœurs mais la mentalité de chacun. Les hommes ont le droit de lui faire la cour mais ils n’ont le droit de la forcer. Si la femme ne consent pas, elle n’a qu’à refuser poliment et si elle est d’accord, personne ne peut l’empêcher même son mari légitime. Nous avons donc affaire à une fille prétendant avoir la liberté de penser, de choisir et de s’exprimer. C’est une fille maîtresse d’elle même. Bref, Nadia est une dépendant de sa conscience que définit Jean Jacques ROUSSFAU : conscience, instinct divin, immortel et voie céleste, juge un être ignorant et borné; un être intelligent et libre; juge infaillible du bien et du mal qui rend l’homme semblable à Dieu. Il n’y a pas donc de différence entre l’homme et la femme, ce qui donne l’impression de croire qu’il faut écouter tout le monde, femme ethomme, pour pouvoir faire quelque chose. C’est ce que Nadia constate et elle l’affirme à Yahia et Ali : « On ne peut pas avancer si la condition des filles reste ce qu’elle est. »(4) La femme est donc un élément nécessaire pour aller vers une meilleure condition de vie. Elle a une force morale, intellectuelle et pourquoi pas aussi une force physique. Ce que la narratrice veut dire par là, c’est qu’il ne faut pas minimiser les filles, leur capacité d’agir, car elles peuvent jouer un rôle important dans le développement humain. C’est ce que nous constatons dans l’analyse faite par ANDRIANALA Hugues : « Les femmes [algériennes] sont plus nombreuse$ (105 femmes pour 100 hommes lors de recensement de 1977); et elles ont tenu un rôle du premier plan dans la guerre de libération »(1) Nous avons affaire à une fille refusant la condition féminine maghrébine. Ainsi à propos du mariage de sa sœur, elle a une vision défavorable qui l’oblige à prendre décision : « Leur mariage est mon plus mauvais souvenir, ce fut aussi un moment décisif dans ma vie. J’étais chargée par les parents d’aller recueillir le drap dans lequel ma sœur avait perdu sa virginité. »(2) Nous avons suivi l’histoire de ce mariage, les deux qualités qu’attendait le couple lors de sa première rencontre, la nuit de noces : ce sont la puissance sexuelle de Kader et la virginité de la sœur de Nadia. C’est surtout le fait de ne pas avoir droit de repousser son mari malgré sa douleur que déteste Nadia. Sa sœur a beaucoup souffert mais elle a été obligée de respecter la tradition. Cela veut dire que ce mariage est forcé puisque la sœur de Nadia a manifesté un sentiment de dégoût : « Elle pleurait se plaignant qu’elle avait mal au ventre. »(3) Nadia donc ne veut pas avoir le même sort que sa sœur, c’est-à-dire qu’elle ne veut pas être « le champ de l’homme à cultiver » toutes les fois qui lui plairont, c’est pourquoi elle dit que le mariage de sa sœur fut un moment décisif dans sa vie. Elle a réalisé cette décision: « Je fis l’amour pour la première fois, apparemment, je n’étais plus Vierge »(4) Elle n’est pas mariée légitimement. Elle pense que si cet acte sexuel se faisait à la manière traditionnelle. C’est-à-dire s’il était fait comme celui de sa sœur, elle devrait être vierge. Mais là, elle n’était plus vierge mais son partenaire sexuel n’a rien dit puisque comme nous l’avons vu c’est un chrétien. Quelle serait sa réaction si c’était un Arabe musulman? C’est une scène que subissait un jeune marié arabe racontée par Malika à Souad: « Il faut que tu m’écoutes Souad ! J’ai tout vu […] J’étais là. Ma mère m’avait interdit de rester mais je voulais voir. Je m’étais caché dans mon coin […] quand le marié a ouvert la porte, je croyais qu’il allait montrer la chemise de nuit pleine de sang […]. Je te parle du mariage de ma cousine. C’était hier. Le marié est sorti de la chambre, il était en rage. Il pleurait. Il s’est tourné vers les hommes, ses oncles et ses cousins, et il a hurlé : « entre, essayez-la, elle n’est pas vierge ! » Et puis, il est parti en courant. La fête s’est terminée en cauchemar. »(1) Nadia se fout de cette colère car elle est prête à se rebeller. Sa rébellion est marquée aussi par le fait qu’elle a décidé de faire la politique: « La politique […] ce n’était ni mon style, ni ma baraka, D’un autre côté, il fallait bien y aller, ne pas se dégonfler. Ne pas laisser toujours la place aux mêmes, aux sortants. […] Mon père me taquinait à cause de ma petite taille; je n’en ai jamais fait un handicap, encore moins un complexe. »(2) Elle cherche une alternance de pouvoir, l’une des formes de la démocratie. Faire la politique demande une maturité d’esprit et une grande représentativité dans toutes les régions de son pays. Mais la narratrice prétend avoir toutes ces qualités requises. Si c’est le cas, elle s’est distinguée des autres femmes arabes, femmes ayant moins de raisons d’après la tradition. Nous avons donc affaire à une fille non complexée de sa féminité parce qu’elle a réussi à l’école comme les garçons : « Nadia parvient à suivre des études et à obtenir une licence d’économie. Elle entame même une maîtrise en sociologie et en urbanisme. En faisant des études aussi poussées, Nadia accroît le gouffre de génération ainsi que ses espoirs de mobilité sociale, et donc la distance d’avec ses origines familiales. »(3) Ce qui fait qu’elle a la certitude de présenter sa candidature sinon elle n’osera pas. C’est le cas que constate ANDRIANALA Hugues : « Analphabètes à 86%, les femmes algériennes ne jouent qu’un rôle de figuration dans la vie: les dernières élections aux Assemblées de Wilaya comptaient 655 hommes et 2 femmes, à l’Assemblée Nationale, C’est pour dire que c’est surtout son intellectualité qui a poussée Nadia à renoncer à la condition féminine traditionnelle arabe. Nous avons montré que Nadia ne voulait pas le rite traditionnel du mariage car pour elle ce n’est qu’une marginalisation de la femme. Elle a manifesté son mécontentement par l’entrée dans l’affaire politique comme tes hommes. Pour ce faire, elle va extirper la croyance qui la rend pudique.
Raisons de la xénophobie
La xénophobie que subit la famille de Nadia se manifeste surtout quand le Maire a rasé la maison construite confortablement par son père. Pourtant Monsieur Le Maire se donne raison de cet acte en expliquant à Nadia la fonction de son parti politique: « Les communistes se sont toujours battus pour que l’intérêt du plus grand nombre passe avant celui des particuliers. C’est cela la démocratie! on rase votre maison, on vous l’achète au prix du marché, puis on vous propose un grand appartement dans une superbe HLM » (2) Monsieur Le Maire s’appuie au soutien des plus grands nombres pour accomplir cet acte. Il pense que quoi qu’elle soit la réaction de cette famille immigrée, il ne lui arrivera rien de mal parce que le peuple est là, derrière lui. Cela veut dire que le Maire n’est qu’un agent exécuteur mais c’est le peuple qui décide. Peut être qu’il a lui-même un sentiment de haine envers les immigrés mais cela ne lui a pas fait décider, il attendait que tout le monde fut été partant. Mais quand même, cette haine ne va pas plus loin, le Maire n’a pas laissé cette famille errer. Seulement, il veut la mettre à une place bien déterminée (à un appartement dans une superbe HLM). Nous savons que c’est un grand endroit : « Immeuble construit sous l’impulsion des pouvoirs publics et dont les logements sont destinés aux familles à revenus modestes » (3) Nous comprenons donc que cette expulsion n’est que pour classer cette famille immigrée dans son rang convenable. Nous avons vu que l’immigration maghrébine en France est causée par la situation misérable des Maghrébins : ce derniers sont infortunés et se sont immigrés pour sortir de leur misère. Ce qui explique le complexe de supériorité du pays d’accueil qui veut garder toujours sa supériorité. La France est le pays souhaité, donc supérieur; Maghreb est le pays envieux, donc inférieur et mérite la HLM. C’est pourquoi, Nadia a une autre raison différente de celle de Monsieur Le Maire : « Il y avait là quelqu’un qui ne supportait pas l’idée qu’une famille d’Algériens puisse s’installer en centre ville; à ses yeux, un immigré devait habiter la zone, au mieux une cité de transit ou un logement social » (4) Pour Nadia alors c’est de l’hypocrisie du Maire qui lui a expliqué que c’était pour l’intérêt du plus grand nombre qu’il allait raser ce pavillon. Ce dernier est jaloux mais il n’a pas manifesté son sentiment parce qu’il en a honte. Le fait qu’une famille algérienne habite un appartement confortable annonce aux autochtones un renversement de l’hiérarchie des classes sociales dont nous avons parlé ci-dessus, d’ou la décision de la remettre à sa place à son rang inférieur. La mairie a un devoir envers la commune parce qu’elle est la responsable du désordre social causé par la surpopulation. Etant surpeuplée, la ville va connaître des casses, d’accidents de la route etc. La dispersion des immigrés dans le centre ville rend difficile la politique municipale. La solution est donc de les regrouper dans un logement social pour pouvoir les surveiller. D’ailleurs, la narratrice avoue qu’il y a un désordre causé par les adolescents immigrés : « L’instituteur avait amené sa classe visiter la mairie et assister à une cérémonie officielle dans la salle des mariages. Age moyen: onze ans. […]. Je reconnus Rachid, l’aîné de la bande. Son frère était en prison depuis deux ans par une affaire de bijoux dérobés à une actrice pendant le tournage d’un téléfilm à sarcelles. Rachid était probablement le meneur. C’est lui qui avait dû repérer le tiroir su un agent municipal déposer l’argent des quêtes. Les quatre autres garçons avaient dû occuper son attention pendant que Rachic opérait. Mille deux cent francs ! Deux cent francs chacun, quatre cent pour Rachid » (1) Ce qui fait que ces immigrés ne sont pas sociables, c’est comme si ils veulent affecter à la France leur pauvreté. L’immigration maghrébine est donc devenue une marrée noire, un cataclysme qui touche la société française. Face à cela, les Français tentent de sauver le pays en les contraignant afin qu’ils aient de pudeur tant qu’ils ne sont pas chez eux. Cela nous explique que la haine française à l’égard des Maghrébins ne vient pas seulement de leur complexe de supériorité mais aussi de la mauvaise conduite de ces gens là. Leurs enfants cassent tout selon le dire du père de la narratrice. L’immigration leste donc la fonction des dirigeants politique en France car, au lieu de travailler directement pour le développement économique, ils perdent leur temps à arranger ces étrangers. Donc le logement social a pour but d’éviter des casses partout. C’est pourquoi : « Le conseil municipal de Beaucaire après deux ans d’exercice le 04 avril 85 arrête ses positions en matière d’immigration. Deux chiffres essentiels sont avancés: la commune compte « 25% d’immigrés et 40% […] travaillent à l’extérieur de Beaucaire, de Grenoble à Toulon ». Deux mesures sont prises ou souhaitées, « stopper toutes les nouvelles entrées d’immigrés », « diminuer le nombre d’immigrés existant ». Des actions sont demandées à l’Etat: refouler les clandestins, loger les immigrés, par le jeu du logement social, sur leur commune de travail, ou sur des communes moins touchées par l’immigration » (2) A travers cet arrêté de Beaucaire, nous ne savons pas le type d’immigré concerné, tout le monde semble être ciblé par cet arrêtée. Cependant le père de la narratrice lui explique que le Maire agit avec partialité: « Bourru s’est permis de démolir notre maison parce que, pour lui, nous ne sommes que des Algériens. Jamais il n’aurait osé faire çà à des immigrés Portugais ou Espagnols »(1) Cela nous montre que la xénophobie française ne s’applique qu’aux gens du continent étranger. Les Français ont besoin des Européens car ils sont tous sur le même niveau de développement par rapport au pays d’Afrique. Ce qui fait dire qu’il y a une interdépendance entre les Européens. Cette interdépendance est causée par la confiance réciproque entre eux. Le cas des Européens entre eux n’est pas le même entre les Français et les Africains: les Français sont riches tandis que les Africains sont pauvres, donc envieux et voleurs. Il faut alors une politique de sécurisation de la commune, voire un logement social pour les immigrés afin de pouvoir les persécuter. Autrement dit, c’est pour la fortune française que les Espagnols et les Portugais sont là, tandis que les Algériens y sont, pour affecter leur misère à la France. D’où la haine française envers eux. C’est ce que le père de Nadia explique à sa fille: « Ici ou ailleurs, en France ou en Algérie, sache qu’il faut éviter d’être pauvre. Un homme sans moyen sera écrasé. Et la justice? Me dira-tu. Il y a une justice pour les riches et une autre pour les pauvres »(2) Dans ce cas, c’est par vanité que les Français manifestent cette attitude envers les Maghrébins. Pourtant la narratrice interprète autrement ces problèmes: le passé historique de ces deux pays a un impact sur leur relation d’aujourd’hui. Elle le rappelle comme suit : « Comme s’il fallait raser à tout prix cette habitation qui rappelait trop l’Algérie au Maire et à ses électeurs. Il est vrai que le Maire avait été soldat dans les Aurès en 1960 mon père n’ignorait rien de cela, mais demeurait silencieux »(3) C’est fort clair si la lutte de l’indépendance algérienne suscite une rivalité entre les deux pays’ Cette lutte a provoqué une grande peine en France parce que les Algériens avaient la victoire, les Pieds-noirs devaient se rapatrier. Cette vague de rapatriés a bouleversé la tranquillité de la politique française. C’est le malaise français dont Alain PEYREFITTE parle : « A organiser l’accueil et le reclassement des rapatriés d’Algérie, je n’allais passer que trois mois. Administration d’urgence, pour une situation d’urgence. Mais je sentis bientôt tout ce que cette définition avait d’inadéquat : par essence, notre administration se montrait inapte à traiter les urgences. En décembre 1961, le parlement avait approuvé une loi-cadre qui donnait les moyens d’accueillir en quatre ans le quart de la population d’Afrique du Nord. Le législateur n’avait ‘ pas imaginé qu’en quelques semaines, une panique allait jeter sur nos rives, sans esprit de retour, presque tous les Pieds-noirs. En septembre donc, nous devions loger 900.000 français : enfants à placer dans des écoles; vieillards à accueillir dans des maisons de retraite ; agriculteurs, commerçants, employer, salariés, à réinstaller, souvent à reconvertir. Ce raz de marrée servit de révélateur à tout ce que la France comptait d’inadapté. Qu’il était difficile de monter une nouvelle formule de financement, de lancer un programme de logement, d’ouvrir des classes I Notre petit commerce pléthorique, notre agriculture attardé, recevait comme une agression des Piedsnoirs […] » (1) La xénophobie française vérifiée par l’histoire familiale Nadia est due au problème du passé historique de ces deux pays. Les Français constatent que ce n’est pas par amour que les Maghrébins sont vénus en France mais pour la coloniser à leur tour. La question peut se poser pourquoi les Maghrébins renvoyaient-ils les Pieds-noirs alors qu’ils veulent habités la France après ? Autrement dit : d’un côté ils haïssent les Français et de l’autre ils veulent s’y enrichir. La haine maghrébine envers les colons est ripostée par les Français en haine également. Ici c’est la scène de « l’œil pour œil et dent pour dent »: « xénophobie française pour décolonisation maghrébine ». On dirait que les Algériens voulaient simplement récupérer leurs matières premières exploitées impitoyablement par les colons pendant la colonisation. C’est pour cette raison que les Français ne se laissent pas faire. Ils veulent toujours garder la richesse qu’ils ont trouvée en Algérie. La présence d’une famille algérienne enrichie en France signifie pour les autochtones que les anciens colonisés réussissaient à atteindre leur but c’est-à-dire la récupération de leur bien. L’enrichissement de la famille de Nadia se vérifie par le fait qu’elle est dans une situation mieux que les autochtones. La narratrice l’affirme : « La plupart de nos voisins, eux, ne bénéficiaient pas de ce confort; ils devaient sortir de chez eux pour aller faire leur besoin aux cabinets communs à l’étage. Nous étions des privilégiés. Que nous vivions dans une vraie maison avec beaucoup de fenêtres, c’était, pour les gens de la Mairie une véritable provocation » (1) En plus, la narratrice a une autre raison de la xénophobie française lorsqu’elle raconte l’histoire d’un garçon Kabyle: « On ne savait pas comment il avait fait fortune, mais son père disait qu’on l’avait payé pour renoncer à l’Islam et à l’identité Kabyle » (2) Ainsi les autochtones sont très exigeants en ce qui concerne la religion et la culture. Quand les immigrés vivent en France sans contrainte, ce sera facile pour eux de coloniser culturellement les Français de France. Nous comprenons à travers cela que les Français sont chrétiens dans la majorité. L’islam et le christianisme sont deux religions contradictoires. Nous l’avons vu lors de la présentation du problème culturel de Nadia et ses deux amis : Yahia et Ali qui lui interdisaient de sortir avec un chrétien non circoncis. C’est ainsi que des mères françaises coupent la relation de leurs enfants avec ceux des Arabes : « Le besoin des femmes de rompre leur isolement est aperçu car elles vivent ici en marge, coupées de tout, elles se fréquente entre elles mais ne se font pas facilement accepter par les Beaucairoises donc elles ont tendance à ne rester qu’ensemble chez les unes ou les autres. Même au cour de leurs promenades auprès avec leurs enfants, certaines ont subi l’affront des Beaucairoises qui empêchent leurs enfants de jouer avec les leurs » (3) Donc c’est pour éviter l’influence de la culture arabe que ce jeune kabyle a été payé pour renoncer à sa tradition. Ici donc, les Français ont un doute comme ces Beaucairoises sur l’influence de la tradition. Autrement dit, ils pensent que les jeunes français suivront ce nouveau mode de vie nouvel apporté par les Maghrébins et, dans te cas, l’identité française disparaîtra. Donc, ils font tous les moyens pour que cette identité nouvelle ne domine pas. Finalement, c’est toujours la narratrice qui interprète de façon différente leur misère en France. Maintenant, elle pense que la raison de cette misère est une raison politique : « Pour moi, l’affaire était politique et teintée de racisme. La partie communiste français entendait démontrer qu’il était, lui aussi, capable d’en faire voir aux immigrés » (4) La politique française est entre deux tendances différentes les unes des autres. Chacune de ces tendances veut se montrer forte vis-à-vis de l’autre. Mais ici, le moyen de démonstration de force d’après Nadia, c’est la torture des étrangers. Que ceux-ci soient avec les communistes ou non, cela n’a rien avoir avec sa réussite. Au contraire, si les étrangers ne sont pas contents, ils n’ont qu’à rentrer chez eux et c’est cela surtout que le public français souhaite. Par conséquent, un parti politique qui torture les immigrés afin qu’ils rentrent sera jugé meilleur et restera au pouvoir pendant longtemps. C’est pour nous dire que les Français n’ont aucune pitié pour les Maghrébins. Ils constatent que ces immigrés les empêchent de respirer c’est-à-dire ils constituent un blocage à l’épanouissement du pays. Tout cela revient économique, culturelle impérative a et dire que la xénophobie est pour des raisons sociale, politique. Alors elle se manifeste sous une forme impérative.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : IMMIGRTION ET TRADITION MAGHREBINE
Introduction
I.I Les traditionalistes
I.I.1 Condition masculine
I.I.2 Condition féminine
I.I.3 Vie spirituelle
I.II Les intégristes
I.II.1 Rejet des conditions (masculine et féminine)
I.II.2 Extirpation de la croyance
Conclusion
PARTIE II : IMMIGRATION ET RELATION SOCIALE FRANCAISE
Introduction
II.I Xénophobie anti-maghrébine française
II.I.1 Raisons de la xénophobie
II.I.2 Manifestation de la xénophobie
II.II Réaction anti-xénophobie maghrébine
II.II.1 Manifestation de l’anti-xénophobie
II.II.2 Le malaise de l’anti-xénophobie
II.II.3 Procédés de l’auteur
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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