Au cours du XXème siècle, les problèmes spécifiques aux villes modernes sont apparus plus clairement et un traitement global, notamment au niveau social de ces problèmes est apparu nécessaire. C’est ainsi que le terme « politique de la ville » est apparu dans la deuxième moitié du XXème siècle. Cette politique de la ville consiste en un ensemble d’actions de l’Etat français et de ses collectivités ayant pour objectif de revaloriser certains quartiers urbains dits « sensibles » et de réduire les inégalités sociales entre territoires. Elle s’appuie sur une articulation d’interventions basées sur le domaine du bâti, économique et social (F. Chobeaux, 2004). Les quartiers dits «sensibles » sur lesquels la politique de la ville doit travailler en priorité se sont multipliés depuis 1990. Si actuellement la catégorie la plus utilisée est les ZUS (Zones Urbaines Sensibles), qui concentrent la majorité des quartiers que la Politique de la Ville considère en difficulté, il existe d’autres types de quartiers classés. Tous ces quartiers sont considérés en difficulté au regard de nombreux critères tels que l’emploi, les revenus, le logement, la précarité… C’est sur ces quartiers que la plus grande partie des actions sociales et politiques s’exercent.
La Politique de la Ville a évolué en même temps que les cadres institutionnels français (RGPP : révision générale des politiques publiques, Lolf : loi organique relative aux lois de finance du 1er août 2001, réforme des collectivités locales). Les enjeux de cette politique se sont donc redéfinis et sont les suivants : réduire les écarts de développement entre les territoires prioritaires ; mieux intégrer ces territoires à la ville ou agglomération ; améliorer la vie quotidienne des habitants de ces quartiers ; favoriser l’égalité des chances. Le contexte social et sociétal en France aspire à d’autres formes d’organisations, obligeant les institutions locales et les professionnels à s’adapter (JF. Bernoux, 2005). Devenue trop complexe et illisible, l’État a souhaité la construction de la Politique de la Ville avec les habitants (Urbanisme n°391, 2011).
Cependant à l’heure actuelle, il apparait que la coordination de ces instruments présente des faiblesses dans leur aboutissement, de nombreux changements ayant régulièrement lieu. De grands projets de réhabilitation, destruction ou encore reconstruction ont été menés mais sans succès. L’activité économique des zones sensibles reste difficile à faire rebondir. Les développements précédents devaient être réalisés autour de la dimension sociale, mais cette dernière a été contournée voire ignorée dévalorisant ainsi les acteurs intervenants dans le social.
Cheminement
Le sujet initial de notre PFE était le suivant : « Étude urbaine/étude sociale : une coopération pour améliorer les cadres urbains ». L’objectif était de proposer une analyse critique des transformations sociales en cours et souhaitées par la municipalité et les acteurs sociaux à l’échelle micro-locale. Après recherches, nous avons découvert qu’un des outils qui apparait actuellement pour ces transformations est le projet social de territoire (PST). Cet outil permet de réaliser de réaliser des diagnostics plus détaillés sur les quartiers en prenant en compte tous les aspects du quartier ainsi que les relations entre les différents acteurs. Nous avons tout d’abord eu l’opportunité de nous rendre plusieurs fois au centre social Courteline de Tours afin de rencontrer Jean Chausson le directeur du centre social et de découvrir le rôle que jouait un projet social de territoire (PST) pour un quartier. Le centre social et en particulier son directeur réalise actuellement un PST sur les quartiers autour de Courteline (centre-ville de Tours). Après cette découverte, nous avons réalisé qu’il était difficile de déterminer l’impact d’un PST sur les quartiers car leur mise en place est trop récente pour véritablement en voir les conséquences. Nous avons donc choisi d’élargir notre recherche à l’étude des projets sociaux dans les Zones Urbaines Sensibles (ZUS). L’Insee définit ces zones urbaines sensibles comme «des territoires infraurbains définis par les pouvoirs publics pour être la cible prioritaire de la politique de la ville, en fonction des considérations locales liées aux difficultés que connaissent les habitants de ces territoires ». Nous approfondirons plus tard cette notion de ZUS. Étudier la politique sociale dans les ZUS nous semblait un choix intéressant pour mener cette étude car c’est dans ces quartiers que se concentrent la majorité des projets sociaux. Notre choix d’étudier les ZUS a ensuite entrainé la nécessité de se concentrer sur des portions du territoire et nous avons ainsi décidé de nous concentrer sur deux quartiers en ZUS d’Indre-et-Loire : La Rabière et le Sanitas. Nous détaillerons plus loin le choix de ces deux quartiers. Après une réflexion de plusieurs semaines sur cette thématique et sur les raisons pour lesquelles la situation sociale dans les ZUS reste difficile nous nous sommes intéressés à la possibilité que la politique de la ville recherche simplement à créer un effet tremplin dans les ZUS. Nous avons ensuite essayé d’incorporer le PST en cherchant ce qu’il pourrait apporter de nouveau.
Présentation des terrains d’étude
Les deux ZUS choisies sont celles du Sanitas à Tours et celle de La Rabière à Joué Lès-Tours. Nous les avons retenues car elles sont situées dans les deux plus grandes villes d’Indre-et-Loire (37) et présentent les mêmes facteurs : des grands ensembles d’immeubles collectifs, une fonction à grande majorité résidentielle du territoire, des groupes sociaux similaires, une concentration de plusieurs groupes ethniques plus importante que dans le reste de la ville. Nous allons maintenant présenter brièvement ces deux quartiers.
Historique
Le quartier du Sanitas a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale pour répondre aux besoins importants en termes de logements que connaissait la ville de Tours. La construction de ce quartier de 46 hectares, débutée en 1954, a nécessité l’acquisition d’une partie de l’emprise ferroviaire de la gare de Tours située à quelques mètres (expropriations et déménagements de certaines entreprises). Les deux grands axes structurant le quartier sont l’avenue du Général de Gaulle et le boulevard de Lattre de Tassigny. L’OPAC de Tours, maintenant appelé Tour(s) Habitat, est le premier opérateur à construire des logements au Sanitas. La construction de ces logements s’est étalée sur une période d’environ dix ans. Le quartier jouit d’une situation stratégique au sein de la ville de Tours grâce à sa proximité directe avec la gare, le centre-ville ainsi que de nombreux équipements publics (église, école primaire, collège, marché…). En 2006, le Sanitas regroupait 8785 habitants, représentant 6,4% de la population tourangelle (source : INSEE).
Définitions
Cohésion sociale
Le concept de cohésion sociale a été développé en 1893 par le sociologue Emile Durkheim. Il a bien évidemment évolué comme le montre le tableau situé à la page suivante. Depuis une vingtaine d’années, la thématique de la cohésion sociale est de plus en plus présente aussi bien dans le monde institutionnel, associatif, professionnel que dans les médias (S. Hoibian, 2011). Par exemple, le Conseil de l’Europe l’a placé dans l’une de ses préoccupations prioritaires en la définissant telle que « la capacité d’une société à assurer le bien-être de tous ses membres, en réduisant les disparités au minimum et en évitant la marginalisation ». Il est important de préciser qu’il est difficile de trouver une définition exhaustive et commune aux intérêts de tout le monde. Néanmoins, les notions suivantes sont partagées par le plus grand nombre :
– la réduction des inégalités : la cohésion sociale a pour principal objectif de lutter contre les exclusions et améliorer les mécanismes de redistribution des richesses et de protection sociale.
– l’unité : étymologiquement, la cohésion définit la propriété d’un ensemble dont toutes les parties sont unies. L’unité fait référence ici aux valeurs et aux normes partagées ainsi qu’aux projets effectués d’une manière collective et commune.
– le faire la société, vivre ensemble : la cohésion sociale se différencie de l’action sociale traditionnelle par son désir de vouloir tisser des liens sociaux entre tous les membres d’un même groupe social. Par l’intermédiaire d’incitation à une participation à la vie politique, associative ou syndicale, elle tente de développer chez tous ces membres une démarche de citoyenneté.
– le bien-être : ce terme, présent dans la définition de la cohésion sociale du conseil européen, ne peut être obtenu qu’à condition qu’il soit partagé. Un groupe social ne peut vivre en harmonie si un autre partage un mal-être. La cohésion sociale ne peut être atteinte qu’en respectant une certaine équité entre les différents groupes sociaux
La pérennité de la cohésion sociale ne peut être assurée que par les liens entre les personnes et les structures (Conseil de l’Europe, 2005). Il ne faut pas perdre d’optique que cette vision n’est pas linéaire. En effet, un système social est constitué de plusieurs formes de liens, de dynamiques et de processus complexes construits à différents niveaux.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Partie 1 : Cadrage du sujet
1. Choix du sujet
2. Définitions
3. Méthode de recherche
Partie 2 : Contextualisation
1. Historique de la politique de la ville
2. D’une multiplication des zonages vers une simplification
3. La mise en place du Projet Social de Territoire (PST)
Partie 3 : Une situation sociale ne s’améliorant pas dans les ZUS
1. Analyses des statistiques
2. Entretiens et questionnaires
Partie 4 : Les dispositifs mis en place par la Politique de la Ville ont un effet de « tremplin social » pour les habitants des ZUS
1. Analyses des statistiques
2. Entretiens et questionnaires
3. Une politique qui traite davantage les habitants que les quartiers
Partie 5 : Les ZUS sont-elles vouées à conserver ce rôle de « tremplin social »?
1. L’État ne s’est jamais désengagé
2. Les institutions publiques préfèrent se reposer sur la thématique du ghetto
3. Une nouvelle image de la Politique de la Ville à travers un nouvel instrument : le PST
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES ILLUSTRATIONS
TABLE DES ABRÉVIATIONS
TABLE DES MATIÈRES
ANNEXES
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