L’anticipation par l’enseignant de la gestion de classe
Les enseignants qui choisissent d’anticiper la gestion de classe vont donc préparer en amont les différents dispositifs et règles qu’ils souhaitent imposer à la classe. La préparation se fait donc pour la plupart pendant les vacances afin de pouvoir les proposer dès le premier jour de classe. Cette façon de faire permet aux élèves de connaître dès le début les attentes de l’enseignant et de prendre ainsi des habitudes quand au respect de ces règles et de ces dispositifs. Selon ces chercheurs, un professeur qui enseigne efficacement doit imposer suffisamment de règles dès le début de l’année mais également proposer des routines efficaces aux élèves. Les routines sont pour eux un moyen de gérer la classe efficace. En effet, si elles sont vraiment bien intégrées dans le fonctionnement de la classe, les élèves appliquent naturellement les gestes et déplacements associés. En parallèle, l’aménagement de la classe doit être pensé de façon à permettre d’optimiser la classe afin d’éviter les déplacements inutiles. Pour permettre aux élèves d’adhérer à ces dispositifs et règles, le professeur doit dans tous les cas expliciter les attentes qui y sont liées ainsi que pourquoi il les impose. Par exemple, certaines règles sont obligatoires dans une classe et dans une école pour des raisons de sécurité, ou encore pour que chacun se sente bien au sein de la classe. Les élèves seront plus impliqués s’ils comprennent pourquoi ils doivent respecter toutes ses règles. De plus, le fait de rappeler que [Tapez ici] ces règles ne sont pas simplement imposées par le professeur mais bien pour des raisons extérieures permet de s’appuyer sur un cadre institutionnel et donc autre que personnel. Pour permettre aux élèves de s’approprier ses différentes règles, l’enseignant doit donc faire preuve d’une discipline équitable et cohérente. Si l’enseignant applique des sanctions, elles doivent donc être justifiés et respecter une certaine impartialité. Pour répondre à ce besoin, l’anticipation des différentes sanctions doit être prévue. En effet, selon Erick Prairat (Prairat E. (2011) : « Il n’est pas d’éducation sans sanction », or Leinhart et Shulman (Martineau S., Gauthier C. (1999) p.469) ont évoqué le fait que l’enseignement a deux fonctions : instruire et éduquer. Donc selon ces chercheurs, la sanction doit faire partie de l’enseignement car elle possède une triple fin :
• La finalité éthique de la sanction permet d’attribuer à l’autre la responsabilité de ses actes et ainsi de prendre conscience des actes de chacun.
• La sanction rappelle la primauté de la loi partagée par tous et donc répond à une finalité politique.
• Enfin, la sanction permet de renouer le lien social entre le groupe et la personne aux comportements inadaptés, elle prend ainsi une finalité sociale.
La sanction doit donc faire partie de la classe pour permettre aux élèves de comprendre et de s’approprier les limites du cadre symbolique imposé par l’enseignant. Dans tous les cas, elle se doit d’être explicitée : en quoi l’élève a transgressé les règles et quelle sanction s’impose. Si les sanctions sont anticipées, les élèves ne pourront les contester car elles sont partagées par tous. Elles ne sont ainsi pas arbitraires et permettent une impartialité de l’enseignant.
Les intérêts et apports de la pédagogie coopérative
Selon l’OCCE (l’Office Centrale de Coopération à l’école) (OCCE, La pédagogie coopérative c’est quoi ?), « la pédagogie coopérative repose sur une philosophie de l’instruction qui place l’élève en tant qu’acteur de ses apprentissages, capable de participer à l’élaboration de ses compétences en coopération avec l’enseignant et ses pairs. » Cela implique pour l’enseignant de mettre en place des conditions propices à la coopération comme le travail de groupe, d’équipes, l’aide mutuelle… Les élèves ne sont pas mis en compétition comme dans certaines méthodes, mais doivent s’entraider pour arriver à répondre à la tâche. Dans ce sens,des recherches prouvent que les apprenants vont plus loin dans leurs réflexions lorsqu’ils sont à plusieurs que lorsqu’ils sont tous seuls. De plus, ils apprennent mieux de leurs erreurs et comprennent mieux les objectifs à atteindre. Dans ces écrits, Jean-François Vincent (Vincent, JF. (2006)) développe le fait que ce type de pédagogie se base sur des méthodes apparues il y a des siècles. Au début du 17ème siècle [Tapez ici] 11 Comemius avait pour objectif d’alléger la tâche de l’enseignant. Ce dernier enseignait à un élève les savoirs pour que celui-ci le transmettre aux autres élèves. Ainsi, l’enseignant faisait participer les élèves au sein de la classe en tant que relais du savoir. Plus tard, avec les apports de Voltaire et Rousseau notamment, la place de l’enfant à changer au sein de la famille et par conséquent elle est remise en cause au sein de l’école. Au 20ème siècle, le pédagogue Freinet développe une pédagogie coopérative car l’individualisme et l’aspect contraint et artificiel de la pédagogie traditionnelle le rebutaient. Ainsi, il choisi la coopération comme moteur d’un nouveau modèle d’apprentissage. Le pédagogue estime que les enfants apprennent mieux grâce aux échanges entre pairs. Ce type de pédagogie a une visée au delà de l’école, en effet, à cette époque une volonté de changer la société pour permettre aux enfants de devenir des citoyens libres et responsables se fait ressentir. Ainsi, en changeant l’école, c’est la société du futur qui change également. L’une des conditions pour que cette pédagogie fonctionne est qu’elle doit être bien encadrée par l’enseignant. Pour que la pédagogie de coopération fonctionne, l’enseignant doit savoir instaurer un cadre symbolique partagé au sein de la classe. Selon le pédagogue Sylvain Connac (Connac, S. (2009)) « la classe coopérative favorise l’émergence d’apprentissage conséquents, persistants et faisant sens en permettant à l’enfant d’élargir son champ de travail et d’aiguiser sa conscience d’exister ». La vie de la classe doit ainsi se baser sur des situations de coopération réfléchies et proposées par l’enseignant pour qu’elle fasse partie intégrante de la vie de classe. Ainsi, cette méthode s’appuie sur des outils et des situations permettant aux élèves de progresser dans des situations de coopération.
Les mises en place possibles
Sylvain Connac (Connac, S. (2009)) regroupe dans son livre « Apprendre avec les pédagogies coopératives » différentes situations et outils permettant de développer la pédagogie coopérative au sein de la classe. Dans un premier temps, il conseille d’adapter l’organisation matérielle de la classe. Il préconise de développer l’aide, entraide et le tutorat pour permettre la coopération entre pair en s’appuyant sur la transmission du savoir entre élèves. Il conseille également de repenser la gestion de l’espace et du temps scolaire pour permettre les déplacements et ainsi l’augmentation de la liberté de chacun. Dans un second temps, il préconise de développer la coopération du point de vue de l’enseignement avec par exemple des plans de travail et la personnalisation des apprentissages ainsi que d’autres situations comme l’écriture libre, la correspondance et le journal scolaire ou encore les discussions à visée philosophique. Enfin, dans un troisième temps, l’auteur développe la coopération du point de vue de la relation avec l’instauration d’espaces de parole et d’expression, la prise de responsabilités ou encore la prévention des violences. Dans tous les cas, la pédagogie coopérative préconise de mettre en place un conseil d’élèves et de coopération régulier afin de permettre la communication entre tous les acteurs de la classe. Ce conseil doit permettre à tous de communiquer sur les problèmes éventuels au sein de la classe, mais il doit également avoir pour objectif de discuter autour des décisions pour la classe (pédagogique, relationnel…). Comme évoqué précédemment, la coopération est au centre de la vie de classe dans cette pédagogie, ainsi l’objectif est que chaque élève s’implique lors de ces conseils et que le groupe se mette d’accord pour trouver des solutions, pour faire des propositions pour améliorer la vie de classe ou encore pour débattre sur des sujets que les élèves trouvent importants.
L’évolution du climat de classe dans mon enseignement
Ainsi pour en revenir à l’évolution du climat au sein de la classe : à la rentrée de septembre, tous les élèves ont donc un niveau scolaire correspondant aux attentes de fin de CP. Je constate que la grande majorité des élèves est très performante à l’écrit, cependant les séances à l’oral en collectif sont souvent sujettes à des bavardages sans rapport avec le sujet traité de la part des élèves et donc à des reprises de ma part, mais cela reste minime et ne perturbe pas la passation des séances. Le climat de classe est serein, les élèves apprennent à se connaître, communiquent et il n’y a pas de réels problèmes entre eux. Lors de la période deux, à partir du mois de novembre, une dégradation du climat au sein de la classe s’est faite ressentir. Du point de vue de la relation entre les élèves : les élèves ont du mal à communiquer et se disputent beaucoup, des tensions entre voisins de classe ou sur la cour de récréation sont présentes, à l’oral une non-écoute entre eux au sein la classe est visible. Ainsi que du point de vue de l’ambiance de travail : les élèves ont beaucoup de mal à se mettre au travail et à maintenir un niveau sonore correct ou encore silencieux. Les séances, notamment les moments à l’oral et en collectif, sont sans cesse perturbés par les interventions du professeur pour imposer le silence, pour recadrer un ou des élèves ou encore pour remobiliser certains dans l’activité. Ainsi, la question de recherche suivante s’est posée : comment instaurer un climat de classe serein et propice aux apprentissages en classe ?
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Table des matières
1. Introduction (questions de recherche, problématique)
2. La gestion de classe au cœur du métier d’enseignant
2.1. La place de l’enseignant dans la gestion de classe
2.1.1 L’anticipation par le professeur de la gestion de classe
2.1.2 La sanction
2.1.3 L’importance des choix didactiques
2.2 Les pédagogies coopératives
2.2.1 Intérêts et apports de la pédagogie coopérative
2.2.2 Les mises en place possibles
3. Contexte d’exercice
3.1 Contexte de la classe
3.1.1 Climat de classe
3.1.2 Dispositifs et outils déjà mis en place
3.2 Recueil de données
3.2.1 Choix du recueil des données
3.2.2 Résultats et analyse du recueil de données
4. Présentation du dispositif et résultats
4.1 Dispositif choisi : le conseil d’élèves et de coopération
4.1.1 Objectifs du conseil d’élèves et de coopération
4.1.2 Règles et déroulement
4.2 Résultats et analyses
4.2.1 Description des séances effectuées
4.2.2 Mise en place en classe
4.2.3 Analyse des résultats
4.2.4 Limites et améliorations envisagées
5. Conclusion
6. Bibliographie
7. Annexes
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