Les douleurs lombaires chroniques

Incapacités liées aux relations interpersonnelles

En plus d’avoir des répercussions les activités quotidiennes, les douleurs lombaires amènent également une série de problèmes entre la personne touchée par la condition et son entourage. En effet, les individus touchés indiquent que les relations qu’ils entretiennent avec leur entourage sont altérées en raison de leur condition, et que les interactions avec leurs proches sont particulièrement affectées (conjoints/conjointes, parents/enfants, amis proches et autres membres de la famille) (L. H. De Souza & Frank, 2007). Ainsi, plusieurs expriment le besoin d’être épaulés par leurs proches, mais rapportent également ne pas vouloir être un fardeau pour ceux-ci et évitent donc souvent de faire étalage de leur douleur en présence de leur entourage. De plus, certains indiquent qu’ils évitent les activités familiales de manière à ne pas gâcher l’activité pour les autres personnes présentes (C. Campbell & Guy, 2007). À l’inverse, d’autres entreprennent des activités susceptibles de compromettre leur condition ou d’exacerber leurs douleurs, uniquement de manière à préserver ou à entretenir leurs relations avec leurs proches (Holloway, Sofaer-Bennett, & Walker, 2007). Donc peu importe la décision prise concernant la participation aux activités avec leurs proches, la qualité de vie de ces individus s’en trouve affectée. Il est donc peu surprenant que les activités sociales amènent plusieurs inquiétudes et soient une source de stress additionnelle (Froud et al., 2014). Finalement, en plus des activités sociales, les relations sexuelles amènent également leur lot de complications, car la participation peut entrainer une exacerbation des symptômes, alors que l’abstinence peut engendrer des difficultés maritales et de la frustration pour chacun des partenaires concernés (L. De Souza & Frank, 20 Il).

Incapacités liées au travail

Plusieurs personnes aux prises avec des douleurs lombaires chroniques mentionnent qu’elles doivent être prudentes dans chacune des activités qu’elles entreprennent, et cette réalité les suit également lorsqu’il est question du travail (Young, Wasiak, Phillips, & Gross, 20 Il). En effet, lorsque c’est possible, plusieurs modifient leurs tâches au travail de manière à éviter une exacerbation de leur condition ou une récurrence de douleur. Les interactions sociales avec les collègues sont également altérées, soit par l’incapacité de l’individu à effectuer son travail (entrainant ainsi des conflits avec ses pairs), ou en raison de l’incrédulité des collègues (ou employeurs) face à la condition, en l’absence de diagnostic précis (Froud et al., 2014). Ainsi, certains s’absentent du travail afin de se « soigner» entrainant par le fait même une perte de revenus, alors que d’autres utilisent leurs journées de congé ou de vacances de manière à traiter leur condition afin de poursuivre leur travail (Walker, Sofaer, & Holloway, 2006). Bien que ce comportement ne se traduise pas par une absence au travail, celui-ci entraine une perte de jouissance en dehors des heures de travail qui se traduit par un impact sur la qualité de vie (Walker et al., 2006). D’autres demeurent au travail (car ils sont inéligibles pour des journées de maladie et ne peuvent se permettre les réductions de salaire) et continuent de s’affairer à leurs tâches quotidiennes, bien que ces tâches ne soient pas effectuées aux pleines capacités de l’individu (L. De Souza & Frank, 2011; March et al., 2014).

Finalement, bon nombre d’individus aux prises avec des douleurs lombaires se questionnent face à leur sécurité d’emploi en raison de ces modifications de tâches (Froud et al., 2014), mais également, car ils en viennent à se questionner sur leur valeur en tant que travailleurs (Tveito, Shaw, Huang, Nicholas, & Wagner, 2010). La stigmatisation associée aux douleurs lombaires pose également un problème important pour les personnes touchées, qui rapportent à quelques reprises que leurs employeurs, et même certains médecins, sont incrédules face à leur condition, ce qui contribue à exacerber leur anxiété (Young et al., 2011).

Malgré les nombreux impacts sur la vie quotidienne, et la forte prévalence des douleurs lombaires chroniques, la physiopathologie sous-jacente reste nébuleuse. Toutefois, même si l’étiologie demeure inconnue, cela n’empêche pas que plusieurs facteurs soient fréquemment rencontrés chez les individus aux prises avec des douleurs lombaires chroniques. Parmi ceux-ci, notons entre autres une foule de facteurs psychologiques ainsi que plusieurs caractéristiques physiologiques (décrits ci-bas). Caractéristiques rencontrées chez des individus avec des lombalgies non spécifiques Douleur Bien que l’incapacité observée chez les personnes touchées soit le produit de plusieurs facteurs, la première cause d’incapacité à laquelle on pense lorsqu’il est question de douleurs lombaires chroniques est, naturellement, la douleur. Néanmoins, certains auteurs ont affirmé que la peur de la douleur avait un impact plus important sur les capacités fonctionnelles (Crombez, Vlaeyen, Heuts, & Lysens, 1999) et que l’intensité de la douleur en soi n’était pas un facteur déterminant pour expliquer les limitations observées chez les personnes touchées par la condition (Vlaeyen & Linton, 2000).

Il a toutefois été établi depuis que la peur associée à la douleur jouait un rôle important dans l’incapacité observée, mais que la douleur clinique capture l’attention et interrompt tout autre processus, et entraine par le fait même des limitations fonctionnelles (Eccleston & Crombez, 1999). En effet, la douleur est fortement associée aux niveaux d’incapacité fonctionnelle observés dans le cadre d’un premier épisode de douleur (Gheldof et al., 2006; Sieben, Portegijs, Vlaeyen, & Knottnerus, 2005), alors que la douleur clinique combinée à un historique de lombalgie (le fait d’avoir déjà eu mal au dos) est liée à l’incapacité future (Sieben, Vlaeyen, et al., 2005). Ainsi, il existe un lien étroit entre les limitations fonctionnelles et l’intensité douloureuse perçue (Peters, Vlaeyen, & Weber, 2005). Dans certains cas, lorsque la douleur devient trop intense, il peut arriver qu’elle soit le seul facteur déterminant de l’incapacité observée (Scholich, Hallner, Wittenberg, Hasenbring, & Rusu, 2012). Outre de telles situations où la douleur clinique devient l’unique déterminant de l’incapacité, plusieurs caractéristiques sont associées aux limitations fonctionnelles observées.

Insatisfaction au travail

Une caractéristique souvent énoncée pour expliquer certaines limitations fonctionnelles au travail, et ayant été explorée afin de déterminer pourquoi certains individus mettent plus de temps que d’autres à reprendre le travail suite à un épisode douloureux, est la satisfaction au travail. Une étude prospective à grande échelle a ainsi conclu que les employés n’appréciant pas leur travail avaient 2.5 fois plus de risque de rapporter une douleur lombaire incapacitante que ceux qui appréciaient grandement leur emploi (Bigos et al., 1992; Bigos et al., 1991). Il faut toutefois noter que cette étude a été menée sur les douleurs lombaires aiguës et que les résultats sont difficilement transposables à des travailleurs atteints de douleurs lombaires chroniques.

Lorsqu’il est question de douleurs lombaires chroniques, il semblerait que la satisfaction au travail ait une importance moindre dans les niveaux d’incapacité rapportés (Teasell & Bombardier, 2001). En fait, il semblerait que lorsqu’il est question de l’environnement de travail, un des facteurs qui permette de déterminer les niveaux d’incapacité chronique soit l’autonomie au travail ou la possibilité de modifier sa stratégie de travail afin de poursuivre son emploi (Crook, Moldofsky, & Shannon, 1998). Ainsi, la conclusion concernant la satisfaction au travail est que celle-ci est souvent liée à des stresseurs en lien avec les demandes de l’emploi, et qu’il est possible de confondre ces facteurs et leur influence sur l’incapacité au travail (Frank et al., 1996). Les caractéristiques intrinsèques de l’individu jouent donc un rôle important dans la perception de sa condition que ce soit au travail, ou dans la vie de tous les jours.

Réponses catastrophiques face à la douleur Les réponses catastrophiques face à la douleur sont définies comme un état psychologique négatif exagéré, et faisant surface lors d’une expérience douloureuse réelle ou antiticipée (Sullivan et al., 2001). Lors de ce processus cognitif s’apparentant à la peur, la douleur est interprétée comme étant extrêmement menaçante (Crombez, Eccleston, Baeyens, & Eelen, 1998) et il devient particulièrement ardu pour la personne de détourner l’attention de cette menace qui lui semble inévitable (Sullivan, Bishop, & Pivik, 1995). Selon certains auteurs, cette réponse exagérée à un stimulus potentiellement douloureux aurait pour but d’obtenir de son entourage le support nécessaire afin de mieux tolérer cette douleur. (Sullivan, Tripp, Rodgers, & Stanish, 2000). Généralement, même chez les gens sans douleur chronique, des niveaux élevés de réponses catastrophiques à la douleur entraineraient une diminution de la tolérance à la douleur et des changements dans la perception de son intensité (Spanos, RadtkeBodorik, Ferguson, & Jones, 1979).

De plus, ce type de réponse est fréquemment associé à la persistance de la douleur, ou à une hyperalgésie chronique, que ce soit suite à une arthroplastie du genou (Burns et al., 2015), chez des individus atteints de fibromyalgie (Martin et al., 1996), de douleurs neuropathiques (Sullivan, Feuerstein, Gatchel, Linton, & Pransky, 2005) ou de douleurs lombaires (Buer & Linton, 2002; Linton, 2005). Ainsi, les réponses catastrophiques face à la douleur permettraient d’expliquer l’intensité de la douleur clinique et les niveaux d’incapacité ponctuelle chez des individus aux prises avec diverses conditions douloureuses chroniques, notamment les douleurs lombaires (Peters et al., 2005; Severeijns, Vlaeyen, van den Hout, & Weber, 2001). Chez les personnes atteintes de douleurs lombaires, des niveaux élevés de réponses catastrophiques à la douleur permettraient également de déterminer celles qui présenteront des douleurs et des incapacités plus sévères lors d’un suivi effectué six mois plus tard (Picavet, Vlaeyen, & Schouten, 2002) en plus d’intervenir sur l’efficacité de traitements physiques et cognitifs (Smeets, Vlaeyen, Kester, & Knottnerus, 2006). Il est possible que les réponses catastrophiques à elles seules influencent directement les niveaux d’incapacité et de douleurs d’individus avec des douleurs lombaires. Toutefois, le consensus veut que ces réponses soient plutôt un précurseur à la peur de la douleur, débutant ainsi le cercle de l’incapacité associée au modèle d’appréhension-évitement (Dehghani, Sharpe, & Nicholas, 2004).

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Table des matières

Introduction
Lombalgies non spécifiques
Présentation et définition
Épidémiologie et impacts économiques
Douleurs lombaires non spécifiques chroniques
Épidémiologie et impacts économiques
Impact des lombalgies chroniques sur les capacités fonctionnelles
Incapacités liées aux activités
Incapacités liées aux relations interpersonnelles
Incapacités liées au travail
Caractéristiques rencontrées chez des individus avec des lombalgies non spécifiques Douleur
Insatisfaction au travail
Symptômes psychologiques
Modèle d’appréhension-évitement
Réponses catastrophiques face à la douleur
Appréhension et hypervigilance face à la douleur
Évitement
Dépression
Changements neurophysiologiques
Adaptations neuromusculaires
Phénomène de flexion relaxation
Autres adaptations neuromusculaires
Altération dans la perception de la douleur
Sensibilisation périphérique
Sensibilisation centrale
Contrôles inhibiteurs diffus nociceptifs
Évolution des lombalgies non spécifiques
Objectifs et hypothèses de recherche
Chapitre 1. Neuromuscular adaptations predict functional disability independently
of clinical pain and psychological factors in patients with chronic non-specific low
back pain
Introduction
Methods
Participants
Experimental protocol
Questionnaires
Thermal cutaneous stimulation
Pain ratings
N euromechanical responses
Electromyography
K.inematics
Flexion-extension task
Data analysis
Statistical analyses
Results
Effects of experimental pain on myoelectric activity of LES muscles
Effects of experimental pain on kinematics
Independent contribution of clinical pain, psychological factors and
neuromuscular adaptations to disability
Mediation ofpsychological factors’ effects by neuromuscular adaptations
Discussion
Chronic neuromuscular adaptations
Neuromuscular responses to experimental pain
Psychological factors and clinical pain intensity
Study limitations
Conclusions
References
Chapitre II. Physiological and psychological predictors of short-term disability in
workers with a history of low back pain: a longitudinal study
Abstract
1. Introduction
2. Methods
2.1 Ethics statement
2.2 Participants
2.3 Procedure
2.4 Questionnaires
2.4.1 Disability
2.4.2 Fear-avoidance beliefs
2.4.3 Pain hypervigilance
2.4.4 Pain catastrophizing
2.4.5 Work satisfaction
2.4.6 Primary care back pain screening tool
2.5 Experimental pain assessment
2.6 Heterôtopic noxious counter-stimulation
2.7 Flexion-extension task
2.8 Neuromuscular adaptations
2.8.1 Electromyography
2.8.2 Kinematics
2.9 Data analysis
2.9.1 Pain and pain tolerance thresholds
2.9.2 HNCS paradigm
2.9.3 EMG and kinematics
2.10 Statistical analyses
3. Results
3. 1 Participants’ characteristics
3.2 Pain ratings during HNCS
3.3 Effects of experimental LBP on EMG and Kinematics
3.4 Association between initial factors and disability at the six-month assessment
4. Discussion
4.1 Psychological symptoms and disability
4.2 Pain inhibition processes and disability
4.3 Neuromuscular adaptations, movement patterns and disability
4.4 Pain thresholds and disability
4.5 Clinical implications
4.6 Limitations
5. Conclusion
References
Discussion générale
Déterminants de l’incapacité associée aux lombalgies chroniques
Douleur clinique
Facteurs psychologiques
Mécanismes d’inhibition de douleur
Adaptations neuromusculaires
Évolution et décours temporel de la lombalgie
Adaptations nécessaires ou maladaptations néfastes?
Implications cliniques
Perspectives
Conclusion
Références générales
Appendice A. Corrélations entre adaptations neuromusculaires initiales et épisodes douloureux récurrents

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