ยซ Arnaque ยป, cโest ainsi que les victimes ont qualifiรฉ lโopรฉration commerciale organisรฉe par la sociรฉtรฉ JK Group en 2013. Rappelons que cette sociรฉtรฉ, spรฉcialisรฉe dans la vente de Nouvelles Technologies de lโInformation et de la Communication, a lancรฉ lโopรฉration ยซ ordinateur pour tous ยป en mi-2013 qui consistait ร vendre des ordinateurs ร trรจs bas prix et avec facilitรฉ de paiement. Lโacheteur devait verser un premier acompte lors de la conclusion du contrat et payer le prix restant ร la livraison du produit, ayant lieu dans les six mois ร partir de la date de la conclusion. Lors des premiรจres livraisons, lโacheteur sโรฉtait aperรงu que les termes du contrat ont รฉtรฉ violรฉs puisque non seulement, la livraison a pris du retard mais surtout le produit livrรฉ nโรฉtait pas conforme aux descriptions รฉnoncรฉes dans le cahier de charge รฉtablis prรฉalablement. Et pourtant, cet acheteur ne pouvait ni rรฉsoudre le contrat ni prรฉtendre ร rรฉparation. Malgrรฉ ces incidents, les commandes augmentaient jusquโร atteindre les 10 000 dans tout Madagascar. Bien que des avances sur le prix aient dรฉjร รฉtรฉ versรฉes, les produits nโont pas รฉtรฉ livrรฉs. Les victimes rรฉclament remboursement et ont ainsi interpellรฉ les autoritรฉs compรฉtentes. Leur dolรฉance est restรฉe vaine car aucune mesure nโa รฉtรฉ prise jusquโร prรฉsent.
A cรดtรฉ, la vente illicite de mรฉdicaments prend de plus en plus dโenvergure. Alors quโil faut une autorisation pour pouvoir les vendre, on peut maintenant sโen procurer facilement ร lโรฉpicerie du coin. Les revendeurs ne se cachent mรชme plus et exposent leur marchandise au grand jour. Ainsi, le quartier dโAmbohipo est connu pour la vente illicite de mรฉdicaments. Encore pire, les mรฉdecins des environs sโapprovisionnent auprรจs de ces revendeurs. Les acheteurs quant ร eux, ne sโen plaignent pas puisque dโune part, ils nโont pas besoin de prรฉsenter une ordonnance et dโautre part, ils achรจtent deux ou trois fois moins cher quโen pharmacie. Seulement, rien ne garantit que le mรฉdicament en question est authentique ou que la date de pรฉremption nโa pas รฉtรฉ changรฉe auquel cas il devient un vrai poison. Mais mรชme si le consommateur subit un prรฉjudice ร cause de ces mรฉdicaments, il ne pourra pas se retourner contre le vendeur puisque ยซ nul ne peut se prรฉvaloir de sa propre turpitude ยป. Cette situation est une vรฉritable menace ร la santรฉ publique et pourtant le Ministรจre responsable nโa pas pu empรชcher ce commerce illicite ร ce jour.
Rรฉcemment, lโaugmentation des frais de transports publics a provoquรฉ une polรฉmique pendant plusieurs semaines. La coopรฉrative de transport urbain relie ce changement ร la hausse du prix du carburant. Avec le faible pouvoir dโachat des usagers et la mรฉdiocre qualitรฉ de leur service, la population hausse le ton. โโMidina rehefa tsy hitainginaโโ, voilร une inscription quโon voit souvent sur une plaque des transports publics. Ainsi, les usagers insatisfaits du service offert seront priรฉs de descendre du bus bien quโils aient dรฉjร payรฉ. Avec le nombre insuffisant de voitures affectรฉes aux transports publics, durant les heures de pointe, le bus est plein ร craquer mais le receveur accueille toujours quand mรชme des passagers qui seront obligรฉs de rester debout. Parfois mรชme, ils ne vont pas jusquโau terminus et font descendre les passagers ร michemin, dรฉrogeant ainsi ร leur obligation de rรฉsultat.
La sociรฉtรฉ du troisiรจme millรฉnaire est en quรชte permanente de besoins nouveaux, pas toujours utile mais crรฉรฉs par une idรฉologie empruntรฉe des pays occidentaux, celle de la consommation de masse. Avec le dรฉveloppement accru de lโindustrialisation, la forte croissance รฉconomique bouleverse les habitudes des populations. Les consommateurs dรฉcouvrent avec enthousiasme des produits nouveaux. Les prix des produits, standardisรฉs et fabriquรฉs en masse, baissent, deviennent relativement bon marchรฉ et ne sont plus rรฉservรฉs ร une ยซ รฉlite ยป. Lโaccรจs ร ces produits est dโautant plus facilitรฉ par l’apparition d’un nouveau type de magasin : les grandes surfaces (supermarchรฉ, hypermarchรฉ), et par le dรฉveloppement de la vente par correspondance. Les familles dรฉpensent moins pour l’alimentation et davantage pour leur confort et leurs loisirs. L’accรจs de tous ร l’information et ร la culture passe essentiellement par les medias. La publicitรฉ se fait de plus en plus prรฉsente que ce soit ร travers les affiches, la radio ou la tรฉlรฉvision. Les derniรจres nouveautรฉs sont prรฉsentรฉes rรฉguliรจrement lors de grands salons (de l’automobile, de lโindustrie, de lโhabitat, etc.) et des grandes braderies. Par ailleurs, les banques multiplient les offres de crรฉdit quโon a pu constater le dรฉveloppement dโune nouvelle technique de marketing : lโachat ร crรฉdit.
PRECISIONS SUR LE CONTRAT DE CONSOMMATION
Les caractรฉristiques du contrat de consommation
Le contrat de consommation, contrat dโadhรฉsion
Le schรฉma classique des accords de volontรฉ repose sur la supposition que les dรฉtails des nรฉgociations ont รฉtรฉ rรฉalisรฉs et que le dรฉbat a eu lieu, constituant la nรฉgociation elle-mรชme. Or, ce nโest pas forcรฉment le cas. Le consentement peut ne porter que sur le point essentiel du contrat. Le dรฉtail des nรฉgociations peut รชtre rรฉglรฉ par une loi supplรฉtive de volontรฉ. De nombreux contrats types se sont crรฉรฉs auxquels il est difficile de dรฉroger. Il sโagit, entre autre, de conditions รฉtablies par les grandes entreprises pour rรฉgir les contrats individuels quโelles tiendront avec leurs clients. On fait rรฉfรฉrence aux conditions gรฉnรฉrales. Acheter une automobile, commander un objet par correspondance, obtenir un prรชt dโun รฉtablissement de crรฉdit, souscrire une police dโassurance, conclure un contrat de transport, prendre un appartement en location, voilร quelques cas, et on pourrait en citer bien dโautres, dans lesquels les consommateurs adhรจrent, ร des conditions gรฉnรฉrales รฉtablies par avance sans pouvoir les modifier.
Les conditions gรฉnรฉrales peuvent se dรฉfinir comme des clauses prรฉ rรฉdigรฉes des contrats conclus par une personne avec une sรฉrie dโautres personnes . Elles ne sont pas spรฉcifiques du droit de la consommation. On les rencontre chaque fois quโune personne est assez puissante pour imposer des clauses identiques ร tous ses contractants : ainsi dans les rapports entre un employeur et ses salariรฉs, entre un franchiseur et ses franchisรฉs. Les conditions gรฉnรฉrales sont particuliรจrement frรฉquentes dans le domaine de la consommation, un professionnel imposant des clauses identiques ร tous ses clients consommateurs. Elles ne sont pas applicables de plein droit aux contrats individuels, cependant si lโentreprise est puissante, elle pourra refuser de les nรฉgocier. Le contrat dโadhรฉsion est gรฉnรฉrale, permanente, dรฉtaillรฉe. Un dรฉsรฉquilibre contractuel sโest alors accentuรฉ par lโusage ร grande รฉchelle des contrats dโadhรฉsion qui se caractรฉrisent par lโimposition ou la rรฉdaction unilatรฉrale des clauses essentielles par le commerรงant et lโimpossibilitรฉ pour la partie la plus faible dโen nรฉgocier les termes. Lโusage des contrats dโadhรฉsion est un effet de lโindustrialisation, de lโaccroissement du pouvoir dโachat des consommateurs, de la demande grandissante pour des services et produits et, bien sรปr, de la publicitรฉ de masse. Le contrat dโadhรฉsion (que sont aujourdโhui presque tous les contrats de consommation) bรฉnรฉficie ร celui qui en impose les conditions, soit aux entreprises qui dรฉtiennent le pouvoir รฉconomique.
Ces contrats prรฉ rรฉdigรฉs sont indispensables dans un systรจme de production et de distribution de masse. Ils prรฉsentent, pour les entreprises, des avantages รฉvidents, puisquโils assurent ร la fois la rapiditรฉ et la sรฉcuritรฉ des transactions. Mais ils peuvent sโavรฉrer dangereux pour les consommateurs. Ces derniers adhรจrent globalement au contrat, sans connaรฎtre toutes les clauses. Ils font confiance. Or, cette confiance risque dโรชtre dรฉรงue, car les contrats sont รฉvidemment rรฉdigรฉs en faveur des professionnels qui les proposent : les contrats prรฉ rรฉdigรฉs sont le plus souvent des contrats dรฉsรฉquilibrรฉs. Les consommateurs peuvent de ce fait sโexposer ร des clauses abusives. Est abusive la clause qui, โโprรฉ rรฉdigรฉe par la partie la plus puissante, crรฉe un dรฉsรฉquilibre significatif au dรฉtriment de la partie la plus faibleโโ . Au sens de notre loi 2015- 014, la clause abusive est celle qui a pour objet ou pour effet de crรฉer, au dรฉtriment du non professionnel ou du consommateur, un dรฉsรฉquilibre significatif entre les droits et obligations des parties contractantes . Le caractรจre abusif d’une clause s’apprรฉcie en se rรฉfรฉrant au moment de la conclusion du contrat, ร toutes les circonstances qui entourent sa conclusion, de mรชme qu’ร toutes les autres clauses du contrat. Il s’apprรฉcie รฉgalement au regard de celles contenues dans un autre contrat lorsque la conclusion ou l’exรฉcution de ces deux contrats dรฉpendent juridiquement l’une de l’autre .
Existence dโun dรฉsรฉquilibre des forces
ยซ Les consommateurs sont naturellement en position de faiblesse vis ร vis des professionnels ยป . Ils sont donc en position de vulnรฉrabilitรฉ par rapport au professionnel. En effet, gรฉnรฉralement, le consommateur se trouve en situation dโinfรฉrioritรฉ รฉconomique par rapport au professionnel. Ce dernier est ร la tรชte dโune entreprise susceptible dโagrรฉger une puissance รฉconomique lui confรฉrant une supรฉrioritรฉ incontestable. Si lโobjectif dโune entreprise est de rรฉaliser du profit, au contraire, le consommateur contracte pour satisfaire un intรฉrรชt personnel ou familial. Pour lui, la finalitรฉ est la consommation. Dรจs lors, lโinfรฉrioritรฉ รฉconomique de celuici rรฉsulte de la diffรฉrence de finalitรฉ qui lโoppose au professionnel. Cโest cette diffรฉrence essentielle de finalitรฉ qui explique les moyens financiers et รฉconomiques dont dispose le professionnel, et dont le consommateur est dรฉpourvu. Celui-lร raisonne en grande masse, envisageant une pluralitรฉ dโactes identiques, tandis que celui-ci donne son consentement pour un acte isolรฉ, particulier. Le professionnel est celui qui est assurรฉ contre les risques inhรฉrents ร lโexercice de sa profession. Le consommateur, quant ร lui, nโa souvent pas les moyens de sโassurer des risques quโil encourt.
De plus, on est dรฉsormais dans une sociรฉtรฉ dโรฉconomie de lโinformation, dโรฉconomie virtuelle ou encore de nouvelle รฉconomie oรน le marchรฉ nโest pas transparent mais opaque et oรน lโinformation nโest pas gratuite mais a un prix. Nul ne peut nier quโร lโheure actuelle, lโinformation constitue une vรฉritable richesse. Or, le dรฉveloppement de la puissance informationnelle sโeffectue au dรฉtriment des consommateurs qui se trouveront dans une situation dโinfรฉrioritรฉ รฉtant en dehors du domaine de lโinformation. Par ce dรฉsรฉquilibre manifeste, le professionnel peut รชtre tentรฉ de profiter de la position de faiblesse du consommateur.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES DISPOSITIFS MIS EN PLACE POUR LA PROTECTION DU CONSOMMATEUR
TITRE I: PRECISIONS SUR LE CONTRAT DE CONSOMMATION
– Chapitre 1 : Les caractรฉristiques du contrat de consommation
– Chapitre 2 : Les personnes visรฉes
TITRE II : LES MESURES DE PROTECTION PROPREMENT DITES
– Chapitre 1 : Le droit ร lโinformation
– Chapitre 2 : Le droit au choix
– Chapitre 3 : Le droit ร la sรฉcuritรฉ
– Chapitre 4 : Le droit dโรชtre entendu
DEUXIEME PARTIE : A CHAQUE PROBLEME SA SOLUTION
TITRE I : LES LIMITES A CES DISPOSITIFS DE PROTECTION
– Chapitre 1 : Faille au niveau de la loi
– Chapitre 2 : Les enjeux รฉconomiques- obstacles ร la protection
TITRE II: DES MESURES QUI POURRAIENT AMELIORER LA PROTECTION
– Chapitre 1 : Renforcement des dispositifs existants
– Chapitre 2 : Implication des autoritรฉs รฉtatiques dans la protection
– Chapitre 3 : Vulgarisation du consumรฉrisme
– Chapitre 4 : Favorisation de la production locale
CONCLUSION