Les dispositifs de formation langagière

Selon l’enquête annuelle de recensement 2014 de l’INSEE, les femmes représenteraient environ 51 % de la population immigrée légale en France, c’est-à dire exactement le même pourcentage que pour la population non-immigrée. Cette prévalence de femmes se retrouve également dans le nombre de signataires du Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI) puisque sur les 110 106 signataires en 2015, 52,7 % étaient des femmes. Il devrait donc y avoir une sorte de parité dans les structures de formation langagière pour adultes. En observant plusieurs cours de français à destination d’un public migrant en début d’année, j’ai plutôt eu le sentiment que les femmes étaient minoritaires. Je me suis donc intéressée à la question des femmes en formation langagière pour migrant·e·s adultes. En travaillant sur les problématiques liées aux femmes et à la migration, je me suis intéressée aux migrations féminines, longtemps invisibilisées et apparaissant comme forcées ou suivies. Alors qu’il m’apparaissait que les femmes migrantes étaient souvent vues comme opprimées par des pratiques traditionnelles patriarcales, une question centrale des recherches sur les migrations féminines est d’explorer les liens entre migration et développement et maintien de l’autonomie.

L’autonomie est un thème fréquemment abordé dans les recherches sur les femmes et la migration, notamment pour analyser l’image de la femme assujettie donnée dans certains discours médiatisés sur la migration. Cependant, la définition de l’autonomie reste complexe et mouvante en fonction des différents champs d’utilisation du terme. Dans le domaine politique, cela veut dire l’indépendance d’un territoire ; dans le domaine médical, la notion est associée à l’assistance dans la vie quotidienne de personnes en situation de handicap ou de vieillesse ; dans le domaine éducatif, le terme est entre autres évoqué à propos de l’auto-apprentissage et des TICE. Ces usages du mot revêtent des dimensions à la fois similaires et différentes, et on peut donc s’interroger sur la manière dont serait entendue l’autonomie dans le cadre de la formation langagière pour migrant·e·s adultes.

Selon le recensement 2015 de l’INSEE, la France compterait environ six millions d’immigré·e·s, et en moyenne 200 000 personnes par an auraient immigré en France dans les vingt dernières années. Par immigré·e, l’INSEE entend « une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. » Ainsi, ce sont le lieu et la nationalité à la naissance d’une personne puis son installation sur le territoire français qui définissent la personne comme immigrée. Les chiffres donnés par l’INSEE permettent d’établir des tendances mais ceux-ci ne prennent en compte que l’immigration légale et donnent donc une image qui peut être incomplète. Le terme exprime par ailleurs une idée d’inscription dans la durée, et, à mon sens, une volonté d’installation durable. Ne pouvant préjuger de cette volonté d’installation, nous préférerons utiliser au long de ce mémoire le terme de migrant·e, qui fait également l’objet de discussions, mais qui, au sens strict désigne une personne qui effectue une migration. Le terme « migrant·e » permet à mon sens de prendre en compte tous les types de migration, que cellesci soient économiques, familiales, saisonnières, d’études ou contraintes. Le terme de réfugié·e désigne une personne ayant dû fuir son pays parce qu’elle y était persécutée. Ce terme peut permettre de désigner les violences subies au cours du parcours migratoire. Mais c’est également un statut légal dont les politiques d’immigration se servent pour créer une dialectique entre migration légitime, car liée à une persécution, et illégitime. A mon sens, le terme migrant·e permet de ne pas être dans être dans cette dialectique en étant plus global, mais il a, certes, le défaut de désigner par l’usage d’un même terme des réalités très différentes.

L’immigration est un thème au cœur du débat politique, peut-être plus encore dans ces dernières années, puisque les hommes et femmes politiques s’affrontent sur les politiques d’accueil des migrant·e·s. La France doit donner les moyens aux populations arrivant sur son territoire de se construire une vie dans le pays. Il ne s’agit pas ici de faire un historique des migrations, mais l’immigration en France est ancienne et il s’agissait souvent de travailleurs venant ajouter à la main d’œuvre déjà présente sur le territoire.

L’enquête Trajectoires et Origines (TeO) coordonnée par l’INED a été réalisée entre 2008 et 2009 pour améliorer les connaissances sur les migrant·e·s et sur leurs descendant·e·s et cherche à déterminer dans quelle mesure les origines migratoires peuvent avoir un impact sur ce que les auteur·trice·s nomment « l’accès aux ressources des immigré·e·s et de leurs enfants » (Beauchemin, Hamel & Simon, 2010 : 5). Ielles analysent en effet les parcours scolaires, professionnels et linguistiques des migrant·e·s ainsi que leur accès au logement ou encore à la santé. C’est dans ce cadre que les motifs de l’immigration féminine ont été analysés par Beauchemin, Borrel et Regnard. Leur analyse permet d’avoir un historique de l’immigration féminine : La part des femmes a toujours été importante dans cette population : en 1931, au moment où elles sont proportionnellement les moins nombreuses, elles représentent déjà 40 % de la population immigrée. Elles étaient proches de la parité au début du XXe siècle (47 % en 1911) et c’est seulement au tournant du XXIe siècle qu’elles deviennent majoritaires (51 % en 2008) (Beauchemin, Borrel & Regnard, 2013 : 1) .

Les femmes ont donc toujours fait partie de l’immigration en France. Si en 1911 ce sont principalement les hommes qui étaient recrutés, de la fin de la Seconde Guerre mondiale au choc pétrolier de 1974, les hommes ne sont plus particulièrement privilégiés par les entreprises françaises, et la part des femmes dans l’immigration est autour de 44 %. Les autrices expliquent les fluctuations de la proportion de femmes par les crises économiques, durant lesquelles « l’immigration de travail est réduite, une partie des travailleurs repartent, tandis que certains sont rejoints par leurs familles, deux mouvements qui font mécaniquement progresser la part des femmes. » (Beauchemin, Borrel & Regnard, 2013 : 2) .

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Table des matières

Introduction
Partie 1 – Les migrations féminines en France
1.1 – L’IMMIGRATION FÉMININE EN FRANCE
1.2 – INCLUSION DES MIGRANTES DANS LA SOCIÉTÉ D’ACCUEIL
1.3 – LA PLACE DE LA LANGUE DANS LA MIGRATION
Partie 2 – Autonomie et formation langagière
2.1 – L’AUTONOMIE, UNE CONDITION NÉCESSAIRE À L’INTÉGRATION ?
2.2 – L’AUTONOMIE DANS LE CHAMP ÉDUCATIF
2.3 L’AUTONOMIE SOCIALE
Partie 3 – Description des modes d’enquête
3.1 – CHOIX DE LA MÉTHODOLOGIE
3.2 – LES ENTRETIENS
3.3 – CHOIX RELATIFS À L’ANALYSE DES DONNÉES
Partie 4 – Interprétation des données discursives
4.1 – QUELLES AUTONOMIES EN JEU EN FORMATION LINGUISTIQUE ?
4.2 – LA FORMATION LANGAGIÈRE : UNE POSSIBILITÉ D’ACCÈS AUX AUTONOMIES POUR LES FEMMES MIGRANTES
4.3 – LES AUTONOMIES DES FEMMES MIGRANTES EN FORMATION LINGUISTIQUE : LIMITES ET PERSPECTIVES
Conclusion

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