A Madagascar des épisodes d’intoxications collectives mortelles après consommation de sardines ont été rapportés dans les années 1960, mais ce n’est qu’à partir de 1989, à la suite de cas de ciguatera, que le problème a été pris en compte. De 1993 à 1996, neuf épisodes d’intoxications collectives sont survenus après consommation de tortues de mer, de requins ou de sardines. Les tableaux cliniques ont été évocateurs d’une intoxication par une toxine marine. Une toxine a été isolée après intoxication par des sardines, Sardinellagibbosa, àAntalaha en 1994 : la clupéotoxine. Des cas d’intoxications par poisson globe ont été observés à Nosy-Bé en 1998 par la tétradotoxine.
Dans la région de l’océan indien plusieurs types d’ICAM (Intoxications par Consommation d’Animaux Marins) sont rencontrés et mettent en cause une ou plusieurs biotoxines.
Schématiquement, la chaîne alimentaire marine met en jeu 3 types d’acteurs :
1. Un organisme producteur de toxines, ce peut être une micro algue, une bactérie, une cyanobactérie ou une diatomée.
2. Des animaux marins qui assurent la présence des toxinesà travers des différents niveaux de la chaîne alimentaire,
3. Un prédateur final : l’homme.
L’ICAM provoque chaque année des victimes en saison chaude dans la région de Toliara mais cette année l’ampleur y est exceptionnellement importante.
Selon une note émanant du Service régional de la pêche de Toliara, la consommation des petits pélagiques comme les sardinelles a été interdite du 1er novembre 2010 au 31 mars 2011 (arrêté n° 254 du 10/12/1965). En effet pendant la période chaude et pluvieuse, certaines algues toxiques poussent abondamment dans les milieux marins intertropicaux ; et comme toutes les algues microscopiques (phytoplancton) elles sont consommées par les herbivores comme les sardinelles.
CONSIDERATIONS GENERALES DE L’INTOXICATION PAR CONSOMMATION D’ANIMAUX MARINS (ICAM)
DEFINITION
Les I.C.A.M (Intoxication par Consommation d’Animaux Marins) sont des infections alimentaires collectives consécutives à l’ingestion d’un même aliment toxique. Les intoxications marines sont nombreuses et les connaissances sur ce sujet beaucoup progressé au cours des dernières années.
LES DIFFERENTS TYPES D’INTOXICATIOS PAR CONSOMATION D’ANIMAUX MARINS
Les différents types d’intoxications sont :
Le scombrotoxisme
Le scrombrotisme est l’intoxication par consommation de poissons le plus souvent du sous-ordre des scombroïdes. Les poissons responsables sont les maquereaux, auxides, thonites, thons, thazards, palomettes, bonites (Scombridae), harengs, menhadens, ethmaloses, harengules, sardinelles, shadines (Clupeidae), anchois, saurels, carangues, coryphènes, espadons et autres «poissons bleus». C’est la forme la plus courante dans le monde.
L’ichtyosarcotoxisme type histaminique, décrite surtout avec des scombridés (thons, maquereaux, bonites) est une intoxication due à de l’histamine thermorésistante produite par de l’histidine décarboxylase de bactéries (Clostridium, Escherichia, Salmonella, Shigella) présentes dans la peau de ces poissons, tous riches en histidine. (19) La transformation de l’histidine en histamine dépend du pH ambiant, de la température et augmente si le poisson a été insuffisamment préparé et mal réfrigéré (>20°). Le taux tissulaire d’histamine est considéré comme un bon indicateur de la détérioration d’un poisson. La teneur normale dans les maquereaux et les thons rouges frais est de 1 à 5 mg par 100 g de muscle. Des troubles sont possibles dès 20 mg par 100 g de muscle. Il y a une sensibilité individuelle variable, tous les convives d’un repas ne présentant pas forcément la même symptomatologie. La présence d’histamine n’explique pas tout car des concentrations allant jusqu’à 500 mg par 100g de muscle n’ont parfois donné aucun signe.
Clinique
Les signes cliniques ressemblent à ceux d’une réaction allergique. C’est celle d’une histamino-libération rapide. L’incubation est courte, de quelques minutes à quelques heures. Typiquement, apparaissent en premier des troubles liés à la vasodilatation: rougeur facio-cervicale, éruption cutanée, œdème du visage, œdème des paupières, acouphènes (20), bouffées de chaleur, sensation de brûlure dans la gorge, goût de poivre dans la bouche, démangeaisons, picotements de la peau. Puis céphalées, palpitations, sensation de malaise; en dernier, manifestations digestives (nausées, vomissements, douleurs épigastriques). Dans de (très) rares cas survient un choc anaphylactique (une hypotension, des lipothymies, un œdème laryngé et un bronchospasme sont possibles).
Le diagnostic
Le diagnostic est donc purement clinique; un dosage d’histamine n’aurait aucun intérêt puisque son résultat arriverait une fois le patient guéri. En revanche, en cas d’intoxications en nombre, le dosage d’histamine peut être effectué sur les aliments sources (HPLC ou CLHP méthode chromatographie liquide haute performance).
Traitement
Soit simple surveillance (formes mineures), soit antihistaminiques H1 (réduction de la durée des symptômes) aux doses habituelles de l’allergie. En cas de forme compliquée (choc): 0,5 ml d’une solution au 1/1000ème d’adrénaline, pouvant être répétée après 5 mn en l’absence d’amélioration. Ou, plus facile, Anapen®.
Prévention
– Collective : Hygiène et suivi rigoureux de la chaîne de froid.
– Individuelle: rejeter, arrêter toute consommation d’un poisson dont l’état des branchies est douteux qui a spontanément un goût poivré. La prévention passe par la consommation du poisson fraîchement pêché ou son stockage dans un endroit réfrigéré.
La ciguatera
La ciguateraest un ichtyosarcotoxisme spécifique des écosystèmes coralliens du à la consommation de poissons de récifs, appartement à des espèces habituellement comestibles. Il existe 500 espèces de poissons tropicaux incriminés dans cette intoxication. Les poissons sont généralement bien connus des autochtones. Les toxines sont synthétisées par un dinoflagellé (phytoplancton) au cours d’agression du milieu naturel aquatique (cyclone, travaux, pollution…). (28) Les poissons herbivores mangent ce phytoplancton, puis les poissons carnivores mangent ces poissons. Il y a concentration de la toxine au fur et à mesure que l’on s’élève dans la chaîne alimentaire et que le poisson est gros. L’homme est au bout de cette chaîne alimentaire.
Géographie
Elle sévit dans Caraïbes, l’océan Atlantique ouest, l’océan pacifique sud et central, l’océan Indien.
Dinoflagellés récifaux
Actuellement, dans l’océan indien on dénombre 14 espèces de dinoflagellés récifaux, parmi lesquels les producteurs de phytotoxines dont Gambierdiscustoxicus(Gt).
Gambierdiscustoxicus
L’agent étiologique de la Ciguatera n’a été découvert que récemment, par BAGNIS en 1977, aux Iles Gambier, où sévit une endémicité ciguatérique importante. Il s’agit d’un dinoflagellé, c’est à dire un unicellulaire biflagellé se situant à la limite des règnes Végétal et Animal. Initialement rattaché au genre Diplopsalis, la détermination par ADACHI et FUKUYO (29) de sa formule thécale, a conduit à l’établissement d’un nouveau genre :division :
Pyrophytes, classe : Dinophycées, ordre : Péridiniales,famille : Hétéraulacacées,genre : Gambierdiscus etespèce : Gambierdiscustoxicus.
Très sensible aux modifications de luminosité, de salinité et de température, son développement est optimal dans les conditions suivantes (BAGNIS 1985) : température de 25°C, très légère dessalure (34,5 – 35 °/00), pH de 8,2 à 8,4, milieu enrichi en sels nutritifs.et éclairement de l’ordre de 2000 à 3000 lux.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS GENERALES DE L’INTOXICATION PAR CONSOMMATION D’ANIMAUX MARINS
1- DEFINITION
2- LES DIFFERENTS TYPES D’INTOXICATIONS PAR CONSOMMATION D’ANIMAUX MARINS
2-1- Le scombrotoxisme
2-1-1- Clinique
2-1-2- Le diagnostic
2-1-4- Traitement
2-1-4- Prévention
2-2- La ciguatera
2-2-1- Géographie
2-2-2- Dinoflagellés récifaux
2-2-2-1 Gambierdiscustoxicus
2-2-2-2- Les autres dinoflagellés toxino-producteurs
2-2-3- Les toxines
2-2-4- Clinique
2-2-5- Le traitement
2-2-5-1- Les traitements symptomatiques
2-2-5-2- Les traitements Spécifiques
2-2-6- L’évolution
2-2-7- Prévention
2-3- Le Tédrodotoxisme
2-3-1- Toxine
2-3-2- Clinique
2-3-3- Traitement
2-3-3-1- Traitements symptomatiques
2-3-3-2-Traitement spécifique
2-4- Le clupéotoxisme
2-4-1- Clinique
2-4-2- Traitement
2-5- La palytoxicose
2-5-1- Toxine
2-5-2- Clinique
2-5-3- Traitement
2-5-4- Prévention
2-6- Carchatoxisme
2-6-1- Toxine
2-6-2- Clinique
2-6-3- Traitement
2-7- Chelonitoxisme
2-7-1- Toxine
2-7-2- Clinique
2-7-3- Biologie
2-7-4- Les critères de gravité
2-7-5- Traitement
2-7-6- Evolution
2-7-7- Prévention
2- 8- Mytilisme
2-8-1- Mytilisme digestif
2-8-2-Mytilisme neuro-paralysant
2-8-3- Mytilisme amnésiant et mytilisme neurotoxique
3 – CONDUITE A TENIR DEVANT UNE INTOXICATIO AUX POISSONS
3-1-Formes modérés
3-1-Formes graves
DEUXIEME PARTIE : ETUDE PROPREMENT DITE
1 – METHODOLOGIE
1-1- Cadre d’étude
1-2- Patients et méthodes
1-2-1- Type d’étude
1-2-2 -Population d’étude
1-2-3- Critère d’inclusion
1-2-4- Limite d’étude
1-2-5- Paramètres d’études
1-3- Mode de collectes des données
2 – RESULTATS
2-1- Données épidémiologiques
2-1-1- Répartition des malades selon l’âge
2-1-2- Répartition des malades selon le genre
2-2- Aspects cliniques
2-2-1– Une incubation
2-2-2- Des signes digestifs
2-2-3- Des signes neurologiques
2-2-4- Des signes cardiovasculaires
2-3- Aspects de traitements
2-4- aspects évolutives
2-4-1- Mode de la prise en charge
2-4-2- Mortalité
2-4-1- Mortalité et genre
2-4-2- Mortalité et âge
2-5- Paramètres physico-chimiques et espèces de micro-algues inventoriées dans des échantillons d’eaux de mer dans la baie de Toliara
2-5-1- Paramètres physico-chimiques des échantillons d’eaux de mer dans la baie de Toliara
2-5-2-Espèces de micro-algues inventoriées dans des échantillons d’eaux de mer dans la baie de Toliara
TROISIME PARTIE : COMMENTAIRE ET SUGGESTIONS
1-COMMENTAIRES
1-1-Aspects épidémiologiques
1-2- Aspects cliniques
1-3- Aspects de traitements
1-4- Aspects évolutives
1-5- Interprétations de ces valeurs de paramètres physico-chimiques et espèces de micro-algues inventoriées
1-5-1- Interprétations de ces valeurs de paramètres physico-chimiques des échantillons des eaux de mer dans la baie de Toliara
1-5-2-Interprétations des espèces de micro-algues inventoriées dans des échantillons d’eaux de mer prélevés le 07/04/11 dans la baie de Toliara
2- SUGGESTIONS
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE