La malnutrition aiguë représente un énorme fardeau mondial en terme de morbidité (causes produisant une maladie) et de mortalité (nombre important de décès sur une courte période causé par la même maladie) chez l’enfant (Nell et al., 2013). En 201], environ 52 millions d’enfants dans le monde étaient émaciés et 19 millions très émaciés, entraînant chaque année près d’un million de décès d’enfants qui auraient pu être évités (Black et al., 2013). A ce propos, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait déclaré que « la malnutrition a atteint des proportions alarmantes, en particulier chez les groupes vulnérables» (OMS, 1982). En effet, les enfants souffrants de malnutrition aiguë sévère (MAS) sont neuf fois plus susceptibles de mourir que les enfants en bonne santé. Chaque minute, environ dix enfants malnutris meurent, soit près de cinq millions chaque année dans le monde. Ce problème de santé publique touche particulièrement les pays en voie de développement (ONUSIDNOMS, 2000). En Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, on estime que la malnutrition est la cause fondamentale des décès des enfants de moins de 5 ans (Black et al., 2008). Elle laisse chez les millions de survivants des séquelles durables sous forme d’infirmité, de vulnérabilité aux maladies chroniques et handicap intellectuel (UNICEF, 1998).
Selon le rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) sur l’Indice de Développement Humain (IDH) en 2011, le Burkina Faso serait classé au 179ème rang sur 185 pays. Il est donc confronté à des difficultés agropédoclimatiques et socioéconomiques continuelles. Sa situation alimentaire et nutritionnelle est marquée par une sous alimentation chronique qui se manifeste par une endémicité des malnutritions aiguë et chronique (UNICEF, 2010). Le rapport de l’enquête nutritionnelle nationale sur les enfants de 6-59 mois au Burkina Faso, montre que la prévalence de la malnutrition aiguë était en 2014 de 8,6% avec 1,8% de forme sévère et celles de la malnutrition chronique et de l’insuffisance pondérale étaient respectivement de 20,1% et 29,1% (SMART, 2014). Dans le but de réduire toutes ces formes de malnutrition, le gouvernement burkinabé avec l’appui des organismes tels que l’UNICEF et l’ONU ont mis en œuvre une méthode standard de prise en charge des enfants souffrants de malnutrition allant de la forme modérée à la forme sévère. La prise en charge se fait à base d’aliments locaux et lou importés dans les centres de Récupération et d’Education Nutritionnelles (CREN), dans les Centres Médicaux avec Antenne chirurgical (CMA), les Centres de Santé et de Promotion Social (CSPS), les Centres Hospitaliers Universitaire (CHU), les Centres Hospitaliers Régionaux (CHR). Le suivi des cas de malnutrition peut être en interne pour les formes sévères avec complications médicales (Hôpitaux et CREN habilités à ce effet) ou en ambulatoire pour les cas modérées et sévères sans complications médicales (CREN des structures confessionnelles). Ainsi, le CREN Morija, à la fois interne et externe, s’occupe de la récupération des enfants malnutris à travers les laits thérapeutiques (F-75 et F-IOO) et les bouillies enrichies (pour les internes), les Aliments Thérapeutiques près à l’Emploi (ATPE) notamment le plumpy nut (pour les ambulatoires).
CONCEPT DE LA MALNUTRITION
Définition
La malnutrition est définie comme un déséquilibre entre les apports en éléments nutritifs et les besoins de l’organisme (UNICEF, 2008). Lorsqu’un enfant est malnutri, cela signifie que son alimentation est insuffisante, mal équilibrée et que son organisme ne reçoit pas suffisamment d’éléments nutritifs tels que les protéines, les vitamines et les minéraux (UNICEF, 2008). La malnutrition peut aussi être le résultat d’un excès d’un ou de plusieurs nutriments essentiels, pendant une période prolongée (UNICEF, 2011). Elle peut se manifester «cliniquement ou n’être décelable que par des analyses biochimiques, anthropométriques ou physiologiques» (OMS, 1982). Il existe trois grands types de malnutrition par carence: la malnutrition aiguë ou émaciation, la malnutrition chronique ou retard de croissance et l’insuffisance pondérale.
Les différents types de malnutrition
On distingue plusieurs types de malnutrition par carence dont les plus importants sont les suivants:
Malnutrition aiguë ou émaciation
La malnutrition aiguë ou émaciation se traduit par un poids insuffisant par rapport à la taille. Elle résulte d’un problème conjoncturel d’alimentation d’une part dû à des déficits alimentaires ponctuels (faibles disponibilités alimentaires suite aux aléas climatiques ou aux périodes de soudure) et d’autre part à des maladies ou infections (Direction de la Nutrition, 2014). La conjugaison de ces deux facteurs provoque une perte de poids rapide et importante, voire la mort. Elle survient au moment où le corps commence à consommer ses propres tissus pour y trouver de l’énergie et des composants nutritionnels nécessaires à sa survie, faisant alors fondre les muscles et les réserves de gras (UNICEF, 2008). Sévères et modérés sont les termes employés pour décrire le degré de sévérité de la malnutrition aiguë, les deux stades constituant une urgence médicale et nécessitant une prise en charge rapide et efficace (UNICEF, 2008).
La malnutrition aigüe sévère
La malnutrition aiguë sévère est la forme la plus dangereuse de la malnutrition. Elle est définie par un très faible rapport poids/taille (P/T inférieur a -32-scort à la médiane ou Périmètre Brachial (PB) inferieur à 115mm), par une émaciation sévère et visible ou par la présence des œdèmes nutritionnelles (OMS, 2016). C’est une pathologie potentiellement mortelle nécessitant d’urgence un traitement. Jusqu’à récemment il était recommandé d’orienter les enfants vers un hôpital pour qu’ils reçoivent un régime thérapeutique ainsi que des soins médicaux. La situation à évoluer avec l’arrivée des Aliments Thérapeutiques Près à l’Emploi (ATPE), qui permettent la prise en charge en ambulatoire d’un grand nombre d’enfants de plus de 6 mois atteint de malnutrition aiguë sévère sans complications médicales (OMS, 2016). On distingue trois formes de la malnutrition aiguë sévère:
Le kwashiorkor est l’une des formes les plus graves de la malnutrition aigüe sévère. Cette forme atteint le plus souvent les enfants de un à trois ans (1-3ans), après le sevrage (Compaoré el al, 2011) .
On estime que lorsque les enfants reçoivent de bonnes quantités de lait maternel, ils bénéficient d’ordinaire d’un apport protéique de bonne qualité nutritionnelle qui contient tous les acides aminés essentiels à la santé et àla croissance (Prudhon, 2001). Le Kwashiorkor se manifeste par la présente des œdèmes, qui souvent masquent le retard staturo-pondéral, les cheveux sont décolorés, fins, s’altèrent et s’arrachent facilement (Prudhon, 2001). II se manifeste aussi par des troubles de la pigmentation avec un éclaircissement ou un teint plus foncé, une peau sèche, fragile qui se décolle souvent et donne l’aspect de brûlure (Aubry, 2008).
Le marasme est une autre forme grave de la malnutrition aigüe sévère. Alors que le kwashiorkor est due surtout à une carence en protéines, le marasme tient principalement au manque de nourriture et, par conséquent, d’énergie. Sur le plan clinique, le marasme est caractérisé par un déficit pondéral majeur, un retard de croissance, une fonte graisseuse et musculaire, un faciès de vieillard. II n’y a ni œdème, ni éruption, ni troubles de la pigmentation (Alleyne et al., 1968). L’appétit peut être conservé, mais on rencontre souvent des enfants atteints d’anorexie, ce qui nécessite alors l’utilisation d’une sonde nasogastrique. Comme dans tout cas de malnutrition, si la prise en charge n’est pas adéquate et rapide, le sujet atteint de marasme devient extrêmement fragile aux infections (Compaoré et al., 2011). Les réserves énergétiques (muscle et graisse) sont donc mobilisées pour faire face aux besoins des organes vitaux (foie, cœur, rein, cerveau), il en résulte une diminution très importante mais variable de la masse musculaire et de la masse grasse (Alleyne et al., 1968).
La forme mixte de la malnutrition aiguë sévère se définie lorsqu’un enfant présente à la fois des œdèmes et un poids pour âge inférieur à 60%, on parlera de kwashiorkormarasmatique qui est une coexistence du kwashiorkor et du marasme (Lathan,201l). L’enfant présente dans ce cas tous les signes du marasme, notamment l’amaigrissement, la disparition de la graisse sous cutanée et le retard de croissance avec en plus des œdèmes constamment présents; il peut avoir différents signes de kwashiorkor comme la dermatose écailleuse, les altérations des cheveux, les troubles du comportement, l’ hépatomégalie et une diarrhée fréquente (Latham, 2001).
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Table des matières
INTRODUCTION
GENERALITES
1. CONCEPT DE LA MALNlTTRITION
1.1. DEFINITION
2. LES DIFFERENTS TYPES DE MALNUTRITION
2.1. MALNU1RITION AIGUË OU EMACIATION
2. Malnutrition chronique ou retard de croissance
3. Insuffisance pondéral (PiA)
II. LES CAUSES DE LA MALNUTRITION
II.1. LES CAUSES IMMEDIATES
2. CAUSES SOUS-JACENTES OU INDIRECT
3. LES CAUSES FONDAMENTALES
MATERIEL ET METHODES
1. MATERIEL
II. METHODE
II.1. LE SITE DE L’ETUDE
2. POPULATION D’ETIJDE
3. COLLECTE DE OONNEES
4. TECHNIQUES DE COLLECTE DE DONNEES
4.1. AN1’H:ROPOMETRIE ET L’AGE
1.1. L ‘âge
2. La prise du poids
3. La mesure de la taille
4. La mesure du périmètre brachial
2. Paranlètres cliniques
2.1. Le statut vaccinal
2. Pathologies associées
3. Traitement et analyse des données
5 PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION AIGUË SEVERE
5.1. LE DEPISTAGE
1.1. Mode d’adnlission
2. Evaluation de l’état nutritionnel
3. Le test d’appétit
2. Traitement
2.1. Le traitement systématique
2. Le traitement diététique
3. Le Suivi des cas
4. Suivi après la guérison
6. CRITERE D’EXCLUSION
7. EDUCATION NU1RlTIONNELLE
8. LES CRITERES DE SORTIES
9. EFFICACITE DU TRAITEMENT DE LA PRISE EN CHARGE
10. LES Z-SCORE ANTIIROPOMETRIQUES
RESULTATS ET DISCUSSION
1. FREQUENTATION DU CREN
1.1. MODE D’ADMISSION DES ENFANTS AU CREN
2. REPARTITION DES ENFANTS MAS ADMIS AU CREN MORIJA PAR TRANCHE D’AGE ET PAR SEXE
II. CARACTERISTIQUE SOCIODEMOGRAPHIQUE
Ill. APTITUDE ET PRATIQUES DES MÈRES
IV. EFFICACITE DE LA PRISE EN CHARGE
IV.I. L’ISSUE DE LA PRISE EN CHARGE
2. LE GAIN DE POIDS
3. DURÉE DE SÉJOURS
CONCLUSION
RECOMMANDATION
REFERENCES CONSULTEES
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