LES DIFFERENTS TYPES DE LESIONS
Une blessure en médecine légale représente une trace organique, objective, actuelle, d’un fait judiciaire passé qu’il s’agit d’établir et de reconstituer .
Ces blessures sont diverses et peuvent être classées selon :
– la nature anatomo-pathologique de la lésion,
– le type d’arme utilisé,
– le mécanisme lésionnel,
– les circonstances médico-légales.
En pratique clinique courante, la classification anatomo-pathologique est celle qui doit être employée.
On distingue :
– les ecchymoses et les hématomes,
– les abrasions ou érosions épidermiques,
– les plaies,
– les fractures,
– les écrasements/les broiements,
– les brûlures,
– les lésions bucco-dentaires,
– l’œdème traumatique (fréquemment associé à un érythème).
Les ecchymoses
L’ecchymose est un épanchement de sang extravasé et coagulé qui vient infiltrer les tissus. Cette infiltration est habituellement ante mortem, mais peut parfois se produire en péri-mortem. Les ecchymoses sont les lésions traumatiques les plus fréquentes lors des impacts par corps contondants. Le type clinique le plus connu et le plus fréquemment rencontré est celui résultant d’un violent coup de poing. La rupture des capillaires qui en résulte va laisser s’épancher une certaine quantité de sang dont la traduction superficielle, sous cutanée, visible par transparence, généralement au bout de quelques heures sera la tâche ecchymotique. Elle est de couleur foncée, rouge sombre, ardoisée sur peau blanche. Si nous incisons la peau nous voyons que le sang y est partiellement coagulé. Le sang adhère intimement aux tissus lésés et ne se laisse pas détacher au lavage. Après un stade de gonflement initial, la tâche ecchymotique va disparaître s’il s’agit d’une ecchymose superficielle et l’on peut assister à des modifications de coloration qui seront fonction de la dégradation de l’hémoglobine qui a infiltré les tissus. S’il s’agit d’une ecchymose profonde, il y aura une migration de sang. Les caractères colorimétriques sont donc connus, mais leur interprétation doit se faire avec prudence surtout chez le mélanoderme. La tâche ecchymotique est :
– rougeâtre le 1er jour,
– noirâtre le 2e jour,
– bleu violacée le 3e jour,
– verdâtre entre le 4e
-10e jour,
– jaunâtre entre le10e
-15e jour,
– et disparaît entre le 15e
-16e jour.
Ces chiffres sont approximatifs et variables suivant les auteurs. Pour ce qui est de la migration, elle dépend de l’importance de l’organisation tissulaire locale. Ce déplacement ne s’observe que chez le vivant et demande un certain temps pour se faire (4-5 jours). Si le sujet est décédé, la migration ne se fera pas, et seuls les crevés systématiques permettront de la retrouver.
En rappel il faut :
– différencier l’ecchymose traumatique des autres types d’ecchymoses (les tâches de Tardieu dans les intoxications et les ecchymoses thérapeutiques par exemple lors des ponctions lombaires),
– préciser que l’évolution colorimétrique est variable d’un individu à l’autre et l’évolution est plus rapide chez l’enfant,
– savoir que certains facteurs favorisent notablement la survenue et l’importance des lésions ecchymotiques (hépatopathies et coagulopathies),
– souligner que la différence entre ecchymose ante mortem, et post mortem est du domaine du spécialiste [48].
Les hématomes
Il s’agit d’une collection sanguine dans une cavité néoformée. Lorsqu’un vaisseau sanguin, comprimé contre des plans osseux par une violence extérieure se rompt, l’épanchement sanguin est assez abondant alors pour dilacérer et écarter les tissus. Une tuméfaction se constitue avec le sang épanché, d’abord liquide, puis coagulé. Si cette tuméfaction repose sur le plan osseux, les tissus superficiels sont refoulés par le sang : c’est la bosse sanguine. Si, au contraire, le sang se collecte dans les parties molles, la tuméfaction, peu saillante, constitue une poche sanguine. Au bout de quelques jours, un hématome superficiel plus ou moins étendu donnera une teinte bleuâtre aux téguments sus-jacents [46].
Les abrasions ou érosions épidermiques (Dermabrasions)
L’érosion épidermique correspond à un arrachement de l’épiderme par friction avec conservation de l’intégrité complète du derme et du chorion sous-jacent. Elle est aussi appelée excoriation, éraflure, écorchure, égratignure… Dans cette variété, il n’y a pas d’hémorragie. Mais, parfois, quelques gouttes de sang peuvent s’écouler par ouverture de capillaires de quelques papilles dermiques. En général, la restauration tissulaire en cas d’érosion épidermique est rapide. L’épidermisation peut se faire en un jour s’il s’était produit un léger saignement. Le peu de liquide exsudé forme une croûte minime en surface de l’excoriation. En une semaine, ou moins parfois, il y à une restitution ad integrum de la peau [48].
|
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I: ASPECTS MEDICO-LEGAUX
1. LES ARMES
1.1. Les armes contondantes
1.2. Les armes blanches
1.3. Les armes à feu
1.3.1. Principe de fonctionnement
1.3.2. Notion de balistique
2. LES DIFFERENTS TYPES DE LESIONS
2.1. Les ecchymoses
2.2. Les hématomes
2.3. Les abrasions ou érosions épidermiques (Dermabrasions)
2.4. Les plaies
2.4.1. Plaie simple et plaie compliquée
2.4.2. Plaie contuse
2.4.3. Plaie par arme
2.5. Les fractures
2.6. Ecrasement ou broiement
2.7. Les brûlures
2.8. Les lésions bucco- dentaires
CHAPITRE II : EXPERTISE MEDICO-LEGALE
1. CONSEQUENCES DES COUPS ET BLESSURES VOLONTAIRES
1.1. Constatations cliniques
1.1.1. Circonstances de l’examen
1.1.2. Entretien
1.1.3. Interrogatoire
1.1.4. Examen physique
1.1.5. Les examens complémentaires
1.2. Evaluation de l’incapacité totale de travail
1.2.1. Evaluation de la durée de l’ITT
1.2.2. Barème indicatif de l’ITT
2. ETUDE DES PREJUDICES
2.1. Indemnisation du préjudice patrimonial
2.1.1. Indemnisation de l’Incapacité Temporaire Totale (I.T.T.) ou Partielle (I.T.P)
2.1.2. Incapacité Permanente Partielle (I.P.P)
2.2. Indemnisation du préjudice extrapatrimonial
2.2.1. Indemnisation des souffrances (pretium doloris)
2.2.2. Indemnisation du préjudice esthétique
2.2.3. Autres préjudices
CHAPITRE III : ASPECTS JUDICIARES
1. ENONCE DES TEXTES REGISSANT LES COUPS ET BLESSURES VOLONTAIRES
2. ETUDE DE LA PEINE
2.1. Les différents types de peines
2.1.1. Les peines touchant à l’intégrité corporelle
2.1.2. Les peines touchant à la liberté d’aller et de venir
2.1.3. Les peines touchant le patrimoine du condamné
2.1.4. Les peines touchant l’exercice de certains droits
2.1.5. Les peines touchant à la réputation
2.1.6. Les mesures de sûreté
2.2. Atténuation ou aggravation des peines
2.2.1. Atténuation de la peine
2.2.2. Aggravation de la peine
2.3. Suspension et extinction de la peine
2.3.1. Suspension de la peine par sursis
2.3.2. Extinction des peines
CHAPITRE IV : REDACTION D’UN CERTIFICAT MEDICAL INITIAL DE COUPS ET BLESSURES VOLONTAIRES
1. CERTIFICAT MEDICAL INITIAL
1.1. Plan de rédaction d’un certificat médical initial de coups et blessures volontaires
1.2. Destination du certificat médical initial
1.2.1. Le patient
1.2.2. Un mineur ou un incapable majeur
1.2.3. Sujet dans l’impossibilité de recevoir le certificat
1.2.4. Sur réquisition
2. LE CERTIFICAT MEDICAL DE COMPLAISANCE
3. RESPONSABILITE DU MEDECIN
3.1. Responsabilité pénale du médecin
3.2. Responsabilité civile du médecin
3.3. Responsabilité disciplinaire ou déontologique du médecin
CONCLUSION